Essai du Rotwild R.E375 Pro

Un mélange des styles réussi

Même s’ils ne sont pas encore légion, les VTTAE à grands débattements de moins de 20 kilos commencent néanmoins à apparaitre au catalogue de certaines marques. C’est le cas de Rotwild, qui, avec son RE.375 propose une alternative intéressante sur le créneau de l’enduro VTT à assistance électrique. Poids plume, batterie mini et moteur Shimano EP8 “full power”… 375 Wh x 85 Nm ÷ 19,7 kg… Quel résultat peut bien donner cette règle de trois étonnante sur le terrain ? Réponses !

Par Chris Caprin

Rotwild R.E375

  • Usage all mountain/enduro/randonnée sportive
  • Roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière
  • Débattement 170 mm AV/160 mm AR
  • Cadre en carbone High Modulus
  • Reach 485 mm et Stack 636 mm en taille L, offset (déport de fourche) 44 mm
  • Motorisation Shimano EP8 250 watts, 85 Nm
  • Batterie IPU375 QR Carbon de 375 Wh 
  • Console et commande : Shimano EP8 et EM800
  • Modes d’assistance : 3 (Eco, Trail, Boost) + assistance à la marche
  • Système pour réglages moteur personnalisés et connectivités : oui, avec l’application Shimano E-Tube téléchargeable sur smartphone
  • Pneus Schwalbe Magic Mary Super Trail (AV) et Hans Dampf (AR) 29×2.40
  • tailles (M, L, XL)
  • Deux modèles Core et Pro : à 7 499 et 9 499 €
  • Prix du modèle testé : 9 499 €
  • Poids vérifié : 19,77 kg (sans pédales, en taille L)
  • Lien : www.rotwild.com

Il y a maintenant presque un an, lors de l’essai du Rotwild R.X375, j’écrivais : « La marque allemande sera donc la première à proposer le VTTAE du futur… et Shimano, le premier à l’équiper d’un moteur paramétrable en fonction de la pratique de son utilisateur et des besoins de chaque pilote. Le résultat est assez bluffant, la finition superbe et avec 150 mm de débattement, plus une géométrie quasiment parfaite pour un all mountain, sur le papier, on n’est pas loin du sans-faute. »L’ensemble étant relativement proche du petit frère, il va sans dire que j’attendais beaucoup du modèle enduro disposant de davantage de débattement.

Avec son cadre carbone, sa mini batterie de 375 Wh et des composants plus ou moins adaptés à une pratique enduro, le poids du modèle R.E375 Pro à 9 499 euros passe sous la barre des 20 kilos (19,77 kg). Rotwild a donc réussi son coup en proposant un VTTAE typé enduro en 170/160 de débattement à moins de 20 kg… Et qui plus est, équipé d’une motorisation à 85 Nm ! On peut donc saluer la performance.

Bien sûr, pour cela et comme la plupart des marques ont l’habitude de faire, c’est au détriment de certains accessoires – et en premier lieu, des pneus ! En effet, le Schwalbe Hans Dampf, fragile et à gomme dure, n’a rien à faire sur un tel vélo… De même, on peut éventuellement regretter le choix d’une Fox 36 au lieu d’une 38. En 170 mm de débattement, ce n’est jamais une mauvaise idée de proposer un modèle au diamètre supérieur. Mais sinon, globalement, pour le reste, ça se tient.

Concernant la géométrie, on n’est pas mal non plus, même si l’on sent bien que l’on est plutôt en présence d’un all mountain R.X375 bodybuildé que d’un véritable enduro. On est donc davantage sur un VTTAE polyvalent, au caractère montagnard, qui, avec son bel angle de fourche de 63,5°, son tube de selle à 77°, ses bases de 445 mm et son empattement de 1 284 mm (en taille L), semble pouvoir s’en sortir presque aussi bien en montée qu’en descente. 

