Un pas vers le futur
A l’occasion de ce nouvel essai, nous vous proposons une double séquence découverte. En effet, pour 2022, Mondraker débarque avec une gamme Crafty complètement remodelée, équipée du nouveau Bosch Smart System et de sa batterie de 750 Wh. Comme c’est la première fois que nous avons l’occasion de tester un vélo qui utilise ce nouveau système, nous allons donc également nous pencher dessus en détail. Bienvenue pour une sorte d’essai deux-en-un !
Par Chris Caprin
Mondraker Crafty Carbon XR
- Usage Trail / All mountain
- Roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière
- Débattement 170 mm AV/150 mm AR
- Cadre en carbone Stealth Air, Zero Suspension
- Reach 460 mm et Stack 632 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
- Motorisation Bosch Performance Line CX Gen4 250 watts, 85 Nm
- Batterie Bosch Powertube intégrée de 750 Wh
- Console et commande : Bosch Kiox 300 et LED
- Modes d’assistance : 4 (Eco, Tour +, e-MTB et Turbo) + assistance à la marche
- Réglages : oui, avec l’application e-Bike Flow
- Pneus Maxxis Minion EXO + DHF 29×2.50 (AV) et DHR II 29×2.60 (AR)
- tailles (S, M, L, XL)
- 2 modèles enduro à 7 999 et 9 999 € et 5 modèles all mountain entre 6 499 et 12 999 €
- Prix du modèle testé : Carbon XR à 9 999 €
- Poids vérifié : 23,42 kg (sans pédales, en taille M)
- Lien : www.mondraker.com
Même si elle n’atteint pas encore le degré de notoriété d’un Specialized ou celui plus branché d’un Santa Cruz, Mondraker est une marque qui monte. Que ce soit dans le domaine de l’innovation comme dans celui de la compétition avec son team de descente, le constructeur espagnol montre depuis plusieurs années un dynamisme et un savoir-faire plus qu’évidents. Et cela est valable aussi sur le marché du VTTAE où les modèles avec assistance électrique reprennent bon nombre de caractéristiques techniques qui font l’attrait et le succès de la gamme musculaire.
Question tarif, avec ce modèle enduro polyvalent à 9 999 euros, on est vraiment en présence d’un VTTAE haut de gamme équipé d’un cadre tout en carbone du type Forward Geometry, de la suspension arrière Zero avec amortisseur monté flottant et de composants vraiment au top niveau… Le Crafty Carbon XR peut donc être considéré comme un concurrent direct de certains modèles sportifs des marques les plus en vogue autour de 10 000 euros. Car ne nous y trompons pas, avec la qualité de son châssis, sa finition exemplaire, sa motorisation Bosch Smart System, sa batterie de 750 Wh et ses accessoires à la pointe de la technologie (suspensions Öhlins en tête), sur le papier, ce Mondraker a tous les atouts pour aller taquiner les meilleurs VTTAE d’Enduro du marché.
Côté géométrie, on est sur du 29 pouces à l’avant comme à l’arrière, avec la Forward Geometry chère à la marque espagnole. Le reach est assez important (460 mm en taille M), avec une potence très courte de 30 mm pour un empattement de 1 255 mm, un angle de fourche plutôt ouvert de 64,5° et un tube de selle assez droit à 75°. Précurseur dans le domaine des géométries modernes pour le VTT, Mondraker est forcément dans la tendance que l’on retrouve sur la plupart des VTTAE All mountain et Enduro sportifs récents. A savoir de l’angle à l’avant pour une bonne stabilité en descente et une position de pédalage bien au-dessus du boîtier afin de ne pas trop cabrer dans les montées.
Autrement, comme sur les autres modèles Crafty en carbone, on trouve des bases de 455 mm, avec une hauteur de boîtier de pédalier de 355 mm et des manivelles de 165 mm de long…
Composants
Du côté des accessoires, pour fêter dignement ce passage sur la motorisation Bosch Smart System et sa nouvelle batterie de 750 Wh, avec ce Crafty XR Carbon, Mondraker a choisi de mettre les petits plats dans les grands en offrant un montage à la fois différent, prestigieux et de qualité. Outre les suspensions dont on reparlera plus bas, en premier lieu, on pense à la paire de roues Mavic E-Deemax S 30 en aluminium, solide, rigide et pas trop lourde, mais aussi aux freins Sram Code RSC et au dérailleur XO1 Eagle.
