Test du système Bosch eBike ABS

Une dose d’assistance supplémentaire !

Le système Bosch eBike ABS s’inspire de la technologie d’antiblocage au freinage utilisée dans la moto et l’automobile. Depuis la fin des années 1930, la marque allemande dispose d’un brevet qu’elle a ensuite développé personnellement pour le décliner sur toutes sortes de véhicules. Et désormais, avec le succès rencontré par le vélo à assistance électrique, ce sera bientôt au tour des cyclistes d’avoir droit à leur propre ABS… A quoi ça ressemble ? Comment ça marche ? Est-ce vraiment utile en tout-terrain ? On a testé et on vous répond.

Par Chris Caprin

Le Bosch ABS System – le plus petit ABS au monde développé sur la base de la technologie utilisée dans la moto – a été mis au point en collaboration avec des athlètes professionnels spécialisés dans le VTT à assistance électrique. Grâce à ce système, dans les passages à l’adhérence précaire, en tout-terrain comme sur la route, les utilisateurs de VAE pourront bientôt utiliser les freins de manière plus active – le nouvel eBike ABS adaptant automatiquement la pression de freinage (sur la roue avant uniquement) de manière optimale. Tout cela en fonction de la nature et de l’adhérence du sol, évidemment.

De plus, l’ABS permet de diminuer les transferts de poids. En effet, comme celui-ci régule de manière fiable la force de freinage à l’avant, on aura moins besoin de déplacer son corps vers l’arrière pour corriger l’assiette du vélo en cas de freinage d’urgence… Bref, sur la terre ou sur le bitume, on se doute bien qu’un vélo équipé de la sorte devrait permettre d’éviter un grand nombre de chutes et d’accidents.

Comment ça marche ?

Des capteurs à l’avant et à l’arrière mesurent la vitesse de rotation des roues sur des disques spécifiques et permettent au boîtier du système – fixé sur le fourreau gauche de la fourche et alimenté par la batterie du vélo – d’analyser les données. Celui-ci contient une valve qui régule la force du freinage en libérant plus ou moins de liquide de frein dans une chambre d’accumulation. On évite ainsi le blocage et on stabilise la roue avant tout en évitant à la roue arrière de décoller inopinément. Ensuite, une deuxième valve rétablit la pression en assurant une décélération optimale. Après l’opération, le liquide de frein est réintroduit dans le système de freinage. A noter que cela demande une quantité plus importante de liquide et que le maître-cylindre est forcément plus volumineux que sur les modèles que l’on trouve habituellement sur nos VTT et VTTAE. Enfin, précisons que si le Bosch eBike ABS utilise pour l’instant uniquement des composants de freinage Magura, plusieurs marques – dont Tektro – devraient proposer des composants compatibles dans les mois qui viennent.

Quatre modes différents

Le système ABS possède quatre modes d’intensité différente, au choix, en fonction du modèle du vélo et du type de pratiquant qui l’utilise. On accède aux paramétrages via la console Kiox 300 et la commande LED Remote, mais il est possible également de désactiver l’ensemble en le mettant sur Off.

L’ABS Cargo, comme son nom l’indique, s’adresse avant tout aux VAE qui transporte une charge importante à l’avant (paquets, enfant, chien…) et permet d’éviter les freinages en catastrophe trop appuyés, trop violents. Plus de douceur et nettement moins de pression lors d’un coup de frein en catastrophe permettent de garder le contrôle et, ainsi, de ne pas mettre en danger le pilote et surtout les passagers situés à l’avant.

L’ABS Touring, lui, s’applique aux VAE de ville et de route en offrant un freinage avec un poil plus de mordant, mais pas trop. L’idéal pour rouler en solo et éviter les pertes d’adhérence de la roue avant en freinant dans une flaque d’eau, sur une chaussée mouillée ou pire, sur les bandes blanches d’un passage pour piétons !

L’ABS Allroad est conseillé pour le VTC, qui permet les incursions sur des routes au revêtement de mauvaise qualité, des pistes en terre très roulantes et des sentiers assez faciles. On a un freinage plus mordant que le Touring et un peu moins agressif que le Trail.

Enfin, l’ABS Trail, celui qui nous concerne le plus, nous, amateurs de tout-terrain, permet au pilote de se concentrer sur l’essentiel dans les sections délicates, comme les passages de pierres ou de racines. Dans les sentiers techniques, le pilote est censé se sentir plus en contrôle et plus détendu et devrait dépenser moins d’énergie et de concentration pour appliquer la bonne pression de freinage en fonction de l’adhérence du terrain.

