Par Chris Caprin
Dans ce dossier, nous avons décidé d’analyser le comportement du nouveau moteur Shimano EP8 sur trois types de VTT à assistance électrique différents. Un modèle à 18 kilos, un autre en version All Mountain un peu plus lourd et enfin, un dernier plus typé Enduro, plus gros vélo… Cela nous a permis de jouer avec les nombreux réglages de paramètres, de mesurer l’autonomie en fonction de l’utilisation et du programme de chaque bike et aussi de chercher à mieux cerner ce fameux EP8, qui, avouons-le, s’est un peu fait attendre. Une mission pour VTTAE.fr !
Shimano EP8 ?
Petit rappel des faits… Parmi les caractéristiques du Shimano EP8, on nous annonce un moteur plus puissant, plus léger, avec davantage de couple, une motorisation plus silencieuse et un pédalage plus naturel. Le degré d’assistance devrait être ainsi moins dépendant de la cadence où le pilote tourne les jambes – un défaut souvent reproché à l’ancienne version Steps E8000.
Côté mécanique, la diminution de la friction entre les pièces en mouvement est censée limiter la surchauffe, tout en améliorant le dynamisme du vélo et les performances quand le moteur est coupé.
Sur le papier, le nouveau système est donc supposé offrir de meilleures sensations au pédalage, un gain en autonomie et une assistance plus facile à gérer. Celle-ci délivre davantage sa puissance en fonction des besoins du pilote – surtout en Trail – mode sur lequel Shimano a le plus travaillé.
La motorisation
Le nouveau moteur EP8 fournit désormais un couple allant jusqu’à 85 Nm qui permet d’affronter de manière encore plus sereine et efficace les sentiers les plus techniques et les montées les plus raides. Ce couple accru de 21 % (+ 15 Nm) par rapport au Steps E8000, s’accompagne d’une réduction de poids de 300 g (- 10 %) – soit 2,6 kg – grâce à l’emploi de magnésium pour les carters. Ces progrès font du EP8 l’un des meilleurs systèmes de sa catégorie en termes de rapport poids/puissance.
Grâce à une attention supplémentaire portée au niveau des joints d’étanchéité, ainsi qu’à une conception optimisée des engrenages du moteur, les frictions liées à la rotation de l’axe de pédalier ont été réduites de 36 % comparé au modèle E8000. Cela permet de gagner sensiblement en autonomie et, associé à un système d’embrayage plus perfectionné, la coupure est moins sensible lorsque l’on dépasse les 25 km/h.
Le bloc EP8 est aussi plus silencieux, plus compact, avec des carters en magnésium, qui, outre l’avantage d’être plus légers, ont pour propriété de mieux dissiper la chaleur. Quant à la structure interne composée d’un meilleur assemblage d’engrenages et d’un passage du faisceau électrique mieux étudié, elle participe plus efficacement au refroidissement et permet de conserver des performances optimales quand l’assistance est fortement sollicitée à un couple élevé ou sur de longues montées particulièrement difficiles.
Caractéristiques techniques
• L’unité motrice EP8 offre un Q-factor (distance entre les deux manivelles) de 177 mm avec des manivelles dédiées, disponibles en longueur 160, 165, 170 et 175 mm.
• Le système est idéalement couplé à l’une des transmissions Shimano 12 vitesses XTR/XT/SLX/Deore avec trois options de plateaux (34, 36 et 38 dents) équipés de la technologie Dynamic Chain Engagement + (12 vitesses).
• De façon à ce que les constructeurs puissent utiliser le même design de châssis avec la nouvelle motorisation, le moteur EP8 utilise les mêmes points d’ancrage que les versions Steps E8000 et E7000.
• La motorisation Shimano EP8 est compatible avec les transmissions mécaniques (9, 10, 11 et 12 vitesses) et les transmissions électroniques Di2 (11 vitesses).
• Le nouveau design du guide-chaîne permet de mieux évacuer la boue et améliore la stabilité de la chaîne.
• L’écran de contrôle du système EP8, compact, fin et très peu exposé aux chocs, ressemble extérieurement à l’ancien compteur E8000, mais intègre de nouvelles fonctions pour permettre notamment au pilote de sélectionner directement l’un des deux profils d’assistance, Sport ou Eco.
• Le compteur communique sans fil avec l’application E-Tube Project via Bluetooth permettant ainsi au pilote de changer les différents paramètres de la motorisation sur le terrain. L’écran de contrôle peut aussi être associé à un compteur GPS via une connexion ANT pour afficher les vitesses et le niveau précis de l’autonomie de la batterie.
