Présentation et essai – Yeti MTe T3 XO et moteur TQ HPR60

Avec son premier VTT à assistance légère, Yeti frappe fort !

Comme les collègues, Yeti a donc finalement cédé au chant des sirènes de la motorisation “light”. Sans renier ses origines montagnardes pour autant, le constructeur du Colorado a tenu à proposer sa propre vision de ce type de VTTAE et c’est donc un modèle au caractère plutôt Gravity que la marque nous propose. Motorisé par un système TQ HPR60 aux performances légèrement revues à la hausse, sur le papier, le MTe a tout à fait sa place dans la gamme. Qu’en est-il sur le terrain ?  Réponses dans la présentation et le test exclusif de ce premier Yeti à assistance légère…

Par Chris Caprin – Photos : Fagerbé et Chris Caprin

Yeti MTe T3 XO

  • Usage all mountain/enduro light
  • Roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière (compatible 27,5)
  • Débattement 160 mm AV/145 mm AR
  • Cadre en carbone TURQ, suspension Sixfinity modulable
  • Reach 460 mm et Stack 625 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
  • Motorisation TQ HPR60 350 watts de puissance maxi, couple maxi de 60 Nm
  • Batterie TQ de 580 Wh amovible + range extender en option
  • Commande au guidon et nouvelle console HPR en couleur intégrée dans le top tube
  • Modes d’assistance : 3 (Eco, Mid, High) + assistance à la marche
  • Système pour réglages moteur personnalisés et connectivités : oui, avec l’application TQ E-Bike  téléchargeable sur smartphone via l’application Apple ou Google Play, compatible Garmin, Hammerhead et Wahoo
  • Pneus Schwalbe Magic Mary Trail Radial Ultra Soft 29×2.50 (AV) et Albert Radial Trail Soft 29×2.50 (AR)
  • 4 tailles (S, M, L, XL)
  • 3 modèles : C2 , T3 et T4 à 9 699, 12 499 et 13 899 €
  • Prix du modèle testé : 12 499 €
  • Poids vérifié : 19,80 kg (sans pédales, en taille M)
  • Lien : www.yeticycles.com

Comme pour le Yeti 160 E, son premier VTTAE, avec le MTe, Yeti a pris soin de développer un modèle à assistance légère qui ne renie pas pour autant l’ADN montagnard de la marque. En plus du montage de roues full 29, on retrouve donc le Sixfinity, un système de suspension à six points de pivot (Six Bars Linkage) qui incorpore une petite biellette supplémentaire (Switch Link), dont le rôle est d’effectuer une rotation vers le haut sur le début de course de l’amortisseur, avant de s’arrêter et rebasculer vers le bas sur la fin du débattement. Cette technique anti-squat – qui évite à l’amortisseur d’être perturbé par la tension de la chaîne lors de son fonctionnement –, se libère ensuite rapidement quand la biellette redescend. La suspension fonctionne ainsi plus librement dans le secteur de débattement où le pédalage n’est plus une priorité ou lorsqu’il est carrément inactif.

Cet effet de balancier permet également d’optimiser à 100 % l’anti-squat et d’obtenir ainsi une plus grande efficacité au pédalage, doublée d’une meilleure motricité lorsque l’on reste assis sur la selle… Et ce, quel que soit le braquet utilisé. Car en montée, il est clair que la plage de pignons utilisée sur un modèle à assistance électrique est bien plus importante que sur un VTT classique où l’on évolue davantage sur le haut de la cassette.

Grâce à quatre positions différentes du point d’ancrage de l’amortisseur, il est possible de faire varier la progressivité de la suspension (souple et confortable – 35 %, polyvalente – 30 % et plus efficace dans le maintien – 25 %), sans pour autant modifier la géométrie, ni le bon fonctionnement de l’anti-squat et de l’anti-rise

Pour la base de la géométrie de ce cadre full carbone TURQ avec 160 mm de débattement à l’avant et 145 à l’arrière, on a un angle de chasse de 64° et un angle de selle assez droit de 77°. De plus, Yeti a réussi le pari de loger une motorisation (certes très compacte), un système de suspension novateur et une roue arrière de 29 pouces en conservant des bases relativement courtes pour un VTTAE (449 mm), ce qui, sur le terrain, devrait apporter maniabilité et réactivité au pilotage. Quant à la hauteur de boîtier, elle est de 342 mm, alors que l’empattement de 1 248 mm en taille M reste cohérent pour une utilisation polyvalente, mais évidemment toujours un poil teintée “Gravity”.

