Passage au 29 pouces
Pour cet essai face-à-face, nous avons décidé de mettre un coup de projecteur sur deux best-sellers du marché du VTTAE : le Giant Trance X E+ et le Moustache Samedi 29 Trail. Tous les deux ont une solide réputation de polyvalence, sont équipés d’un cadre en aluminium, de débattements autour de 150 mm… et passent au 29 pouces en 2021. De quoi fournir une rencontre intéressante où deux des motorisations les plus efficaces et abouties du moment s’affronteront quasiment à armes égales. Action !
Dans le petit monde du VTT à assistance électrique, la tendance actuelle veut que de plus en plus de constructeurs abandonnent progressivement le 27 et demi au profit du 29 pouces sur leurs modèles all mountain. C’est le cas chez Giant et Moustache et le fait est que ce n’est pas pour nous déplaire. En effet, l’évolution des composants, des suspensions et des géométries permet aujourd’hui de disposer de VTT équipés de grandes roues qui n’ont plus grand-chose à envier aux 27,5 pouces en termes de vivacité et de maniabilité… Tout en apportant des qualités bien supérieures dans le maintien de la trajectoire, la tenue de piste et la capacité à absorber les petits aspérités du sol.
Dans ce dossier, nous avons donc décidé de réunir le modèle all mountain le plus haut de gamme disponible au catalogue des deux marques citées plus haut. Marques qui ont aussi la particularité d’avoir opté pour le choix d’un cadre en aluminium plutôt qu’en carbone.
D’un côté, nous avons le Moustache Samedi 29 Trail 10, complètement remanié pour 2021… De l’autre, le Giant Trance X E+ 1, qui, lui aussi, n’a plus rien à voir avec le modèle de l’an dernier. Les deux viennent d’abandonner les roues en 27 et demi au profit du 29 pouces, sont équipés de la nouvelle fourche Fox 36 2021 et sa fameuse cartouche E-Bike, d’une transmission Shimano XT/XTR, de freins XT 4 pistons et d’une paire de roues maison de qualité.
Au jeu des comparaisons, on a donc vraiment de quoi s’amuser, surtout avec des motorisations Bosch et Giant/Yamaha dont les performances ont déjà largement fait leurs preuves.
En fait, la grosse différence vient de la suspension arrière, avec le fameux amortisseur Grip Control pour le Moustache et un système Maestro avec géométrie modulable chez Giant. Des similitudes dans l’esprit des vélos, donc, mais aussi une vision et des choix différents qui justifient pleinement d’avoir regroupé dans un même dossier l’essai de ces deux VTTAE, qui, sur le papier, ont pas mal de choses en commun. C’est parti !
Giant Trance X E+ 1 Pro 29
• Usage all mountain
• Roues de 29 pouces
• Débattement 150 AV/140 AR
• Cadre en aluminium ALUXX SL
• Reach 452/462 mm (Low/High), Stack 613/607 mm (Low/High) en taille M, offset de la fourche 44 mm
• Motorisation Giant SyncDrive Pro 250 watts, 80 Nm, 360 % max
• Batterie Giant EnergyPak de 625 Wh compatible EnergyPak + 250 Wh
• Commande Ride Control Ergo
• Modes d’assistance : 5 (Eco, Tour, Active, Sport, Power, + un mode Auto Smart Assist)
• Console Giant (en option)
• Application pour personnalisation : Giant Ride Control
• Pneus Maxxis Assegai 29×2.60 et Dissector 29×2.60
• tailles (S, M, L, XL)
• 3 modèle à 4 850, 5 300 et 6 350 €
• Prix du modèle testé : 6 350 €
• Poids vérifié : 24,72 kg
Ce que l’on en dit…
L’ancienne version du Giant Trance E+ avait pour elle un côté facile à prendre en main, sécurisant et particulièrement stable. Aidé par un moteur au couple assez impressionnant, il avait un peu une réputation de “tracteur” sur le marché du VTTAE sportif. Mais attention, un tracteur moderne, avec tout le confort en cabine et un caractère sage, mais néanmoins amusant. Cependant, il faut bien l’avouer, le manque de vivacité et l’absence d’un petit côté joueur que les pilotes les plus exigeants lui reprochaient souvent, faisaient du Trance E+ un VTT à assistance électrique plus terre-à-terre que monte en l’air !