• Pour activer l’assistance EP8, le pilote peut utiliser la nouvelle commande EM800. Celle-ci permet de jongler entre les modes Off, Eco, Trail et Boost, ainsi que l’assistance à la marche qui a été mise à jour et couplée aux transmissions mécaniques. Contrairement au Steps E8000, en appuyant deux fois sur la commande d’assistance, elle permet désormais au vélo d’avancer à 4 km/h quel que soit le braquet utilisé.
• La nouvelle manette dispose d’une forme plus ergonomique, avec des boutons de forme concave et une surface d’appui plus large qui les rend plus faciles à actionner lors d’une utilisation en terrain difficile. C’est surtout flagrant lorsque l’on utilise l’assistance à la marche. Cette commande comprend aussi une fixation I-Spec qui la rend parfaitement compatible avec la manette de tige de selle télescopique Shimano.
Les batteries
Sur les trois VTTAE qui nous ont permis de réaliser ce dossier, nous avons des batteries différentes. Les deux vélos les plus légers disposent d’un élément spécifique. L’Orbea Rise est équipé d’un modèle de 360 Wh, avec la possibilité de rajouter un Range Extender de 160 Wh, fixé sur un porte-bidon adapté et raccordé à la prise de charge de la batterie intégrée dans le cadre.
Sur le Rotwild R.X375, on trouve un élément intégré et facilement démontable de 375 Wh seulement. Ici, pas de possibilité de placer un Range Extender et si l’on souhaite augmenter l’autonomie, il est impératif de débourser 700 euros pour acquérir un deuxième accu et le transporter dans un sac à dos.
Enfin, du côté du Commençal Meta Power, on retrouve un élément Shimano plus classique de 630 Wh intégré dans le cadre.
Le logiciel EP8
Pour garantir une sensation de pédalage naturel, l’autre élément de la recette Shimano réside dans les améliorations apportées au logiciel EP8. Pour ce faire, il a fallu repenser le fonctionnement et la personnalisation des trois modes d’assistance.
Le plus puissant (Boost) peut délivrer à présent un couple maximal de 85 Nm, pendant que le pilote, lui, peut se contenter de ne produire qu’un effort modéré.
Le mode Trail, lui, peut aussi atteindre les 85 Nm, mais il est également plus réactif en fonction de la force exercée sur les pédales. Cela permet soit d’économiser plus de batterie avec un couple faible, soit de délivrer une puissance maximale et tout le couple disponible à partir du moment où le pilote produit au moins 60 Nm d’effort. C’est bien mieux que sur le Steps E8000 et cet algorithme de ratio d’assistance plus intelligent rend le mode Trail extrêmement polyvalent, au point que l’on peut même le conserver dans la majeure partie des cas et s’en servir comme une sorte de mode “auto”, style le e-MTB de Bosch.
Enfin, sur le réglage de série, le couple maximal pour le mode Eco est de 30 Nm. Outre une plage d’utilisation accrue et un gain en autonomie, l’Eco peut être utile en phase d’échauffement ou en guise de sortie d’entraînement pour les pilotes les plus sportifs.
Mais attention, via l’application E-Tube Project (version 4.0), tous ces modes sont entièrement personnalisables, aussi bien chez vous que pendant une sortie. Cela permet au pilote d’adapter le système à son niveau physique et au terrain sur lequel il roule. Les modes Boost, Trail et Eco peuvent ainsi être personnalisés sur dix paliers différents et le couple moteur peut être réglé comme on le souhaite entre 20 et 85 Nm. Il existe aussi cinq paramétrages possibles du mode de démarrage et ceux-ci peuvent être enregistrés sous différents profils d’utilisateur pour plusieurs types de sorties (rando, entraînement ou parcours extrêmes). Toutes ces informations peuvent être sauvegardées en tant que préférences dans le profil du pilote, comme, par exemple, un mode rando qui permet d’économiser la batterie et un mode performance plus adapté aux terrains techniques et très pentus en montée. Les pilotes peuvent passer facilement d’un mode à l’autre grâce à l’écran de contrôle EM800.
Connectivité
Parallèlement, une mise à jour de l’application E-Tube Ride permet aux vététistes de garder un œil sur leurs informations via l’écran de leur téléphone mobile. L’écran affiche diverses options comme les kilomètres effectués sur les modes Eco, Trail et Boost, ainsi que de nouvelles fonctionnalités comme l’historique des sorties ou des cartes interactives, le tout dans des interfaces plus ergonomiques.
