Sram Eagle Transmission XX T-Type – Présentation et premier test terrain

On en a rêvé… Sram l’a fait !

Depuis une bonne dizaine d’années, Sram a énormément œuvré pour démocratiser la transmission mono-plateau. Avec les modèles Eagle 12 vitesses, on peut même dire que le fabricant américain s’est affirmé comme le pionnier de cette technologie. De sorte qu’après l’apparition assez récente d’un système AXS sans fil particulièrement novateur et abouti, on pensait avoir tout vu… Mais c’était sans compter sur les têtes chercheuses de la R&D Sram. En effet, aujourd’hui, la marque nous propose une transmission que l’on peut qualifier de révolutionnaire. Une sorte de dérailleur du futur, encore plus simple, plus solide et plus performant. Présentation et prise en main.

Par Chris Caprin

Sram Eagle Transmission XX T-Type

  • Prix : 1 550 euros la transmission complète E-Bike, 1 370 euros sans les manivelles (dérailleur 700 euros, cassette 480 euros, chaîne 150 euros…)
  • Poids : 465 g (dérailleur), 48 g (manette)
  • Matière : aluminium
  • Finition : noir/gris
  • Trois modèles : XX SL Eagle (pas pour le VTTAE), XX Eagle et XO Eagle (premier prix à 1 700 euros la transmission complète)
  • Longueur de manivelles : 165, 170 et 175 mm
  • Autonomie : plus de 20 heures en mode sportif intensif
  • Technologie : T-Type AXS sans fil, pas de patte de dérailleur, mode de fixation Full Mount, protège plateau amovible pour XX et XO, option de capteurs de puissance sur le pédalier, chaîne Flattop de 55 mm de large et cassette T-Type 10/52 à l’étagement plus progressif
  • Réglages : plus de vis de réglages, installation simple et intuitive, multi ajustement de la position de la manette Pod Controller
  • Disponibilité : printemps 2023
  • Lien : www.sram.com

À quoi ça ressemble ?

C’est un euphémisme de dire que Sram est un spécialiste de la transmission mono-plateau et en tant que tel, lorsque l’on est ingénieur de la marque en charge de la recherche et du développement, on se doit d’envisager ce que seront les produits de demain et même d’après-demain ! C’est certainement ce qui a poussé les concepteurs de la transmission Eagle à se surpasser et à réfléchir sur l’élaboration d’un système qui pourrait non seulement améliorer les performances et la fiabilité d’un mécanisme essentiel sur nos VTT, mais également permettre au vélo en général d’évoluer considérablement.

Imaginez un dérailleur sans câble, électronique, mais sans fil, à la fois robuste, léger, précis et sans aucune vis de réglages… Rajoutez une position au plus près de la cassette, un alignement au cordeau, une exposition au choc réduite et une roulette basse débrayable en cas de rencontre malencontreuse avec une branche et vous avez la nouvelle transmission Eagle T-Type. Vous en rêviez ? Sram l’a fait !

Pour arriver à cela, les ingénieurs ont repensé de manière significative l’interface entre le cadre, la roue et la transmission. Ainsi, le dérailleur n’est plus isolé et décalé sur sa patte, mais fait directement corps avec le triangle arrière.Il forme désormais un bloc compact entre le cadre, l’axe de roue et le corps de roue libre. C’est la fixation coaxiale. Plus rigide, plus précis, plus solide et plus de patte de dérailleur ! Avouez qu’il fallait y penser… On note aussi que la chape est volontairement courbée vers l’intérieur, ceci afin de permettre à la roulette du bas d’être toujours orienté vers le plateau et d’avoir un alignement parfait avec tous les pignons de la cassette.

Sram avait clairement un objectif en tête en introduisant sa patte de dérailleur universelle UDH dès 2019… celui un jour de pouvoir s’en passer ! Et de préparer le terrain en vue d’une nouvelle génération de transmission. On y est, et la plupart des vélos ont adopté le “standard” UDH, condition sine qua non à la (rétro)compatibilité du nouvel ensemble Eagle. C’était d’ailleurs la seule manière de démocratiser rapidement un système pertinent que certains pourraient trouver trop révolutionnaire. Car dans le milieu du cycle, on n’aime pas trop les changements radicaux.