Et justement, sur le modèle 2021, en plus du passage aux roues de 29 pouces, pour plus de dynamisme et un meilleur recentrage des masses, le tube diagonal a été reculé au maximum vers le moteur et le boîtier de pédalier. Le modèle précédent était effectivement plutôt assez lourd de l’avant et cela ne pouvait qu’améliorer la vivacité et la maniabilité du bike… Au niveau chiffre, si l’angle de fourche est suffisamment ouvert pour une utilisation engagée, le tube de selle, lui, est plus droit et permet de pédaler bien au-dessus du boîtier. Seul petit regret : des bases longues, qui, avec leurs 472 mm, n’aideront pas forcément à l’exécution de wheelings et autres manuals…
Enfin, grâce au système Flip Ship fixé sur la partie haute de la biellette du Maestro, il est possible de modifier la géométrie et le comportement du vélo. En position High (réglage d’origine), par rapport au Low, on perd un petit degré d’angle de fourche, tout cela en remontant le boîtier de pédalier de 10 mm.
Et même si cela change le comportement de la suspension Maestro, c’est toujours bon d’avoir le choix. Si l’on aime pédaler dans des régions où il y a peu de dénivelé, on privilégiera la position “High”, alors que sur “Low”, on se rapprochera davantage du comportement d’un petit enduro… en retrouvant cette fois le feeling propre au Maestro dont on a l’habitude !
Côté finitions, nous avons noté la nouvelle protection de la base droite qui évite à la chaîne de faire du bruit en tapant, le passage bien plus soigné des fils et des câbles, ainsi que la bavette aimantée en caoutchouc qui vient se placer en prolongement de la batterie sur le sabot. Et puis Giant a enfin monté une selle digne de ce nom et bien plus en adéquation avec la pratique du VTTAE.
Enfin, je tiens aussi à préciser que si, lors de la prise en main, j’avais pu émettre quelques doutes sur la robustesse des roues Giant sur lesquelles il avait fallu que je reprenne le serrage des rayons par deux fois, durant la suite du test, ils n’ont plus jamais bougé. Quant aux jantes, c’est avec plaisir que j’ai constaté également leur belle résistance aux chocs et aux divers impacts. Par rapport au modèle précédent en 27,5, plus large et bien plus fragile, un progrès réel a donc été fait dans ce secteur.
En revanche, le pneu Dissector en 2.60 à l’arrière n’a pas tenu le choc longtemps sur les sentiers pierreux varois… On en reparlera.
Sur le terrain
En septembre dernier, j’avais eu l’occasion de rouler une quinzaine de jours sur le nouveau Trance E+. Un laps de temps suffisant pour se faire une bonne idée du vélo, mais j’avais tout de même décidé de me repencher sur son cas plus longuement. C’est désormais chose faite. Bilan.
Comportement du moteur
Dans sa construction interne, le SyncDrive Pro utilise des éléments moteur, ainsi qu’un embrayage d’entraînement Giant plus performant que le modèle Yamaha d’origine. De même, la carte mère a été personnalisée pour travailler en harmonie avec les autres composants Giant. Ainsi, la gestion de l’assistance est plus naturelle et propose un couple supérieur.
La troisième génération du SyncDrive Pro est également plus silencieuse et dotée d’un sixième mode d’assistance, le SmartAssist, rendu possible par l’intégration de deux capteurs supplémentaires.
Sur les chemins plats, dans les sections roulantes et en faux-plats, je lui ai préféré le Tour ou l’Active, plus réguliers, plus progressifs… Mais en tout-terrain technique, sur des sentiers cassants, vallonnés et sans portions plates, là, le SmartAssist s’exprime vraiment à merveille. Bien sûr, on n’est pas tout à fait au niveau du eMTB de Bosch que l’on trouve sur le Moustache – surtout depuis la nouvelle mise à jour et l’apparition de l’Extended Boost –, mais c’est néanmoins l’un des meilleurs modes “Auto” qu’il m’ait été donné d’essayer. Ensuite, il n’y a vraiment que dans les passages extrêmement raides et sinueux que l’on utilisera le “Power” et son assistance à 360 %.