Est-ce utile ?

Jusqu’à présent, nombreux sont ceux qui, par peur de perdre l’avant ou de passer par-dessus le guidon, n’utilisent que très peu le frein avant et actionnent surtout l’arrière. C’est visible sur les disques et les plaquettes des VTTAE qui entrent à l’atelier dans les magasins et qui sont généralement moins usés à l’avant qu’à l’arrière…

Le nouveau Bosch eBike ABS permet de freiner avec plus d’assurance et de confiance en utilisant les deux freins en même temps.

La vitesse de rotation des roues est surveillée par des capteurs qui mesurent la fréquence à laquelle défilent les petits trous situés sur le disque supplémentaire. Dès que la roue avant tourne moins vite et menace de se bloquer en raison d’un freinage trop appuyé, le système Bosch eBike ABS régule la pression de freinage et améliore la stabilité et la manœuvrabilité du VAE, en particulier sur les routes glissantes.

Il est évident – comme on a pu le constater sur les voitures et les motos – qu’un freinage ABS apporte nettement plus de contrôle et de stabilité. De quoi améliorer largement la sécurité des pratiquants.

En cas de freinage très violent de la roue avant, la régulation intelligente du décollement de la roue arrière réduit fortement le risque de déséquilibre. Cela permet ainsi d’éviter de passer par-dessus le guidon en cas de coup de frein trop violent, le frein avant étant plus actif et plus efficace.

Ajoutons que l’écran Kiox 300 permet de visualiser des informations sur votre comportement au freinage. Si le frein avant est utilisé, la distance et le temps de freinage sont enregistrés et s’affichent sur la page spécifique de la console. On peut ainsi se faire une idée de l’influence qu’a le terrain sur les distances de freinage en la comparant, par exemple, à une réaction sur du gravier, du bitume, de la boue ou une route mouillée. En analysant davantage ses freinages, il est possible d’améliorer son pilotage, de rouler plus sereinement et d’éviter la chute.

C’est pour qui ?

Même si cela ne semble pas des plus utiles pour les pratiquants confirmés qui roulent en VTTAE depuis des années, l’ABS Trail de Bosch – développé en collaboration avec Magura – devrait en revanche davantage convenir aux néophytes qui roulent sur des VTC ou des VAE en ville. Il faut dire que c’est souvent dans la rue que le danger est le plus présent et que les obstacles comme les véhicules, les piétons ou des enfants qui jouent sur le trottoir peuvent surgir sans prévenir et obliger à freiner fort par pur réflexe. Et avec l’ABS, grâce à un freinage beaucoup plus efficace, on a nettement moins de risque de percuter l’obstacle ou de chuter.

Malgré tout, en faisant plusieurs sorties avec un Mondraker Crafty XR équipé de l’ABS, je me suis finalement pris au jeu et j’ai essayé de repousser les limites en exagérant de manière considérable mes freinages en ligne, sur l’angle, dans les pierres et sur les racines. C’est ainsi que j’ai pu observer que l’efficacité était bien au rendez-vous et que dans les pentes très raides et glissantes (boue ou poussière) avec virage à 90 degrés en bas, il était un peu plus facile de tourner sans risquer le tout droit…

De même, dans les sentiers truffés de pierres roulantes comme nous avons en été dans le Var, dans certains virages, j’ai remarqué qu’il était possible de tirer davantage sur le levier de frein avant en conservant de l’adhérence, tout en faisant légèrement déraper le vélo avec le frein arrière. Comme si je parvenais à mieux le placer, tout en conservant un peu plus de vitesse de passage. Attention, c’est subtil, mais c’est ce que j’ai ressenti. Y compris avec des leviers de freins d’un autre âge pas du tout adaptés à la pratique du VTTAE sportif… A l’avenir, ce sera un point important à améliorer.

Je précise en outre qu’en-dessous des 6 km/h, le système se désactive pour favoriser les évolutions à basse vitesse, comme les déplacements et les nose-turns. On va donc dire que l’ABS peut avoir un certain intérêt, y compris pour ceux qui attaquent et savent freiner correctement. Alors si c’est le cas, imaginez pour le débutant ou le pratiquant occasionnel qui n’a guère d’expérience dans la pratique du tout-terrain sur deux-roues !

Qu’en penser ?

Hormis pour la ville où l’ABS a clairement un avenir sur un vélo à assistance électrique dans les années qui viennent, je pense qu’en tout-terrain et, surtout, à la montagne sur le parc de VTTAE de location, l’ABS pourrait éviter bon nombre de chutes et d’accidents.

Le problème, c’est qu’avant que des vélos électriques tout-suspendus à 4 000 euros soient équipés du système, cela risque de prendre du temps. Mais si la démocratisation de l’ABS n’est malheureusement pas pour tout de suite, il est important d’encourager globalement ce projet.

Les vététistes du dimanche qui empruntent les remontées mécaniques et se retrouvent livrés à eux-mêmes au sommet d’une montagne sans oser s’engager sur des pistes permanentes trop techniques et décident finalement de descendre par une grande piste rapide auraient sacrément besoin d’un ABS !

Cela pourrait les aider à ralentir ou s’arrêter sans dommage, quand, après avoir pris trop de vitesse dans un bout droit, un renvoi d’eau ou une épingle se profile devant eux. Dans ces cas-là, en panique et par réflexe, ils sont nombreux à tirer violemment sur les deux freins. Et on connaît malheureusement le résultat… Les trois quart du temps, ça finit par terre !

Notons enfin que selon Bosch, pour l’instant, avoir un eBike ABS sur son vélo de série alourdirait la facture de 400 euros environ… Mais ce n’est qu’un début et si d’aventure – ce qui est fort probable dans les années à venir – l’ABS se démocratisait sur le VAE et VTTAE, il y a fort à parier que le système évoluerait pour proposer un montage de série à un tarif nettement plus bas. Affaire à suivre.

  1. D’accord avec Pascal, visiblement les fabricants de motos sont tous des crétins heureusement que Bosch est là ! trêve de plaisanterie j’avais déjà publier un post là-dessus car je trouve l’idée de mettre un abs sur un vtt des plus absurde . Je possède un gros trail BM GS adventure (260kg) et quand je suis en tout terrain il y a une justement une fonction pour désactiver l’ABS car l’ABS en tout terrain ce n’est pas du tout sécuritaire il vaut mieux contrôler la glisse que l’empêcher, c’est le bab de la conduite hors des sentiers battus…
    Aucune moto radicale de tout terrain (cross, enduro, trial…) en est équipée mais c’est vrai mon Vttae fait un énorme 25kg du coup il me faut l’ABS !!!
    La vraie sécurité c’est des freins entretenus et le plus c’est de savoir freiner (si si le frein avant sert à quelque chose ) et anticiper ! Et ce n’est certainement l’ABS qui changera la donne en tout cas pas sur un vélo et encore moins sur un vtt… Pour le reste c’est juste de l’argumentaire commercial…

    1. Salut !
      Oui, enfin c’est à peu près ce que je dis dans l’article… Et si Bosch sort l’ABS sur des vélos, c’est surtout pour les cargos et les modèles pour rouler en ville.
      Y’a donc pas tromperie sur la marchandise !
      Après, on est d’accord que sur un deux-roues, le mieux, c’est d’apprendre à freiner, surtout en vrai tout-terrain.
      Mais là, on part de très loin, car qui va prendre le temps de faire ça pour deux sorties à VTT dans l’année ?
      Dans certains cas, avec l’engouement du VTTAE, quand on voit le nombre de débutants qui s’aventurent sur les chemins à la montagne l’été, l’ABS ne peut pas faire de mal… Seulement avant de voir un système abordable sur des VTTAE pas chers, on n’est pas rendu !!!
      A +

  2. Merci Cris
    Pour toutes ces news mais je reste quand même plus que dubitatif sur l’ABS en ebike et ce même en milieu urbain…
    Mis à part l’intérêt la problématique reste le poids et la consommation rajouter un abs forcément ça joue sur les deux…

    Bon ride à toi Cris. (Et tes freinages de bûcheron !!!)

  3. De la complexité et du poids en plus. Comme le dit Chris, sans doute pour les débutants en VTTAE, pour la ville et les cargos ca peut être intéressant. Pour du VTTAE cela me parait contre productif surtout à l’arrière ou pouvoir bloquer la roue est un ‘must have’

    1. Attention, l’ABS ne concerne que le frein AV… A l’arrière, il n’y a qu’un capteur de vitesse.
      Donc aucun souci pour déraper et faire glisser volontairement le vélo !
      Et en dessous de 6 km/h, l’ABS se désactive pour les évolutions au ralenti genre trial, déplacements ou nose wheelies.

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