Changement dans la continuité
On le sait, les Moustache ne sont pas réputés pour être les VTTAE les plus joueurs du marché, le constructeur français se concentrant davantage sur l’efficacité et la facilité d’utilisation… Seulement voilà, avec un cadre en aluminium forcément plus lourd qu’un carbone et une batterie de 750 Wh, on pouvait se poser des questions. Le Game d’enduro n’allait-il pas être un peu trop pataud ? Le poids supplémentaire ne viendrait-il pas plomber l’ensemble ? Jouer le jeu du Smart System Bosch intégral avec sa batterie de 4,4 kg en valait-il la chandelle ? Bref, que vaut la nouvelle version du Moustache Samedi 29 Game ? Réponses.
Par Chris Caprin – Photos : Chris Caprin et Fagerbé

Moustache Samedi 29 Game 9
- Usage all mountain / enduro
- Roues de 29 pouces
- Débattements 170 mm AV/160 mm AR
- Cadre en aluminium
- Reach 461 mm et Stack 638 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
- Motorisation Bosch Performance Line CX Gen4 250 watts, 85 Nm
- Batterie Bosch Powertube intégrée de 750 Wh
- Console et commande : Bosch Kiox 300 et LED
- Modes d’assistance : 4 (Eco, Tour +, e-MTB et Turbo) + assistance à la marche
- Réglages : oui, avec l’application e-Bike Flow
- Pneus Maxxis Assegai EXO + 3C Maxx Terra 29×2.50 AV et AR
- 4 Tailles (S, M, L, XL)
- 5 modèles à 5 699, 6 699, 7 299, 7 599 et 9 299 €
- Prix du modèle testé : 7 599 €
- Poids vérifié : 25,20 kg (sans pédales, en taille M)
- Lien : www.moustachebikes.com
Comme la plupart des marques concurrentes qui utilisent une motorisation Bosch, avec l’arrivée sur le marché de la nouvelle batterie Powertube de 750 Wh plus lourde et plus encombrante (4,4 kg), Moustache a dû travailler sur l’élaboration d’un nouveau triangle avant (toujours en aluminium 6061 T4-T6), qui permettrait de pouvoir loger et intégrer cette nouvelle batterie XXL… Tout en s’assurant qu’elle resterait démontable. En conséquence, le Game prend quasiment un kilo par rapport à la version de l’an dernier équipée de la batterie de 625 Wh. En restant sur le choix d’un cadre en aluminium, malheureusement, il est difficile de faire beaucoup mieux que 25 kilos et quelques sur la balance.
Avec son triangle avant plus généreux (Reach de 461 mm et empattement de 1 257 mm en taille M), on a un VTTAE qui devient un peu plus imposant que le modèle précédent. Attention donc dans le choix de la taille car il pourrait y avoir des surprises… Pour ma part, avec 1,80 m, je me suis senti parfaitement à mon aise sur le M. Et si l’angle de direction reste le même (65°), en revanche, celui du tube de selle se redresse et passe de 73,6 à 76°. A mon avis, ça ne sera pas plus mal en montée !
J’ajouterais également que si le gabarit général du Moustache Game prend un peu plus d’envergure, la longueur des bases demeure identique, alors que la hauteur de boîtier de pédalier diminue, elle, d’1 cm (350 mm). Espérons juste que les manivelles ne vont pas toucher davantage le sol dans l’opération… Enfin, on note que la longue biellette principale de la suspension – qui avait été ajourée l’an dernier pour gagner un peu de poids –, est toujours d’actualité.