Depuis l’an dernier, le SyncDrive Pro peut être réglé selon les préférences de chacun via l’application Giant E-Bike téléchargeable sur n’importe quel smartphone. L’utilisateur peut ainsi choisir le pourcentage d’assistance de chaque mode (Eco, Tour, Active, Sport, Power) en fonction de ses goûts personnels.
Autonomie
On s’en doutait un peu, mais là, ça se confirme… Entre les modes “Auto”, la puissance et le couple supplémentaire, les nouvelles motorisations consomment davantage d’énergie. Heureusement que les batteries sont passées de 500 à 600, 625 ou même 700 Wh, car sinon, cela aurait réduit d’autant notre champ d’action ! Le Giant SyncDrive Pro n’échappe pas à la règle et si l’autonomie globale avec la nouvelle batterie reste très raisonnable, je l’ai trouvé quand même un poil gourmand…
En effet, en utilisant à 80 % les modes Tour ou Active sur les portions techniques et accidentées – le reste du parcours s’effectuant à 15 % en Eco et 5 % en Power –, les petites diodes disparaissent tout de même assez rapidement. Pour un pilote de 70 kilos, comptez à peu près 1 450 m de dénivelé positif, 55 km et 3 heures de roulage intense avant d’atteindre la limite où le moteur se met en mode “survie”.
Cependant, si l’on ne va pas trop chercher la difficulté et que l’on roule en Eco, il y a moyen de rallonger copieusement les distances… Avec ce mode, l’assistance est plutôt correcte et d’un comportement agréable, l’idéal si l’on souhaite rouler plus longtemps. Et là, on est sur des chiffres assez proches du duo Bosch/Moustache, puisque l’on arrive à 75 km pour quasiment 1 500 m de D+. Intéressant.
En revanche, en mode SmartAssist, l’autonomie baisse légèrement. Contrairement au moteur Yamaha PW-X2, qui, lui, consomme moins en Auto, le Giant/Yam s’est révélé un peu plus énergivore. Mais à sa décharge, il faut dire qu’avec les six capteurs (au lieu de quatre), il fonctionne de manière plus agréable, sans-à coups et donne vraiment de la puissance chaque fois que l’on en demande. Et ce, quel que soit le pourcentage de la pente…
À la montée
Dès que l’on attaque les vrais sentiers avec des passages techniques, du dénivelé et du franchissement, on constate immédiatement que le Trance X E+ est un peu plus confortable que le Moustache, qui, lui, se montre nettement plus rigide, réactif et précis. Il est clair que les jantes en carbone et les réglages de l’amortisseur Grip Control y sont pour beaucoup. En revanche, une fois sur les obstacles, même si le comportement est différent, le Giant se révèle très facile et finalement, il ne passe pas vraiment moins bien que le Samedi Trail… Je dirais en fait qu’il est moins exigeant, alors que le Moustache, de par sa nervosité, demande un peu plus de concentration.
Cependant, le Trance X E+ est loin d’être mou ou pataud. Sa partie-cycle tout de même plus vive que le modèle de l’an dernier et ses roues de 29 pouces lui offrent un dynamisme nettement supérieur et une motricité bien appréciable dans les passages cassants, glissants… ou les deux. Un petit peu comme un Stance E+ bodybuildé, en quelque sorte. En tout cas, c’est très efficace !
Bref, pour résumer la situation, ceux qui sont moins mobiles et ont tendance à rouler davantage avec les fesses sur la selle trouveront dans le Taïwanais la monture idéale, alors que les pilotes les plus agiles sur un vélo préfèreront certainement le Français… Question de feeling.
Sur le Trance X E+, d’origine, la géométrie modulable est en position “High”, ce qui correspond le mieux à la majorité des pratiquants qui n’empruntent pas de sentiers particulièrement techniques. Ainsi, on retrouve une sensation de rendement supérieur, avec un arrière qui s’affaisse moins et un tube de selle encore plus droit. Du coup, le comportement de la suspension arrière change et on a l’impression que l’amortisseur réagit comme s’il était en position figée. En clair, c’est plus ferme en début de course, mais ça fonctionne quand même sur les gros chocs… Cependant, cela dénature quand même pas mal le feeling du système Maestro.
Heureusement, si l’on modifie la géométrie en positionnant le Flip Ship sur “Low”, là, on retrouve les sensations que l’on a l’habitude d’avoir avec la fameuse suspension mise au point par Giant il y a déjà une quinzaine d’années. Avec toutefois “l’obligation” de mettre la manette de l’amortisseur en position figée si l’on ne veut pas que les manivelles touchent trop souvent le sol.
