Ceci est une révolution !
En exagérant légèrement, comme sait si bien le faire Apple lors du lancement de ses nouveautés, on peut dire que l’arrivée sur le marché des pneus Schwalbe à carcasse radiale est une petite révolution. Personnellement, j’attendais depuis plusieurs années que la marque allemande propose un pneu adapté au terrain sec sur lequel je roule la plupart du temps… Et là, j’avoue qu’avec sa vision particulière du système radial appliquée à la nouvelle gamme de pneus Albert, Magic Mary et Shredda spécifique VTTAE, Schwalbe m’a offert exactement ce dont je rêvais ! A quoi ça ressemble ? Comment ça marche ? Qu’est-ce que ça change sur le terrain ? On vous dit tout !
Par Chris Caprin – Photos Chris Caprin et Fagerbé
Pneus Schwalbe Shredda Gravity Radial
- Usage : spécifique VTTAE
- Prix : 74,90 euros
- Poids : 1 240 g pièce
- Gomme : 127 TPI
- Carcasse : flancs renforcés, tringles souples compatible VTTAE E-50
- Sections : 2.50 pour tous les modèles
- Tubeless : oui
- Compatibilité tailles de roues : existe en 29 et 27,5 pouces
- Dessin des crampons : spécifiques AV et AR
- Sens de rotation : oui
- Modèles : Super Trail (Soft et Ultra Soft), Super Gravity (Ultra Soft) Super DH (Ultra Soft)
- Terrain : mixtes, secs et fuyants
- Lien : www.schwalbe.com
La carcasse radiale, c’est quoi ?
Dans le domaine du cycle, une fois abandonnés les pneus pleins en caoutchouc de nos ancêtres, en tout-terrain, les fabricants sont passés immédiatement à la carcasse diagonale qui est devenue LE standard équipant l’intégralité des VTT du marché. En revanche, du côté de l’automobile, le pneu Radial, lui, est utilisé depuis de longues années, au point de devenir la norme. C’est celui que l’on trouve sur nos voitures.
Contrairement à la carcasse diagonale, dont la structure composée de plis à 45 degrés forme un ensemble entre les flancs et la bande de roulement – ce qui provoque une déformation lorsque le pneu s’écrase, allant jusqu’à modifier le pourcentage de la surface de contact –, le Radial, lui n’a pas ce genre de contrainte.
En effet, grâce à ses plis de cordons orientés à 90 degrés par rapport au sens de rotation du pneu (soit la ligne la plus directe) et une ceinture composée de plis indépendants de ceux de la carcasse (positionnée sous la bande de roulement dans le sens de la rotation), le Radial promet une déformation nettement moins importante de la surface de contact. Ce qui, selon les ingénieurs de chez Schwalbe, offre une surface de contact augmentée de 30 % environ comparée à une carcasse diagonale. Et cela, évidemment, en utilisant la même densité de gomme et les mêmes pressions.
Sur le papier, ça dit quoi ?
Sur les pneus VTT classiques, les plis de tissus qui apportent le maintien et la solidité sont disposés de manière diagonale. Ils se chargent de relier les tringles en formant un angle d’à peu près 45° par rapport à la direction de la bande de roulement.
Mais attention, sur ces nouveaux Schwalbe à carcasse radiale, nous n’avons pas affaire à des flancs radiaux proprement dits, mais à des plis disposés entre 45 et 90 ° par rapport à la tringle et une ceinture sous la bande de roulement. On est sur un croisement proche de la carcasse diagonale, mais avec une orientation des angles différente qui se rapprochent de ceux que l’on trouve sur la formule radiale, offrant un compromis que Schwalbe a apparemment trouvé idéal…
Selon les ingénieurs, si l’on compare deux pneus de même dessin, de même section, de même nature et nombre de plis, de même gomme et gonflés à la même pression de 1.5 bar, dans ce cas, un pneu à carcasse radiale Schwalbe obtient une surface de contact au sol 30 % plus importante. Et même avec 0.5 bar de plus, il propose toujours au moins 10 % de surface de contact supplémentaire. Les fils ainsi disposés s’opposent moins à la déformation, à l’écrasement du pneu, entre le sol et la jante.
De même, au niveau du rebond, la formule promet d’en atténuer les effets et, ainsi de pouvoir bénéficier d’un meilleur grip et d’une motricité accrue en subissant bien moins de décrochements et de pertes d’adhérence de la roue arrière sur les cassures de terrain et les différents obstacles qui jalonnent les sentiers techniques.
Dans tous les cas, on constate qu’en faisant évoluer l’orientation des plis, Schwalbe modifie la manière de se déformer de la carcasse. En effet, quand le relief du chemin vient écraser le pneu et va jusqu’à heurter la jante, la radiale s’écrase de manière un peu plus linéaire et plus progressive que la diagonale.