Enfin, au niveau des petits détails qui vont bien, outre le fait qu’il est possible de monter au choix une roue en 29 pouces ou une de 27 et demi à l’arrière, on peut noter un guide-chaîne avec fixation intégrée dans le cadre, des inserts sous le top tube pour transporter facilement une chambre à air et quelques outils, un cintre avec passage de faisceau électrique intégré et un circuit de la câblerie qui évite les claquements et facilite le montage et le démontage des gaines.

Composants

Vu le tarif, on est forcément sur du haut de gamme et il est vrai que pour 12 999 euros, on ne s’attendait pas à moins… Mais globalement, ça tient la route !

Outre les suspensions Fox Factory Kashima dont nous reparlerons plus loin, du côté de la transmission on a du top niveau, avec un dérailleur Sram Eagle XO AXS T-Type et sa manette Pod Controller, alors que pour les freins, c’est du top niveau avec des Sram Maven Silver équipés des disques HS2 de 200 en 2 mm d’épaisseur. Quant à la tige de selle, pour compléter le tout, c’est évidemment la toute nouvelle Sram Reverb AXS… Pour le poste de pilotage, avec une potence Burgtec en 50 mm et un cintre Yeti carbone de 35 mm de diamètre, c’est du sérieux également, tout comme la selle WTB, idéale pour un VTTAE.

Concernant le train roulant, Yeti fait confiance à DT Swiss avec des roues EXC 1700 Spline en carbone, chaussées de pneus Schwalbe Magic Mary Trail Ultra Soft Radial (AV) et  Albert Trail Soft Radial (AR). Un ensemble plus que cohérent pour un programme all mountain polyvalent.

A noter que sur le modèle T4 le plus léger – et aussi le plus cher –, Yeti privilégie les accessoires “light” pour gagner un peu de poids, comme par exemple, une batterie de 290 Wh (!), des roues DT Swiss EXC 1501, des freins Sram Motive Ultimate, des manivelles XX carbone et des pneus Maxxis moins lourds…

Suspensions

Côté suspensions, comme d’habitude, Yeti joue la carte Fox, avec une fourche à cartouche 36 GripX2 (équipée d’un nouveau bouchon de valve d’air) et un amortisseur Float X Evol préparé spécialement pour le système de suspension Sixfinity du MTe. Précisons, que sur les modèles T3 (celui de notre essai) et T4, c’est un ensemble Factory Kashima, alors que sur le C2, on trouve du Performance.

Pour un pilote de 68 kilos et après avoir un peu tatônné pour obtenir ce que je souhaitais, voici les réglages que je préconise pour ce vélo… A noter qu’avec le Sixfinity, sur un cadre full carbone très rigide, pour avoir une bonne motricité et ne pas trop se faire secouer en montée, j’ai remarqué qu’il était important de laisser l’amortisseur travailler assez librement. D’où le choix d’un Sag à 30 % minimum.

Fourche 36 Factory Kashima GripX2 160 :

  • 70 psi en pression d’air et deux tokens dans le plongeur gauche pour un Sag autour de 25 %.
  • Compression basses vitesses : + 2 du plus ouvert (sur 16 clics)
  • Compression hautes vitesses : ouvert à fond
  • Rebond basses vitesses : + 12 du plus ouvert (sur 16 clics)
  • Rebond hautes vitesses : + 7 du plus ouvert (sur 8 clics)

Amortisseur Float X Factory Kashima 145 :

  • 150 psi de pression d’air pour un Sag de 30 % minimum.
  • Compression basses vitesses : + 4 du plus ouvert (sur 16 clics)
  • Rebond : + 8 du plus ouvert (sur 16 clics)
Moteur et batterie

Pour motoriser son MTe, Yeti a décidé de porter son choix sur le système qui conviendrait le mieux à sa philosophie du “light”, à savoir le tout nouveau TQ HPR60. “Technologie in Qualität”, c’est de là que provient le nom de TQ, une compagnie allemande et plus particulièrement Bavaroise, qui évolue dans le domaine de la robotique aérospatiale et médicale depuis maintenant 30 ans.

