L’ADN du Powerplay version “Light” !
Rocky Mountain aime prendre son temps avant de sortir un VTTAE. Et pour son arrivée sur le marché de l’assistance légère, la marque canadienne ne déroge pas à la règle… C’est donc après de mûres réflexions et les tests de différents concepts que les gens de chez Rocky se sont enfin décidés à nous proposer un modèle plus léger, aussi bien sur la balance, qu’en performances moteur. Et après une bonne prise en main, il en ressort que malgré certaines évolutions et innovations, l’Instinct Powerplay SL possède toujours un caractère bien tranché et une vision originale du VTT à assistance électrique. En clair, les habitués du Powerplay ne seront pas dépaysés par la version “Light”… L’ADN Rocky est bien présent, la légèreté en plus. Présentation et premières sensations au guidon…
Par Chris Caprin – Photos : Rocky Mountain et Chris Caprin
Rocky Mountain Instinct Powerplay SL Carbon 70
- Usage trail / all mountain
- Roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière (27,5 en taille S)
- Débattement 150 mm AV et 145 mm AR
- Cadre en carbone SmoothWall (géométrie modulable)
- Reach 455 mm et Stack 618 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
- Motorisation Dyname 4 Lite 250 watts, 65 Nm, puissance maxi 550 watts en crête
- Batterie Dyname de 480 Wh démontable
- Commande : Micro Remote avec console Jumbotron intégrée
- Modes d’assistance : 4 (Eco, Trail, Trail + et Ludicious) + assistance à la marche
- Réglages des paramètres : oui, directement via la console
- Application : non
- Pneus Maxxis Minion DHF 29×2.50 EXO + AV et Minion DHR II EXO + 29×2.40 AR
- 5 tailles (XS, S, M, L, XL)
- Poids vérifié : 19,85 kg le modèle Carbon 70
- Trois modèles en carbone à 7 789 (50), 9 785 (70) et 12 580 euros (90)
- Disponibilité : novembre/décembre 2024
- Lien : www.bikes.com
“Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage“… Une citation de Jacques Prévert qui correspond parfaitement à la vision du développement de la gamme Powerplay chez Rocky Mountain. Car ce qu’il faut bien garder en mémoire, c’est que les Canadiens ne sont pas des assembleurs qui doivent se contenter de fabriquer des cadres dans lesquels viendra se loger une motorisation, mais bel et bien des créateurs qui prennent en charge la conception de l’ensemble de A à Z. Cela permet donc aux ingénieurs de chez Rocky d’avoir la possibilité de revenir sur une forme de carter moteur ou sur un point d’ancrage différent qui conviendrait mieux au design de leur cadre, avec presque autant de latitude que lorsqu’ils décident de modifier le châssis.
C’est ce qui fait toute la différence avec les autres marques et ce qui donne également toute l’originalité d’une motorisation Dyname, dont le caractère et le comportement se distinguent nettement de l’ensemble de la concurrence. Et même si, avec la version Lite du moteur S4 Pro, on revient à un schéma plus classique avec un axe de pédalier qui traverse le bloc au lieu d’être fixé au cadre dans un boîtier (comme les vélos sans assistance), le concept reste le même : ne pas se voir imposer des solutions techniques qu’ils ne valident pas. Un certain “confort”, si l’on peut dire, qui a permis à Rocky Mountain de revenir sur des points de détails en modifiant leur premier système complet de motorisation légère en fonction du ressenti des tests sur le terrain.
Avec l’Instinct Powerplay SL, on a donc une vision très personnelle de Rocky vis-à-vis de ce type de VTTAE qu’il est bon aujourd’hui pour une marque d’avoir dans sa gamme. Alors d’accord, avec des moteurs full power de plus en plus facile à exploiter, des assistances légères qui gagnent en coffre et le poids des “gros” VTTAE qui baisse, l’écart se réduit. Au point même qu’il n’est pas idiot de se demander si l’une des deux formules n’est pas voué à disparaître le jour où les performances globales finiront plus ou moins par se ressembler. A ce titre, on peut se poser la question de savoir si, dans un avenir plus ou moins proche, la version de l’Instinct avec le gros moteur et la batterie de 700 Wh n’est pas vouée à disparaître, pour laisser le champ libre dans ce créneau au modèle pur enduro qu’est l’Altitude…
Nouveau châssis
Sur cet Instinct Powerplay SL, au premier coup d’œil, on note que le cadre est nettement moins volumineux. Un réduction du diamètre du tube diagonal de 25 % a permis d’affiner un peu plus les lignes déjà harmonieuses de l’Instinct full power. En découle forcément une batterie fine, mais de forme très allongée qui monte assez haut dans le tube. On verra si ça influe sur le comportement du bike lorsqu’il s’agit de lever la roue avant sans donner de coup de pédale…
Pour satisfaire le plus grand nombre de consommateurs, Rocky annonce désormais cinq tailles de cadres du XS au XL et propose des bases et des haubans qui évoluent en longueur selon les tailles. Une bonne chose pour les plus petits et les très grands, qui ne sont pas toujours gâtés à ce niveau… Et à ce titre, c’est assez logiquement que l’on trouve une paire de roues en 27,5 pouces sur le modèle XS.
Sinon, la géométrie est toujours modulable grâce au Ride 4 situé au niveau du pied de l’amortisseur, mais – et c’est une nouveauté – il est maintenant possible de modifier l’angle de fourche de + ou – 0,5° grâce à une cuvette de jeu de direction à trois positions.
Enfin, bien qu’il soit conçu à la base pour accueillir une paire de roues de 29 pouces, l’Instinct Powerplay SL est également doté d’une biellette unique pour les tailles S à XL, qui permet de monter une roue arrière en 27 et demi si le besoin ou l’envie s’en fait sentir.
Motorisation
Par rapport au moteur Dyname S4 Pro, le SL a gagné 940 g sur la balance (2,26 kg au lieu de 3,20 kg). Une belle performance réalisée grâce à l’emploi de carters en magnésium, d’une réduction de l’axe stator/rotor qui passe de 36 à 24 mm de diamètre et d’un travail effectué sur l’ensemble de la pignonnerie interne.
Et si l’on ajoute à cela un circuit de chaîne plus simple, aidé par un axe de pédalier qui traverse désormais le bloc (mais avec toujours un passage de chaîne en point haut), on devrait ressentir beaucoup moins de frictions et forcément des performances globales plus qu’intéressantes pour un “petit” moulin, y compris quand l’assistance se coupe.
Du côté de la batterie de 480 Wh, elle est équipée en exclusivité de cellule LG, les plus performantes et les plus résistantes dans le temps selon l’avis de Rocky Mountain. Précisons que les 21 700 cellules se chargent par niveaux successifs indépendants, ce qui évitent de prolonger inutilement un afflux d’énergie néfaste pour la durée de vie de la batterie. Petite précision, pour rigidifier l’ensemble, la fixation de l’élément s’effectue à l’aide de deux vis fixée sur le dessous du tube diagonal.
Pour l’extraire, il suffit donc d’enlever la vis du sabot, puis celles de la batterie, de débrancher le cordon d’alimentation et enfin de tirer doucement à l’aide d’une petite sangle. A ce titre, on saluera le choix de Rocky Mountain, qui n’a pas souhaité se simplifier la vie en compliquant celle du consommateur avec un système non démontable.
Sur le terrain
Comportement moteur
Avant de s’élancer sur les chemins, si l’on se réfère à ce que l’on connait déjà de la motorisation des Rocky Mountain Powerplay full power, on se dit que le Dyname 4 Lite devrait se situer à un niveau de performances supérieures ou au moins égales à la concurrence… Et pour le coup, une fois les premières montées sérieuses avalées, il apparait effectivement que sur le mode Ludicious, c’est même un poil au-dessus du Bosch SX en Turbo ou du Fazua Ride 60 en mode Extra Power (que l’on peut actionner, rappelons-le, pour une durée de 12 secondes si le besoin s’en fait sentir).
Pour cela, évidemment, on parle de paramètres réglés à 25 % (Eco), 50 % (Trail), 75 % (Trail +) et 100 % (Ludicious) et d’une optimisation maxi de l’assistance à +2. Il faut aussi prendre en compte que la cadence de pédalage pour atteindre le pic le plus élevé d’assistance doit être très rapide, entre 90 et 100 tr/mn minimum. Rien de vraiment nouveau, donc, à ce niveau-là et les habitués du Dyname 4.0 ne seront pas dépaysés… En revanche, j’ai tout de même noté que, comparé à ce dernier, avec le Lite, il est possible d’obtenir une assistance sérieuse sur les deux derniers modes sans être obligé de tourner les jambes aussi vite. Que le spectre de la cadence de pédalage est sensiblement plus large. Comme quoi, un couple moins important n’est pas forcément synonyme de vitesse de jambes élevée. En tout cas, c’est vraiment ce que j’ai ressenti sur le terrain.
Ce qui change également, c’est le côté plus compact du moteur et la batterie de 480 Wh, qui font obligatoirement baisser le poids du vélo et permettent – en descendant en dessous des 20 kg – de compenser en partie la puissance max et le couple plus réduits. Et comme le bloc propulseur est nettement plus libre au pédalage, on sent vraiment une différence de rendement quand on dépasse les 25 km/h… Ou bien lorsque l’on décide de mettre l’assistance sur Off lors d’une liaison sur un chemin roulant et plutôt plat qui s’y prête. A ce moment-là il est désormais possible de se maintenir autour des 20 km/h assez facilement en économisant ainsi un petit peu la batterie.
Donc oui, ça m’arrive de temps en temps et même si ce n’est que sur deux ou trois kilomètres, c’est toujours ça de gagner ! Car bien que l’on ait souvent l’impression de ne quasiment pas taper dans l’autonomie en pédalant en Eco, il n’en demeure pas moins que ça pompe tout de même un peu d’énergie. Par conséquent, si le vélo roule bien – comme c’est le cas de l’Instinct Powerplay SL – ça peut vite faire 3 ou 4 % de rab’ en fin de sortie… Toujours bon à prendre si l’on a calculé un peu court.
Et pour le reste, il va sans dire qu’au niveau des sensations sur le terrain, le Dyname 4 SL se situe au sommet de la hiérarchie des motorisations dites “Light”. Je pense même que dans les passages raides et techniques – à condition, encore une fois, d’aller chercher la puissance maxi en crête à l’aide d’un pédalage tout en vélocité –, il y a de quoi monter quasiment la même chose qu’avec un full power… En allant un peu moins vite et en jouant davantage sur l’équilibre en franchissant les obstacles, certes, mais dans la plupart des cas, le Rocky ne vous laisse pas en rade !
Et pour le reste, comment ça marche ?
Encore une fois, l’avantage lorsque l’on descend en-dessous des 20 kg, c’est que le vélo gagne quand même énormément en dynamisme et en vélocité. Alors d’accord, l’Instinct Powerplay SL est loin d’être le premier à afficher ce genre de particularité et il n’est pas non plus le plus léger de la bande des poids plumes, mais pour un Rocky, c’est une première et ça change pas mal de choses !
À commencer par une grande capacité à pouvoir placer facilement le bike où l’on veut, sans trop faire d’efforts, ni avoir besoin d’amplifier le geste technique outre mesure. Et ça, c’est bien agréable. Donc, associé à une motorisation très efficace et tout de même bien généreuse pour du “light”, on est en mesure d’aller chercher de bonnes grosses montées techniques en s’attaquant aussi à des franchissements relativement conséquents. Bref, il y a de quoi faire…
Il faudra juste se faire au pédalier un peu trop bas (335 mm) en position ouverte du Ride 4, mais personnellement, vu que c’est comme ça que j’ai préféré le comportement de la suspension arrière, je m’y suis tenu en me concentrant un maximum sur le pédalage pour ne pas toucher trop souvent par terre… On y arrive à peu près, même si l’on n’est pas vraiment aidé par les manivelles en 165 (à quand des 160 chez Race Face ?) et par l’absence d’un léger prolongement de l’assistance lorsque l’on arrête de pédaler… J’aurais espéré que l’option soit présente sur le maping de ce nouveau moteur, mais apparemment, il faudra encore attendre un peu.
Enfin, en descente, bien que l’on soit sur un all mountain très polyvalent avec seulement 150 mm de débattement à l’avant et 145 à l’arrière, on éprouve plus ou moins les mêmes sensations au guidon qu’avec l’Instinct full power. L’agilité et la légèreté en sus, évidemment. C’est ce qui fait finalement la grosse différence et pourra certainement en convaincre un certain nombre qu’il est plus sympa d’en avoir un peu moins sous la pédale en assistance, que de rouler avec un bike moins amusant à piloter dans la pente négative…
Il suffit d’ailleurs de mater la vidéo de présentation qui met en scène l’ambassadeur Rocky Alex Volokhov sur ses lignes de Nelson en Colombie Britannique (lien ci-dessous), pour se convaincre du potentiel de l’Instinct SL en descente ! Et en ce qui me concerne, bien que je sois très loin de rouler engagé comme ça, j’ai malgré tout bien apprécié le côté vif, maniable et joueur de ce nouveau VTTAE.
De plus, en position la plus ouverte du Ride 4 et de la cuvette de direction, je l’ai trouvé sacrément stable pour un “petit” vélo. Il y a de quoi dévaler les pentes sans trop se poser de questions, d’autant plus que le freinage confié à des Sram Code Stealth équipé de disques HS2 de 200 en 2 mm d’épaisseur n’est jamais pris en défaut… Surtout, encore une fois, sur un bike qui pèse moins de 20 kg.
Conclusion
Après ce galop d’essai humide et brumeux au-dessus du Rayol-Canadel et quelques tours sur dans des conditions plus sèches, je dois dire que j’ai été séduit par le potentiel du SL.
Par sa grande polyvalence pour un VTT à assistance légère, qui réussit à combiner des performances très intéressantes quand ça descend, sans pour autant sacrifier les aptitudes en montée. À ce titre, j’avoue avoir été assez emballé par les capacités du petit moteur Dyname 4 Lite, qui en donne carrément plus que ce que j’avais imaginé au départ.
Bien sûr, il faudra rouler davantage pour affiner l’analyse et éventuellement trouver d’autres qualités (ou d’autres défauts !) à ce Rocky, mais pour l’instant, disons que la prise en main a été concluante… Restez branché.