Ce jour est arrivé ! Depuis l’essor des VTT à assistance électrique, on comptait presque les points : quelles marques connues et réputées perduraient encore et toujours sur le marché sans compter de VTTAE à sa gamme ?! De moins en moins ! Quelque part, Santa Cruz Bicycles en devenait un symbole et en jouait volontiers à l’occasion…
Mais ce jour est arrivé ! Celui où l’envahisseur vient finalement à bout des irréductibles… Ou plutôt, dans le cas qui nous intéresse ici, ce moment où la marque trouve elle-même suffisamment de ressources pour franchir le pas. Tout un symbole, voici le Santa Cruz Heckler nouvelle livrée, premier VTT à assistance électrique Santa !
Temps de lecture estimé : 8 minutes – Photos : Santa Cruz Bicycles
Au sommaire de cet article :
Pour la petite histoire…
[dropcap size=big]L[/dropcap]a vie de journaliste de la Presse spécialisée est ainsi faite : beaucoup de temps derrière l’ordinateur, un peu aussi sur le vélo… Et parfois, de rares et belles occasions de voyager. C’était mon cas il y a près de 2 ans. Direction la Californie, notamment à la rencontre de Santa Cruz Bicycles. À l’époque, mon enquête porte sur l’usage du carbone, mais au cours de ce périple, les sujets de discussion vont bon train.
Entre autre, celui du VTT à assistance électrique. Le thème semble intéresser tout le monde au sein de l’entreprise, et d’une manière singulière pour l’Européen converti que je suis : entre législation compliquée et chemins moins adaptés à la pratique que par chez nous, les californiens restaient perplexes face à cette pratique assistée. C’est vrai que si l’on habite à deux pas de Santa Cruz University, faire usage d’un VTTAE n’est pas une évidence.
Compte tenu de la tendance du marché, la question est pourtant redondante : Santa ne travaille pas sur un électrique ?! Et même si parfois, certaines réactions sous entendent que le sujet fait l’objet d’attention, une seule réponse revient en boucle : franchement, nous n’avons rien qui puisse sortir dans les 18 prochains mois… Quasi 23 mois plus tard, force est de constater qu’ils disaient vrai.
Tout un symbole !
Mais le voilà, ce jour tant attendu par certains, tant redouté par d’autres ! Santa Cruz présente son premier VTT à assistance électrique. Et, tout un symbole, il s’agit du Santa Cruz Heckler. Le nom parle peut-être aux aficionados la marque : ce modèle a déjà été au catalogue dans les années 2000, avec une dernière apparition en 2014… Pourquoi tout un symbole ?! Parce que déjà, pour un vélo électrique, sur le marché francophone…
“Heckler/éclair… OK, bien joué !”
Ensuite, parce que dans la langue de Shakespeare, un Heckler est un perturbateur. Vous savez, celui qui se lève en plein discours ou pleine cérémonie pour dire qu’il n’est pas d’accord ?! Quand on sait comme la pratique VTTAE pouvait intriguer il y a encore quelques temps dans les rangs même de l’entreprise… L’initiative est belle. Du moins, à l’image de la marque telle qu’on la connait. Notamment capable d’autodérision et d’ironie quand il se doit.