Et depuis quelques années, avec le moteur HPR50, TQ s’est engagé à fournir le meilleur de sa technologie pour tous les amateurs de VTT à assistance légère. Dès le départ, c’est globalement ce qui a séduit des marques comme Trek, Scott, Mondraker ou BMC lors du premier contact à l’occasion du salon de l’Eurobike. 

Mais pour 2025, c’est la version HPR60 (60 Nm de couple maxi et 350 watts d’assistance en crête) du petit bloc extrêmement compact qui équipe le Yeti MTe. Et même si l’ensemble du groupe propulseur a pris quelques centaines de grammes avec l’arrivée de la batterie de 580 Wh, il reste toujours quasiment le plus léger du marché. C’est aussi le moins encombrant et, par conséquent, le plus facile à placer où l’on veut et comme on veut dans le cadre d’un vélo.

De plus, les ingénieurs allemands ont énormément travaillé sur le côté silencieux de la motorisation. Avec un système compact et très solide qui tourne trois fois moins vite en tours/minute que la concurrence, réduisant quasiment le bruit d’autant. Simple et efficace. Quasiment invisible et extrêmement silencieux. De quoi faire rêver les pratiquants les plus exigeants qui aiment la discrétion et ne supportent pas les machines encombrantes de 25 kilos équipées d’un moteur qui siffle ou qui ronronne lorsqu’il est sollicité à pleine charge.

Côté batterie, comme on pourra le constater plus loin, avec 580 Wh, l’autonomie a fait un bond en avant vraiment intéressant. Tout cela donne donc un ensemble compact et parfaitement centré autour du boîtier de pédalier… Quasiment l’idéal lorsque l’on souhaite proposer un VTTAE all mountain léger et maniable. Et avec ses 19,80 kg sur la balance, le Yeti MTe T3 n’est pas mal placé du tout.

Connectivité

Grâce à l’application TQ E-Bike  téléchargeable sur smartphone via l’application Apple ou Google Play et compatible Garmin, Hammerhead et Wahoo, il est possible de pénétrer dans le “cerveau” du vélo et de bénéficier de tous les avantages d’une appli de motorisation vélo moderne. Paramétrages, GPS, état du moteur et de la batterie, choix des différents tableaux de la console… On est sur du haut de gamme et il y a vraiment tout ce qu’il faut.

Sur le terrain

Comportement moteur

Pour être franc, je n’ai jamais vraiment aimé la motorisation TQ HPR50, ou tout du moins sa cartographie selon moi perfectible… Surtout sur des VTTAE plutôt typés “Gravity”, c’est-à-dire avec une géométrie, des suspensions et des pneus qui ont tendance à coller le bike au sol. Avec un vélo comme le Scott Lumen à 16,5 kg, ça passe pas mal, autrement, jusqu’ici, ce n’était vraiment pas très performant en vrai tout-terrain.

Seulement voilà, j’avoue que la nouvelle version HPR60 avec 10 Nm de couple et 50 % d’assistance supplémentaires m’a agréablement surpris par son comportement. Ce ne sont pourtant que des petits chiffres en termes de progression, mais ils sont suffisants pour modifier à la hausse les performances globales du vélo en montée.

Sur le plat ou en faux-plat, en Eco, dès que l’on prend de la vitesse et que l’on adopte une cadence de pédalage assez élevée (entre 90 et 100 tr/mn), c’est toujours comme cela que le moteur s’exprime le mieux. Et avec un VTTAE qui roule bien comme le Yeti, on peut même dire que c’est plutôt agréable. Attention, ce n’est pas un full power, loin de là, mais du moment que la pente n’augmente pas des masses, on va dire que c’est plutôt agréable et convenable.