Les deux applications, E-Tube Project et E-Tube Ride, sont téléchargeables sur iPhone et Android et sont entièrement compatibles avec le système Shimano EP8.
Sur le terrain
Il est temps désormais d’aller voir ce que donne la nouvelle motorisation Shimano et quel est son comportement sur trois types de VTTAE réellement différents. Quels sont les paramètres à modifier en fonction de chaque vélo, aussi…
Sur le Trail de 18 kg…
Avec sa version RS de l’EP8 à 60 Nm de couple seulement et une batterie de 360 Wh, l’Orbea Rise semble partir avec un handicap… Seulement voilà, son poids plume et sa vocation Trail – finalement assez proche dans le concept d’un VTT de type Marathon avec un peu plus de débattement – ne sont pas loin de lui permettre de pouvoir rivaliser avec la motorisation “full power” des deux autres modèles.
Je m’explique. En fait, grâce à son rendement impressionnant, le Rise n’a pas besoin d’autant d’assistance et sollicite donc moins le moteur sur un parcours identique. Et si l’on doit évidemment pédaler un peu plus fort, c’est surtout la vitesse qui diminue plus que l’effort qui augmente.
Par conséquent, quels que soient le parcours, sa difficulté technique ou le pourcentage du dénivelé positif de ses côtes, il est vraiment possible, non pas de tenir le rythme du Rotwild ou du Commençal, mais de passer partout comme eux. En se faisant légèrement plus violence et en compensant un petit manque de vitesse par une vélocité au pédalage et une certaine agilité sur le vélo que permettent les kilos en moins. De quoi se lancer à l’assaut de sentiers difficiles sans avoir trop de doutes, à condition toutefois de ne pas chercher à tenir la cadence des modèles équipés d’une motorisation plus puissante… Car à ce moment-là, forcément, on s’épuise vite et on y laisse physiquement des plumes !
En ce qui concerne l’autonomie, avec la batterie de 360 Wh, en utilisant le profil Sport avec moitié Eco, moitié Trail et quelques petits coups de Boost, sur un parcours plutôt technique et assez cassant, on arrive à 35 km pour environ 900 m de dénivelé positif… Ce qui n’est quand même pas si mal et représente environ 2h15 de ride pour un pilote de 70 kilos. Ensuite, si l’on passe sur le profil Eco, en jouant régulièrement entre les trois modes selon les difficultés du terrain, on gagne quand même une dizaine de kilomètres (soit à peu près 45 km au total), pour 1 150 m de D+. Intéressant pour qui souhaite pédaler plus, rouler moins vite et aller plus loin.
Enfin, avec la batterie additionnelle de 160 Wh supplémentaires, on augmente considérablement l’autonomie et sur le même type de sentiers et en profil Sport, on arrive à 55 km et 1 280 m de D+. Le Range Extender se vide en premier et après vérification, en ce qui me concerne, la dernière des quatre diodes s’est mise à clignoter juste après les 20 premiers kilomètres. C’est ensuite la principale qui prend le relais pour nous mener aux chiffres indiqués plus haut. Dans cette configuration, sur le profil Eco, on peut donc tabler sur plus de 60 kilomètres et 1 400 m de dénivelé positif. Ceux qui aiment passer plus de trois heures sur un VTTAE apprécieront !
Sinon, en ce qui me concerne, avec le profil Sport, j’ai pu effectuer quasiment le même genre de parcours auquel je suis habitué, mais simplement, la vitesse était un peu moins élevée et j’ai dû parfois compenser le manque de puissance du moteur par un pédalage plus appuyé… ainsi que par quelques gestes techniques et un choix de trajectoires judicieux !
Quoi qu’il en soit, tout seul, en roulant à son rythme ou en compagnie de vélos à assistance électrique du même type, c’est plutôt agréable. Là où c’est plus compliqué, c’est si l’on doit s’efforcer de suivre des VTTAE plus puissants. Mais autrement, en dépit de son bridage à 60 Nm, le comportement du moteur EP8 RS reste vraiment agréable. Le même que l’autre… en plus calme !