Dans un autre registre, les éléments OnOff (potence, cintre carbone Krypton, tige de selle télescopique, poignées caoutchouc de type lock-on), tout comme le pédalier e-Thirteen TRS avec manivelles en carbone et la selle Fizik Terra Aidon, viennent relever encore un peu plus la qualité de l’équipement de ce Crafty.
Pour les pneumatiques, Mondraker joue la carte du poids en choisissant des Maxxis Minion DHF (2.60) à l’avant et DHR II (2.60) à l’arrière, en EXO +. C’est un peu léger pour les terrains caillouteux du Sud de la France (surtout à l’arrière), mais sinon, rien à dire…
Suspensions
De ce côté, avec une fourche Öhlins RXF 38 M.2 en 170 mm de débattement, Mondraker a choisi de faire plutôt dans l’original et, surtout, dans le haut de gamme. En effet, non seulement le fonctionnement est irréprochable (largement au niveau d’une Fox 38 Factory), mais en plus, avec ses 2 320 g, elle reste très raisonnable au niveau du poids…
Pour la suspension arrière, le choix s’est logiquement porté sur un amortisseur Öhlins TTX Air 150, qui, une fois bien réglé, s’accorde parfaitement au caractère du vélo et au fonctionnement de la fourche.
Justement, au niveau des réglages, pour une pratique enduro dans le Sud-Est de la France et un pilote de 70 kilos, voici ce qui m’a donné entière satisfaction…
Notez qu’au départ, sur la fourche, il est important de bien ajuster les deux chambres d’air et de toujours commencer par la négative (valve en bas du fourreau droit), puis, la positive (valve sur le plongeur droit).
Fourche Öhlins RXF 38 M.2 170
• 2 tokens
• 190 psi (chambre négative) et 90 psi (chambre positive) pour un Sag entre 25 et 30 %
• Compression basses vitesses : – 12 du plus fermé (sur 16 clics)
• Compression hautes vitesses : ouvert à fond (sur 3 clics)
• Rebond hautes vitesses : – 14 du plus fermé (sur 16 clics)
Amortisseur Öhlins TTX Air 150
• 155 psi pour un Sag d’environ 30 %
• Compression basses vitesses : – 10 du plus fermé (sur 12 clics)
• Blocage : ouvert à fond
• Rebond : – 8 du plus fermé (sur 12 clics)
Le Mind…
Autre point positif en ce qui concerne le réglages des suspensions chez Mondraker : le système de télémétrie intégré Mind. Via Bluetooth et par l’intermédiaire de l’application myMondraker, celui-ci permet d’enregistrer le fonctionnement des suspensions grâce à des capteurs disposés à l’avant et à l’arrière.
Comment ça marche ? C’est très simple. Le capteur avant est fixé dans le pivot de fourche et se connecte à un aimant situé en haut du fourreau de fourche gauche. Il enregistre constamment le débattement de la fourche en mesurant sa position relative 100 fois par seconde et jusqu’à 5 000 fois lors du réglage du Sag. Ce capteur fait également figure d’unité centrale qui transmet toutes les données à l’application myMondraker sur votre smartphone. A l’arrière, le capteur Mind est positionné sur la biellette supérieure du système Zero, avec un aimant logé dans l’axe du pivot. Ensemble, ils enregistrent le rendement de la suspension arrière et l’envoient à l’unité centrale. Précisons qu’à l’intérieur de cette unité se loge un dispositif GPS intégré. Enfin, lors du réglage, ce sont les LED de couleurs du Mind (sur la fourche) qui indiquent s’il faut ajuster plus ou moins la pression d’air. Pour terminer le processus, une notification “configuration correcte” est envoyée sur l’appli. Pratique, non ? Surtout pour ceux qui n’ont pas une grande maîtrise dans le domaine (pourtant très important) du réglage des suspensions. Et tout cela pour 199 g supplémentaire seulement !
