Essai longue durée du Mondraker Crusher

Plus fin, plus léger… plus joueur !

Si beaucoup ont pu douter de l’intérêt de l’arrivée du Crusher dans la gamme des VTTAE Mondraker, ceux qui ont eu la chance de rouler avec ont vite compris que l’engin avait un fort potentiel. Pour une grande majorité de pratiquants, on peut même dire que sa polyvalence représente un atout majeur. Je vous livre donc ci-dessous mes impressions sur la version la moins chère du Crusher. Celle qui, à mon avis, représente le meilleur plan des trois modèles de la gamme. En tout cas, à l’usage et vu le tarif affiché de 6 999 euros, après 1 500 km passés à son guidon, il n’y a pour moi aucune faute de goût sur ce vélo prêt à rouler en vrai tout-terrain. Action !

Par Chris Caprin – Photos Chris Caprin et Fagerbé

Mondraker Crusher

Mondraker Crusher

  • Usage all mountain
  • Roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière
  • Débattement 160 mm AV/150 mm AR
  • Cadre en carbone Stealth Air avec triangle arrière en aluminium
  • Reach 470 mm et Stack 622 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
  • Motorisation Shimano EP801 250 watts, 85 Nm
  • Batterie Simplo de 720 Wh (non démontable)
  • Console : Shimano EN600 écran multifonctions plus affichage de couleur (bleu, vert, jaune) selon le mode d’assistance
  • Commande : Shimano EN600-L
  • Modes d’assistance : 3 (Eco, Trail, Boost) + assistance à la marche et jusqu’à 14 modes avec le paramétrage de 12 niveaux de Trail
  • Système pour réglages moteur personnalisés et connectivités : oui, avec l’application Shimano E-Tube téléchargeable sur smartphone
  • Pneus Maxxis Minion DHF EXO+ 29×2.60 (AV) et Minion DHR II EXO+ 29×2.60 (AR)
  • Tailles (S, M, L, XL)
  • Trois modèles : à 6 999, 8 299 et 9 499 €
  • Prix du modèle testé : 6 999 €
  • Poids vérifié : 24,58 kg (sans pédales, en taille M)
  • Lien : www.mondraker.com

De prime abord, on a un peu l’impression que pour ce Crusher, Mondraker a fait du neuf avec du vieux. En effet, on reste sur la base d’un châssis classique et d’une cinématique de suspension éprouvés et déjà vu sur de nombreux modèles depuis des années… En gros, on est très proche d’un Crafty de base ou d’un Dusk en aluminium, alors que pour une nouveauté, on s’attendait plutôt à un cadre s’inspirant du Neat à assistance légère ou même du Dune.

Seulement lorsque j’ai regardé de plus près, j’ai constaté que pas mal de choses avaient bien évolué. D’abord, comparé au Crafty, le montage d’une motorisation Shimano EP801 un peu plus compact et d’une batterie Simplo de 720 Wh, a permis de gagner du poids et d’affiner les lignes du triangle avant en carbone. Bilan : un bon kilo de moins qu’avec un ensemble Bosch en 750 Wh. Seul petit bémol, cette Simplo n’est pas démontable non plus et c’est tout de même dommage.

Ensuite, on trouve évidemment le concept de cadre Forward Geometry cher à Mondraker, des roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière, mais avec 160/150 de débattement et une géométrie plus polyvalente qui devrait donner davantage de dynamisme au bike… Sans pour autant trop le pénaliser en descente.

Et puis, avec une fourche de 38 de diamètre (angle de 65°), moins de poids dans le tube diagonal et un empattement raisonnable (1 247 mm en taille M), on risque fort de gagner en maniabilité et en vivacité, pour obtenir au final un VTTAE plus joueur que le Crafty R. A vérifier.

Composants

Vu le tarif, on est forcément sur des accessoires de gamme assez moyenne, mais qui, au fil des essais, ont toujours montrés des qualités de fonctionnement et de robustesse d’un très bon niveau. Car honnêtement, pour 6 999 euros, difficile de demander mieux.