Une manière différente de penser le pneu spécifique VTT qui permet également à Schwalbe de continuer à utiliser ses machines de production en modifiant seulement la découpe et l’angle des plis, tout en conservant également les mêmes qualités de gomme et de tissus.
Les autres pneus Schwalbe à carcasse radiale
Le Magic Mary
Le best-seller en enduro polyvalent se décline désormais également en version radiale… Inutile de vous dire que j’étais très impatient de tester ce nouveau modèle. Au final, le résultat va au-delà de mes espérances. Supérieur à la carcasse diagonale classique dans toutes les conditions. L’essayer, c’est l’adopter !
Le Albert
Tout nouveau pneu polyvalent all mountain/enduro, le Albert bénéficie d’un dessin avec plus de crampons qui alterne les bandes de trois et deux blocs. Il se monte aussi bien à l’avant qu’à l’arrière et permet de bénéficier de tous les avantages du Radial Schwalbe tout en offrant une bande de roulement plus propice au rendement que le Magic Mary et, surtout, le Shredda…
Sur le terrain
Pour une surprise, c’est une surprise… Et une bonne, en plus ! Honnêtement, jamais je n’aurais imaginé pouvoir bénéficier un jour de pneus aussi performants pour mon type de pratique et les chemins sur lesquels je préfère rouler. En fait, c’est lorsque l’on passe d’une monte en carcasse diagonale à une radiale que le choc est le plus impressionnant. Et je ne parle même pas de sauter d’un VTTAE à un autre équipés tous les deux de Schwalbe… Non, je parle d’un deuxième bike chaussé de Maxxis Assegai Double Down, mes préférés depuis deux ans sur mes sentiers de Sudiste.
Je m’attendais à du différent, voire à du mieux, mais je ne pensais pas que ce serait aussi bien. Que cela allait me faire dire qu’il risquait fort d’y avoir un avant et un après l’arrivée du Radial en VTT (ou semi-Radial en ce qui concerne le concept Schwalbe) ! D’autant plus qu’une fois que l’on s’y est fait, il sera très difficile de revenir en arrière. En action, on ressent quasi immédiatement les qualités apportées par ces pneus sur un terrain sec, fuyant et cassant comme j’en rencontre quotidiennement dans le Var.
Franchement, cela fait plusieurs années déjà que je me demandais quand Schwalbe allait enfin nous proposer un pneu capable de s’en sortir comme il faut sur les terrains durs et glissants. Car même si le fabricant allemand commercialise de bons pneus, ils n’ont malheureusement jamais été au niveau dans le cassant et la pierraille. Mais là, avec la sortie du Radial, je me suis dit que, finalement, pour bénéficier d’un produit aussi réussi, ça valait le coup d’attendre ! En ce qui me concerne, je pense que c’est une petite révolution dans le monde du VTT… En tout cas, j’en suis persuadé, le système risque fort de marquer son époque.
Déjà, il suffit de noter la confiance et le confort que ces carcasses apportent pour se rendre compte du phénomène. En fait, sans vraiment forcer ou attaquer davantage, on passe plus vite en virage, on a moins besoin de freiner et le contrôle du vélo paraît plus facile, avec la sensation d’avoir moins à forcer pour rester dans la bonne trace. Et de plus, peu importe la désignation du pneu (Trail, Gravity…) ou le type de gomme (Soft, Ultra Soft…), ça fonctionne.
Moi qui avais tendance à baisser les pressions jusqu’au minimum roulable et à optimiser les réglages de suspensions pour disposer d’un confort maximum sur les petits chocs, j’avoue qu’avec ce modèle Radial – que ce soit le Shredda spécifique VTTAE, le Magic Mary ou le Albert – il y a moins besoin de se prendre la tête. En quelque sorte, le pneu fait une partie du job que l’on devait confier auparavant aux suspensions.
Mieux, en restant à des pressions assez basses (avec mes 68 kg, j’aime rouler, en gros, à moins d’un bar à l’avant et maxi 1,2 à l’arrière), la rigidité des flancs du nouveau Schwalbe Radial permet d’obtenir une déformation raisonnable, avec un pneu qui ne s’affaisse jamais sur l’angle et qui n’oblige pas à taper de temps en temps dans la jante… Tout en ayant une bande de roulement plus sensible qui, elle, absorbe parfaitement le relief du terrain. Le meilleur des deux mondes, comme on dit !
De plus, pour couronner le tout, du côté de la robustesse, les pneus – même à gomme tendre – se sont montrés irréprochables… Après 700 km de roulage, à l’arrière, les crampons sur la bande de roulement sont à peine arrondis et en latéral, aucun début d’arrachement n’est constaté.