Moteur et batterie
L’application eBike Flow est désormais en connexion centralisée avec tous les composants du VTTAE. Ainsi, des fonctions nouvelles peuvent être téléchargées directement par des mises à jour disponibles sans avoir à passer par l’intermédiaire d’un revendeur comme c’était le cas jusqu’ici. Après l’achat, avec le nouveau logiciel intelligent de Bosch, votre vélo et surtout sa motorisation pourront évoluer constamment et s’enrichir ainsi de nouvelles fonctions et de nouveaux services numériques au fur et à mesure des progrès technologiques réalisés. Comme par exemple, en premier lieu, un traçage antivol. Puis, plus tard, un appel à l’aide en cas d’urgence… Sans parler de la recharge automatique sur borne, des avertissements concernant la circulation, de la prise de rendez-vous en ligne chez votre vélociste ou du freinage ABS (en tout-terrain, laisse tomber, ça ne concerne que l’urbain) !
De même, ce système intelligent permettra une personnalisation continue et régulière de votre VTTAE. Des fonctions telles que le réglage individuel des différents modes d’assistance dans la nouvelle application eBike Flow ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres…
Sachez également que les anciens composants n’ont pas été oubliés pour autant, puisque des mises à jour pour les consoles Nyon et pour le mode Tour + sont désormais effectives. Et dans un avenir proche, les anciens composants Bosch que nous connaissons (batteries, groupes propulseurs et certaines consoles) seront également compatibles avec le Smart System.
La commande LED Remote
Véritable centre de contrôle entièrement connecté, la commande LED Remote peut être utilisée facilement et intuitivement avec le pouce… A condition de s’y habituer et de bien savoir où l’on met les doigts quand même, hein… L’ensemble étant tout de même plutôt chargé ! La commande indique également le mode d’assistance utilisé de manière simple et beaucoup plus claire.
La LED Remote est aussi complètement autonome et permet à elle seule de contrôler le système et d’afficher les informations les plus importantes concernant le VAE, comme l’état de charge de la batterie ou le mode d’assistance utilisé, par exemple… Elle peut donc s’avérer suffisante pour ceux qui ne désirent pas avoir leur guidon “encombré” par une console trop voyante ou trop exposée.
En effet, contrairement à la vieille console en noir et blanc minimaliste Purion que l’on trouvait jusqu’ici sur la majorité des VTTAE équipés de la motorisation Performance Line CX, sur la LED, les différents mode sont indiqués par quatre couleurs (Eco vert, Tour + bleu, eMTB violet et Turbo rouge). Quant au niveau de batterie, il s’échelonne désormais par palier de 10 %. En clair, lorsque l’on perd la première des cinq diodes, celle-ci ne s’éteint pas mais change de couleur… Ce qui signifie que l’on n’a plus que 90 % d’autonomie. Et lorsqu’elle disparait complètement et qu’il n’en reste plus que quatre, on est à 80 %. Ainsi de suite jusqu’à la dernière. Bien vu !
La console est aussi connectée à l’application eBike Flow par Bluetooth et donc aussi à Internet. Ses boutons plus, moins, gauche et droite permettent de naviguer sur l’écran Kiox 300 et de commander les différentes fonctions.
L’écran Kiox 3000
Tout nouveau, il offre un look épuré sur le guidon ou intégré dans le top tube et est parfaitement lisible dans toutes les situations, de jour comme de nuit. L’écran affiche toutes les données de fitness importantes pour optimiser son entraînement. Grâce à des mises à jour régulières, le Kiox 300 restera toujours à la pointe de la technologie. Il possède un écran couleur contrôlé sans bouton par la commande LED et est connecté à l’application eBike Flow. Grâce au support d’affichage, le Kiox 300 peut être positionné de manière flexible sur le guidon et s’adapter aux besoins de chacun et aux contraintes que l’on rencontre en tout-terrain.
L’écran d’accueil permet également de visualiser la distance totale parcourue lors de la sortie et sa répartition entre les différents modes d’assistance.