Composants
Concernant le montage, hormis les éléments de suspension dont nous parlerons un peu plus loin dans l’article, on trouve des freins Shimano XT 4 pistons avec disques de 204 mm à l’avant comme à l’arrière, une transmission Shimano SLX/XT 12 vitesses et une tige de selle télescopique KS Ragei – dont le débattement de 150 mm (en taille M) est cohérent pour le programme du vélo… même si, personnellement, j’aurais préféré la version en 170, encore moins gênante dans les évolutions techniques. Côté train roulant, nous avons affaire à des jantes Moustache Just asymétriques en aluminium 6061E, équipées de moyeux Moustache by Mavic, le tout monté avec une paire de pneus Maxxis Assegai à l’avant comme à l’arrière, les deux en 2.50 de section…



Pour le reste, c’est un mélange de composants Moustache (potence de 40 mm, cintre en carbone de 780 mm, selle Sport) d’une qualité correcte, mais sans plus, agrémentés d’un jeu de direction Acros, de poignées Lock-On et d’un pédalier FSA (manivelles de 165 mm) monté avec un plateau e-Thirteen de 34 dents.
Suspensions
Chez Moustache, depuis des années, on fait confiance à l’amortisseur maison Magic Grip Control. Et si je reconnais avoir parfois un peu de mal avec le manque de sensibilité sur les petits chocs, je dois malgré tout avouer que sur le terrain (et c’est bien là l’essentiel), la suspension arrière fonctionne parfaitement, aussi bien en montée (dynamisme et maintien), qu’en descente (progressivité et confort). Et hormis quelques petits coups de raquette sur certains chocs quand ça va vite (rien de catastrophique non plus), il n’y a pas grand-chose de négatif à dire…
Avant de partir, en suivant ma routine habituelle, je me suis contenté de faire mon réglage de Sag entre 25 et 30 % d’enfoncement et de laisser ouvert à moitié en compression et presque à fond en détente.
Ensuite, j’ai affiné au fur et à mesure pour arriver rapidement au comportement idéal pour mon style de pilotage et mon poids. L’idée est d’avoir des suspensions qui fonctionnent de manière homogène et progressive sur l’intégralité du débattement, en allant presque jusqu’à la limite du talonnage, mais avec quand même un bon maintien dès le milieu de course.



En plus, la cartouche Grip2 E-Bike offre une accroche incroyable et la sensation d’avoir la roue avant collée au sol. C’est déjà flagrant sur la 36, ça l’est encore davantage avec la 38. Sur l’angle, c’est assez impressionnant et on peut chercher la limite sans appréhension, tant le grip, la précision et le maintien de l’avant donnent confiance… Surtout associé à un pneu Maxxis Assegai en EXO+ 3C Max Terra !
En ce qui concerne les réglages, voilà ce que j’ai choisi :
Fox 38 Factory Kashima Grip2 170
- 70 psi et deux tokens dans le plongeur gauche, c’est l’idéal en fonction de mon poids de 70 kilos et des 170 mm de débattement.
- Compression hautes vitesses : – 3 sur 8 clics en partant du plus fermé
- Compression basses vitesses : – 5 sur 16 clics en partant du plus fermé
- Rebond hautes vitesses : – 6 sur 8 clics en partant du plus fermé
- Rebond basses vitesses : – 10 sur 14 clics en partant du plus fermé
Moustache Magic Grip Control 160
- 165 psi pour un Sag autour de 30 %.
- Rebond : – 2 sur 8 clics en partant du plus fermé
Moteur et batterie

Lien vers notre article Bosch Smart System

Sur le terrain
Trêve de fiches techniques et d’observations statiques, il est temps désormais d’enfourcher ce Moustache Samedi 29 Game 2023… Place aux sensations sur le terrain qui représentent le cœur même de l’essai.