Mes réglages de paramètres sur le Rise (EP8 RS 60 Nm) :
Profil 1 (Eco)
Puissance : Eco Niveau 3, Trail Niveau 5, Boost Niveau 7
Couple : Eco 33 Nm, Trail 42 Nm, Boost 47 Nm
Force au démarrage : Eco 4 sur 5, Trail 4 sur 5, Boost 5 sur 5
Profil 2 (Sport)
Puissance : Eco Niveau 4, Trail Niveau 7, Boost Niveau 10
Couple : Eco 38 Nm, Trail 56 Nm, Boost 60 Nm
Force au démarrage : Eco, Trail et Boost 5 sur 5
Sur le All Mountain de 20 kg…
Avant de partir rouler avec le Rotwild, j’ai pris soin de régler les différents paramètres en essayant de les adapter au mieux à la physionomie du vélo. Mais encore plus que sur le Rise, avec le R.X375 et sa batterie de 375 Wh seulement, la première question que l’on se pose, c’est de savoir combien de temps on va pouvoir rouler sans retenue avec un moteur “full power” à 85 Nm avant que celle-ci soit complètement vide !
Eh bien j’avoue qu’à ce niveau-là, j’ai de nouveau été bluffé. En effet, après avoir roulé de nombreuses fois sur des parcours de moins de deux heures sans aucun problème, j’ai ensuite effectué des sorties plus longues et plus variées pour aller au bout de la batterie…
C’est ainsi que j’ai vraiment pu mesurer l’autonomie assez intéressante du R.X 375 et ses capacités à vous emmener relativement loin – y compris sur le profil le plus sportif réglé à 85 Nm. Et en effectuant cette balade à 50 % en Eco et 50 % en mode Trail sur les montées les plus techniques, j’ai roulé 2h35 (sans m’arrêter), monté 1 025 m de dénivelé positif et parcouru 39 kilomètres.
Et deux jours plus tard, avec le profil 1 Eco réglé pour l’occasion à 60 Nm, je suis parti presque trois heures pour finalement ne faire “que” 6 kilomètres et 150 m de D + supplémentaires ! Vous constaterez donc que la différence d’autonomie entre les deux profils n’est pas extraordinaire et que ce sont bien les caractéristiques particulières de chaque modèle qui permettent éventuellement aux VTTAE à assistance légère de pouvoir se passer d’une plus grosse batterie… Tout du moins pour une utilisation qui correspond à la grande majorité des pratiquants qui roulent en moyenne entre deux et trois heures à chaque sortie.
Enfin, si l’on ajoute à tout cela que la batterie du Rotwild pèse moins de 2 kg et qu’elle se démonte facilement d’une simple pression sur un bouton, on imagine tout de suite la facilité d’en placer une autre à l’intérieur d’un sac à dos, ou même de la laisser à disposition sur un point de ravitaillement du parcours… Ainsi, c’est plus de 80 km de chemins et pratiquement 2 000 m de dénivelé positif qui s’offrent au vététiste randonneur. Bon, je le concède, cela alourdit la facture de plus de 700 euros. Mais finalement, l’avenir du VTTAE sportif n’est-il pas de pouvoir disposer d’un bike léger, performant et maniable d’à peine 20 kilos – avec éventuellement 2 kg de plus logés dans un sac pour la batterie de rechange si besoin est ? Et non d’en rajouter au mauvais endroit sur un vélo plus lourd en faisant grimper le poids de l’ensemble à 25 kilos ? Personnellement, je trouve la première solution plus cohérente. Mais c’est un vaste débat…
Mes réglages de paramètres sur le R.X375 (EP8 85 Nm) :
Profil 1 (Eco)
Puissance : Eco Niveau 3, Trail Niveau 5, Boost Niveau 6
Couple : Eco 20 Nm, Trail 42 Nm, Boost 63 Nm
Force au démarrage : Eco 3 sur 5, Trail 3 sur 5, Boost 3 sur 5
Profil 2 (Sport)
Puissance : Eco Niveau 4, Trail Niveau 6, Boost Niveau 8
Couple : Eco 34 Nm, Trail 70 Nm, Boost 85 Nm
Force au démarrage : Eco 4 sur 5, Trail et Boost 5 sur 5
Sur l’Enduro de 25 kg…
Avec le Commençal Meta Power AM, on change de gabarit et on se doute bien qu’avec ses 25 kilos, le vélo va demander davantage d’assistance et donc consommer plus d’énergie. Heureusement, il est équipé d’une batterie de 630 Wh et en réglant les paramètres correctement, on parvient assez facilement à obtenir un ratio performances/autonomie vraiment intéressant.