La batterie PowerTube 750
Cette nouvelle batterie promet de rallonger vos sorties les plus exigeantes. Elle était attendue avec impatience par tous les amateurs de randonnées longue distance. Avec ses 750 Wh, elle représente l’autonomie maximale au sein de la gamme actuelle de batteries pour VAE chez Bosch. La puissante batterie lithium-ion s’intègre parfaitement à l’intérieur du tube diagonal du vélo. Grâce à une densité énergétique particulièrement élevée, elle se distingue par un poids de 4,4 kg plus que raisonnable pour une telle autonomie. Avec le chargeur 4A , la PowerTube 750 peut être rechargée à moitié en deux heures et demie et à bloc en six heures environ.
Bien sûr, toutes ces nouveautés sont couplées au moteur Performance Line CX Gen4 que l’on connaît bien. Avec son couple maximal de 85 Nm, son système Extended Boost qui poursuit l’assistance une fraction de seconde après l’arrêt du pédalage et son mode Tour + qui offre plus d’autonomie, il bénéficie désormais de la possibilité – via l’application eBike Flow – de paramétrer la force de l’assistance, la dynamique, la vitesse maximale et le couple maximal sur les modes Eco et Turbo (et bientôt sur le Tour).
Connectivité
Intelligente, personnalisable et tournée vers l’avenir, l’application eBike Flow est l’outil de connexion avec votre futur VTTAE équipé d’une motorisation Bosch. La clé qui vous fera pénétrer dans le monde du vélo connecté. Les mises à jour en direct permettront d’améliorer sans cesse l’expérience d’utilisation grâce à de nouvelles fonctionnalités innovantes. Avec cette application, les modes d’assistance peuvent être réglés individuellement, les activités enregistrées de manière totalement automatiques et les applications de remise en forme de type Apple Health peuvent également être intégrées.
Dans le cadre du perfectionnement technique des composants que l’on trouve sur les vélos à assistance électrique, on peut s’attendre à de belles optimisations dans les années à venir…
Seul petit bémol : le délai imposé par Bosch pour que l’on puisse bénéficier de toutes les options proposées. Alors que le Smart System nous a été présenté en septembre 2021, sur les premier VTTAE qui en sont équipés, celui-ci ne permet toujours pas de faire les diverses mise à jour sans passer par la case revendeur. Ni même d’avoir toutes les possibilités de paramétrages (option manivelles courte ou longues sur l’eMTB, choix entre le Tour ou le Tour +, Tour réglable…). A ce niveau et même si la marque nous a toujours habitué à attendre “un certain temps” avant de mettre un produit sur le marché, je trouve la prudence de Bosch un peu pénible.
Sur le terrain
Prise en main
Dès les premières incursions en tout-terrain, j’ai immédiatement apprécié le comportement exceptionnel des suspensions Öhlins… A la fois ferme et confortable, souple mais jamais mou, l’ensemble fourche/amortisseur représente exactement ce que l’on recherche sur un VTTAE. Précise et rigide, la fourche RXF 38 est largement au niveau de la Fox du même diamètre, avec toutefois un léger mieux au niveau de la sensibilité. Quant à l’amortisseur TTX Air, c’est bien simple, une fois trouvés les bons réglages, il est inutile ensuite d’aller chercher à le figer ou le bloquer. C’est ouvert que ça fonctionne le mieux, y’a pas à discuter !
Bref, comme je l’avais déjà ressenti sur le Haibike AllMtn Anniversary l’an dernier, le combo cadre full carbone et suspensions Öhlins demeure à mon avis l’un des meilleurs compromis sur un VTT à assistance électrique. Et, comme sur le Crafty, si l’on rajoute des roues de 29 pouces en aluminium chaussées de pneus adaptés, c’est carrément le bonheur en termes de motricité, de précision, de confort et de rendement.
De plus, avec son cadre full carbone, ses roues Mavic E-Deemax et ses pneus pas trop lourds, il est évident que le Crafty Carbon XR pédale bien. Même quand l’assistance se coupe à 25 km/h, sur le plat, il est facile de rester au-dessus – à condition de ne pas avoir le vent de face, évidemment ! De plus, en dépit de sa batterie de 750 Wh, son poids raisonnable de 23,4 kilos lui donne un côté dynamique qui se ressent immédiatement dès les premiers coups de pédales. Car même si le poids ne fait pas tout, il faut bien reconnaître qu’un VTTAE plutôt léger est quand même nettement plus agréable à manier.