Mais avant de démarrer, je tiens à préciser que si je fais de temps en temps référence au Lapierre Overvolt AM 75e anniversaire, c’est tout simplement parce que j’ai eu l’occasion de rouler les deux vélos en parallèle pendant plus de deux mois…
Cadre en aluminium, Bosch Smart System, batterie de 750 Wh, composants plutôt haut de gamme, même prix, même programme, mêmes débattements avant et arrière, les vélos ont énormément de points communs et vous conviendrez qu’il aurait été dommage de ne pas en profiter pour comparer ponctuellement les performances de ces deux VTTAE français. C’est donc ce que j’ai fait.
Prise en main
Par rapport à l’ancien modèle équipé de la batterie de 625 Wh, dès les premiers tours de roues, on s’aperçoit que Moustache a bien modifié légèrement la géométrie de son triangle avant. Ceci a permis de revenir sur quelques petits détails qui ont leur importance, comme une inclinaison du tube de selle (redressé de 2,5°) ou un reach plus important. Pour faire un peu de place à la batterie, il fallait bien ça, même si, sur le papier, cela peut paraître un peu beaucoup. Par conséquent, avec ce nouveau Game et son Smart System, si vous êtes un peu entre deux tailles, je vous conseille de choisir celle inférieure, sous peine de vous retrouver avec un VTTAE trop encombrant pour vous.

D’ailleurs, une fois en selle, j’ai tout de suite senti une petite différence dans la position de pédalage – plus au-dessus du boîtier de pédalier –, mais aussi au niveau du comportement général qui perd légèrement en vivacité. Vous l’aurez deviné, combiné à un avant un peu lourd, ceci ne semble pas vouloir favoriser les évolutions aériennes et la maniabilité. Mais bon, on vérifiera tout ça en profondeur sur les sentiers un peu plus tard.

Comportement du moteur
J’insiste, mais déjà, quel plaisir de pouvoir enfin profiter d’un mode Eco qui sert à quelque chose ! Qui ne se résume pas à compenser (et encore, à peine) l’inertie d’un vélo qui pèse deux fois plus lourd qu’un modèle sans assistance. Non, là, on peut vraiment rouler en Eco relativement souvent sans avoir l’impression de se traîner lamentablement.
En montant les curseurs à fond, on ne tape pas outre mesure dans la batterie, mais on dispose tout de même de suffisamment de puissance pour rouler en tout-terrain facile, y compris quand ça monte un peu, mais pas trop. Après, dès que ça grimpe davantage et que ça devient technique, sur les paramètres de série, il faut carrément passer en eMTB. En effet, comme je l’ai déjà expliqué, le Tour + “obligatoire” imposé ici par Moustache ne m’a vraiment pas emballé et sur un modèle d’enduro comme le Game, j’aurais bien aimé pouvoir revenir facilement au Tour classique, bien plus efficace dans les montées où le dénivelé n’est pas énorme, mais où les obstacles, en revanche, demandent d’avoir plus de puissance sur le coup de pédale pour espérer les franchir sans encombre… Ou pouvoir bénéficier du Tour + réglable qui change beaucoup de choses. Mais la mise à jour n’était pas encore disponible au moment où j’ai réalisé cet essai. Tant pis.


Finalement, j’ai donc roulé davantage en Turbo – réglable lui aussi – et afin de bénéficier d’un maximum de watts quand j’en avais besoin, j’ai poussé aussi les curseurs à fond… Cela permet d’attaquer de longues pentes bien techniques et bien raides en conservant de la marge sur les obstacles les plus difficiles grâce à une vitesse de jambes différente, plus axée sur la vélocité et l’équilibre que sur la puissance de pédalage. Hormis, bien sûr, quand il n’y a plus d’autre choix que de se mettre debout sur les pédales si l’on veut éviter l’arrêt de progression ! Il y a un coup à prendre, c’est sûr, mais une fois que l’on a assimilé cela et que l’on maîtrise vraiment le Turbo et la façon de s’en servir, il est clair que c’est bien le moteur Bosch qui possède le plus de puissance et offre la possibilité au pilote d’aller encore plus haut dans la pente et de repousser davantage ses limites. Comme sur le Cannondale Moterra Neo, le Mondraker Crafty XR ou le Scott Patron – tous essayés en version carbone –, j’avoue que le combo cadre aluminium/motorisation Bosch du Game 9 m’a paru lui aussi extrêmement convaincant en montée. Plus dynamique en tout cas que sur le Lapierre Overvolt AM 75e anniversaire qui a souvent partagé les sentiers avec le Moustache…