Mais il n’y a pas que le dérailleur et sa fixation qui changent. Il y a aussi la nouvelle cassette 10/52 X-Sync qui dispose de rampes de changements de vitesses réajustées, la chaîne Flattop spécifique de 55 mm de large et le plateau MTB Wide qui optimisent le passage des vitesses, y compris en charge maximale – chose non négligeable sur les VTT à assistance électrique. Sans oublier, bien sûr, la roulette inférieure Magic Wheel, plus grande, qui se débraye et continue à tourner même si une branche vient se glisser entre la chape et la roulette. Tout cela est censé simplifier la tâche de l’utilisateur, éliminer les problèmes et augmenter considérablement la durée de vie de la transmission.

Seule petite ombre au tableau, vous l’aurez compris, pas question de monter un dérailleur Eagle nouvelle génération T-Type sur des éléments Eagle de base… Seules les anciennes commandes électroniques AXS de première génération restent compatibles.

Autrement, pour faciliter la sélection, la nouvelle manette Pod Controller ambidextre bénéficie également d’un réglage d’angle qui offre la possibilité de s’adapter à la morphologie de chaque main. Cette manette est également réversible et peut être installée aussi bien du côté droit que du côté gauche du cintre. Enfin, dans un registre différent et pour ne pas rouler avec du matériel visuellement fatigué, il est possible de reconditionner un dérailleur endommagé en se procurant des pièces détachées, comme la plaque de protection, le maillon extérieur en forme de parallélogramme et l’ensemble chape/ressort de rappel.

L’Eagle Transmission fait donc figure de nouvelle référence pour les amateurs de performances en attente perpétuelle de nouveaux produits susceptibles d’améliorer le comportement de leur VTT… Sur le papier, nul doute que les plus exigeants seront attirés par le côté alléchant de cette transmission Eagle AXS complètement revisitée. Sur le terrain, une petite prise en main devrait nous éclairer déjà pas mal sur le potentiel de ce concept censé révolutionner la définition du changement des vitesses sur un VTT et un VTTAE.

Comment ça se monte ?

J’avoue qu’au départ, il y a déjà un petit travail d’adaptation à faire mentalement lors du montage. En effet, il faut oublier l’absence des diverses vis de réglages et se fier rigoureusement au protocole d’installation – heureusement très simple – que propose Sram. Tout cela est possible grâce à un processus en trois étapes radicalement simplifié et à un dérailleur arrière monté directement sur le cadre, ce qui élimine les écarts de position et de tolérance qui peuvent varier d’un vélo à l’autre.

Pour monter un dérailleur Eagle T-Type, il suffit d’abord de s’assurer que le cadre soit pourvu du système d’interface UDH. Ensuite, on enlève la patte de dérailleur qui ne sert plus à rien, on glisse à la place une entretoise à la jonction de la base et du hauban et on vient placer le dérailleur à cet endroit. Il n’y a plus alors qu’à serrer la vis (que l’on aura pris soin de graisser), puis à la desserrer d’un tour de clé.

Après avoir installé la cassette spécifique (corps XD), on serre la roue, on desserre d’un tour et on place la chaîne que l’on aura coupée à la bonne longueur (sur l’application AXS et le moteur de recherche Sram UDH, Sram propose la liste des VTT et VTTAE compatibles Eagle T-Type, ainsi que la longueur de chaîne qui correspond à chaque modèle).

Il suffit ensuite de positionner la Setup Key sur A (vélo semi-rigide) ou B (en gros, les tout-suspendus) et de mettre la chaîne en place sur le sixième ou septième pignon (il est indiqué en rouge), puis de déverrouiller la chape. À partir de là, on aligne les deux repères situés au niveau de l’axe à l’intérieur du bras en tirant le dérailleur légèrement vers l’arrière pour mettre la chaîne en tension et on le serre au bon couple avant de faire la même chose avec l’axe de roue. Si l’on a bien suivi la procédure, ça marche. Et si ça gratte un peu sur certains pignons, on ajuste légèrement avec la commande (presser le petit bouton sur le côté et +/– pour monter ou descendre selon ce qui est nécessaire), comme sur toutes les transmissions AXS.