Au niveau du look, comme d’habitude, Rotwild s’est appliqué, avec une déco sobre, une finition soignée et un cadre au design très réussi. Côté pratique, même le démontage de la batterie avec corps en carbone est on ne peut plus facile. D’une simple pression sur le gros bouton doré, elle se dégage immédiatement et se révèle particulièrement légère (1,95 kg) une fois dans la main. En revanche, si vous décidez d’en acheter une en plus pour doubler l’autonomie en la transportant dans votre sac à dos, il vous en coûtera quand même la somme rondelette de 749 euros… C’est malheureusement le prix à payer pour atteindre les 750 Wh qui vous permettront d’élargir considérablement votre champ d’action !

Composants

Pour un modèle à 9 499 euros, les accessoires du R.E375 Pro sont dans la bonne moyenne. Mais bon, sur un cadre tout en carbone de 2,5 kg, c’était quand même la moindre des choses. Par conséquent, avec une transmission Shimano XT Shadow + 12 vitesses, une tige de selle télescopique EightPins au débattement réglable, des freins Shimano XT 4 pistons avec disques de 203 mm et un ensemble console/commande E8000, il n’y a pas grand-chose à jeter ! Surtout si l’on rajoute à cela les suspensions Fox Factory (on y reviendra en détail juste après), les roues DT Swiss H1900 Spline, la selle Ergon SM Sport et l’ensemble plateau/manivelles e-Thirteen.

De même, du côté des composants siglés Rotwild, avec la potence d’inspiration Renthal et le cintre équipé d’un passage du faisceau électrique en interne, on ne peut que saluer la qualité et la finition des produits.

Enfin, je le répète, même s’il offre un poids réduit et un rendement supérieur, le pneu Schwalbe Hans Dampf à l’arrière n’est vraiment pas adapté à la pratique de l’enduro – surtout sur terrain cassant… Heureusement, à l’avant, le Magic Mary Addix orange s’en sort mieux.

Suspensions

En choisissant de monter une fourche Fox 36 Factory en 170 mm de débattement, Rotwild a clairement joué la carte du gain de poids, en tenant un peu moins compte des contraintes supplémentaires liées à l’assistance électrique. Mais ceci n’est finalement pas un problème, car vu le poids du vélo, avec sa cartouche e-MTB Fit4 extrêmement efficace et son excellente rigidité, la nouvelle Fox 36 Factory fait parfaitement le job.

De plus, elle s’accorde vraiment bien avec le système de suspension arrière monté avec un Float DPX2 (Factory également) dont la réputation n’est plus à faire… Comme souvent, sur l’amortisseur, je privilégie un Sag un peu plus important que la moyenne conseillée (30 % d’enfoncement minimum avec le pilote équipé sur le vélo). En revanche, en montée, cela implique de le mettre régulièrement en position figée, au milieu, entre ouvert et bloqué. C’est ainsi, avec davantage de maintien à l’arrière et une fourche la plus libre possible, que l’on gravit le mieux les pentes techniques et que l’on franchit le plus facilement les obstacles.

Dans le détail, pour la fourche, ça donne : trois tokens dans le plongeur gauche, 80 psi de pression d’air, – 18 clics (sur 20) en compressions basses vitesses, la compression hautes vitesses ouverte à fond et – 16 clics (sur 18) en rebond (tout cela en partant toujours de la position fermée au maximum).

Enfin, du côté de l’amortisseur, les réglages étant moins nombreux (mais suffisants), j’ai mis 165 psi de pression et réglé le rebond de – 9  clics (sur 14) en partant du plus fermé…

Moteur et batterie

Le nouveau moteur Shimano EP8 possède un rapport poids/puissance qui le situe parmi les meilleurs du marché et contribue à le rendre un peu moins énergivore. En effet, la réduction des frictions donne davantage d’autonomie à la batterie quand l’assistance est enclenchée, et un pédalage plus fluide, sans résistance, quand le moteur est coupé ou se débraye au-dessus des 25 km/h. 