En effet, sur le profil Sport, et en roulant toujours en Trail, j’ai parcouru 60 km pour un dénivelé positif de 1 280 m. Je précise que je ne pèse “que” 69 kg, mais tout de même, les chiffres sont intéressants et montrent les progrès réalisés par Shimano.
Et si l’on souhaite aller encore plus loin, il suffit de sélectionner le profil Eco (voir le choix des paramètres plus bas), pour rallonger sa sortie – en temps, certes –, mais aussi en distance et en D+. Comptez en gros une petite dizaine de bornes supplémentaires et à peine 200 m de dénivelé positif en plus.
Je tiens également à préciser qu’une fois bien paramétré, le mode Trail se révèle particulièrement efficace et utilisable 90 % du temps en tout-terrain technique. La consommation est raisonnable et si le ressenti n’est pas tout à fait le même sur le terrain, on se rapproche néanmoins parfois des sensations éprouvées avec le fameux e-MTB de Bosch…
J’ajouterai aussi que, peu importe la motorisation (EP8 RS ou classique) et le poids du vélo (18, 20 ou 25 kg), le mode Trail reste toujours aussi agréable et performant. Il suffit juste de trouver les bons paramètres et une fois appliqués, le feeling est identique, la puissance en moins, bien sûr, mais avec quasiment autant de couple et l’impression d’en avoir quand même suffisamment sous le pied, pourvu que l’on appuie un peu plus fort sur les pédales où que l’on mouline davantage. A ce titre, les progrès effectués sur le couple et la cadence de pédalage nécessaire pour obtenir la meilleure assistance possible sont impressionnants. En clair, plus besoin – comme c’était le cas avec le Steps E8000 – de mouliner exagérément pour disposer de la puissance maximale dans les montées difficiles.
De ce fait, le moteur est plus agréable à l’utilisation, y compris pour les débutants qui ont très souvent la fâcheuse tendance de rouler avec la chaîne en bas de la cassette… et qui trouveront bien plus facilement la puissance adéquate pour monter les côtes ou repartir dans la pente en cas d’échec.
Car ne l’oublions pas, la fluidité du pédalage tout comme la bonne lecture du terrain et le choix judicieux de la trajectoire sont des moyens très efficaces pour demander moins d’énergie au moteur et, par conséquent, gagner en autonomie.
Avec un VTTAE d’enduro polyvalent comme le Commençal Meta Power AM 29, en faisant bien attention à tout ça et en roulant 30 % en Eco et le reste en Trail (profil Sport, je précise), il est possible d’effectuer une boucle de 65 km avant de tomber en panne sèche… Et sur le profil Eco, en se dépouillant un petit peu, on peut rajouter une petite dizaine de bornes. Des chiffres qui sont finalement très proches de ceux que l’on trouve chez Bosch et Brose/Specialized, deux références lorsque l’on parle d’autonomie.
Enfin, j’ajouterai que l’assistance à la marche est devenue aujourd’hui vraiment très efficace. Avec un VTTAE propulsé à environ 4 km, quel que soit le braquet utilisé, on arrive désormais au niveau d’un Bosch dans le domaine de la performance et la facilité d’utilisation. Bravo donc à Shimano pour les nombreux progrès réalisés avec cette motorisation EP8.
Mes réglages de paramètres sur le Meta Power AM (EP8 85 Nm) :
Profil 1 (Eco)
Puissance : Eco Niveau 3, Trail Niveau 4, Boost Niveau 6
Couple : Eco 27 Nm, Trail 42 Nm, Boost 63 Nm
Force au démarrage : Eco 3 sur 5, Trail 3 sur 5, Boost 4 sur 5
Profil 2 (Sport)
Puissance : Eco Niveau 5, Trail Niveau 7, Boost Niveau 10
Couple : Eco 42 Nm, Trail 70 Nm, Boost 85 Nm
Force au démarrage : Eco 4 sur 5, Trail et Boost 5 sur 5
Le Shimano EP8 face à ses plus gros concurrents
Bosch Performance Line CX Gen4
Bosch Performance Line CX Gen4
• Poids : 2,790 kg
• Carters : magnésium
• Puissance : 250 watts
• Assistance maxi : 340 %
• Couple maxi : 85 Nm
• Modes d’assistance : 4 (Eco, Tour, eMTB, Turbo)
• Assistance à la marche : oui
• Batterie de 400, 500 ou 625 watts
• Console : oui (Purion, Kiox)
• Commande : au pouce gauche (Purion, Kiox)
• Application pour réglages moteur : non (uniquement via la nouvelle console Nyon)
Ce que l’on aime
+ Poids réduit
+ Moteur compact
+ Qualité du faisceau électrique
+ Nouveau mode e-MTB “Extended Boost”
+ Puissance en Turbo
+ Consommation raisonnable
+ SAV performant
Ce que l’on peut lui reprocher
– Encore un peu bruyant
– Pas d’application pour modifier les paramètres (hormis via la console Nyon)
Pour qui, pour quoi faire ?