Seulement même avec un VTTAE aussi dynamique que le MTe, quand ça monte plus fort, il faut obligatoirement se mettre en mode Mid et surtout en High, puis bien tourner les jambes sur les trois ou quatre plus grands pignons de la cassette. En faisant comme ça, en vrai tout-terrain, l’assistance se montre raisonnable pour le poids et le programme du vélo. Si l’on se contente de remonter des pistes roulantes, évidemment, on force nettement moins que sur un VTT sans moteur, c’est sûr, mais la grosse différence vient de la capacité du mode High à continuer à vous en donner suffisamment dans les passages raides. En gros, il ne s’étouffe pas, même lorsqu’il faut en remettre un petit coup pour franchir le dernier coup de cul avant le sommet. Bon, évidemment, ça n’a rien à voir avec un plus gros moteur, mais ça permet de grimper des sentiers bien plus raide qu’auparavant.

En revanche, il lui manque encore un mode Extra Power (comme sur le Fazua Ride 60 ou le DJI Avinox) pour qu’il soit nettement mieux adapté aux portions de VTT techniques en montée… Sans parler des petits détails qui ont permis à nos VTTAE d’évoluer progressivement depuis des années… A savoir, une assistance qui continue une fraction de seconde lorsque l’on arrête de pédaler (Extended Boost) et des capteurs qui donnent encore davantage de puissance et de couple au fur et à mesure que la pente augmente. Globalement, c’est nettement mieux qu’avant, mais il faut toujours mouliner un maximum sans trop appuyer fort sur les pédales pour en tirer le meilleur. En gros, à moins d’avoir un physique de bûcheron, mieux vaut la jouer vélocité que d’appuyer comme un malade !

Sinon, impossible de passer sous silence la grande discrétion du moteur. Sa technologie interne, son couple réduit de 60 Nm et sa puissance toujours un peu limitée jouent en sa faveur. En tout cas, le léger sifflement que l’on distingue à moyenne et pleine charge est vraiment très faible… Bravo.

Réglages

Le moteur a beau être un peu plus performant que l’ancienne version, en vrai tout-terrain, il est tout de même important de monter les curseurs un minimum pour avoir un peu de répondant.

Pour avoir une assistance optimale sans taper trop dans la batterie non plus, voici les réglages que je préconise…

Eco : 150 watts de puissance max et 150 % d’assistance

Mid : 250 watts de puissance max et 170 % d’assistance

High : 350 watts de puissance max et 200 % d’assistance

Réponse à l’accélération : à fond

Autonomie

Côté batterie, sur le Yeti MTE T3, on dispose d’une TQ de 580 Wh amovible (une très bonne chose), ce qui, avec la puissance et le couple modérés du moteur et le poids raisonnable du vélo, aide à obtenir une autonomie intéressante. En effet, on parle tout de même ici de 1 420 m de dénivelé positif, 62 km et plus de trois heures de roulage.

Attention tout de même, une bonne gestion de la cadence de pédalage, tout comme celle des moments où l’on peut couper l’assistance, aident forcément à atteindre ce résultat intéressant.

Je précise également qu’à partir des 40 derniers pourcents, le niveau de la batterie descend désormais au même rythme que les 50 premiers et qu’arrivé en dessous des 10 %, le moteur se met directement en mode survie de type Eco light. Ça peut aider à rentrer, certes, mais il ne faut pas que ça monte trop raide ! En revanche, le temps de recharge complet d’à peine plus de deux heures et demi est carrément appréciable.

A la montée

Le Yeti MTe est un VTTAE, qui, en dépit de son moteur peu puissant et pas très coupleux, aide le pilote à grimper les côtes sans rechigner.

Effectivement, son excellent châssis et ses pneus Schwalbe à carcasse radiale sont de sacrés atouts lorsqu’il s’agit de grimper des pentes, non pas extrêmes, mais tout de même bien raides et plutôt techniques.

Comme si on évoluait au guidon d’un VTT musculaire, mais avec la caisse d’un très bon enduriste, en quelque sorte. Alors bien sûr, il ne faut pas chercher à se tirer la bourre en montée avec des VTTAE full power, car là, on a vite fait de se mettre dans le rouge – et en restant loin derrière les autres, en plus ! Mais au fil de mes nombreuses sorties en solo et en évoluant à mon rythme, j’ai progressivement augmenté la difficulté au point de me lancer quelques bons défis… et de les réussir.