Si l’on ajoute à cela que, jusqu’ici, je n’ai subi aucune crevaison sur les trois modèles différents essayés, on peut affirmer sans grand risque de se tromper que c’est du costaud !
Et dans la boue, ça dit quoi ?
Profitant des quelques journées pluvieuses dans le Var, j’ai également pu tester les différents modèles dans la boue et sur terrain glissant. Et si je n’ai pas insisté sur le Albert dont les nombreux crampons assez bas ne se prêtent pas vraiment à ces conditions particulières, j’ai pu me rendre compte de ce que donnaient le Shredda et le Magic Mary.
Encore une fois, j’ai été agréablement surpris par le comportement de ces pneus à carcasse “semi” radiale.
Au départ, le profil agressif (surtout à l’avant) et la belle hauteur de crampons du Shredda me faisaient dire que ce serait certainement avec eux que ça fonctionnerait le mieux dans ces conditions. Le fait est que, s’ils se comportent très bien, je les ai trouvés un peu moins performants sur les freinages dans la pente raide et très glissante. Car même si dans ces cas-là, à un moment, il n’y a plus grand chose qui accroche, je n’ai pas retrouvé le feeling que ces pneus m’ont offert partout ailleurs, surtout dans les virages où leur capacité à conserver du grip sur l’angle – en particulier à l’avant – est assez impressionnante… et très rassurante !
Autrement, dans les montées très glissantes parsemées de racines, de pierres et de dalles bien humides, ce modèle spécifique VTTAE s’est montré à la hauteur de mes attentes… Et encore, je l’ai essayé seulement monté sur une roue de 27 et demi à l’arrière. Quoi qu’il en soit, il aide à une motricité optimale et, quel que soit le type de vélo, le résultat est très positif. On a très peu de pertes d’adhérence ou de décrochage du train arrière et cela donne vraiment confiance lorsque l’on doit s’attaquer à du technique dans la boue.
Le Shredda est donc une arme sur les terrains secs, cassants et fuyants, mais cela ne l’empêche pas de s’en sortir honorablement dans le gras.
Mais au final, c’est avec les Magic Mary montés à l’avant et à l’arrière (29/27,5 également), que j’ai trouvé le résultat le plus probant… L’accroche au freinage est excellente, le grip à l’arrière permet de bien contrôler la glisse du bike dans les enchaînements de virages type pif-paf et dans les passages cassants et glissants (racines, pierres ancrées dans le sol), c’est très confortable et ça encaisse parfaitement les chocs.
De plus, j’avoue que même avec un VTTAE all mountain aux débattements réduits (140/150), ces pneus à carcasse radiale offrent davantage de confiance et aident à passer plus vite avec un maximum de sécurité quasiment partout. Petit détail supplémentaire : moi qui aime pourtant bien rouler avec des pressions assez basses, quand le terrain est gras, je conseille juste de ne pas hésiter à gonfler un peu plus ces pneus au concept particulier. De l’ordre de 0,2 bar à l’avant et à l’arrière. On garde les atouts du Radial, mais la gomme pénètre un peu plus dans la terre et le ressenti est encore meilleur.
Et plus globalement, pour conclure, je dirais que le Albert convient bien à un assistance légère de type all mountain, car il roule un peu mieux.
Le Magic Mary est le plus polyvalent des trois, celui qui passe partout.
Et le Shredda spécifique VTTAE encaisse davantage les chocs. Grâce à sa bonne hauteur de crampons, il est exceptionnel en grip et en confort… mais forcément un peu plus collé et plus dur à emmener !
Conclusion
Comme je l’ai déjà dit, je pense qu’il y aura un avant et un après la sortie du Radial de chez Schwalbe. En tout cas, pour une pratique très sportive, technique et extrême, je pense que ce type de pneus apporte réellement un plus dans de nombreux domaines.
Le confort de pilotage, la sensation de sécurité et la facilité à rouler plus vite sans en avoir vraiment l’impression sont carrément jouissifs et il faut vraiment l’essayer pour se rendre compte de la différence avec un modèle “normal” à structure diagonale.
En gros et quel que soit le type de pneu, la rigidité des flancs du nouveau Schwalbe Radial permet d’obtenir une déformation raisonnable, avec un pneu qui ne s’affaisse jamais sur l’angle et qui n’oblige pas à taper de temps en temps dans la jante… Tout en ayant une bande de roulement plus sensible qui, elle, absorbe parfaitement le relief du terrain. Le meilleur des deux mondes, comme on dit ! C’est beau le progrès.
Principales qualités
- Confort et absorption des chocs
- Plus de contact de la bande de roulement avec le sol
- Plus de confiance sur l’angle
- Meilleure motricité
- Effet de rebond atténué
- Rigidité des flancs à basse pression
- Poids raisonnable
- Robustesse
- Le pneu d’enduro parfait en VTTAE
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