Comparé à l’ancien modèle, le nouveau Bosch Performance Line CX Gen4 surpasse son prédécesseur dans chaque point spécifique. Le moteur est donc toujours aussi performant lorsqu’il s’agit de s’attaquer à des montées “impossibles”, mais en plus, il est encore plus facile à utiliser… Surtout avec la nouvelle programmation des modes Turbo et e-MTB, mais aussi grâce à la mise à jour 2021 qui offre – entre autres – l’Extended Boost !
Pour le débutant et le pilote qui ne veulent pas se prendre la tête, l’e-MTB est vraiment le mode idéal dans 90 % des cas. Et pour les plus acharnés, le Turbo, un poil moins violent, avec plus de couple, mais toujours aussi puissant, permet de s’attaquer aux parcours les plus extrêmes.
En gros, le Bosch Performance Line CX Gen4 est un moteur de compétition qui se maîtrise désormais plutôt facilement. Accessible à tous, en quelque sorte !
Brose/Specialized Drive S Mag 2.1
Brose/Specialized Drive S Mag 2.1
• Poids : 2,950 kg
• Carters : magnésium
• Puissance : 250 watts
• Assistance maxi : 410 %
• Couple maxi : 90 Nm
• Modes d’assistance : 3 (Eco, Trail, Turbo) + Shuttle
• Assistance à la marche : oui
• Batterie de 500 ou 700 watts
• Console : non (juste trois diodes pour les modes et 10 pour le niveau de batterie)
• Commande : +/– au pouce gauche
• Application pour réglages moteur : oui (Specialized Mission Control)
Ce que l’on aime
+ Moteur très silencieux
+ Confort de pédalage
+ Couple
+ Qualités de pédalage moteur coupé
+ Application Mission Control
+ Qualité du SAV
Ce que l’on peut lui reprocher
– Léger manque de puissance en crête
– Pas de mode auto
– Pas de console digne de ce nom
Pour qui, pour quoi faire ?
La version du moteur Brose développée en collaboration avec Specialized possède de nombreux atouts. A savoirune assistance souple et efficace à la puissance généreuse, mais jamais impressionnante…Avec toutefois ce petit quelque chose en plus qui fait la différence et le place à chaque fois légèrement au-dessus du modèle Brose de base.Le Specialized raviradonc à la foisle débutant plus prudent qui ne souhaite pas être bousculé et le pratiquant éclairé qui recherche un pédalage proche de celui d’un VTT sans moteur. Avec le type d’assistance qu’offre le Brose/Spé Drive S Mag 2.1, il est évident que ce dernier ne sera pas dépaysé…Il aura justel’impression d’avoir bien plus de puissance dans les jambes (4x) et la sensation de pouvoir repousser presque indéfiniment ses limites en montée !
Giant/Yamaha SyncDrive Pro
Giant/Yamaha SyncDrive Pro
• Poids : 3,100 kg
• Carters : magnésium
• Puissance : 250 watts
• Assistance maxi : 360 %
• Couple maxi : 80 Nm
• Modes d’assistance : 6 (Eco, Basic, Active, Sport, Power et SmartAssist)
• Assistance à la marche : oui
• Batterie de 500 ou 625 watts
• Console : non
• Commande : Ride Control au pouce gauche, avec diodes pour le niveau d’assistance et celui de la batterie
• Application pour réglages moteur : oui (Giant E-Bike)
Ce que l’on aime
+ Couple
+ Puissance
+ Mode auto
+ Démarrage facile en montée
+ Accepte bien toutes les cadences de pédalage
+ Application pour réglages moteur
Ce que l’on peut lui reprocher
+ Assistance irrégulière en Smart Assist sur le plat
+ Pas de console
+ Passage du faisceau électrique perfectible
Pour qui, pour quoi faire ?