Du coup, sur le Giant, en franchissement, la réponse au coup de pédale et le petit laps de temps où le moteur continue à assister quand on arrête de tourner les jambes facilitent bien la tâche dans les ornières et les passages rocheux. C’est l’équivalent de l’Extended Boost apparu seulement l’an dernier chez Bosch et déjà présent depuis quelque temps chez Giant/Yam… Et c’est d’ailleurs bien appréciable sur un VTTAE, qui, en position “Low”, se montre un poil bas en garde au sol et nécessite une attention particulière pour ne pas accrocher trop souvent les obstacles avec les pédales.
En descente
Même si le Trance E+ 2021 est devenu un peu plus joueur et possède davantage de caractère, le vélo reste malgré tout très stable et sécurisant. C’est sensible en montée, mais c’est encore plus flagrant en descente. En taille M, le bike s’est avéré bien plus maniable dans les petits virages ou les épingles serrées et si tirer un bunny-up ou enrouler une bosse sur la roue arrière se fait bien moins facilement qu’au guidon du Moustache (en même temps, avec des bases arrières plus longues que le Reach en taille M (!), ce n’est pas vraiment étonnant), c’est un peu mieux qu’avant. Mais bon, il faut toujours bien accentuer le geste, l’amplifier, comme c’était déjà nécessaire avec le Trance E+ de l’an dernier équipé de roues en 27 pouces et demi.
Partant de là, inutile de vous préciser qu’avec une fourche Fox 36 à la hauteur, une suspension arrière efficace et réactive et une paire de freins XT 4 pistons, on peut vraiment se lâcher et dévaler les pentes à une bonne cadence sans aucune appréhension…
Sur une spéciale d’enduro technique, plutôt engagée, mais pas trop rapide, le Trance X E+ s’en sort à merveille et donne vraiment confiance à son pilote. L’accord des suspensions est parfait et la géométrie (angle de fourche suffisamment ouvert, boîtier bas, bases longues) fait que l’on a plus l’impression d’être sur un petit VTTAE d’enduro que sur un all mountain. Les pilotes les moins pointus ont apprécié le comportement facile et sécurisant du Giant, alors qu’il faut davantage se concentrer et choisir les bonnes lignes pour trouver le bon flow au guidon du Moustache… Mais encore une fois, dans un style souvent opposé, en montée comme en descente, les deux nouveaux venus dans la catégorie des all mountain en 29 pouces s’en sortent toujours avec les honneurs. C’est juste la preuve qu’ils sont réussis !
En fait, il n’y a que le pneu arrière Maxxis Dissector en 2.60 qui n’est pas vraiment à la hauteur sur nos sentiers cassants et truffés de pierres. Gomme trop dure, carcasse fragile (même en EXO +), après deux crevaisons, il a fallu rapidement monter autre chose… Sur un autre type de terrain moins agressif et plus meuble, j’ai moins de doute sur son efficacité. Dans les pierriers du Sud-Est de la France, malheureusement, c’est une autre histoire ! Disons donc que, dans la majorité des cas, les pneus d’origine feront parfaitement l’affaire… Pour les terrains plus extrêmes, il sera conseillé d’en changer.
Quoi qu’il en soit, après la prise en main d’il y a six mois, ce test bien plus long est venu confirmer que Giant avait fait le bon choix en adoptant un montage en roues de 29 pouces sur son nouveau cadre all mountain. Que la géométrie modulable grâce au Flip Ship permet d’avoir le choix selon le terrain où l’on roule et offre la possibilité d’avoir deux vélos en un, avec un Trail en position “High” et un petit enduro en position “Low”… De quoi se faire un bike à sa main en fonction de sa pratique et ça, c’est plutôt cool.
Ainsi, le best-seller de la marque dans la catégorie des VTTAE sportifs n’a rien perdu de sa polyvalence et de son côté sécurisant, mais en revanche, il a réellement gagné en caractère dès que l’on décide de le pousser un peu dans ses retranchements. Les amateurs apprécieront !
