Essai du Specialized Turbo Tero X 5.0

Un vrai baroudeur !

L’esprit baroudeur convient plutôt bien au VTTAE. C’est certainement ce que s’est dit Specialized lors de la conception de ce Turbo Tero X. Petit frère du Turbo Tero semi-rigide, il possède la même philosophie d’aventurier, mais avec des possibilités bien plus larges – grâce, entre autres, à une géométrie plus sportive et une suspension arrière de 120 mm de débattement. Partant de là, inutile de vous dire qu’il n’y a pas grand-chose qui l’arrête ! Dans la mesure du raisonnable, bien sûr. Et sans aller jusqu’à le pousser dans ses ultimes retranchements, je dois avouer que ce Tero X en a tout de même sous la pédale. La preuve avec ce test agréable et décalé…

Par Chris Caprin – Photos : Chris Caprin et Fagerbé

Sur le papier

Le Specialized Turbo Tero X combine de manière ingénieuse les qualités d’un vrai VTTAE (tige de selle télescopique, pneus, freins, suspensions et débattements adaptés) avec les accessoires d’un vélo de ville (béquille, phares, garde-boue, porte-bagages). De quoi partir serein à l’aventure avec jusqu’à 20 kilos de matériel fixé à l’arrière et encore un peu plus si c’est nécessaire à l’aide des paniers et sacoches spécialement conçus pour ce modèle atypique.

Côté motorisation, Spé propose une batterie et un moteur maison Turbo 2.2 avec 710 Wh d’autonomie, jusqu’à 70 Nm de couple et une puissance en crête généreuse en mode Turbo. La batterie, qui promet une autonomie de 120 km en mode Eco, est rapidement démontable afin de pouvoir être rechargée rapidement et n’importe où – la base pour un VTTAE taillé pour l’aventure.

Avec l’application Mission Control couplée à la console centrale au guidon, il est possible de paramétrer à son goût les trois modes d’assistance (Eco, Sport, Turbo). On pourra également effectuer les différentes mises à jour directement via un smartphone. Enfin, grâce au système de verrouillage Turbo System Lock qui désactive le moteur tout en activant une alarme à détecteur de mouvement, le risque de vol est largement diminué.

Bon à tout faire

Le cadre en aluminium avec cinématique de suspension de type mono-pivot a été conçu pour mixer simplicité, solidité, performance et fiabilité. La fourche et l’amortisseur RockShox offrent respectivement 130 et 120 mm de débattement, ce qui est largement suffisant pour évoluer confortablement en tout-terrain facile et même un peu technique.

Dans un registre différent, mais avec la même volonté de polyvalence, les trois modèles de la gamme disposent tous d’une tige de selle télescopique TranzX, d’une transmission Sram Eagle 12 vitesses SX, GX ou XO1, de freins Code RSC, R ou G2 et de pneus Specialized Ground Control.

Ça, c’est pour le côté performances en tout-terrain. En ce qui concerne le confort plus urbain, on trouve une béquille, des garde-boue à l’avant comme à l’arrière, un éclairage puissant et un feu rouge (option stop possible), ainsi que des porte-bagages qui se fixent sur le cadre (AR) et sur la colonne de direction (AV). De quoi partir en autonomie complète pour plusieurs jours de balade par monts et par vaux !

En balade…

Je dois avouer que l’idée de profiter tout l’été d’un modèle atypique et polyvalent comme le Turbo Tero X m’a bien fait délirer… Je me suis mis immédiatement à penser à tout ce que je pourrais éventuellement faire avec ce vélo et c’est ainsi que je suis parti sur ma première “aventure”, un savant mélange de petites routes, de chemins carrossables et de sentiers roulants dans les collines au pied du massif de la Sainte-Baume. Au total, plus de 100 km et pas moins de 1 000 m de dénivelé positif en évoluant quasiment à 50/50 entre l’Eco et le Trail sur du roulant… Une belle autonomie pour une batterie de 710 Wh.