J’en veux pour preuve la transmission Sram Eagle GX, les freins Sram DB8 (bien mieux que les G2 et plutôt satisfaisants pour un usage rando, mais quand même un peu légers si l’on décide d’attaquer…) et surtout les suspensions Fox Performance dont nous reparlerons plus loin.

Quant à la tige de selle réglable en débattement coiffée d’une Fizik Aidon irréprochable, c’est du tout bon et il en va de même pour le poste de pilotage avec la petite potence de 35 et le cintre en alu de 780 mm de large. Tous ces composants sont siglés OnOff, comme les poignées, qui, elles, ne sont malheureusement pas au niveau du reste.

Enfin, pour le train roulant, le Crusher s’appuie encore sur le l’éprouvé, avec les très bonnes roues Mavic E-Deemax en alu, chaussées de pneus Maxxis Minion DHF EXO+ en 2.50 (AV) et Minion DHR II EXO + en 2.40 (AR). Un ensemble plus que cohérent pour un programme all mountain.

Suspensions

De ce côté-là, sur le Crusher, avec une fourche Fox 36 Performance et un amortisseur Float X Performance, objectivement, c’est sans mauvaises surprises. Ce sont des éléments de suspensions qui fonctionnent bien, qui sont faciles à régler et dont la fiabilité n’est plus à démontrer.

Comme d’habitude, une fois le réglage des Sag effectué, j’ai ensuite pris le temps d’affiner légèrement. En ce qui me concerne, j’ai opté pour un certain confort et je suis parti dans l’idée d’avoir des suspensions qui fonctionnent de manière homogène et progressive sur l’intégralité du débattement, en allant presque à la limite du talonnage sur les très gros chocs.

Pour un pilote de 70 kilos, je conseille donc les réglages suivants :

Fourche 38 Performance FitGrip 160 :

  • 70 psi en pression d’air et deux cales dans le plongeur gauche pour un Sag autour de 25 %.
  • Compression hautes vitesses : ouverte à fond
  • Rebond : -12 du plus fermé (sur 16 clics)

Amortisseur Float X Performance 150 :

  • 160 psi de pression d’air pour un Sag de 30 % maxi
  • Compression hautes vitesses : ouvert à fond
  • Rebond hautes vitesses : -6 du plus fermé (sur 12 clics)
Moteur et batterie

L’EP801 reprend l’unité motrice de l’EP8, mais la capacité du système est plus étendue et offre une vitesse plus constante dans les ascensions et de meilleures accélérations à des cadences plus élevées. Dans un même temps, Shimano a encore trouvé des moyens pour réduire le poids des composants et ainsi améliorer la maniabilité et le dynamisme du vélo. 

Quand il s’agit de viser les performances optimales en VTTAE, le pilote recherche en premier une certaine sensation de légèreté et d’agilité. Avec ses 2,6 kg, l’EP801 pèse quelques dizaines de grammes de moins, ce qui en fait l’une des unités motrices les plus légères et les plus compactes du marché. Celle qui offre la meilleure puissance/poids de sa catégorie. Ce qui ne l’empêche pas de fournir une puissance élevée en crête de 600 % et un couple généreux de 85 Nm. En étant plus compacte, elle permet également une meilleure intégration dans le châssis des différents modèles de VTTAE, tout en augmentant la garde au sol, un point important en tout-terrain.

Grâce à la combinaison de matériaux disposant d’une dissipation thermique élevée, une plus grande surface moulée et un cache-moteur entièrement repensé, l’EP801 peut gérer les hausses de température dans les ascensions, ce qui permet de bénéficier du couple et de l’assistance maxi pendant une période bien plus longue. Ainsi, en maintenant un rapport de sortie constant, il fournit une assistance avec une réponse plus linéaire, sans à-coups ni baisses de régime. De plus, le mode Trail qu’il est possible de régler en de nombreux degrés d’intensité (contre un seul sur l’EP8) a été conçu pour optimiser davantage le contrôle du vélo en fonction du type de terrain que l’on rencontre et du pédalage que l’on adopte. Dans le même temps, il réduit aussi la consommation d’énergie lorsqu’il y a peu d’appui sur les pédales et fournit une assistance supplémentaire lorsque le pilote décide de pousser plus fort.