[divider]Santa Cruz Heckler[/divider]
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- Usage All Moutain
- Roues en 27,5 pouces
- 150/160mm, RS Lyrik ou Fox 36
- Triangle avant & arrière carbone (CC)
- Reach 465mm en L, offset normal
- Roues Reserve, 30mm AV / DH ARR
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- Maxxis Minion DHR II, Exo+ 2.6 pouces
- Sram Code ou Guide RE, 200mm
- 4 modèles, 5 tailles, 7499€ à 13399€
- 20,9 à 21,6kg, Kit XX1 à R
- Dispo immédiatement
- Fiche du vélo sur www.santacruzbicycles.com
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Dans les grandes lignes…
Dans tous les cas, avec un tel nom sous la main, on ne peut pas reprocher à Santa Cruz d’avoir saisi l’opportunité. Mais comment ?! Après tout, le Santa Cruz Heckler est avant tout le premier VTT à assistance électrique de la marque. Et quelque part, le passé récent nous a démontré que l’exercice n’est pas toujours aisé : identité à respecter et contraintes nouvelles ne font pas toujours bon ménage. Visuellement, c’est pourtant réussi, les ingrédients principaux y sont…

Pour parvenir à ce premier coup d’oeil fidèle et flatteur, la marque semble s’être donné les moyens. Tout d’abord, parce que depuis quelques temps, elle fait partie d’un groupe au portefeuille de marques bien utiles : Kalkhoff, Raleigh, Focus… Ça peut aider lorsqu’il s’agit de partager des savoir-faire en matière de VTT à assistance électrique. Du moins, on a vu certaines têtes pensantes Santa Cruz voyager ces derniers temps, notamment du côté de Stuggart…
Ensuite parce que deux personnes ont été recrutées pour travailler spécialement sur ce nouveau modèle, dont Todd Ford, un ancien de Specialized – et son Levo, les sièges des deux entreprises sont distants de 65km à peine au sud de la Silicone Valley. Signe que le sujet était sensible et stratégique, Todd a pris ses fonctions à l’aveugle, sans savoir quel projet lui serait confié… Surprise et adrénaline garanties au moment de se voir confier le projet !
“Pendant mon entretien, je n’imaginais pas que je travaillerais ensuite sur un VTTAE. Je ne l’ai découvert qu’une fois embauché. J’étais à la fois excité et nerveux, puisqu’il s’agit du premier vélo électrique de Santa Cruz ! C’est beaucoup de responsabilités. Ça s’est bien passé une fois que l’équipe s’est rassemblée autour du projet et que l’on a commencé à avancer. Avant ça, j’avais travaillé pour Specialized, Cannondale, et à des postes importants de la chaine de production pour VTTAE, ça m’avait donné une bonne compréhension des enjeux.” – Todd Ford, chef produit Santa Cruz
… Et en détails !
L’émotion passée, c’est néanmoins au boulot qu’il a fallut se mettre. Et l’air de rien, il y avait de quoi faire. Notamment parce que caser un moteur, et une batterie au sein d’un Santa Cruz n’a rien de facile, à priori. Pourtant, point par point, les solutions retenues sont dans le coup…
[toggler title=”Suspension” ]
On ne commence pas cette revue de détail par la suspension de manière hasardeuse… Mais bien parce que chez Santa Cruz, l’usage du VPP – système à point de pivot virtuel – est une religion. Depuis l’acquisition du brevet dans les années 2000, tous les modèles de la marque en font usage, ou presque. Fut un temps, le catalogue comptait bien des modèles à point de pivot unique… Dont l’ancien Santa Cruz Heckler faisait partie !
Mais quelque part, c’eut été un affront pour la marque de ne pas parvenir à faire usage de ce dispositif iconique avec son premier VTT à assistance électrique. Voilà qui est fait, et pas de n’importe quelle manière. Ces dernières années, Santa Cruz renouvelle ses vélos avec une caractéristiques commune : l’amortisseur relié à la biellette du bas. Et l’air de rien, y parvenir avec la présence du moteur n’a rien d’évident à priori. C’est aussi chose faite, pour proposer 150mm de débattement ! Bien, bien…
“Intégrer le système VPP et le faire fonctionner était un des principaux challenges. On y croyait fort, et c’était presque une obligation, un point d’honneur pour nous. Notre ingénieur, Aaron Foley, a passé beaucoup de temps, au départ sur un fichier, pour jouer des points d’ancrages et définir la meilleure cinématique. […] Le moteur Shimano nous a aidé grâce à ses points d’ancrages et à son dégagement.”
Todd Ford, Chef Produit Santa Cruz
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[toggler title=”Motorisation” ]
Depuis sa sortie, la motorisation Shimano E8000 profite effectivement d’un argument clé : l’encombrement de son carter, qui permet de profiter d’un dégagement intéressant à l’arrière de l’axe du pédalier. De là à conditionner les prouesses de conception précédemment évoquées en matière de suspension, il n’y a qu’un pas que nous confirme donc Todd Ford. Dans tous les cas, il s’agit d’une motorisation largement déployée, même si elle commence désormais à dater.