La nouvelle motorisation EP8 est également plus silencieuse, alors qu’un assemblage d’engrenages plus précis et un faisceau de câbles mieux agencé participent plus efficacement au refroidissement du moteur en cas de fortes chaleurs ou quand l’assistance est sollicitée au maximum.

Quant à la batterie intégrée de 375 Wh couplée à l’EP8, nous verrons à l’usage quelle autonomie elle nous réserve et si le gain de poids supplémentaire par rapport à la 630 Wh que l’on trouve le plus souvent avec la nouvelle motorisation Shimano, permet d’en avoir suffisamment pour effectuer au moins deux heures de ride et 1 000 m de dénivelé positif…

Connectivité

Parallèlement à l’application E-Tube Project (voir plus bas dans le chapitre “Comportement moteur”), une nouvelle mise à jour de l’E-Tube Ride permet aux vététistes de garder un œil sur leurs informations via l’écran de leur smartphone. Celui-ci affiche diverses options, comme le nombre de kilomètres parcourus sur les différents modes Eco, Trail ou Boost, ainsi que de nouvelles fonctionnalités, comme l’historique des sorties ou des cartes interactives. Tout cela dans des interfaces plus ergonomiques et plus agréables à utiliser.

Les deux applications sont téléchargeables sur iPhone et Android et sont entièrement compatibles avec le système Shimano EP8.

Sur le terrain

Prise en main

Avec le Rotwild R.X375, j’avais le souvenir d’un VTTAE facile à prendre en main, vif et plutôt bon pédaleur – y compris moteur coupé. Sur le R.E, on sent bien que le vélo est légèrement plus collé, un poil plus encombrant et un peu moins facile à emmener, mais ce qui est certain, c’est que, pour un e-Bike, ça roule déjà très bien avec l’assistance sur Off. Comme son petit frère le R.X, il se met facilement sur la roue arrière, s’élance assez rapidement et maintient correctement sa vitesse une fois passés les 25 km/h et que le moteur s’arrête…

J’ai donc vite compris que ce modèle était bien né et que s’il avait gagné en angle de fourche et en débattement, il n’avait rien perdu des qualités qui m’avaient séduit l’an dernier sur le R.X… En clair, la base reste dans le même esprit, le caractère joueur et les performances au pédalage relativement proches.

Après les réglages habituels qui permettent d’obtenir un comportement sain sans pour autant se prendre la tête et pinailler, c’est donc rassuré que je me suis élancé à l’assaut de mes sentiers favoris au guidon de ce 375 version enduro light.

Comportement du moteur

Depuis maintenant un an à rouler et tester des VTT à assistance électrique équipés du nouveau moteur EP8, je commence à bien le connaître. Mais je vais tout de même continuer encore un certain temps à vous expliquer ce qui a changé et comment en tirer le meilleur en tout-terrain sportif.

Shimano a donc repensé le fonctionnement et la personnalisation de ses trois modes d’assistance. Ainsi, le plus puissant, à savoir le Boost, peut désormais délivrer un couple maximal de 85 Nm sans que le pilote n’ait vraiment besoin de forcer outre mesure. 

Le mode Trail, lui, peut aussi atteindre les 85 Nm, mais il est bien plus réactif en fonction de la force exercée sur les pédales. Il est ainsi possible d’économiser l’autonomie de la batterie avec un couple faible, ou au contraire de disposer d’une puissance maximale et d’un couple de 85 Nm dès lors que le pilote délivre 60 Nm. Soit nettement plus tôt que sur la précédente version. Et c’est cet algorithme de ratio d’assistance intelligent qui rend le mode Trail bien plus polyvalent. Qui fait aussi que l’on peut se passer de changer de mode d’assistance sur une grande majorité de parcours.

