Magical Mystery Tour
En collaboration avec le motoriste Bosch, Moustache nous propose le Magic Tour, une nouvelle mise à jour pour le Performance Line CX Gen4. Il s’agit de transformer le mode Tour en un eMTB “light” avec moins de couple et une assistance plus progressive, pour davantage d’autonomie. Est-ce un véritable tour de magie ? Si c’est le cas, nous allons tenter de vous en dévoiler toutes les ficelles !
L’industrie du VTT à assistance électrique est en plein boom. Il ne se passe pas un mois sans qu’une nouveauté, un produit spécifique ou une mise à jour sorte sur le marché. Et aujourd’hui, avec le Magic Tour, Bosch et Moustache nous proposent de transformer le mode Tour bien connu en un mode automatique qui s’ajuste en fonction du relief du terrain et des besoins du pilote.
Mais ce tour de passe-passe ne se limite pas à copier le fameux eMTB – véritable référence en VTTAE depuis 2018 – en revoyant ses performances à la baisse. L’idée est d’en faire le mode unique que tous les pratiquants qui veulent encore pédaler fort et passer davantage de temps sur le vélo – mais sans forcément rouler le plus vite possible – utiliseront bientôt de manière assidue si ce n’est continue…
Après des mois de roulage et de tests, chez Bosch comme chez Moustache, on y croit. Et quand des pionniers du vélo à assistance électrique annoncent la couleur avec une telle confiance en eux, on n’a qu’une envie : se faire faire la mise à jour sur un Samedi 29 Trail et partir essayer ça sur le terrain. C’est ce que j’ai fait et voilà ce que j’en pense !
Ça apporte quoi ?
En premier lieu, on se doute bien qu’un tel mode ne peut que vous aider à obtenir davantage d’autonomie. Donc d’aller plus loin et d’enchaîner encore plus de kilomètres.
Tout cela sans avoir à jongler entre l’Eco, le Tour et éventuellement un petit peu d’eMTB… Quel que soit le terrain, le jeu consiste bien à s’efforcer de n’utiliser que le Magic Tour jusqu’à ce que l’envie de passer sur un autre mode ne vous traverse même plus l’esprit. Pour cela, il vous faudra évidemment appuyer nettement plus sur les pédales quand c’est nécessaire ou, simplement, changer de braquet plus régulièrement, quitte à monter moins vite en prenant plus son temps.
Honnêtement, nous ne sommes pas loin ici du concept Shimano que l’on retrouve sur l’EP8 et qui propose deux profils distincts (Sport, Eco) que l’on peut paramétrer comme on le souhaite avant de passer de l’un à l’autre par une simple action sur la console. Une sorte d’assistance “light”, comme celles de l’Orbea Rise ou du Specialized Levo SL, mais automatique et directement accessible en changeant simplement de mode. Tout en conservant, bien sûr, les avantages de l’eMTB et la puissance du Turbo si le besoin s’en fait sentir. Pas mal.
Comment ça marche ?
C’est un mode qui travaille au service de l’autonomie. Et même s’il est censé permettre de gravir la plupart des côtes – y compris les plus raides –, il va falloir s’employer davantage physiquement, ou, comme sur un VTT classique, mouliner sur le grand pignon si l’on a un peu moins de cuisses.
Pour cela, les algorithmes ont été optimisés, jusqu’à obtenir le combo magique capable d’allier autonomie, capacités de franchissement, comportement sportif et plaisir.
Sur le plat, lorsque l’assistance n’est pas vraiment nécessaire, le Magic Tour va délivrer le moins possible d’aide et ainsi consommer un minimum. L’énergie sera conservée pour les passages en montée, les relances ou les grosses accélérations.
Par rapport au mode eMTB, le Magic Tour utilise donc davantage la puissance de pédalage que la puissance moteur, en offrant une courbe plus progressive dans la manière de délivrer l’assistance. D’où un gain en autonomie, qui, d’après Moustache, selon le terrain et le style de pilotage, peut permettre de gagner entre 15 et 25 % par rapport à l’eMTB et même quelques pourcents sur le Tour standard. Alléchant, mais à vérifier quand même sur le terrain.
C’est pour qui ?