Et qu’importe si elle vient à être renouvelée d’ici quelques temps. Les rumeurs portent davantage sur une évolution de son comportement, le carter ou du moins l’interface de fixation resteraient semblables (et donc compatibles…), puisque déjà bien placée en la matière. Côté batterie, le Santa Cruz Heckler joue cette même carte du simple et éprouvé : il s’agit de la version standard et intégrable, de la batterie d’origine Shimano en 500Wh, qui prend place dans le tube oblique, et démontable via les vis du cache en carbone qui la recouvre par le dessous.
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[toggler title=”Format des roues !” ]
Dans tout ça, on en oublierait presque un autre élément essentiel d’un vélo : les roues ! Outre la prouesse technique évoquée précédemment, reste à saisir à qui/quoi elle se destine. Ici, Santa Cruz a le mérite d’être claire : faire en sorte que son premier VTTAE reste fun et drôle à piloter. Pas question de flinguer son image de marque avec ça, prudence !
C’est la raison pour laquelle les deux roues du Santa Cruz Heckler font usage du 27,5 pouces, en 2.6 de section. À noter que sur les versions les plus haut de gamme, ce sont les réputées et robustes Santa Cruz Reserve – roues carbone de la marque – qui sont au programme… Dans leur version DH pour la roue arrière, au départ destinées à la Descente.
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[toggler title=”Géométrie” ]
Tenant compte de tout ça, la lecture des dimensions du Santa Cruz Heckler n’a rien d’extravagant : dans la tendance du moment, et fidèle à ce que l’on connait de la marque. D’abord, un tableau à cinq tailles, et ce, même si le carbone coûte cher à produire et que d’autres font l’économie d’une, voir deux dimensions. Comme d’habitude donc, le Santa Cruz Heckler en taille L constitue le milieu des chartes de tailles.
Dans ce cas donc, logique d’y trouver un vélo qui puisse paraître légèrement petit, mais sans abus. L’essai nous en dira bientôt plus sur ces proportions. Pour l’heure, on note simplement que les longueur du cadre – reach et empattements – ainsi que les angles – de direction couché et de selle redressé – s’inscrivent dans les plages du moment pour ce gabarit. Pas de fausse note, sur le papier.
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[toggler title=”Prix/poids/équipement” ]
Pour parfaire ce tour d’horizon, reste à jeter un oeil aux dernières informations manquantes. Côté poids, le résultat de ce travail porte le Santa Cruz Heckler à une fourchette allant de 20,9kg à 21,65 kg en fonction des versions. Un poids dans la bonne fourchette pour un tout premier modèle à présenter sur le marché.
Une prouesse rendue possible par l’usage unique du carbone CC, le plus haut de gamme et performant de la marque. Pas de version C, ou aluminium, financièrement plus accessibles donc, pour l’heure. Un positionnement haut de gamme qui se retrouve aussi sur la note : de 7499 à 13399€ ! À ce tarif, comme toujours, cadre et roues en carbone Santa Cruz sont garantis à vie.
À ces tarifs, heureusement, les équipements sont cohérents à la fois avec les habitudes de la marque, et avec les attentes du marché. On note entre autres les freins et fourches biens dimensionnés, les pneus renforcés, les transmissions toutes en 12 vitesses. Les voici en détails…
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Pour l’heure
Coup d’essai, coup de maître ?! Il est trop tôt pour le dire. Néanmoins, avec ce premier modèle à assistance électrique, Santa Cruz Bicycles réussi à être là où on l’attend, à la hauteur de son standing. Sur le marché du VTT à assistance électrique, déjà, puisque la pression commençait à se faire de plus en plus forte.
Avec un produit qui ne trahisse pas ses habitudes et son identité, ensuite. Pour l’heure, le Santa Cruz Heckler est là, dans la lignée de ce que l’on sait de la marque et de son ambition pour lui : être un Santa Cruz de plus, à la gamme, pour repousser certaines limites…
Suffisant pour se faire une place au soleil ?! L’avenir nous le dira… Rapidement, puisqu’un exemplaire d’essai doit nous parvenir très vite. L’occasion de mettre tout ce beau monde à l’épreuve du terrain, et se faire une idée précise de la manière avec laquelle le Santa Cruz Heckler se positionne. L’occasion aussi, et surtout, de répondre aux questions qui peuvent rester en suspend à la suite de cette présentation. On s’y attelle en commentaires 😉