Dans l’esprit, on se rapproche donc pas mal du mode e-MTB de Bosch, avec cependant une assistance un peu plus présente quand le dénivelé positif n’est pas très important. Ce qui, dans les passages techniques et les franchissements, s’avère bien utile. Il suffit juste de se pencher sur les réglages, de bien paramétrer son assistance (comme expliqué plus loin) et… ça marche ! Quant au mode Eco, sa plage d’utilisation est un peu plus large et il peut servir en phase d’échauffement, lors d’un entraînement pour les pilotes les plus sportifs, ou simplement à l’occasion d’une sortie qui mêle VTTAE et VTT sans assistance. Sur ce mode, grâce à son poids de 19,77 kg, le Rotwild R.E375 Pro s’en sort particulièrement bien. Cela permet vraiment d’utiliser l’Eco très souvent sans se traîner pour autant et, ainsi, d’économiser la batterie en consommant moins d’énergie.

Comment ça se règle ?

Via l’application E-Tube Project (version 4.0), tous les modes et les paramètres sont entièrement personnalisables, aussi bien chez vous que pendant votre balade à l’aide de votre smartphone. Cela permet à l’utilisateur d’adapter le système à son niveau, comme aux terrains sur lesquels il évolue. Ainsi, les modes Eco, Trail et Boost peuvent être personnalisés chacun sur 10 niveaux différents, alors que le couple moteur peut être réglé au choix entre 20 et 85 Nm.

Il existe également 5 paramétrages possibles du mode de démarrage de l’assistance qui peuvent tous être enregistrés sous différents profils d’utilisateurs et pour différents types de sorties, comme par exemple une simple balade ou, au contraire, une séance engagée sur terrain très accidenté. Toutes ces informations peuvent être sauvegardées comme préférences personnelles du pilote, avec un profil “Eco” qui permet d’économiser davantage la batterie et un autre “Sport” plus adapté aux terrains techniques et pentus. L’utilisateur peut ainsi basculer facilement d’un profil à l’autre via l’écran de contrôle. Ci-dessous, voilà les différents réglages de paramètres que je préconise sur le Rotwild R.E375 Pro pour une pratique sportive (Profil 1) ou randonnée un peu moins énergivore (Profil 2).

Profil 1 (Sport) :

Puissance : Eco Niveau 7, Trail Niveau 8, Boost Niveau 10

Couple : Eco 63 Nm, Trail 78 Nm, Boost 85 Nm

Force au démarrage : Eco, Trail et Boost 5 sur 5

Profil 2 (Eco) : 

Puissance : Eco Niveau 3, Trail Niveau 4, Boost Niveau 6

Couple : Eco 42 Nm, Trail 49 Nm, Boost 63 Nm

Force au démarrage : Eco 3 sur 5, Trail 4 sur 5, Boost 5 sur 5

Autonomie

Avec un vélo d’enduro en dessous des 20 kg et un pilote pas trop lourd non plus (69 kilos pour 1,80 m), on gagne forcément des watts en autonomie. Mais avec une batterie de 375 Wh seulement, la première question que l’on se pose, c’est de savoir combien de temps on va bien pouvoir faire du vélo avant de tomber en panne “sèche” !

Eh bien j’avoue qu’à ce niveau-là, j’ai de nouveau été bluffé. En effet, après avoir roulé de nombreuses fois sur des parcours de moins de deux heures, j’ai décidé de partir pour une sortie plus longue en allant vraiment au bout de la batterie.

C’est ainsi que j’ai pu mesurer l’autonomie assez intéressante du R.E375 et ses capacités à vous emmener relativement loin – y compris sur le profil le plus sportif réglé à 85 Nm. Et en effectuant cette balade à 15 % sur Off, 50 % en mode Eco et 35 % en Trail sur les montées les plus techniques, j’ai roulé 2h35 (sans m’arrêter), monté 1 025 m de dénivelé positif et parcouru 39 kilomètres. De quoi se passer d’une plus grosse batterie la majeure partie du temps

D’autant plus que l’on imagine tout de suite la facilité d’en placer une autre à l’intérieur d’un sac à dos, ou même de la laisser à disposition sur un point de ravitaillement du parcours… Ainsi, c’est quasiment 80 km de chemins et plus de 2 000 m de dénivelé positif qui s’offrent à l’amateur de raids longue distance. Précisons tout de même que l’achat d’une seconde batterie augmente le tarif de plus de 700 euros.