En effet, avec une bonne technique de pilotage et en ayant un bon équilibre, on s’habitue à évoluer à basse vitesse en franchissant les obstacles en douceur, mais en dépensant évidemment davantage d’énergie pour y arriver. Et finalement, c’est là que le Yeti MTe se révèle sous un autre jour. Celui d’un VTT à assistance électrique légère qui parvient à compenser de fort belle manière l’absence de puissance et de couple par rapport aux modèles full power.

Je m’explique. En fait, la géométrie, la motricité et la capacité du bike à survoler les obstacles en absorbant les petits chocs, aident réellement le pilote à évoluer à basse vitesse sans se bloquer. Et comme on ne peut pas compter sur la vitesse de passage pour s’en sortir, on a vraiment l’impression que le châssis du MTe vous pousse aux fesses quand il faut, là où la grande majorité des VTTAE “light” se bloquerait sur les premières marches, racines et cassures qui se présentent. Impressionnant et quasiment unique en son genre, le petit Yeti écrase la concurrence en ouvrant le champ des possibles sur des endroits où l’on hésite à s’aventurer d’habitude avec un VTTAE dont la motorisation est pauvre en couple et en puissance.

Bref, j’ai été carrément bluffé et dans la mesure où l’on ne cherche pas à s’attaquer à des power stage que l’on ne monte pas à tous les coups en full power, en se dépouillant un peu plus, tout en étant fin en pilotage et dans le choix de la trajectoire, il est possible d’emprunter des sentiers en montée bien techniques et d’arrivée en haut sans avoir posé un pied par terre… En tout cas, en montée, c’est bien le meilleur VTTAE équipé d’un moteur TQ que j’ai eu l’occasion de rouler. Et comme en plus, c’est une arme en descente, je me suis régalé !

En descente

Même si, connaissant Yeti, je m’attendais à du très bon, je dois bien avouer que le MTe m’a vraiment impressionné dès que j’ai abordé les portions au dénivelé négatif. Si, bien entendu, on retrouve les qualités du Sixfinity que l’on connait et apprécie, la sensation au niveau de la suspension arrière, elle, m’a paru nettement plus onctueuse dans la position du Flip Chip offrant le plus de progressivité et de débattement. Plus réactive, aussi, par rapport à ce que l’on retrouve sur le 160 E. Un vrai régal dans toutes les conditions, certainement dû en partie au fait que le poids est nettement plus contenu et le volume du moteur plus modeste.

C’est bien simple, grâce à sa légèreté et son excellente répartition des masses, on oublie carrément la présence d’un moteur et d’une batterie (même si celle-ci offre pourtant 580 Wh), pour finalement dévaler les pentes en pilotant comme si l’on évoluait au guidon d’un bon enduro classique, une certaine stabilité en plus, évidemment. Le vélo est vif, agile, et même si la nouvelle batterie TQ, désormais plus lourde, m’avait mis un doute, on lève la roue facilement et les wheelings et autres bunny-ups (même les manuals) sont vraiment faciles à exécuter.

De plus, il se place admirablement bien dans les virages, reste maniable et permet de tourner dans un mouchoir de poche en faisant facilement pivoter le train arrière d’une épingle à l’autre. Et lorsque le rythme s’accélère, que les courbes s’élargissent et que l’on attaque davantage en appui sur l’angle, la stabilité et la précision de la trajectoire restent tout aussi impressionnantes. Les roues de 29 pouces n’y sont pas étrangères et même si la carcasse radiale des pneus Schwalbe d’origine conviendra un peu moins à une utilisation en bike park qu’aux terrains naturels et fuyants du sud de la France où ils excellent, la géométrie, la taille des roues et le fonctionnement irréprochable des suspensions Fox Factory Kashima font que l’on peut envoyer assez fort sans arrière-pensées. Un vrai petit enduro maniable et joueur comme on en trouve malheureusement pas si souvent !

De même, au niveau du freinage, avec les Sram Maven Silver et leurs disques HS2 plus épais, on dispose vraiment de quoi exploiter les capacités du bike. Y compris dans les zones de freinage relativement défoncées où le vélo, très sain, reste bien en ligne… Croyez-moi, si l’on se prend au jeu, on a entre les mains un sacré engin capable de s’attaquer à de belles spéciales d’enduro…

Quid du montage MX ?