Le Giant SyncDrive Pro est un moteur au comportement certes différent, très homogène, mais grâce à son couple et à sa puissance remarquables, il possède de sacrés atouts pour s’attirer les faveurs d’un grand nombre de pratiquants. Ceux qui préfèrent appuyer un peu plus fort sur les pédales pour tirer le meilleur parti de leur assistance, par exemple. Quant aux autres, il leur suffira de sélectionner le plus souvent possible le mode SmartAssist pour pouvoir ainsi profiter à 100 % d’un VTTAE sur lequel tout semble facile. Alors évidemment, certains pourront reprocher au moteur Giant/Yamaha un léger manque de caractère. Une sensation due en grande partie à l’impression de sécurité et de facilité que l’on éprouve en pilotant les vélos de la marque… En ce qui me concerne, je dirais plutôt qu’il convient à une très grande majorité de pratiquant… Et c’est bien là l’essentiel !
Rocky Mountain Dyname 3.0
Rocky Mountain Dyname 3.0
• Poids : 3,800 kg
• Carters : aluminium
• Puissance : 250 watts
• Assistance maxi : 400 %
• Couple maxi : 108 Nm
• Modes d’assistance : 3 (vert pour Eco, orange pour Trail et rouge pour Turbo)
• Assistance à la marche : oui
• Batterie de 672 watts
• Console : non
• Commande : iWoc TRIO au pouce gauche avec diodes indiquant le mode de puissance et le niveau de batterie
• Application pour réglages moteur : oui (eBikeMotion)
Ce que l’on aime
+ Couple
+ Pédalage naturel avec l’assistance
+ Puissance en crête
+ Démarrage instantané de l’assistance
+ Moteur silencieux
+ Application eBikeMotion
Ce que l’on peut lui reprocher
– Batterie non démontable rapidement
– Pas d’écran de contrôle
– Poids
– Système exigeant pour la transmission
Pour qui, pour quoi faire ?
Que ce soit avec l’Altitude ou l’Instinct Powerplay, la motorisation Dyname 3.0, est vraiment idéale pour l’enduriste qui souhaite passer du modèle enduro classique à celui à assistance électrique. La puissance, le couple et la position du moteur dans le cadre en font des VTTAE particulièrement performants lors d’une utilisation sportive, voire extrême. Un engin taillé pour la descente, la compétition et une utilisation engagée à la montagne. A ce titre, on peut vraiment regretter que la batterie ne soit pas démontable plus facilement… Sur des longues journées d’enduro avec de grosses liaisons et peu de temps d’arrêt le midi, ça peut être un problème. Malgré tout, il n’y a pas forcément besoin d’être un aficionado de la compète pour trouver son bonheur au guidon d’un Powerplay. En effet, de l’avis d’une très grande majorité, le Dyname 3.0 est un moteur qui se prend en main aisément et qui n’est pas du tout exigeant. Une bête de course assez facile à apprivoiser, en quelque sorte !
Shimano EP8
Shimano EP8
• Poids : 2,6 kg
• Carters : magnésium
• Puissance : 250 watts
• Assistance maxi : 300 %
• Couple maxi : 85 Nm
• Modes d’assistance : 3 (Eco, Trail, Boost)
• Assistance à la marche : oui
• Batterie de 630 watts
• Console : E8000 (vitesses, heure, kilomètres parcourus, fonctions), plus affichage de couleur (bleu, vert, jaune) selon le mode d’assistance
• Commande : EM800 au pouce gauche
• Système pour réglages moteur personnalisés et connectivités : oui, avec les applications E-Tube Project et E-Ride téléchargeables sur smartphone
Ce que l’on aime
+ Facile d’utilisation
+ Polyvalence du mode Trail
+ Ensemble console/commande
+ Application E-Tube et E-Ride
+ Nombreuses possibilités de réglages des paramètres moteur
+ Bonne réputation du SAV
Ce que l’on peut lui reprocher
– Encore un peu bruyant
– Léger manque de puissance en crête
Pour qui, pour quoi faire ?
Après toutes ces heures passées sur différents VTT à assistance électrique équipés de la motorisation Shimano EP8, il en ressort que j’ai été entièrement convaincu par la polyvalence de ce nouveau système 2021… Une motorisation qui semble convenir parfaitement à tous les types de VTTAE du marché, de l’assistance légère au modèle d’enduro de compétition, en passant par le all mountain de randonnée sportive… Sans parler de l’excellent ratio puissance/couple que l’on trouve en mode Trail.