Qu’en est-il sur le terrain ?

Une semaine, ce n’est pas assez pour donner un avis tranché et précis, ni pour réaliser un véritable test. En revanche, c’est suffisant pour se rendre compte que l’Eagle Transmission XX tient carrément ses promesses. Ceux qui, comme moi, en ont marre des dérailleurs de type chewing-gum qui finissent par avoir la chape qui se tord au moindre impact (ou même parfois rien qu’en changeant de vitesse quand le moteur et le pédalage sont à pleine charge) apprécieront de pouvoir faire l’échange standard avec une transmission novatrice, solide, rigide et fiable…

En ce qui me concerne et pour ma pratique 100 % VTTAE, j’ai vraiment eu l’impression d’utiliser un produit adapté capable d’encaisser sans broncher les contraintes supplémentaires liées à l’assistance électrique.

La précision dans le passage des vitesses et la réponse lors de l’impulsion sur la manette sont fidèles à la réputation de l’AXS et on peut même noter un léger mieux au niveau de la capacité de la chaîne à accrocher les pignons et à se mettre en place dessus comme il faut. Tout cela sans avoir à soulager le pédalage. Et si l’on peut avoir l’impression parfois que le passage des vitesses est un poil moins rapide que sur l’AXS, c’est tout simplement parce que la chaîne attend l’aide du pignon pour changer de braquet. Grâce à quoi, on peut pédaler en force même en changeant de pignon… CQFD. Et en exagérant à peine, on peut presque dire que plus on appuie fort sur les pédales, mieux ça passe !

J’ai aussi apprécié le nouvel étagement de la cassette. L’écart est moins important entre les derniers pignons du haut et cela donne un bien meilleur feeling sur le terrain. Petit conseil, pour que la transmission fonctionne toujours de manière optimale, n’hésitez pas à faire régulièrement des mises à jour du dérailleur et de la manette Pod Controller via l’application Sram AXS…

Parmi les avantages de l’Eagle Transmission, Sram nous dit qu’il est désormais possible de changer de braquets en pleine charge, en appuyant comme un malade sur les pédales ou à pleine puissance d’assistance sur un VTTAE… Moi je veux bien, mais en ayant l’habitude depuis trente ans de pédaler de manière fluide et de soulager légèrement la force d’appui lorsque je monte les vitesses, j’ai eu beau essayer de bourriner, je n’y suis pas vraiment arrivé ! Mais disons qu’en général, ça ne peut être que bénéfique pour la durée de vie des éléments de transmission.

Seul petit bémol, j’ai malheureusement été obligé d’enlever l’antidéraillement e-Thirteen de mon Orbea Wild M-LTD de test. Le plateau touchait les vis de fixation sur le moteur Bosch Race et j’ai dû m’en passer. Jusqu’ici, pour l’instant en tout cas, même en attaquant un peu sur des descentes de type bike park ou des spéciales d’enduro, la chaîne n’a pas sauté… A voir ce qu’il en sera par la suite.

Enfin, dans un souci pratique, je suggérerais à Sram de fabriquer et de commercialiser des manivelles en 160 mm de longueur en plus de celles en 165, 170 et 175 déjà dispos. Sur un VTTAE où l’on s’attaque à des montées techniques truffées d’obstacles en tout genre, les manivelles ont souvent tendance à toucher le sol et plus elles sont courtes (dans la limite du raisonnable, évidemment), mieux c’est. Ça serait donc sympa d’avoir le choix.

Est-ce utile ?