Sur le MTe, grâce à deux Flip Chip positionnés au niveau des haubans, il est possible de monter une roue arrière de 27,5 pouces à la place de la 29 d’origine. Afin de ne pas mourir idiot, j’ai donc essayé pour voir ce que cela donnait…

En montée, il n’y a pas une grosse différence dans le comportement général du vélo, si ce n’est peut-être un petit gain au niveau de la réponse au coup de pédale. Et comme du côté de la stabilité, ça ne change quasiment rien, c’est toujours ça de pris ! En tout cas, le bike reste aussi précis et n’a pas tendance à gigoter plus qu’avec la roue de 29 pouces et tout cela sans avoir pour autant les pédales qui touchent davantage par terre. On note également un petit plus dans la facilité à le mettre en manual… Positif, tout ça !

Et en descente, là, on sent un léger gain en termes de maniabilité et de réponse dans les changements d’appuis. Avec la petite roue, on a aussi un peu plus de place pour évoluer sur l’arrière du vélo dans le plus pentu et ce n’est pas désagréable, loin de là. Je pense aussi que la position de pilotage évolue légèrement dans le bon sens, avec la sensation de se trouver un peu plus bas sans être obligé de plier les jambes davantage.

Monté d’origine en full 29, j’avais un doute sur l’intérêt du montage MX, surtout après l’expérience de l’Orbea Wild, qui, pour moi, reste bien meilleur globalement en 29/29… Mais avec le Yeti, je n’ai pas du tout noté la même chose et je dirais que le MTe s’accommode très bien d’une roue de 27 et demi à l’arrière. Et en l’ocurrence, si c’est un poil mieux en descente et loin d’être pire en montée, je valide !

Points forts / faibles

Principales qualités

  • Châssis exceptionnel
  • Suspension Sixfinity
  • Aptitudes en descente
  • Tenue de piste
  • Maniabilité
  • Performances moteur à la hausse
  • Capacités en franchissement
  • Montage MX possible

Principaux défauts

  • Assistance encore un peu longue à se lancer
  • Clientèle potentiellement (très) réduite

Qu’en penser ?

Pour une première salve dans le domaine du VTT à assistance électrique légère, on peut dire que Yeti ne s’est pas loupé.

Bien sûr, je n’ai pas vraiment trouvé mon compte en montée avec cette motorisation TQ, plus apte à assister un VTTAE de XC ou un Gravel, qu’un modèle somme toute assez proche d’un petit enduro… Seulement avec l’arrivée de la nouvelle mise à jour qui apporte davantage de coffre au moteur avec désormais 60 Nm de couple maxi et 350 watts d’assistance, le comportement en montée en vrai tout-terrain est nettement plus agréable et bien plus efficace qu’avec la version précédente.

Partant de là, j’ai vite compris comment le système fonctionnait et la philosophie qu’il fallait adopter pour en tirer le meilleur et se faire plaisir. Ainsi, au fur et à mesure des sorties, je me suis adapté aux performances du petit moteur et en m’appuyant sur les nombreuses qualités de la partie-cycle du Yeti MTe, je suis parvenu à venir à bout de montées que je n’aurais pas cru possible de grimper avec un moteur TQ ! Y compris des trucs relativement raides et techniques.

Car c’est bien l’excellent cadre en carbone de ce vélo avec sa cinématique particulière et ses pneus radiaux qui permettent de faire oublier le manque de puissance et de couple dans le dénivelé positif important. Le Yeti possède une capacité incroyable à aider son pilote dans les passages difficiles carrément inédite et assez bluffante.

Et en descente, c’est forcément là que le MTe s’exprime le mieux, avec la sensation de rouler sur un VTT d’enduro sans moteur. Stable, maniable, vif et précis, il reste tout de même assez confortable en dépit d’une grande rigidité. Bref, je me suis bien régalé à son guidon et je peux dire qu’au bout du compte, me concernant, c’est une excellente surprise. Et même s’il n’est pas équipé de la motorisation “light” la plus performante du marché, c’est de loin le meilleur VTT à assistance électrique légère que j’ai eu l’occasion d’essayer ! Comme quoi, quand un vélo est réussi…

Je conseille donc fortement à ceux qui ont les moyens de s’offrir un tel VTTAE et qui souhaitent faire la transition entre le musculaire et l’assistance light, d’aller essayer le Yeti MTe… En montée comme en descente, ils auront quasiment la sensation de rouler au guidon d’un VTT d’enduro sans moteur et sans batterie, tout cela avec une aide au pédalage douce qui ne leur donnera pas l’impression d’évoluer dans une autre dimension. Vous verrez, c’est quelque chose !