Côté batterie, on dispose d’une Simplo intégrée et encore une fois non démontable (une habitude chez Mondraker et c’est bien dommage…) de 720 Wh, plus compacte et moins lourde que l’encombrante (mais performante) Bosch 750 Wh.

Enfin, pour la commande et la console, on bénéficie – et c’est une constance chez Shimano en 2024 – de la EN600-L au pouce gauche et de la nouvelle (très pratique et fonctionnelle) EN600, située bien à l’abri entre la potence et le cintre.

Connectivité

Via l’application E-Tube Project, tous les modes et les paramètres sont entièrement personnalisables, aussi bien chez vous que pendant votre balade à l’aide de votre smartphone. Cela permet à l’utilisateur d’adapter le système à son niveau, comme aux terrains sur lesquels il évolue. Ainsi, les modes Eco, Trail et Boost peuvent être personnalisés chacun sur 10 niveaux différents, alors que le couple moteur peut être réglé au choix entre 20 et 85 Nm.

Il existe également 5 paramétrages possibles du mode de démarrage de l’assistance qui peuvent tous être enregistrés sous différents profils d’utilisateurs et pour différents types de sorties, comme par exemple une simple balade ou, au contraire, une séance engagée sur terrain très accidenté. Toutes ces informations peuvent être sauvegardées comme préférences personnelles du pilote sur les deux profils. L’utilisateur peut ainsi basculer facilement de l’un à l’autre sur le terrain via l’écran de contrôle.

Ci-dessous, voilà les différents réglages de paramètres que je préconise pour une pratique sportive avec réglages généreux de l’assistance (Profil 1) ou plus intuitive et un peu moins énergivore (Profil 2). Pour ce dernier, même s’il est possible de monter jusqu’à douze modes Trail différents, après pas mal d’essais, j’ai choisi de n’en sélectionner que trois… C’est juste mon choix et ça n’a pas forcément valeur de référence.

Profil 1 (Mode de base) :

  • Puissance : Eco Niveau 6, Trail Niveau 8, Boost Niveau 10
  • Couple : Eco 49 Nm, Trail 85 Nm, Boost 85 Nm
  • Force au démarrage : Eco, Trail et Boost 5 sur 5

Profil 2 (Mode réglage fin) :

  • Puissance : Eco Niveau 1, Trail Niveau 3, 4 et 5, Boost Niveau 7
  • Couple : Eco 20 Nm, Trail 42, 56 et 70 Nm, Boost 85 Nm
  • Force au démarrage : Eco 3, Trail 4, Boost 5

Mondraker Crusher

Sur le terrain

Après toutes ces informations techniques, il est temps de passer aux sensations ressenties sur le terrain… En commençant par ce qui est vraiment nouveau chez Mondraker – et qui fait l’originalité du Crusher : son moteur Shimano EP801 ! Et puisque l’on en parle, j’en profite pour préciser qu’en upgradant son bike avec un dérailleur électrique Shimano XT Di2, on peut bénéficier alors de la transmission automatique Auto Shift et de la fonction Free Shift qui replace la chaîne sur le meilleur pignon quand on arrête de pédaler…

Comportement moteur

En montant légèrement les curseurs pour disposer d’une assistance généreuse (même en mode Eco), j’ai rapidement constaté que le moteur Shimano EP801 était plus dynamique, répondait mieux aux sollicitations du pilote quelle que soit la cadence de pédalage (surtout en Trail) et possédait une puissance doublée d’un soutien en Boost nettement plus conséquents. En gros, sur le mode le plus performant, on n’est pas loin du Race de chez Bosch… Pas tout à fait, mais pas loin !

On a la sensation que le moteur est plus libre, qu’il y a moins de frictions et qu’aller chercher l’assistance maxi est bien moins dicté par la cadence de pédalage, dont la plage est plus large. En gros, il y a du couple (le mode Trail étant toujours celui qui en possède le plus) et il n’est pas obligatoire de tourner les jambes autour de 80/90 tr/mn pour obtenir le maximum de puissance. Après, en Boost, c’est peut-être là que la différence se fait le plus sentir et en moulinant bien, le moteur donne vraiment la sensation qu’il y en a toujours sous le pied. Que ce soit dans les montées très raides parsemées de franchissement ou simplement dans les faux-plats où il est possible de souffler un peu tout en restant assez facilement à la limite de la coupure des 25 km/h… Dans sa version 801, l’EP8 a donc nettement gagné en coffre et ça se sent. Les compétiteurs ou les simples amateurs de longues montées difficiles apprécieront.

Ensuite, sur le Profil 2 avec les réglages fins qui offrent la possibilité d’obtenir jusqu’à 12 degrés (!) d’intensité différents en mode Trail, il est nécessaire de chercher un peu pour trouver le bon nombre à programmer et les solutions qui conviennent le mieux au pilote et aux sentiers qu’il emprunte. Au début, j’en ai mis 8 en plus de l’Eco et du Boost… Cela permet de monter très progressivement en assistance au fur et à mesure que l’on enclenche les modes et ainsi de vérifier quels sont les paliers les plus utiles et ceux que l’on ignore le plus souvent. J’ai ainsi pu effectuer ma sélection et passer d’abord à 5, puis, enfin, “seulement” à 3. Notez que dans ce cas de figure, si le Boost se comporte toujours pareil, l’Eco, lui, est à 20 Nm d’origine pour ne pas entrer en concurrence avec le mode 2 (ou Trail 1) qui prend le relais… Vous me suivez ?

Après, selon le terrain et le dénivelé, il suffit de “zapper” pour avoir plus ou moins d’assistance jusqu’à arriver en Boost si l’on s’attaque à du costaud. Mais bien que je privilégie souvent le choix de la simplicité et que dans le cas de l’EP801, on est diamétralement opposé au concept de Sram et ses deux modes obligatoires seulement, je dois avouer que le fait d’avoir 5 niveaux d’assistance ne m’a pas gêné plus que ça… Pour moi qui ai l’habitude de partir d’assez haut en assistance avec un Eco généreux, c’est l’idéal et largement assez progressif.

Autonomie

Avec ses roues Mavic E-Deemax, son poids raisonnable et un EP801 efficace et paramétrer pour donner une bonne assistance, le Mondraker Crusher sn sort très bien. La batterie Simplo de 720 Wh encaisse bien les différences de température (surtout comparée à la Darfon) et son autonomie est très satisfaisante. Pour un pilote de 70 kilos et sur un parcours technique bien sportif en colline, on arrive quand même à 68 km, 1 780 m de dénivelé positif et plus de trois heures et demie de roulage.

Concernant le comportement quand l’autonomie touche à sa fin, si le moteur donne quasiment toute sa puissance jusqu’aux dix derniers pourcents, dès que la batterie se met en mode survie et que le rouge clignote, ne comptez pas faire beaucoup plus que 5 ou 6 bornes et une centaine de mètres de D+… Une autonomie suffisante pour faire 2 heures et demi de bike, ce qui, vu le poids du vélo et son équipement enduro, n’est finalement pas trop mal.

A la montée

Ce qui frappe d’emblée, c’est le côté à la fois maniable et facile de ce VTTAE. Comparé au Crafty XR et sa grosse batterie Bosch de 750 Wh, on sent une nette différence et si l’on ne peut pas qualifier ce bike de véritablement joueur, je l’ai trouvé en tout cas nettement plus fun en montée, surtout quand c’est sinueux et technique.

Avec un cadre rigide et relativement compact, ses bonnes roues et un poids plutôt raisonnable de 24,5 kg, le Crusher a tout ce qu’il faut pour être d’une efficacité redoutable dans les montées. Et si l’on évolue sur des sentiers cassants et truffés de pierres, de rochers et de marches – ce qui est quand même souvent le cas chez moi, dans le Var, c’est exactement ce que l’on constate sur le terrain !

Lorsque c’est roulant, en mode Eco généreux, il réagit au moindre coup de pédale et une fois passé les 25 km/h, sur le plat et les pistes roulantes, on peut dire qu’il est relativement facile de maintenir la cadence et de rester au-dessus de la vitesse à laquelle l’assistance s’arrête. Et dans les côtes un peu plus raides, plus techniques, avec de la bonne terre et du grip, un petit coup de Trail et le vélo s’envole à l’assaut de la pente. Donc, si vous roulez habituellement sur ce type de terrain, vous allez clairement vous régaler aussi.

Mais en tout cas, le confort assez exceptionnel du Crusher et sa précision dans les enchaînements de pierriers et de marches à franchir, le rendent super agréable à piloter. Pas de petites dérobades de l’arrière, aucune tendance à cabrer dans les passages très raides et techniques (le tube de selle bien incliné vers l’avant, la roue de 29 pouces à l’arrière et la Forward Geometry y sont forcément pour quelque chose), on est impeccablement posé pour pédaler et avaler les obstacles en toute confiance sans se poser de questions. D’autant plus que la hauteur parfaite de boîtier de pédalier (350 mm), fait que les manivelles ne touchent pratiquement jamais les obstacles dans les passages sinueux… Impeccable !

Avec le Crusher, pas besoin non plus d’être hyper affûté ni d’avoir une technique supérieure à la moyenne pour se lancer à l’attaque de bonnes pentes sérieuses. Non, grâce à sa géométrie réussie, son triangle avant en carbone et ses bonnes roues, l’engin est assez redoutable en montée. En tout cas, sur la plupart de mes parcours de test, je l’ai trouvé confortable et facile à piloter – y compris à  la fin d’une bonne sortie quand le physique est bien entamé… Bref, vous l’aurez compris, c’est un pur VTTAE all mountain sur lequel le pratiquant expérimenté, tout comme celui qui découvre la discipline, se fera toujours plaisir quand ça grimpe.

En descente

Et ça ne s’arrête pas là… Car les qualités que l’on a souligné en montée s’appliquent aussi dès que la pente s’inverse. Et cela quel que soit le terrain sur lequel on roule. Sur une piste en terre bien tracée, avec un bon flow et des obstacles de type bike park light, j’ai énormément apprécié la maniabilité et la vivacité du vélo. De même, quand ça se corse un peu et que quelques rochers ou racines viennent se mettre sous vos roues, avec ses 150 mm de débattement, le Crusher encaisse plutôt bien les chocs et parvient à gommer comme il faut les diverses aspérités du sol. Et dans les épingles serrées, grâce à sa géométrie originale et son angle de fourche raisonnable, il s’en sort également très bien.

Mais là où il est peut-être le plus convaincant, c’est sur les sentiers cassants et dans les pierres, où l’on constate rapidement l’excellent confort et la tenue de piste du bike. Sa capacité à filtrer correctement le terrain, aussi. Et là, on peut encore dire merci aux roues de 29 pouces E-Deemax en alu qui font incroyablement bien le job !

En clair, tant que le sentier reste dans le programme du vélo (et même si on décide de l’emmener sur des spéciales d’enduro), le Crusher s’en sort parfaitement et peut même être comparé à certains modèles de référence du genre, comme le Specialized Turbo Levo, le Rocky Mountain Instinct ou le Cannondale Moterra… En tout cas, en descente, le côté sécurisant et confortable du Crusher a su séduire les quelques riders avec qui je roule régulièrement le week-end. Des potes qui ont pourtant l’habitude de rouler avec des purs VTTAE d’enduro et qui ont pris un grand plaisir au guidon de ce nouveau Mondraker.

Ce qui tend à confirmer que même si l’on est sur un bon petit all mountain, celui-ci tient parfaitement la route quand on décide d’attaquer un peu en descente. Alors évidemment, à force, il y a un moment où les freins Sram DB8 – corrects au demeurant – finissent par atteindre leurs limites… Où les pneus Maxxis en simple EXO + montrent leur côté un peu “légers”. Mais honnêtement, il faut déjà un certain niveau d’engagement et dévaler les pentes à une bonne vitesse pour que cela devienne un petit peu gênant.

Sinon, pour 90 % des pratiquants, on peut dire que le Crusher de base coche toutes les cases et que les composants sont tous au niveau de la motorisation et du châssis… Et croyez-moi, même à 6 999 euros, ce n’est pas le cas de tous les VTTAE qui évoluent dans une gamme de prix quasiment identique.

Points forts / faibles

Principales qualités

  • Géométrie
  • Grande polyvalence
  • Maniabilité
  • Tenue de piste
  • Train roulant
  • Motorisation EP801
  • Autonomie
  • Rapport qualité / prix / équipements

Principaux défauts

  • Poignées inconfortables
  • Look un peu triste

Qu’en penser ?

D’abord un peu déçu par l’aspect “déjà vu” de ce Crusher, je me suis tout de même intéressé à son cas et j’ai découvert finalement un VTTAE bien plus évolué qu’il n’y paraît. Sous son allure classique pour un Mondraker – si l’on fait abstraction du moteur Shimano EP801 – se cache en fait un modèle all mountain particulièrement bien fichu, plus fin, plus léger, mais également plus joueur. Contre toute attente, je me suis immédiatement senti à l’aise sur ce vélo extrêmement facile à prendre en main et à partir de là, l’essai s’est déroulé de manière optimale… Allant même jusqu’à me convaincre de l’intérêt certain que pouvait représenter la présence d’un tel modèle dans la gamme !

En effet, si personnellement je m’attendais davantage à découvrir une nouveauté avec moteur “full power” monté sur un cadre dans l’esprit du Neat à assistance légère, cela ne m’a pas empêché de comprendre où Mondraker voulait en venir avec le Crusher. A savoir, proposer à sa clientèle un VTTAE polyvalent plus léger et plus joueur que les Crafty, tout en étant équipé d’une motorisation différente pour diversifier un peu plus le choix.

Et j’avoue qu’avec l’EP801 et les nombreuses évolutions de performances qui vont avec, l’idée ne m’a finalement pas semblé si mauvaise. J’en ai d’ailleurs eu la confirmation sur le terrain immédiatement, avec un vélo facile et amusant à piloter en montée et suffisamment bien équilibré et sain quand ça descend pour vraiment se faire plaisir.

Bref, je confirme donc que ce VTTAE a tout à fait sa place aux côtés des Crafty, Neat et autres Dune de la marque et qu’avec les progrès de la motorisation EP801 et la sortie toute récente du nouveau micro-logiciel Shimano, le Crusher possède tout ce qu’il faut pour une utilisation sportive du débutant au pratiquant confirmé.

Et puis enfin, au cours des 1 500 km de ce test longue durée, j’avoue n’avoir pas eu grand-chose à dire… Aucun problème, pas de casse, même pas une crevaison et hormis un pneu arrière qui arrive en bout de course et le changement d’une paire de plaquettes – ce qui n’est que de l’entretien courant – rien n’est venu troubler mes (très !) nombreuses sorties au guidon de ce vélo. Examen de passage réussi !

Vis-à-vis de la concurrence ?

Pour moi, dans la même catégorie, avec une motorisation Shimano et à un tarif pas trop éloigné, il n’y en a que trois sur lesquels j’ai eu l’occasion de rouler…

Le Polygon Collosus N8Xe à 6 199 euros. Même motorisation, suspensions Fox Performance également, mais batterie de 630 Wh (Shimano), transmission et freins Shimano XT. Grosse différence : le cadre en aluminium et donc un poids nettement supérieur au Crusher.

Le Scor 40/60 Z LT SLX à 6 999 euros. Cadre full carbone, batterie Darfon de 720 Wh, RockShox ZEB, freins Deore et transmission Shimano SLX. Un sacré VTTAE extrêmement polyvalent lui aussi.

Le Propain Sresh CF Base à 5 999 euros. Cadre full carbone, moteur EP600, batterie Darfon de 600 Wh, transmission GX Eagle et freins Sram DB8. Un sacré vélo avec un moteur légèrement moins performant (quoi que…), qui a pour lui un poids très compétitif de 22,6 kg.

La gamme Mondraker Crusher

Elle est réduite à trois modèles, équipés du même cadre en carbone, du même moteur et de la même batterie. Partant de là, même si l’on ne va pas chercher les deux plus haut de gamme, difficile d’être déçu… La base est bonne et seul les accessoires diffèrent.

En plus du Crusher de notre essai à 6 999 euros, on a donc le R à 8 299 euros () et le le RR à 9 499 euros ().

Le Mondraker Crusher en action avec Chris sur le terrain

  1. Hello,

    Petite coquille, il possède des plongeurs en 38 pas 36 😉. Je possède le modèle R, j’apprécie sa polyvalence mais surtout son aisance en descente. L’avantage de cette configuration est de passer sur du Ohlins qui possède plus de réglages, le reste de l’équipement est effectivement similaire.
    Bon ride

  2. Une question/ remarque: vu que C quasiment une copie du DUSK (angle de selle légèrement différent, et 0,5 d’angle de chasse) n’est il pas une alternative intéressante, quand on aime pas le carbone?
    je vois très peu parler du DUSK R par ex, bien équipé, moteur EP801 et batterie 720 Simplo tout pareil, et moi qui suis fan du Shimano j’avoue que, malgré son âge, il me fait de l’oeil, surtout aux tarifs auxquels on le trouve actuellement

  3. Bonjour Chris,

    Merci pour cet essai complet, détaillé et toujours bien rédigé. Ce VTTAE Crusher avait suscité mon intérêt et n’ayant pas la possibilité de l’essayer, je suis ravi de lire ce test. Malheureusement il est dépourvu de batterie amovible, ce qui est rédhibitoire pour moi, dommage!

    Dans la rubrique « Vis à vis de la concurrence » tu mentionnes le Propain Sresh CF Base « qui a pour lui un poids très compétitif de 22,6 kg ». Or, Propain sur son site communique sur : « from 20.8 kg in size M ». Différence : 1,8kg.

    D’où vient cette différence de poids ? 300 grammes peuvent être gagnés avec le moteur EP 801, mais je ne vois pas, en consultant le configurateur où est indiqué le poids de chaque composant, comment on peut gagner 1,8Kg.

    Si tu as une petite idée sur la question, je serais heureux d’avoir ton avis. Et merci pour tous ces tests qui nous permettent souvent de faire le bon choix.

    A+

    1. Salut !
      J’en ai un actuellement à l’essai… C’est donc bien le poids vérifié du modèle le moins cher… et donc le plus lourd !
      Les marques annoncent toujours les poids des versions haut de gamme et souvent revus légèrement à la baisse, ceci expliquant cela.
      A +

  4. Belle présentation bien complète et au long cours, de plus je suis entièrement d’accord avec les points négatifs relevés. La fourche en 38 doit effectivement apporter un plus lorsque je vois la déformation de ma roue avant sur un chaser en descente rapide et virage serré. Je constate toutefois que la marque espagnole monte des plaquettes bas de gamme tout comme la chaine SX eagle qui toutefois a tenu plus de 1800 km en montagne dans mon cas mais est introuvable en APV dans l’hexagone pas le cas des plaquettes arrières qui ont été changées après seulement 900 km. Pour comparaison je consomme entre 15 et 22 Wh au km pour un dénivelé positif de 1800 m sur 25 km et un poids (rider+équipement) de 72 kg avec le moteur Bosch Gen4 avec une vitesse moyenne de 11 km/h.

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