Autonomie
Si le Moustache Samedi 29 Game 9 reste un vélo un peu lourd et encombrant, on peut dire néanmoins qu’il possède un dynamisme et un rendement plutôt corrects. Supérieur en tout cas au Lapierre Overvolt AM qui joue pourtant dans la même catégorie. Il n’est pas scotché pour un sou et ça, en ce qui concerne l’autonomie, c’est forcément un avantage. En utilisant un peu d’Eco (15 %), un maximum d’e-MTB (70 %) et le Turbo quand c’est nécessaire (10 %), j’ai effectué 73 km, 1 620 m de dénivelé positif et pas loin de 4 heures de roulage. Tout cela sur des sentiers techniques et avec un pilote de 70 kilos. Ça commence vraiment à être intéressant !
Niveau pratique, lorsque l’on arrive sur les 30 derniers pourcents de batterie, le nouveau système Bosch ne vous prendra pas au dépourvu. En effet, la console Kiox 300 vous prévient de ce qu’il vous reste et réitère l’alarme visuelle à 20 et 10 % restants. De plus, l’assistance reste optimale jusqu’au bout et ne se met pas automatiquement en mode “survie”… Donc, si vous êtes un peu juste, c’est à vous d’anticiper et de choisir le mode qui vous permettra de rentrer en évitant de trop taper dans ce qu’il vous reste de batterie.
Enfin, une fois le dernier pourcent utilisé, la console vous indique que vous êtes en “réserve légère”, ce qui veut dire qu’en gros, il vous reste de quoi faire un petit kilomètre en mode Eco.
A la montée

Une fois que l’on attaque le vrai tout-terrain (comprendre les sentiers techniques où le pilotage est au moins aussi important que le physique), on constate immédiatement que sous ses abords de VTTAE un peu lourd et pas particulièrement fun, le Samedi 29 Game reste malgré tout bougrement efficace. Un vélo facile dès qu’il s’agit d’affronter les obstacles de taille moyenne, doté d’une aisance certaine à survoler les obstacles sans jamais buter dessus. Et sans pour autant rechigner sur les franchissements en dépit d’un poids relativement élevé sur l’avant. Bref, c’est un Moustache, quoi !

Et si on le compare à l’ancien modèle, la présence d’une batterie plus volumineuse de 4,4 kg ne change finalement pas grand-chose à la donne… Le Game n’est peut-être pas le plus maniable ni le plus fun des VTT à assistance électrique sportifs, mais en tout cas, le poids supplémentaire ne semble pas le perturber. Je dirais même plus : à l’usage et selon mes souvenirs, il m’a paru un poil moins pataud que le 29 Trail essayé l’an dernier et équipé de la batterie de 625 Wh. Comme quoi, en dépit d’un look que l’on croirait inchangé, les petits détails qui ont légèrement modifié la géométrie participent à la bonne tenue du vélo. Jusqu’ici, c’est donc plutôt bien joué.
En effet, si le bike n’est pas un exemple de vivacité et n’est pas le plus facile à mettre sur la roue arrière, dès qu’on l’aide un peu en donnant un bon coup de pédale, il ne rechigne pas à cabrer et franchit assez sereinement les belles marches en montée. On peut d’ailleurs dire merci aux roues rigides de très bonne qualité (moyeux Mavic et montage “made in Les Vosges”) qui y sont certainement pour beaucoup. Tout comme les settings de l’amortisseur Magic Touch, différents, certes, mais qui donnent un bon maintien à la suspension arrière, ainsi qu’un dynamisme supplémentaire bien appréciable.
De plus, l’équilibre du vélo est bon et la hauteur de boîtier suffisante pour que les manivelles et les pédales ne touchent pas le sol à tout bout de champ… Et si on le compare, encore une fois, au Lapierre Overvolt AM 75e anniversaire, force est de reconnaître qu’en montée, le Moustache est un cran au-dessus…