Vis-à-vis de la concurrence ?

Dans la même catégorie, avec un moteur TQ et pour un tarif à peu près équivalent, il y a trois modèles qui me viennent à l’esprit… Il s’agit du Trek EXE 9.9 AXS à 10 999 euros, du Mondraker Neat RR à 9 999 euros et du Scott Voltage eRide 900 Tuned à 10 999 euros. Des VTT à assistance légère d’un très bon niveau, avec une finition exemplaire et une motorisation identique. Avec, pour le Yeti, le petit avantage de bénéficier du moteur HPR60 et de la nouvelle console intégrée en couleur… Tout en possédant un engin d’exception que l’on ne croise pas tous les quatre matins sur les chemins !

La gamme Yeti MTe

Elle se compose de trois modèles, équipés du même cadre en carbone, du même moteur et de la même batterie (sauf pour le T4 qui est monté avec un 290 Wh). Partant de là, même si les vélos ne sont pas donnés, difficile d’être déçu… La base est bonne et seuls les accessoires diffèrent.

Sur le C2, pour 9 699 euros, ça reste correct, mais pas extraordinaire non plus, surtout vu le prix annoncé… Les suspensions sont du Fox Performance et les roues des DT Swiss alu E 1900 – pas mal –, alors que du côté de la transmission ou de la tige de selle télescopique, on a du Shimano SLX et du OneUp Dropper – moins bien…

Pour le T3 de notre essai, inutile d’y revenir, alors que du côté du T4 à 13 899 euros, en revanche, on trouve des composants nettement plus légers à la vocation trail/all mountain, qui permettent d’abaisser le poids de manière considérable. Précisons que ce modèle ne sera rentré que sur commande par le distributeur Tribe Sport Group

    1. Tu as raison… Mais le premier dossier de presse de Yeti que j’ai eu il y a un mois annonçait 55 Nm !
      Depuis, c’est bien 60 Nm (logique vu l’appellation du moteur) qui est sur les fiches techniques.
      Et d’ailleurs, en sensation sur le terrain, ça me paraissait au-dessus de 55. Normal, c’était le cas.
      C’est corrigé !

  1. Moi je note que Chris a toujours une tenue assortie au vélo qu’il teste. La grande classe ! 🙂

    PS : tu fais comment ????

    1. C’est vrai !
      D’ailleurs, ça fait très longtemps que j’ai la réputation d’être le roi du “color matching” !!!
      Merci aux marques de fringues qui jouent le jeu (Fox, Alpinetars, Leatt, TLD, 100%, Kenny…) et me permettent d’avoir en stock tout ce qu’il faut pour ressembler à quelque chose !

      1. Bonjour Chris, je ne comprends pas t’es réglages suspensions.
        Tu parles de clics depuis la position ouverte en disant – ?
        En général on part de la position fermée et là on peut – xx clics .
        Comment faut-il comprendre ces réglages ?
        Merci pour ta simplicité et la qualité de ton travail.

  2. Du coup, je te déteste aussi 😁, j’aime quasiment tout les vélos que tu présentes
    Mais continue comme cela, je doit aimer te détester

  3. Merci pour ce test. Magnifique vélo (un Yeti en somme). Par contre je trouve qu’avec DJI qui équipe à présent Forbidden on a un full power, au poids d’un ‘light’ ce type de vélo à pris un sacré coup de vieux.

      1. Yeti a fait ce qu’ils avaient envi de faire sans écouter le marché. Aux US ils se font déjà détruire avant même que le vélo ne soit dispo. Leur campagne de pub pose aussi question avec le slogan ‘Feel the good guilt’ qui a comme le bike 5 ans de retard (comme si on devait se sentir coupable de poser son cul sur un ebike). Bref, je ne miserais pas 2 penny sur la réussite de ce bike. C’est dommage Yeti avait les moyens de faire nettement mieux avec du Mahle, DJI, Bosch, ZF

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