À la montée

Par rapport au R.X375, pour un modèle d’enduro, le R.E possède un dynamisme plutôt intéressant et une capacité de franchissement bien au-dessus de la moyenne. Facile à mettre en wheeling dès que l’on a besoin de survoler un obstacle ou de monter une marche, il possède en plus une belle capacité à rester dans la trajectoire, ainsi qu’une stabilité à toute épreuve. De plus, il ne cabre jamais quand on ne le souhaite pas…

On sait bien que les roues de 29 pouces aident ce genre de comportement, mais là, en plus, avec un angle de fourche plus agressif et un empattement plus important que le R.X, on se sent encore plus en confiance dans les montées cassantes au pourcentage important. Lorsque l’on aborde les passages techniques les plus délicats, la sensation de stabilité et la qualité de la motricité permettent au pilote de prendre davantage confiance en lui et de se sortir des pires pièges. Bien sûr, il est impératif de changer le pneu arrière (j’ai monté un Schwalbe Eddy Current Soft en 2.60), mais une fois que c’est fait, quel plaisir de grimper !

Et puis il faut dire aussi que l’excellent fonctionnement du moteur en mode Trail n’est pas le dernier à vous donner des ailes. Avec l’impression qu’il suffit d’appuyer à chaque fois un peu plus sur les pédales pour en avoir encore… Tout en sachant que si la montée dure vraiment longtemps et que le physique commence à ne plus suivre, un passage en mode Boost et davantage de vélocité dans le pédalage offrent la plupart du temps la possibilité de s’en sortir.

En tout cas, il est évident que si la motorisation EP8 avec ses nombreuses possibilités de réglages s’adapte facilement à la majorité des différents types de VTTAE qui existent aujourd’hui, j’ai cependant constaté que celle-ci s’accommode particulièrement bien d’une partie-cycle légère et, surtout, d’une batterie moins volumineuse… Car globalement, l’EP8 n’est pas un moteur très énergivore et avec les innombrables paramètres que l’on peut choisir, si l’on pèse en-dessous de 70 kilos, avec une batterie entre 375 et 500 Wh d’autonomie, cela permet sans problème d’aller se faire de belles sorties entre 2 h et 2h30 et entre 900 et 1 200 m de dénivelé positif. Je l’avais constaté sur le R.X375 ou sur le Santa Cruz Heckler et, toutes proportions gardées, c’est également à peu près ce qu’il est possible de faire avec le R.E.

Et puis c’est sûr que quand on voit comment le Shimano EP8 emmène allègrement des vélos d’enduro entre 24 et 25 kilos comme le Yeti 160 E ou le Norco Sight VLT, on se doute bien qu’avec un modèle à moins de 20 kg, il y a largement ce qu’il faut ! De quoi, en tout cas, s’attaquer à des montées très raides et difficiles techniquement en ayant de meilleures chances d’arriver au sommet sans avoir mis pied à terre.

En descente

Si le Rotwild R.E375 ne m’a vraiment pas déçu en montée par rapport au R.X – pourtant plus all mountain et donc, forcément, un peu plus nerveux et dynamique – j’avoue que là où j’attendais vraiment beaucoup ce modèle enduro light, c’est bien évidemment dans le domaine de la descente… Et sans retrouver tout à fait (et c’est normal !) le comportement très vif et vraiment joueur du R.X, j’ai pu constater rapidement que l’ADN restait le même, à savoir une base qui fait la part belle au dynamisme et à la sensation de légèreté.