On compte les points
Points forts
+ Caractère moins neutre
+ Plus de dynamisme
+ Très sécurisant
+ Suspension Maestro (en position Low)
+ Motorisation performante
+ Géométrie modulable
Points faibles
– Léger manque de vivacité
– Bases un peu longues
Moustache Samedi 29 Trail 10
• Usage all mountain
• Roues de 29 pouces (jantes carbone)
• Débattement 150 mm AV et AR
• Cadre en aluminium 6061 T4, T6 hydroformé
• Reach 432 mm et Stack 618 mm en taille M, offset 44 mm
• Motorisation Bosch 250 watts, couple 85 Nm
• Batterie Bosch de 625 Wh
• Commande Bosch Kiox
• Modes d’assistance : 4 (Eco, Tour, eMTB, Turbo) + assistance à la marche
• Console Bosch Kiox
• Application pour personnalisation : Non
• Pneus Maxxis Assegai EXO+ 29×2.50
• tailles (S, M, L, XL)
• 5 modèles à 4 599, 4 999, 5 499, 5 999 et 7 399 €
• Prix du modèle testé : 7 399 €
• Poids vérifié : 23,10 kg (sans pédales, en taille M)
Ce que l’on en dit…
Désormais, avec le Samedi 29 Trail, on commence réellement à toucher le côté sportif du VTTAE. Véritable best-seller de la marque vosgienne, le Trail conserve son côté accessible, tout en adoptant une ligne et des accessoires un peu plus agressifs… C’est ainsi que l’on trouve une nouvelle biellette supérieure ajourée au design plus light, une fourche Fox 36 et… des roues en 29 pouces de diamètre en lieu et place des 27 et demi montées avec des pneus en 2.80 qui équipaient les Samedi Trail de l’an dernier. Si l’on ajoute à cela un amortisseur Moustache Grip Control, une transmission Shimano XT/XTR 12 vitesses, des pneus Maxxis Assegai en 2.50, un cintre de 760 mm de largeur – tout à fait adapté au programme du vélo – et un moteur Performance Line CX 85 Nm avec l’Extended Boost, on se retrouve en présence d’un VTTAE qui n’a plus grand-chose à voir avec l’ancien modèle.
J’ajouterais que la monte Assegai en EXO + à l’avant et à l’arrière s’est avérée bien plus judicieuse que celle que l’on trouve sur le Giant.
En effet, sur les mêmes parcours, je n’ai eu à déplorer qu’une seule crevaison – et encore, vite rebouchée par le produit préventif. Alors certes, le Moustache est plus léger, plus vif aussi, mais ça n’explique pas tout et je reste convaincu que, chez Maxxis, l’Assegai reste plus efficace sur les terrains du Sud de la France. Félicitations également pour la qualité des jantes Just Moustache en carbone… Après plus de 800 km de VTT dans la caillasse, on peut quasiment dire qu’elles sont “comme neuves” !
Enfin, pour éviter les problèmes de garantie et ouvrir la distribution des Moustache dans de nouveaux pays, les tiges de selle télescopiques sont désormais toutes des KS, une marque qui – comme Bosch pour les batteries, les consoles et les moteurs – bénéficie d’un énorme réseau de SAV dans le monde entier.
En revanche, bien que son fonctionnement soit irréprochable, je soulignerais tout de même que la KS-LEV Integra a une fâcheuse tendance à ne pas rester en bas lorsque l’on souhaite soulever le bike par la selle pour le pousser ou l’aider à passer un obstacle. C’est assez désagréable lors des séances de poussage et ce n’est d’ailleurs pas la première fois que je le remarque. En effet, cela s’est déjà produit de manière récurrente sur d’autres vélos équipés de la même tige télescopique…
Enfin, pour un VTTAE à vocation sportive, je trouve plutôt dommage de ne pas avoir choisi de monter un sabot de protection digne de ce nom sur le Samedi Trail… Dans les pierres, sur les marches et les franchissements, ça protège le moteur des impacts et avec les petites ailettes de refroidissement du Bosch Gen4, il peut arriver d’en ébrécher une, voire même de la casser.
Mais ceci est loin de se limiter à Moustache… Alors, messieurs les constructeurs en général, s’il vous plaît, n’hésitez pas à protéger davantage les moteurs. C’est du tout-terrain que l’on fait avec ces vélos, pas de la ville ou de la route !
Sur le terrain
Depuis la prise en main dans les Vosges en juillet dernier, je n’avais pas eu l’occasion de remonter sur le Samedi 29 Trail… Je me suis donc penché plus longuement sur son cas et après 800 km de roulage, voilà ce que j’en ai retenu.
Comportement du moteur
Avec désormais 85 Nm, le couple du moteur Bosch est plus important en eMTB et en Turbo. Du coup, le eMTB, plus perfectionné, permet de bénéficier d’un comportement au démarrage plus sensible sur les terrains accidentés. Ensuite, grâce à un déclenchement de l’assistance plus rapide et un arrêt moins brusque, la fonction Extended Boost apporte un meilleur confort de pilotage dans les passages difficiles et les franchissements.
Associé à la partie-cycle du Samedi 29 Trail, l’unité motrice Bosch Gen4 avec l’Extended Boost offre au pilote la possibilité de s’exprimer de manière encore plus optimale sur le terrain… D’ailleurs, on sent bien qu’il existe une collaboration intime entre Moustache et le motoriste allemand (voir l’article récent sur le Magic Tour). Que le vélo aide le moteur à donner la quintessence de son potentiel et que le caractère de la motorisation convient parfaitement au Samedi Trail.
En mode eMTB, le bike est plus facile à maîtriser et il est également bien plus agréable en danseuse lorsque l’on utilise les gros braquets.
En ce qui concerne le mode eMTB, justement, j’ai beaucoup apprécié l’Extended Boost qui convient parfaitement au Moustache et permet de piloter plus en douceur, avec un système qui réagit en une fraction de seconde et qui vous aide à franchir les différents obstacles que l’on trouve en tout-terrain. C’est notable dans le passage des marches et dans les pierriers où l’alliance entre les réglages particuliers de l’amortisseur Moustache Grip Control et la dernière mise à jour Bosch fonctionne à 100 %. Le couple du moteur et le dynamisme de la partie-cycle font merveille.
Et lorsque les conditions deviennent plus difficiles et les sentiers plus étroits, moins propres, le maintien de l’amortisseur et les qualités indéniables de l’Extended Boost permettent de franchir bien plus facilement les obstacles d’un simple petit coup de pédale sec. En un clin d’œil, on se retrouve en haut et, comparé au binôme Trance E+/SyncDrive Pro, on évolue de manière plus vive, ce qui, lorsque l’on arrive bien cuit sur la fin d’une longue montée physique et technique, peut éviter de mettre le pied à terre. En tout cas, c’est suffisamment notable pour le souligner !
Autonomie
Avec le Moustache Samedi 29 Trail 10, si l’on parle d’autonomie, on n’est pas loin de la référence du moment dans la même catégorie de vélo (29 pouces et 150 mm de débattement), à savoir le Specialized Turbo Levo. Et si celui-ci est un poil au-dessus, n’oublions pas que sa batterie possède 75 Wh supplémentaires…
Côté Moustache, cela donne donc 1 520 m de dénivelé positif, 65 km et 3h45 de roulage en tout-terrain technique pour un pilote de 70 kilos qui roule à 80 % en eMTB et à 10 % en Eco et en Turbo.
Mieux, si l’on décide d’emprunter un parcours avec des montées moins raides et que l’on utilise un mélange d’Eco et de Tour, on parvient même à atteindre 85 km d’autonomie pour un dénivelé positif d’environ 1 700 m.
Ça commence à causer sérieusement et cela permet de vérifier que, comme pour le Scott Genius eRide essayés l’an dernier, ou l’Orbea Wild FS plus récemment, le moteur Bosch Performance Line CX Gen4 et sa nouvelle batterie de 625 Wh font partie des combos les moins gourmands en énergie sur le marché du VTTAE. Et avec un vélo dynamique et pas trop lourd comme le Lapierre GLP2 et sa batterie de 500 Wh seulement, cela peut donner également des résultats étonnants vis-à-vis de certaines motorisations concurrentes.