Moustache annonce que le Magic Tour est né de l’idée d’aller plus loin et plus longtemps, tout en offrant un comportement naturel et sportif. Il a été conçu pour ne pas avoir envie – ni besoin – de changer de mode, tout en étant capable de monter soi-disant partout, en ayant juste ce qu’il faut d’assistance au moment voulu.
C’est donc un vrai mode pour les amoureux de VTT qui sont à la recherche de sensations physiques authentiques proches de celles d’un modèle sans moteur. Ceux qui n’ont pas peur d’appuyer davantage sur les pédales et qui veulent rallonger leurs sorties et faire durer le plaisir plus longtemps sans trop se soucier de la vitesse.
Comment ça s’installe ?
Le nouveau mode optimisé Moustache Magic Tour sera installé d’origine sur tous les VTTAE de la marque produits à partir du 8 février 2021. Dès aujourd’hui, il est possible de le configurer sur tous les modèles Moustache des saisons 9 et 10 équipés de la motorisation Bosch Performance Line CX Gen4 en effectuant une simple mise à jour auprès d’un revendeur agréé. Comme c’était déjà le cas chez Bosch avec l’Extended Boost, la gratuité ou non de l’acte devrait être à la guise du magasin…
Ce que ça donne sur le terrain…
En partant sur le plat, je constate immédiatement que l’on est bien plus proche des réactions de l’Eco que de l’ancien Tour. C’est moins violent et il faut forcément pédaler plus fort et plus longtemps si l’on souhaite arriver et se maintenir à une vitesse de croisière. C’est d’ailleurs là-dessus que j’émettrai une première petite réserve, surtout avec des roues de 29 pouces… Car l’un des avantages de l’assistance électrique, c’est de gommer tellement rapidement l’inertie propre à ce diamètre de roues qui existe entre 0 et 15 km/h, que l’on a tout simplement plus l’impression qu’elle existe ! Et une fois que l’on a dépassé le seuil fatidique des 15/20 km/h, on demande beaucoup moins au moteur, puisqu’il est alors assez facile de maintenir la vitesse en consommant le minimum d’énergie.
Partant de ce constat et vu la rapidité avec laquelle le mode Tour classique permet à un VTTAE en 29 pouces d’atteindre son rythme de croisière sur le plat et en faux-plat, personnellement, j’aurais tendance à le préférer au Magic Tour… Ce qui se confirme dans les chiffres, puisque le gain en autonomie entre l’ancien mode et le nouveau est particulièrement minime, voire inexistant !
Puis, en continuant d’avancer sur le parcours, plus le dénivelé positif augmente, plus on sent que l’assistance vous vient en aide. Mais attention, ça se fait de manière bien plus progressive et il faut quand même en mettre beaucoup plus à la pédale qu’en eMTB ! Car comparé à ce mode, avec le Magic Tour, la puissance arrive de manière beaucoup plus douce et à l’utilisation, il semble clair que, même dans une montée très raide, en appuyant plus fort sur les pédales ou en essayant de mouliner davantage, on n’atteint jamais la puissance en crête annoncée du Turbo. Comme si les 85 Nm de la mise à jour proposée l’été dernier ne concernaient toujours pas le mode Tour, Magic ou pas. En revanche, l’Extended Boost, lui, est bien actif et la poussée supplémentaire d’une petite seconde quand on arrête de pédaler reste toujours bien utile.
J’ai noté également que ce nouveau mode s’adaptait parfaitement au pédalage en danseuse. La belle motricité du Samedi 29 Trail, ainsi que la progressivité et le côté extrêmement naturel de l’assistance, permettent de très bien supporter le fait de se mettre debout et d’appuyer plus fort sur les pédales… En même temps, ça tombe bien, vu que c’est exactement ce qu’il faut faire pour tirer le meilleur de ce Magic Tour.
Bref, il est absolument nécessaire de fournir plus d’énergie soi-même et donc d’en demander moins au moteur. D’où le gain en autonomie.