Même si, au départ, le cintre en 760 mm m’a paru un peu étroit pour le programme du vélo, une fois habitué, j’ai finalement apprécié le fait de pouvoir me faufiler dans les sentiers étroits et sinueux sans avoir trop besoin de calculer mes passages entre les arbres… Et comme la stabilité et l’accroche sur l’angle sont au rendez-vous, à partir du moment où les repères sont pris, ce n’est finalement pas gênant d’avoir entre 10 et 20 mm de moins à chaque extrémité.

De plus, on est extrêmement bien positionné sur le vélo et avec une répartition des masses quasi idéale et un centre de gravité assez bas, on dispose d’un VTTAE à la fois assez maniable (même en taille L) et particulièrement stable et précis dans le maintien de la trajectoire (merci les roues de 29 pouces). A condition toutefois, je le répète, de changer le pneu arrière pour un modèle adapté… Sinon, avec le Hans Dampf d’origine, que ce soit dans la boue (il se charge immédiatement) ou sur les pierres et les racines mouillées (pas assez de crampons, gomme dure), c’est bienvenue au pays de la glisse !

Côté suspensions, même si sur un enduro en 170/160 de débattement, on aurait préféré trouver une fourche 38 et un amortisseur X2, finalement, l’ensemble est plutôt bien accordé. Ça permet en tout cas d’avoir un vélo pas trop lourd, pas trop collé au sol – plus nerveux, aussi – et finalement, ça correspond assez bien à ce que je recherche et au terrain sur lequel je roule.

Bien sûr, cette Fox 36 Factory E-Bike Fit4 n’a pas tout à fait la même précision, ni la même qualité d’accroche latérale qu’une 38 avec la cartouche Grip2 – tout simplement exceptionnelle pour une pratique enduro engagée… Mais honnêtement, sur les sentiers relativement techniques que j’affectionne, avec pas mal de pente, une vitesse pas forcément très élevée et de nombreux virages en épingles, c’est amplement suffisant pour se faire plaisir et attaquer sans trop de retenue.

C’est donc une évidence, le Rotwild R.E375 coche pour moi toutes les cases… De nouveau, je me suis drôlement fait plaisir sur cet engin hybride et réussi, à la fois amusant et forcément moins fatigant physiquement que les habituels “full power” à 25 kg. Un concept qui a de l’avenir !

Points forts / points faibles

Points forts

+ Finition

+ Sensation de légèreté

+ Motorisation parfaitement adaptée au vélo

+ Polyvalence

+ Vivacité

+ Tenue de piste

+ Capacités en montée

Points faibles

Pneu arrière inadapté sur un VTTAE d’enduro

Autonomie réduite

Géométrie moins convaincante que sur le R.X

Qu’en penser ?

Encore une fois, Rotwild m’a convaincu avec son concept différent et novateur. Et je peux confirmer que le R.E375, tout comme le R.X, sont deux VTTAE assez exceptionnels sur tous les types de parcours et aussi bien dans le dénivelé positif que négatif… Bref, je me suis régalé et si j’ai parfois dû rouler un peu à l’économie en favorisant les montées plus roulantes par rapport aux plus techniques – et donc plus énergivores –, ça ne m’a jamais empêché de me faire réellement plaisir et d’effectuer de belles balades d’à peu près deux heures…

C’est en tout cas un modèle qui correspond bien à ma pratique, à ce que j’attends de plus en plus d’un VTT à assistance électrique sportif. Léger, sécurisant, équipé d’un moteur puissant et aussi bon en montée qu’en descente. Son seul défaut ? Une autonomie réduite… Mais gageons que lorsque l’on disposera de plus de 500 Wh pour un volume et un poids aussi réduits –  ce qui, à mon avis, ne saurait tarder –, là, on ne sera pas loin du sans-faute ! En attendant, il faudra prévoir de temps en temps l’utilisation d’un accu de rechange.

Vis-à-vis de la concurrence ?