Pourtant, si la motricité reste bonne, le manque de sensibilité de l’amortisseur Moustache sur les petits chocs oblige à jouer au maximum sur la pression du pneu arrière qu’il faut baisser jusqu’à la limite du raisonnable pour compenser… Heureusement, le montage cohérent en Maxxis Assegai EXO + 3C Maxx Terra en 29×2.50 à l’avant comme à l’arrière permet de rectifier le tir plutôt convenablement.
En descente

Si j’ai pu parfois trouver le Game 9 un poil encombrant et pas forcément le plus maniable du marché dans les montées techniques, sinueuses et trialisantes, en revanche, ça ne m’est quasiment jamais apparu en descente. C’est assez surprenant, mais c’est un fait et l’expérience acquise au fil des années m’a appris que les sensations du terrain mentent rarement.

C’est ainsi que dans certains enchaînements techniques avec marches, grosses pierres, racines et virages en épingle très serrés, le Moustache m’a paru facile à placer, plutôt réactif au niveau du train avant et finalement assez agile lorsqu’il faut se faufiler en descente sur des sentiers de montagne très étroits. De même, lorsque l’on attaque les spéciales typées enduro sur des tracés naturels roulés, mais à peine travaillés par la main de l’homme, le Game se sent comme chez lui avec une précision dans le maintien de la trajectoire, une adhérence dans les dévers et une tenue de piste irréprochable que l’on ne peut que saluer. Le fonctionnement de l’amortisseur est correct, la cinématique éprouvée et l’excellente fourche Fox 38 Kashima équipée de la cartouche FIT2 gomme avec brio les chocs petits ou gros. Une fois bien réglés, l’ensemble est donc cohérent et fonctionne en parfaite harmonie.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est que ce n’est pas un vélo nerveux et joueur qui facilite les évolutions aériennes. Un bon pilote s’en sortira toujours à peu près, mais pour les autres, à moins d’y mettre une belle énergie, il n’incite pas vraiment à sauter partout comme un cabri sous acide ! Mais ça tombe bien puisqu’il n’est pas fait pour ce genre d’exercice… Ce qui ne l’empêche pas d’être relativement à l’aise sur les pistes moins naturelles d’un bike park.

Finalement, le seul véritable petit reproche que j’aurais à faire, c’est que le vélo est un peu moins bien dans les passages raides et vraiment engagés. Dans les freinages défoncés et quand ça va très vite, aussi. Dans ce genre de contextes particuliers, il n’est pas aussi exceptionnel qu’un Santa Cruz Bullit, un Yeti 160E, un Rocky Altitude, un Specialized Turbo Levo ou – à un moindre degré – le Lapierre Overvolt AM 75e anniversaire… Autrement, rien à dire, car même si il est moins impressionnant qu’en montée, le Game fait tout de même bien le job en descente.
Points forts / Points faibles
Points forts
+ Capacités en montée
+ Tenue de piste
+ Dynamisme
+ Train roulant
+ Polyvalence
+ Motorisation Bosch Smart System
+ Autonomie
Points faibles
– Un peu lourd de l’avant
– Pas très joueur
– Tarif en hausse
Qu’en penser ?
Un VTTAE d’enduro carrément dans le Game… sans avoir pour autant un tempérament joueur ! Telle pourrait être la définition du Moustache Samedi 29 Game 9. Car si la philosophie de la marque vosgienne reste avant tout de proposer à ses clients des VTTAE polyvalents et efficaces dans la plupart des conditions, l’arrivée chez Bosch d’une batterie Powertube de 750 Wh aurait pu malgré tout venir plomber l’ensemble. Et par la même occasion changer plus ou moins le comportement du Game.
J’ai pourtant découvert avec une certaine surprise qu’il n’en était rien et qu’en modifiant légèrement la géométrie de son vélo d’enduro, Moustache avait non seulement réussi à intégrer parfaitement la grosse batterie dans son cadre en aluminium, mais aussi – et ce n’est pas le plus facile – à répartir le poids supplémentaire de manière assez harmonieuse.
De cela découlent évidemment le plaisir de rouler et les très bonnes sensations au guidon que j’ai ressenties au cours de ce test. Et si – comme d’habitude, aurais-je tendance à dire – c’est surtout en montée que le Moustache m’a le plus impressionné, je l’ai aussi trouvé très équilibré et très sain en descente. Avec ses roues de 29 pouces, sa cinématique de suspension plutôt classique et son amortisseur maison dont le maintien sans faille semble irrémédiablement vous pousser aux fesses, il est clair que le vélo aide vraiment le pilote dans les montées.
Et comme les suspensions jouent parfaitement leur rôle en descente, dans la plupart des cas, on se retrouve le sourire aux lèvres dans le dénivelé négatif. Quoi de plus normal, me direz-vous, lorsqu’on évolue au guidon d’une Smiling Machine ? En gros, c’est exactement le type de VTTAE sportif qui conviendra à plus de 90 % des pratiquants.
Bien sûr, si l’on recherche la performance pure en descente, l’amortisseur peut éventuellement avouer certaines petites faiblesses ou, tout du moins, des traits de caractère incompatibles avec les terrains défoncés et la grosse attaque… Mais autrement, la configuration de l’ensemble n’est pas loin de frôler la perfection.
Pas très joueur, juste assez maniable pour ne pas être pataud avec ses 25 kilos et sa grosse batterie, le Game 9 a été conçu pour faire le job et il le fait bien. Tant que Moustache ne se lancera pas dans l’utilisation de matériaux composites pour la fabrication de ses cadres sur certains modèles haut de gamme, il faudra se contenter de ça… Et finalement, moi, ça me convient plutôt bien.
Vis-à-vis de la concurrence ?
Les quatre principaux concurrents du Moustache Samedi 29 Game 9 – qui plus est équipés en Bosch Smart System 750 Wh – seront à mon avis le Scott Patron eRide 900 à 7 999 euros, un VTTAE super polyvalent et bien équipé (Fox et Shimano XT).
On a aussi le Lapierre Overvolt AM 8.6 à 7 999 euros, avec roues dépareillées 29/27,5 pouces, certes, mais dont les caractéristiques globales et le comportement sur le terrain ne sont pas très éloignés du Game 9.
N’oublions pas non plus le Mondraker Crafty XR à 8 499 euros avec cadre en aluminium lui aussi. Composants de choix, géométrie réussie et caractère plutôt dynamique, c’est pour moi l’un des meilleurs VTTAE du marché en Bosch Smart System 750 Wh.
Et puis il y a la valeur sûre… Le Cannondale Moterra Neo Carbon 2 à 7 499 euros. Un engin très performant également, monté lui aussi avec des roues de 29 pouces. Son triangle avant en carbone lui permet de gagner du poids face au Moustache et lui donne un côté assez maniable bien sympathique.
La gamme
Outre le vélo de notre essai à 7 599 euros (7 299 euros avec batterie de 625 Wh), la nouvelle gamme Moustache Samedi 29 Game en 170/160 mm de débattement et équipée de la motorisation Smart System Bosch 750 Wh compte quatre autres modèles.
Game 3 à 5 699 euros (fourche RockShox Domain R, transmission Shimano Deore 11 vitesses)
Game 5 à 6 699 euros (fourche Marzocchi Bomber Z1 et dérailleur Shimano XT).
Game 7 à 7 299 euros (fourche Fox 38 Performance, transmission et freins Shimano XT).
Game 11 à 9 299 euros (fourche Fox 38 Factory Kashima, transmission Shimano XTR et freins XT).