Moins énergivore
En Magic Tour, sur un parcours identique et avec le même pilote, la consommation baisse de 10 % par rapport à l’eMTB. Un poil plus si c’est roulant, mais en ce qui me concerne, je ne suis jamais arrivé tout à fait aux chiffres annoncés par Moustache… Et puis comparé au Tour d’origine, on ne gagne quasiment rien en autonomie. En revanche, toujours face à l’eMTB, la cadence n’est pas la même et on a carrément le temps de compter les cailloux dans les montées. Mais là, on va dire que c’est une question de choix… et tant qu’on l’a, moi ça me va !
Donc, en gros, si l’on part sur une grosse balade en tout-terrain avec 1 600 m de dénivelé positif, niveau consommation, on est presque à 1 % du kilomètre, à savoir entre 90 et 95 km pour une batterie de 625 Wh et un pilote de 70 kilos. Ce qui est tout de même très intéressant.
Toujours au niveau de l’autonomie, pour exemple, il y a deux semaines, j’avais effectué une sortie moins technique au guidon du Samedi 29 Trail en panachant l’Eco et le Tour. Au final, cela m’avait fait gagner quasiment 20 % sur la consommation en eMTB… Et en ayant vraiment eu l’impression de moins me dépouiller qu’avec le Magic Tour, tout en parcourant quand même plus de 80 km.
Par conséquent, si je ne critique pas le côté pratique du Magic Tour – qui, pour moi, oscille entre l’Eco et l’ancien mode Sport en fonction de ce que le terrain et le pilote lui demandent (désolé, mais je ne l’ai jamais senti monter jusqu’au Turbo…) – pour le physique, il en va autrement. S’il fallait résumer mon ressenti, on pourrait dire que je l’ai trouvé : « plus épuisant qu’assistant ».
Sans parler du plaisir d’avoir un peu de vitesse dans les montées… Car même si pour certains pratiquants – que je respecte complètement – la devise, c’est un peu : « On n’est pas pressé… », je regrette, mais la vitesse de passage, c’est quand même un peu ce qui vous aide à monter et à franchir les obstacles plus facilement. Et qui vous apporte aussi le plaisir de pilotage dans le dénivelé positif, comme dans le négatif. Et puisque l’on parle de négatif, dans les descentes ponctuées de petites relances de 7 ou 8 coups de pédales avant de replonger dans la pente, là, le Magic Tour est vraiment mou. On est loin de la vivacité du eMTB et des sensations qu’il procure dans ce genre de situation !
Ce mode “magique”, qui permet d’économiser de la batterie en se dépensant davantage physiquement et en se reposant moins sur l’assistance, convient donc parfaitement à un certain genre de pratiquants, mais aussi à un certain type de VTTAE… En effet, s’il est plutôt bien adapté à un vélo relativement léger et dynamique dans le style du Samedi 29 Trail, j’ai plus de doute sur sa pertinence vis-à-vis d’un modèle sportivement plus engagé et un peu plus enduro. Comme le Game, par exemple, puisque – tout du moins pour l’instant – la mise à jour n’est disponible que pour les VTTAE Moustache…
Question de feeling
Mais tout dépend aussi des chemins que l’on a l’habitude d’emprunter. Car dans des sentiers techniques et cassants avec du franchissement, à moins de posséder un physique exceptionnel, le Magic Tour trouvera forcément ses limites. Alors bien sûr, il suffit de passer en eMTB, me direz-vous… Effectivement, mais alors là, plus d’économie d’énergie au niveau de la batterie !
Dès lors, en ce qui concerne le dénivelé positif, à moins de se contenter de fréquenter les pistes très roulantes, on reste sensiblement au même niveau qu’auparavant. Ce n’est pas un problème, mais c’est important de le souligner.
Le Magic Tour est donc à conseiller avant tout à ceux qui considèrent que l’eMTB de Bosch est trop puissant et trop énergivore pour leur utilisation. A ceux aussi qui partagent leurs sorties avec des gens qui roulent sur des VTT sans assistance et qui, faute d’avoir suffisamment de physique, n’ont pas d’autre choix que celui de se faire aider légèrement s’ils veulent continuer à pouvoir suivre leurs collègues.
Et enfin, à ceux qui désirent se mettre au niveau de puissance des VTT à assistance électrique “light”, de type Specialized Levo SL, Orbea Rise ou BH iLynx, sans forcément avoir envie d’investir dans ce type de bike assez particulier, mais aussi très chers, avouons-le…
Sur ce dernier point, il y a juste un petit bémol à mettre. Le Moustache Samedi 29 Trail 10 a beau être l’un des modèles les plus dynamiques sur le marché du VTTAE classique, avec sa grosse batterie de 625 Wh, son cadre en aluminium (pas de carbone chez la marque vosgienne) et ses 4 à 5 kilos supplémentaires, en termes d’efficacité et de ressenti sur le terrain, difficile de rivaliser face à une concurrence bien plus légère. J’ai suffisamment roulé avec ce type de vélo dernièrement pour pouvoir affirmer que lorsque l’on parle d’assistance “light”, les kilos en plus ou en moins de l’ensemble comptent pour beaucoup dans les performances de l’engin. Et là, clairement, alors que le poids n’est jamais un problème en mode eMTB, en Magic Tour, il le devient.
Ce qui le rend forcément moins agréable et performant que les modèles spécifiques légers cités plus haut… Alors je sais, les vélos ne jouent pas tout à fait dans la même catégorie. N’empêche qu’il est impossible de ne pas faire le rapprochement entre le Magic Tour et une assistance volontairement plus légère. S’accorde-t-elle avec un VTTAE classique plus lourd ? Pas vraiment.
Ma compagne, qui partage mes sorties depuis plus de 25 ans en VTT classique deux ou trois fois par semaine et depuis 5 ans régulièrement en électrique, est du même avis. Pourtant, elle n’est pas particulièrement fan de vitesse et emprunte des sentiers un peu moins difficiles que moi… Eh bien en roulant avec le mode Magic Tour, elle n’y a pas vraiment trouvé son compte non plus. Et pourtant, elle aime bien pédaler ! Alors au bout d’une heure et demie, elle a finalement craqué et appuyé sur le bouton + de la commande afin de retrouver les sensations qui lui plaisent tant en eMTB.
À savoir un mode qui vous donne de l’assistance de manière progressive, mais qui, quand c’est nécessaire, vous apporte réellement ce dont vous avez besoin. Ce n’est pas le cas du Magic Tour, mais ça ne veut pas dire pour autant que le concept n’est pas bon. Disons plutôt qu’il ne conviendra pas à tout le monde… Et comme de toute façon, il ne remplace pas l’eMTB, tout va bien !
Points forts
+ Gain en autonomie
+ Impression de découvrir un mode eMTB “light”
+ Sensations naturelles au pédalage
+ Extended Boost toujours présent
+ Très efficace en danseuse
Points faibles
– Baisse des sensations de pilotage en montée
– Mou en relance et à l’accélération
– N’aide pas vraiment au franchissement
Verdict
Il est certain qu’après l’arrivée du mode eMTB et son option “manivelles courtes” qui permet de bénéficier d’un peu plus d’assistance en faux-plat, puis le passage du couple à 85 Nm et l’apparition de l’Extended Boost, l’autonomie a forcément pris un petit coup dans l’aile. Y compris avec une batterie de 625 Wh !
D’un commun accord, Moustache et Bosch ont donc décidé de proposer le Magic Tour à la place du Tour, un mode automatique qui demande au pilote de se donner davantage physiquement pour gagner en autonomie. Une option qui devrait ravir les amateurs de raids longue distance, lassés de devoir jongler entre un Eco un peu mou et un Tour qu’ils trouvent trop violent pour venir à bout de leurs sorties. Mais attention, à l’usage, avec le Magic Tour, qu’on mette du braquet ou que l’on mouline ne change pas grand chose… Il faut vraiment appuyer fort sur les pédales ou que le dénivelé positif soit très prononcé pour obtenir davantage d’assistance. Personnellement, j’ai donc trouvé ce mode – non pas désagréable – mais un tout petit peu pénible.
Après, pour ceux à qui ça ne conviendrait pas, comme c’est le cas pour l’eMTB, l’Extended Boost ou l’option “manivelles courtes”, il sera toujours possible d’ignorer cette mise à jour ou de revenir à l’ancienne pour retrouver ainsi son Tour préféré… Car si la devise du Magic Tour est bien d’aller plus loin, il n’est pas certain pour autant qu’il permette d’aller beaucoup plus haut !