Sur le papier, c’est forcément un concurrent pour le Specialized Kenevo SL ou, éventuellement, l’Orbea Rise. Oui, mais à condition d’utiliser le profil éco du nouveau moteur Shimano EP8 réglé sur 60 Nm… Car autrement, en “full power”, au niveau des performances, le Rotwild R.E375 vient carrément se frotter aux meilleurs VTTAE du marché équipés d’une motorisation classique et d’une batterie entre 500 et 625 Wh. On parle là du Lapierre Overvolt GLP2 Team à 7 999 euros, du Moustache Samedi 29 Game 10 (7 999 euros ) ou du Santa Cruz Heckler MX (11 199 euros)… des VTTAE qui disposent cependant d’une autonomie supérieure. La marque allemande sait donc maintenant sur quel secteur elle doit bosser en priorité !

La gamme

Mis à part le modèle Pro de notre essai, on ne trouve qu’un seul autre R.E375 au catalogue Rotwild. Il s’agit du Core à 7 999 euros. Si ce modèle est équipé du même cadre tout en carbone et du même moteur Shimano EP8, en revanche, les composants sont forcément un peu moins haut de gamme.

Ainsi, les suspensions Fox ne sont plus du Factory Kashima, mais du Performance. Les freins sont des Magura MT5, la tige de selle une e-Thirteen et les roues des CrankBrothers Synthesis et non des DT Swiss… La transmission, elle, restant une Shimano XT Shadow +.

A noter aussi que, même si le poids du Core reste très raisonnable, il passe malgré tout légèrement au-dessus de la barre des 20 kilos.

Embarquez avec Chris au guidon du Rotwild R.E375 Pro !

  1. Bonjour,
    J’aime bien ces paysages vallonnés à perte de vue, c’est très reposant…pour la vue, mais sur les sentiers c’est une autre histoire.
    Le terrain est assez cassant, et d’après toi le vélo reste tolérant malgré qu’il me semble que le carbone high modulus soit très rigide.

    Je pose cette question car j’ai lu dans le magazine Big Bike que les VTTAE Rotwild était très exigeants si on n’a pas un top niveau.

    Visiblement ça ne te pose pas de problèmes, et tu as l’air de bien te régaler malgré la difficulté de tes sentiers.

    Je m’interroge !

    1. Salut !
      Non, honnêtement, même sur des sentiers cassants, ça passe bien… En revanche, ce qui est certain, c’est qu’avec un tel cadre, il faut des suspensions au top et bien réglées. Des pneus adaptés, aussi, et c’est pour ça qu’en l’occurrence, avec un Hans Dampf à l’arrière d’origine, ça ne marche pas ! Et puis bien sûr, si tu rajoutes en plus des jantes carbone, là, ça devient encore plus compliqué sur nos sentiers… Bon ride et A +

      1. Salut Chris tu peux nous donner le dénivelé positif ,le kilométrage et ton poids pour avoir un avis approximatif de la conso. merci,Frédéric

        1. Heu, désolé Fred, mais tout est dit dans la rubrique “Autonomie” de l’article… Il ne faut pas seulement regarder la vidéo, il faut lire l’essai, aussi ! 🙂 A +

  2. ola chris merci pour test toujours non exclusif mais realiste sur la machine testée
    par rapport a un glp2 avec équipement équivalent sur le model team qui au final se rapproche du concept de ebike relativement leger avec batterie amovible…sac a dos possible…
    ton avis?

    1. Salut !
      Pour une pratique sportive, j’aurais tendance à préférer le GLP2 avec son moteur Bosch et sa Powerpack de 500 Wh (y’a qu’à voir les résultats de ces vélos en E-EWS) ! Après, le Rotwild R.E avec une batterie supplémentaire dans le sac à dos est vraiment parfait pour une utilisation rando/sportive typée enduro… Voilà ! Bon ride et A +

  3. Si tu devais garder un seul vélo (RX 375 ou RE 375), pour faire du all mountain et de l’enduro de temps en temps, lequel choisirais-tu??
    Peut-on faire de l’enduro avec le RX 375?
    Merci beaucoup pour votre reportages!!

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *