Le Merida E One Sixty avec ses 160mm de débattement semble avoir de bonnes dispositions pour rouler en terrain engagé. Nadine a pu tester le modèle haut de gamme E One Sixty 900e durant plusieurs semaines à la rentrée 2018, lors de ses périples en montagne mais aussi en compétition, comme à la Coupe de France d’Enduro VTTAE de Loudenveille dans les Pyrénées. En 2019, le vélo évolue peu, seules de nouvelles couleurs font leur apparition. Découvrons donc ce que vaut cette monture sur le terrain…
Temps de lecture estimé : 10 minutes
Au sommaire de cet article :
Les premières impressions
[toggler title=”Quel confort en descente !” ]
[dropcap size=big]P[/dropcap]our inaugurer le Merida, ma première sortie a été directement une belle randonnée en montagne, avec un terrain rocheux, accidenté et technique.
Après avoir dévalé quelques pentes, j’ai été de suite (agréablement !) surprise par le comportement et surtout par le confort de l’E One Sixty 900e en terrains cassants.
[/toggler]
[toggler title=”Mais monte un peu moins bien…” ]
Lors de la même sortie, j’ai démarré directement par de bonnes montées. A début, le sentier était bien progressif et peu technique, les virages se sont bien enchaînés en mode Trail. Par contre, quand les vraies difficultés sont arrivées, que la pente s’est redressée, j’ai eu l’impression que le E One Sixty manquait un peu d’accroche. Je perdais facilement l’équilibre et j’avais du mal à adapter l’assistance en fonction du terrain. Mais pas de conclusion hâtive pour autant, le terrain était exigeant, je devais encore affiner mes réglages et m’intéresser de plus près au moteur Shimano steps E8000 avec lequel à l’époque je faisais connaissance.
[/toggler]
Et après quelques temps…
Afin d’optimiser mes premières sensations sur le E One Sixty 900E, j’ai essayé de faire quelques modifications “mineures”.
Tout d’abord, j’ai abaissé ma potence et ma hauteur de tige de selle pour avoir une position plus sur l’avant et plus basse, afin de gagner en équilibre lors des pédalages délicats.
Ensuite, j’ai changé la cassette XT d’origine par une cassette avec un meilleur étagement (Sunrace 11-46) et j’ai personnalisé les réglages des différents modes d’assistance sur l’application Shimano.
Le comportement du E One Sixty One 900e s’est alors amélioré, j’étais mieux équilibré et avec une fréquence de pédalage plus régulière, plus efficace. Sur le terrain, j’ai pu alors franchir plus facilement les difficultés de mon niveau, sans pour autant monter aux arbres non plus.
Les principales qualités
[toggler title=”Un équipement haut de gamme” ]
[/toggler]
[toggler title=”Taillé pour l’Enduro” ]
Avec son angle de direction “prononcé” (66,5°) et ses bases arrières courtes, l’E One Sixty 900e est taillé pour l’Enduro et les sorties engagées. Il est joueur, maniable et tourne très facilement. Cette qualité est vraiment appréciable avec un VTTAE que l’on emmène en terrain montagneux, on n’a pas l’impression de piloter un gros bike.
Lorsque les sentiers sont recouverts de pierres, que les marches s’enchaînent, que l’on arrive dans un passage où on pense que l’on va se faire bousculer, le E One Sixty 900e gomme presque tout et le pilotage est fort agréable.
Mais au fait, d’où vient cette impression de bonne sensibilité de la roue arrière ?! Vue d’esprit ou réalité ? Si on se penche un peu sur la géométrie, certains éléments peuvent étayer cette sensation ! C’est la minute technique…
La roue arrière étant fixée aux bases qui pivotent directement autour du point de pivot du triangle avant, le centre de gravité du pilote et le poids qui va avec, se situent naturellement au dessus de ce fameux point de pivot. La suspension a donc tendance à facilement s’activer et le vélo à facilement se plier.
De plus, l’angle que forme la biellette avec l’amortisseur est caractéristique d’une forte progressivité d’où certainement une facilité de déclenchement et de durcissement seulement en fin de course.
Les deux cumulés participent à créer un ressenti d’une très bonne sensibilité de la suspension. Jouxté à cette conception, l’amortisseur Fox Factory Float X2 qui déclenche également naturellement bien, on a l’impression d’être dans un canapé !
Par contre, il faut prendre le temps de bien régler les basses/hautes vitesses de compression pour que le vélo garde une bonne assiette et ne s’enfonce pas dans tous les trous.
[/toggler]
[toggler title=”Personnalisation de l’assistance au pédalage” ]
Tout le monde n’a pas la puissance musculaire et la même façon de pédaler. Certains passent tout en force et d’autres, comme moi préfèrent mouliner.
Avec le moteur Shimano Steps E8000, il est important de prendre le temps de tester le réglage des modes Trail et Boost par l’intermédiaire de l’application. Quand, j’ai récupéré le vélo, ces deux modes étaient au max. Du coup, je roulais principalement en mode Trail et quand j’avais besoin d’encore plus de watts dans les portions très raides, je passais en mode Boost, mais là je me faisais embarquée et je n’allais pas très loin.
Après quelques tests, j’ai préféré avoir mon mode Trail programmé en medium et mon mode Boost au minimum. Je pouvais du coup monter presque partout en Trail et passer plus facilement en mode Boost tout en contrôlant l’assistance.
Pour moi, en rando, pas la peine d’avoir plus car de toute façon, sur le profil de terrain montagneux sur lequel je roule et mon niveau technique, ce n’était pas nécessaire car je ne prends jamais trop de risque. Ce réglage est bien sûr purement personnel et ne vous correspondra pas forcément, mais cela permet d’expliquer que finalement jouer avec les niveaux des modes sur le moteur Shimano, c’est une vraie façon de personnaliser son VTTAE.
D’ailleurs, j’ai tout remis au max lors des compétitions car je n’exploite pas le bike de la même manière… 😉
[/toggler]
[toggler title=”Un mode d’assistance à la marche efficace !” ]
Certes ce n’est pas spécifique au E One Sixty 900e mais l’assistance à la marche avec un moteur Shimano couplé à un dérailleur électrique XT d’origine est juste formidable !
L’actionnement est facile. Il faut juste appuyer deux fois d’affilée sur la longue manette du shifter gauche (un coup long, 1 coup rapide), le mode marche s’actionne, la console émet un bip sonore d’accompagnement comme témoin et c’est parti ! Après quelques temps, on a même plus besoin de regarder ce que l’on fait. L’ergonomie de la manette permet de ne pas chercher avec ses doigts et le bip sonore nous indique de suite que tout est bon.
Mais surtout, avec un dérailleur électrique, le moteur Shimano ne prend pas en compte la taille du pignon sur lequel la chaîne se trouve. Il cale une vitesse d’assistance à 3km/h efficace quelque soit le relief. C’est une vraie assistance à la marche qui prend tout son sens si vous partez à l’aventure en montagne !
[/toggler]
[toggler title=”Presque léger pour un VAE” ]
Le E One Sixty 900e approche les 22,5kg, ce qui est très honorable pour un VAE typé Enduro. Il est donc assez joueur et agréable à manier même pour les petits gabarits comme moi.
[/toggler]
Les principaux défauts
[toggler title=”Manque de stabilité dans le raide” ]
La fourche d’origine, compatible 27+/29 pouces, alors que le Merida est chaussé en 27,5 2.8, donne de l’angle au vélo, ce qui est une bonne option pour les enduristes en descente. Mais couplée à des bases courtes, le pilote sur le E One Sixty 900e doit vraiment jouer avec le poids de son corps pour garder l’équilibre et grimper en terrains accidentés.
[/toggler]
[toggler title=”Petit défaut de cassette” ]

D’origine, le E One sixty 900e est équipé avec un groupe XT 11 vitesses électrique avec une cassette 11-46. Le tout électrique 11v apporte un confort très appréciable pour les changements de vitesses certes, mais la cassette XT (avec un passage entre les deux derniers pignons de 37 à 46) n’est pas performante.
Dans certains passages, on a besoin d’un meilleur étagement pour pouvoir avoir une fréquence de pédalage adaptée et bien progressive lors des changements des pignons.
[/toggler]
[toggler title=”Shifter droit du groupe électrique” ]
Le shifter droit du changement de vitesse comporte toujours deux leviers (un petit, un grand) mais la position et la taille sont inversées par rapport à tous les modèles classiques. C’est à dire que la petite manette, située devant, sert à monter les vitesses et la grande derrière à les descendre. Il est possible de modifier le rôle des leviers sur l’application mais cela ne reste pas très logique car elles sont toujours décalées. Conclusion, on se trompe ! On est quand même “formaté” depuis des années à une certaine logique de shifter (Shimano ou SRAM mécanique) et cette variante n’est pas évidente et instinctive.
En randonnée, on a le temps d’y faire attention et après quelques sorties ce n’est plus un problème. Par contre, en compétition, il m’est arrivé de me tromper encore, dans la précipitation, et ce même après des semaines de roulage.
[/toggler]
[toggler title=”Un léger manque de garde au sol” ]
Rien de significatif mais la garde au sol est juste un peu basse. Peut-être est-ce dû à la suspension qui déclenche facilement, et au boitier qui descend naturellement à l’usage. C’est loin d’être catastrophique mais quelques millimètres supplémentaires ou des manivelles plus courtes seraient les bienvenus pour éviter de taper les manivelles.
[/toggler]
[toggler title=”Absence d’une protection du moteur” ]
Le moteur est fixé sous le cadre et il n’y a pas de protection externe. Ce dernier est directement exposé aux impacts ou aux pierres.
Le moteur en lui même ne craint pas réellement les impacts à mon avis, mais esthétiquement, on peut l’abîmer facilement…
[/toggler]
[toggler title=”Un axe arrière pas pratique” ]
C’est accessoire mais l’axe de la roue arrière possède un levier qui dépasse vraiment du cadre. Il est exposé lui aussi aux impacts quand les trajectoires sont étroites. De plus, pour enlever la roue arrière, il faut d’abord dévisser cet axe avec une clef Allen à droite puis on peut utiliser le levier à gauche. Mais il m’est aussi arrivé de frotter ce levier contre le cadre en allant vite. Aïe !
[/toggler]
Les points positifs (mais aussi un peu négatifs)
[toggler title=”Pas vraiment d’intégration” ]
Qualité ou défaut, c’est une question que je me pose encore. Le look est forcément moins harmonieux et moins “dans l’air du temps”. Les adeptes de l’intégration et ceux qui roulent avec une seule batterie trouveront que c’est peut être un point négatif. Par contre, tout est accessible, pratique et compact. C’est pourquoi, ceux qui partent avec une 2ème batterie dans le sac apprécieront le changement rapide et facile de la batterie. En plus, celle-ci est compacte et se glisse aisément dans un sac sans prendre trop de volume. Pour moi, c’est un format idéal !
Et bonne nouvelle, en 2019 le E One Sixty 900e sort en full black, ce qui améliore nettement le design créant un effet de pseudo intégration qui pourrait satisfaire tout le monde : https://www.merida-bikes.fr/19-e-one-sixty-900e
[/toggler]
[toggler title=”Un bon shifter en bas et à gauche pour le moteur” ]
Avec ce shifter pour gérer les modes d’assistance, pas de problème de manipulation, au contraire c’est vraiment bien adapté. On sent bien ce que l’on fait, pas d’hésitation ou manque de sensation. De plus, l’accès au mode marche est très aisé . Toutefois, il est difficile de placer la manette de la tige de selle Rock Shox Reverb d’origine. La seule solution est de la fixer au dessus du cintre calée aux corps imposant des freins Shimano XT. De ce fait, elle a une position un peu trop relevée pour être accessible facilement. Cette position l’expose également aux impacts en cas de chute. Donc le bénéfice d’un shifter pour les modes crée un inconvénient pour la tige de selle. Dommage qu’il manque de compatibilité entre tous ces équipements.
[/toggler]
Qu’en penser ?
Le E One Sixty 900e rentre bien dans la catégorie des bons VTTAE, avec un débattement et un équipement typé Enduro. J’ai réellement apprécié son comportement général, sa fiabilité, ses qualités. Je n’hésiterai pas à partir en trip montagne pour de nouvelle s aventures avec cet ebike.
Sa conception et son poids le rendent réactif et très agréable. On peut se lancer dans des descentes engagées, l’E One Sixty 900e encaisse le relief tout en ayant un pilotage aisé. En montée, ce n’est pas le plus facile à piloter mais la plupart des montées seront franchies.
Et puis, quand ça ne passe plus en selle, l’assistance à la marche est juste fabuleuse !
On est donc pas prêt de s’arrêter d’avancer avec le Merida E One Sixty 900e.
Pour en savoir plus sur le vélo > https://www.merida-bikes.fr/18-e-one-sixty-900e