Confort d’utilisation, performances, efficacité du Trail dans toutes les conditions, assistance à la marche et autonomie, tout a progressé de manière considérable. Sans parler évidemment de la possibilité de paramétrer les différents modes comme on le souhaite grâce à un éventail impressionnant de réglages. Niveaux d’assistance, couple, degrés de démarrage, il y a vraiment tout ce qu’il faut pour obtenir un comportement moteur personnalisé très précis. Bien sûr, il faut chercher un peu, mais ça vaut le coup, car une fois que l’on a trouvé, les sensations sont au rendez-vous. Bref, aujourd’hui, pour un VTTAE, l’EP8 n’est pas loin d’être le système de motorisation polyvalent par excellence. Certainement l’un des plus faciles à maîtriser et à utiliser. Et celui qui offre le plus de possibilités de réglages.
Le bilan
En plus des nombreuses qualités citées plus haut, ce qui m’a réellement interpellé, c’est que le moteur Shimano EP8 possède un rapport autonomie/performance particulièrement intéressant. Peu importe qu’il soit monté sur un modèle d’enduro de 25 kilos ou dans un cadre carbone de type All Mountain ; bridé à 60 Nm ou en version pleine puissance à 85 ; équipé d’une batterie de 630 ou de 360 Wh ; toutes proportions gardées, le résultat est toujours satisfaisant.
Pour moi, jusqu’ici, après avoir roulé suffisamment longtemps avec un Specialized Turbo Levo SL et un Lapierre e-Zesty, il me paraissait évident que c’était en premier lieu une motorisation moins puissante et donc, a fortiori, moins énergivore, qui permettait aux constructeurs de proposer une petite batterie sans trop limiter le rayon d’action du pratiquant. En l’occurrence, même si ça joue forcément, il apparaît que c’est simplement un des éléments de l’équation et non son vecteur principal. Que sur un VTT à assistance électrique, une géométrie réussie, une bonne répartition des masses embarquées supplémentaires et, surtout, un excellent paramétrage du moteur jouent finalement un rôle encore plus important que je ne l’imaginais.
Car finalement, entre un Orbea Rise de 18 kilos avec un moteur RS qui plafonne à 60 Nm et un Rotwild R.X375 de 20 kilos équipé de l’EP8 “full power” à 85 Nm, la différence d’autonomie n’est pas si énorme… alors que les performances pures du moteur ouvrent forcément davantage le champ des possibles sur ce dernier.
Alors bien sûr, le concept de l’EP8 RS est tout à fait respectable, mais quand, sur l’EP8 classique, on dispose de deux profils entre lesquels on peut jongler et passer rapidement d’un sportif à un plus économique via la console, cela paraît aberrant de choisir de se priver de toute la puissance – ne serait-ce qu’au cas où… Surtout en ayant la possibilité de régler les paramètres du profil 1 sans dépasser les 60 Nm. Exactement comme sur un moteur RS… Ça fait réfléchir, non ?
Et à ce titre, les Japonais de chez Shimano n’ont pas fait semblant – de réfléchir, justement –, lorsqu’ils ont développé le nouveau moteur EP8… Plus léger, plus puissant, plus coupleux, celui-ci propose également un vaste choix de paramétrages via l’application e-Tube. Ainsi, en cochant quasiment toutes les cases et sans forcément avoir à se soucier de la version RS développée en collaboration avec Orbea, l’EP8 pourra immédiatement s’adapter aux différents types de VTTAE que les marques proposeront dans un avenir plus ou moins proche. Et, tel un véritable couteau suisse (ou plutôt japonais !), devenir la motorisation à tout faire… Mais je m’égare, j’extrapole, j’anticipe !
En tout cas, même si cela reste évidemment à prouver et que je risque probablement de me faire incendier, je n’ai pas l’impression qu’en utilisant exclusivement le mode e-MTB sur un parcours de vrai tout-terrain, un Bosch Gen4 monté sur un vélo équipé d’une batterie de 360 Wh puisse aller aussi loin que ce que permet l’EP8 aujourd’hui…
Mais si l’on s’en tient aux faits, au concret, on constate juste que Shimano propose aujourd’hui une assistance électrique avec toutes les options nécessaires pour équiper de la manière la plus efficace qui soit trois VTTAE aussi différents qu’un Orbea Rise, un Rotwild R.X375 ou un Commençal Meta Power AM… La classe, quand même, non ?