Sur un VTT à assistance électrique où la force supplémentaire du moteur met la transmission à rude épreuve, un dérailleur rigide, qui travaille parfaitement en ligne et possède une robustesse à toute épreuve est forcément un gros avantage. C’est aussi l’assurance d’éviter certains soucis. La précision, l’absence de jeu et la fermeté (dans le bon sens du terme) de l’ensemble, tout comme la possibilité de changer de braquet en pédalant à pleine charge ne peuvent qu’être bénéfiques pour une utilisation en VTTAE.

Vis-à-vis de la concurrence ?

Au niveau de la qualité, on est clairement sur du très haut de gamme. À 1 550 euros la transmission complète, encore heureux ! Mais ce qui est certain et aide un peu à faire passer la pilule, c’est d’avoir la sensation d’évoluer dans un monde nouveau. Celui où l’on n’a plus à se soucier de la tension d’un câble et de son glissement plus ou moins fluide dans la gaine, mais aussi de ne plus avoir à se prendre la tête avec les différents réglages de butées – tout en sachant que tout est prévu pour éviter la casse et les ennuis. L’Eagle Transmission XX est donc un produit sophistiqué – mais pas complexe – qui n’a aujourd’hui aucun concurrent dans sa catégorie. Ceux qui aiment rouler avec des accessoires et des composants à la fois efficaces, innovants et différents apprécieront.

Est-ce que ça les vaut ?

Oui, car le produit est technique, avec de nombreux avantages. Bien plus fiable et endurant, aussi. On peut donc penser qu’au niveau de la casse et de la durée de vie, à la longue, on ne sera pas loin de s’y retrouver. Mais il y a quand même un gros investissement de base à faire et ce n’est donc pas à portée de toutes les bourses.

Le tarif du groupe XX complet est affiché autour de 1 550 euros (1 370 sans les manivelles et contrairement à l’AXS classique (toujours disponible, bien entendu), il n’y a rien de compatible. En effet, comme vous vous en doutez après les informations techniques annoncées plus haut, il est impossible de monter un dérailleur Eagle T-Type avec une cassette, une chaîne et un plateau Eagle de la génération précédente, type NX, GX ou XO1. Comme chez Apple ou chez Bosch avec le Smart System, il faut désormais tout changer pour disposer du Graal et forcément, ça représente un sacré investissement…

Principales qualités

  • Transmission du futur
  • Idéal pour le VTTAE
  • Montage facile
  • Pas de réglages
  • Rigidité
  • Fiabilité
  • Précision

Principaux défauts

  • Incompatibilité du dérailleur avec les autres éléments Eagle
  • Tarif élevé
  • Pas de manivelles en 160 mm pour le VTTAE

En bref

Les freins Sram Code et Level Stealth

Avant de revenir en détail très prochainement sur le produit à l’occasion d’un petit test, nous vous présentons la nouvelle ligne de freins Sram Stealth. Celle-ci tourne autour de deux modèles, le Code et le Level, disponibles en deux finitions différentes, Ultimate et Silver. On remarque le look plus moderne, la ligne affinée en harmonie avec le système AXS et la conception du corps du levier qui permet à la durite d’être davantage dans l’alignement du guidon. Résultat, on a un poste de pilotage plus épuré qui s’accorde à merveille avec la nouvelle transmission électronique sans fil.

Contrairement à l’Eagle Transmission, il n’y a donc pas de changements révolutionnaires sur ces nouveaux freins. C’est plutôt sur la cosmétique ainsi que sur des petits détails que cela se joue et finalement, ce n’est déjà pas si mal. De plus, pour les VTTAE d’enduro, des Code Stealth Ultimate montés avec les nouveaux disques HS2 plus épais et au meilleur refroidissement devraient faire un combo redoutable.

Dans un registre différent, pour gagner un tout petit peu de poids, on note que sur les modèles haut de gamme Code et Level Stealth Ultimate, les leviers sont en carbone et les éléments de fixation en titane. Et enfin, concernant les prix, ils se situent entre 235 euros la paire pour le Level Silver 2 pistons et 360 euros pour le Code Ultimate 4 pistons.

Pour plus de détails, rendez-vous dans quelques mois sur VTTAE.fr avec l’essai complet des Sram Code Stealth Ultimate. En attendant, restez branchés.

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