À la montée
C’est donc un Samedi 29 Trail 10 – le modèle haut de gamme que j’avais roulé lors de la prise en main – que j’ai reçu en fin d’année dernière pour ce test. Dès les premiers tours de roues, je retrouve rapidement mes marques et après une bonne sortie de trois heures, je me sens comme à la maison ! Le bike est sain, précis, vif et très maniable. Davantage que la plupart des VTTAE aux débattements plus importants et à la géométrie plus radicale que j’ai essayés depuis quelques mois. Et finalement, ça me convient très bien…
Comme je l’ai dit plus haut, dès les premières montées techniques et les quelques bons franchissements qui les jalonnent, je remarque instantanément que la nouvelle mise à jour Bosch avec ses 5 Nm supplémentaires et son Extended Boost s’accordent parfaitement avec la partie-cycle du nouveau Moustache Trail en 29 pouces. Et même si, sur le parking et lors des réglages de base, j’ai toujours eu un peu de mal avec le manque de sensibilité sur les petits chocs et le rebond un peu trop freiné (même ouvert à fond), de l’amortisseur Grip Control, force est de constater qu’en action sur le terrain, c’est une autre histoire…
En effet, le comportement très avantageux de l’amorto dans le dénivelé positif permet à toute la puissance de passer au sol et je n’ai pas l’impression de devoir forcer ou de me battre avec le vélo pour franchir les obstacles. Au contraire, le Trail 29 m’aide énormément et même bien plus que le modèle 2020 avec ses roues de 27,5 pouces et ses pneus en 2.80…
Car au bout du compte, les settings particuliers du Grip Control font que la fermeté en début de course apporte un excellent équilibre au vélo. Et dès qu’une marche ou une racine se présente sous la roue arrière, l’amortisseur s’enfonce raisonnablement et revient suffisamment rapidement à sa position initiale pour permettre de reprendre l’ascension avec une assiette quasiment parfaite.
Ceci, combiné avec un train roulant exceptionnel (roues en 29 pouces de diamètre, jantes en carbone et pneus Maxxis Assegai adaptés) procure un grip et un dynamisme de folie et donne au Samedi 29 Trail ses galons de grimpeur hors pair…
De plus, avec ses 355 mm de hauteur de boîtier de pédalier, l’excellent maintien de son amorto et ses manivelles FSA en 165, le Moustache tape nettement moins les obstacles que le Giant, ce qui est plutôt agréable dans les sentiers de chèvres techniques, étroits et parsemés d’embûches que j’ai l’habitude d’emprunter !
Bref, vous l’aurez compris, le nouveau Trail est un avion de chasse en montée et plus c’est dur, plus c’est raide, plus c’est technique, mieux il s’en sort par rapport à la concurrence.
Enfin, pour rebondir, suite au test récent de la toute nouvelle mise à jour Bosch/Moustache dont j’ai parlé plus haut, j’aimerais ajouter quelque chose. Alors que le Moustache Samedi 29 Trail 10 est sans conteste l’un des VTTAE les plus dynamiques du marché en mode eMTB, après plusieurs sorties supplémentaires, j’ai constaté que le Magic Tour ramollissait considérablement son comportement…
Avant d’effectuer la mise à jour, réfléchissez donc bien à votre façon de pratiquer le VTTAE et tenez compte aussi de la région où vous habitez. Car si le Magic Tour vous permettra de gagner une dizaine de pourcent en autonomie selon le relief du terrain (bien), en revanche, il vous fera perdre le petit côté pêchu du Tour qui est bien agréable quand le pourcentage de la pente n’est pas important et que la montée n’est pas régulière, lisse, mais au contraire parsemée d’obstacles à franchir (moins bien)…
En descente
Encore une fois, au moment des réglages de Sag et de l’observation statique du vélo, je me suis dit que le Samedi Trail semblait manquer d’un peu d’angle de fourche et qu’avec son boîtier de pédalier peut-être un poil haut, j’avais quelques doutes quant à ses aptitudes en descente…
Mais finalement, une fois en situation et le bike pris en main sérieusement (c’est-à-dire en l’ayant roulé suffisamment pour avoir l’impression que c’est MON vélo), le fonctionnement des suspensions (mention très bien à la Fox 36 E-Bike Factory), le diamètre des roues et la vivacité de l’ensemble permettent de se lâcher et d’aller sacrément vite avec l’engin.
Y compris dans les spéciales engagées où je teste habituellement les modèles d’enduro. Alors bien sûr, il faut davantage piloter et choisir les bonnes trajectoires. Il n’est pas question de se laisser aller comme si l’on avait 64 ° d’angle et 170 mm de débattement, car sinon, on peut vite être rappelé à l’ordre. Mais honnêtement, avec un bon bagage technique et sur des sentiers très trialisants de type Transvésubienne, le Samedi 29 Trail est un sacré outil.
Et au bout du compte, une fois tout bien considéré, il n’y a finalement que le débattement trop limité de la tige de selle télescopique KS-LEV Integra (125 mm en taille M) qui m’a gêné. Cela empêche de plier suffisamment les jambes et d’abaisser au maximum le centre de gravité, ce qui n’est jamais très agréable en descente…
Ceci mis à part, le compromis entre les qualités de grimpeur et les capacités à s’en sortir avec aisance quand la pente s’inverse est quasiment unique en son genre. C’est le VTTAE polyvalent par excellence.
Peut-être un peu plus exigeant et avec un caractère plus affirmé que le Giant Trance X E+. Moins sécurisant dans les descentes, aussi, mais avec un poil d’habitude, le Moustache Samedi 29 Trail ne vous met jamais en difficulté, bien au contraire. Une référence dans sa catégorie.
On compte les points
Points forts
+ Dynamisme
+ Nervosité
+ Potentiel en montée
+ Fourche Fox 36 Factory
+ Cohésion moteur/partie-cycle
+ Polyvalence
Points faibles
– Tige de selle télescopique en 125 mm seulement
Qu’en penser ?
Ce qui ressort avant tout de ce test réunissant deux VTT à assistance électrique plébiscités par les pratiquants, c’est que, sous des caractères différents, le Trance X E+ et le Samedi 29 Trail arrivent à des résultats quasiment similaires sur le terrain. Je veux dire par là que, même si par rapport au dynamisme et à la vivacité du Moustache, le Giant peut sembler un poil mou en montée, mais au contraire plus sécurisant en descente, une fois sur les sentiers, en passant d’un vélo à l’autre, on frôle l’égalité en termes d’efficacité pure…
Certes, il faut légèrement modifier son pilotage et être davantage coulé ou en finesse avec le Samedi 29 Trail, alors que l’on pourra passer un peu plus en force au guidon du Trance X E+. Mais au bout du compte, le résultat est le même. Inutile de se battre avec le vélo pour venir à bout d’un passage délicat en montée ou d’une descente particulièrement engagée. Dans des styles différents, grâce à son équilibre pour l’un et sa vivacité pour l’autre, ces deux montures vous aident à progresser et à repousser vos limites.
On peut donc dire qu’elles n’ont rien perdu de leurs anciennes qualités de polyvalence et d’accessibilité, mais qu’en revanche, avec ce passage en 29 pouces, elles ont gagné en efficacité et développé encore davantage leur côté sportif. C’est ce que l’on appelle l’évolution, le progrès, et on ne va pas s’en plaindre !
Pour résumer, le Moustache donne des ailes en montée et s’en sort bien en descente, tandis que le Giant se défend très honorablement quand ça monte et survole davantage le terrain quand ça descend.
Et s’il se rapproche un peu du comportement du Samedi 29 Trail en position “High” du Flip Ship, le Trance X E+ reste cependant légèrement en-deçà des performances impressionnantes du duo Moustache/Bosch dans le dénivelé positif et dans les relances.
Vis-à-vis de la concurrence ?
Sur le marché du VTTAE all mountain en 29 pouces avec cadre en aluminium, quelques modèles sortent du lot et pourraient éventuellement venir se tirer la bourre avec le Trance X E+ et le Samedi 29 Trail.
Il y a d’abord le Rocky Mountain Instinct Powerplay Alloy 70 à 6 799 euros, plutôt bon en montée, redoutable en descente et équipé d’une motorisation différente, certes, mais bougrement efficace.
Et puis, forcément, le Scott Genius eRide 910 à 6 299 euros s’impose comme un VTTAE incontournable en termes de polyvalence et d’efficacité sur tous les terrains.
Dans un autre registre, on pense également au Norco Sight VLT A1 à 5 999 euros que l’on avait beaucoup aimé lors d’un test l’an dernier et qui, dans sa version en alu, n’a finalement pas grand-chose à envier au modèle en carbone…Enfin, impossible de ne pas citer le Specialized Turbo Levo Comp à 6 999 euros, une référence sur le marché qui reste aussi une valeur sûre et un choix judicieux sur le marché de l’occasion.