Et un sacré tour qui m’a permis de traverser de nombreux villages de ce fameux parc régional entre le site des Glacières et le col de l’Espigoulier qui domine Aubagne, le Garlaban cher à Marcel Pagnol et encore plus à l’ouest, la ville de Marseille. A la fin de ce petit périple, j’ai aussi pu apprécier la qualité de l’éclairage, avec ses deux modes code et plein phare particulièrement efficaces ! Même dans les passages en tout-terrain autour de La Roquebrussanne, avec les 600 lumens, la vision est parfaite et permet de rouler quasiment aussi vite qu’en plein jour…

Durant ces deux mois, j’ai également été faire mes courses au village très régulièrement en profitant de la paire de sacoches rigides assez volumineuses et pourvues d’un filet pour éviter au chargement de passer par-dessus bord. Vu ma tendance à oublier régulièrement que je les avais accrochées au vélo en continuant à faire des petits wheelings et à sauter les trottoirs, il fallait bien ça !

Et pour finir, quoi de mieux que de filer directement à 30 km plus au sud de la vallée de l’Issole pour rejoindre la Méditerranée, prendre le bateau et aller se balader sur la magnifique Ile de Porquerolles ? Les sentiers techniques étant réservés aux randonneurs pédestres, le Specialized Turbo Tero X s’est révélé l’engin idéal pour se rendre de plage en plage (plage d’Argent, du Langoustier, de La Courtade, de Notre-Dame…), tout en montant sur les divers points culminants de l’île, comme le Fort de La Repentance ou la Batterie Basse et en empruntant les pistes qui vous amènent aux magnifiques calanques de l’Indienne, du Brégançonnet ou de l’Oustaou de Dieu.

Porquerolles est un petit paradis qui se laisse découvrir facilement à vélo et encore plus avec un VTTAE de la trempe du Tero X. Le trail bike par excellence pour ce type de randonnée à la cool. Bref, un vrai plaisir de redécouvrir tous ces chemins au guidon d’une nouvelle monture, même si je connais le coin par cœur…

En tout-terrain…

Et puis vous vous doutez bien que même si j’ai pas mal de VTTAE nettement plus adaptés au vrai tout-terrain dans mon atelier, je n’ai pas pu m’empêcher d’enlever béquille, sacoches et garde-boue pour aller voir comment se comportait ce vélo dans les sentiers un peu plus techniques… Car comme les connaisseurs le savent, Specialized n’ayant pas de VTTAE à 4 000 euros en 120/130 de débattement, depuis la sortie du Turbo Tero X, certains magasins de la marque n’hésitent pas à le proposer – à juste titre – sans ses accessoires de ville aux éventuels clients n’ayant pas les moyens de s’offrir un Turbo Levo. Raison de plus pour essayer…

Et ils ont bien raison, vu les capacités qu’offre ce nouveau modèle équipé, rappelons-le, d’une tige de selle télescopique, de freins Sram Code, d’un dérailleur Eagle 12 vitesses et de suspensions RockShox basiques mais néanmoins plutôt efficaces.

Personnellement, sans aller non plus jusqu’à l’emmener sur des parcours complètement inadaptés à son programme, j’ai pu bien m’amuser avec ce Tero X. Petits franchissements, descentes un poil engagées, montées assez raides, rien ne l’arrête… si ce n’est les pneus Ground Control un peu légers dans tous les sens du terme.

Bien sûr, avec un tel VTTAE un peu lourd, il faut savoir anticiper, lever le pied quand il le faut et se faire le plus léger possible… Bref, rouler propre et coulé en choisissant les bonnes traces. Mais si l’on conserve ça en tête, on s’amuse bien et dans la mesure où l’on n’est pas trop exigeant, ça passe nickel !

En m’adaptant au vélo, j’ai donc passé du bon temps à son guidon, que ce soit en tout-terrain, sur les pistes larges ou même les routes peu fréquentées. Un VTTAE atypique à l’aise partout – ou presque –, mais qui, évidemment, convient mieux pour faire les courses que LA course… Pour les amateurs de deux-roues motorisés, sur ce VTT à assistance électrique, on se sent presque revenu dans les années 80 lorsque les plus âgés d’entre nous sillonnaient les chemins sur les trails Yamaha de légende comme la 125 DTMX (modèle 4.0) ou la 500 XT (modèle 6.0). En ce qui me concerne, cette référence à la moto est un compliment et en roulant avec ce Tero X, j’ai vraiment vécu une expérience intéressante et enrichissante, doublée d’un petit brin de nostalgie. A la fois vélo des villes et vélo des champs, en quelque sorte !

Points forts / points faibles

La gamme Turbo Tero X