Et comme j’apprécie de faire bouger le vélo en fonction du terrain, de bunny-uper les petits obstacles et de lever facilement la roue avant pour franchir de bonnes marches, j’avoue que je me suis bien régalé au guidon de ce Mondraker Crafty Carbon XR. Les réactions sont bonnes, pas besoin de forcer le geste outre mesure dans les évolutions techniques et hormis quelques petits réglages un peu plus fins au niveau des suspensions, je n’ai touché à rien d’autre.
Mais je dois reconnaître encore une fois que sur ce vélo en carbone, une fois trouvé le bon compromis entre le fonctionnement de la fourche et celui de l’amortisseur, le Crafty devient alors à la fois confortable (en réagissant bien mieux sur les pertes d’adhérence dues aux pierres roulantes et aux cassures de terrain), tout en restant très précis et en offrant d’excellentes sensations de pilotage. Bref, comme on dit, ça part bien.
Comportement du moteur
Après une période de rodage de quelques centaines de kilomètres qui permettent au moteur de se libérer complètement et de donner son plein potentiel (chez Bosch, c’est important d’en tenir compte), j’ai pu apprécier à sa juste valeur ce nouveau Smart System. Déjà, quel plaisir de pouvoir enfin profiter d’un mode Eco qui sert à quelque chose ! Qui ne se résume pas à compenser (et encore, à peine), l’inertie d’un vélo qui pèse deux fois plus lourd qu’un modèle sans assistance. Non, là, on peut vraiment rouler en Eco relativement souvent sans avoir l’impression de se traîner lamentablement.
En montant les curseurs à fond, on ne tape pas outre mesure dans la batterie, mais on dispose tout de même de suffisamment de puissance pour rouler en tout-terrain facile, y compris quand ça monte un peu, mais pas trop. Après, dès que ça grimpe davantage et que ça devient technique, il faut carrément zapper le Tour + et passer en eMTB. En effet, comme je l’ai déjà expliqué, ce Tour + ne m’a vraiment pas emballé et j’attends avec impatience la future mise à jour qui permettra – je l’espère – de revenir au Tour classique, bien plus efficace dans les montées où le dénivelé n’est pas énorme, mais où les obstacles, en revanche, demandent d’avoir plus de puissance au coup de pédale pour espérer les franchir sans encombre… et sans aller chercher l’eMTB, voire le Turbo.
Et puisque l’on parle du Turbo, réglable lui aussi, afin de bénéficier d’un maximum de watts quand j’en ai besoin, j’ai poussé aussi les curseurs à fond… Cela permet d’attaquer de longues pentes bien techniques et bien raides en conservant de la marge sur les obstacles les plus difficiles grâce à une vitesse de jambes différente, plus axée sur la vélocité et l’équilibre que sur la puissance ou une cadence élevée du pédalage. Hormis, bien sûr, quand il n’y a plus d’autres choix que de se mettre debout sur les pédales si l’on veut éviter l’arrêt de progression ! Il y a un coup à prendre, c’est sûr, mais une fois que l’on a assimilé cela et que l’on maîtrise vraiment le Turbo et la façon de s’en servir, il est clair que c’est bien le moteur Bosch qui possède le plus de puissance et offre la possibilité au pilote d’aller encore plus haut dans la pente et de repousser davantage ses limites. En tout cas, l’expérience m’a paru extrêmement positive, avec un ensemble partie-cycle/motorisation qui donne au Mondraker Crafty Carbon XR un potentiel en montée carrément impressionnant.
Autonomie
Le Mondraker Crafty Carbon XR est un VTTAE plutôt léger et dynamique. Si l’on décide d’utiliser un peu d’Eco, beaucoup le mode e-MTB et de temps en temps le Turbo, on peut compter sur 68 km, 1 440 m de dénivelé positif et au moins 3h30 de roulage. Tout cela sur des sentiers techniques et avec un pilote de 70 kilos.
A la fin, lorsque l’on arrive sur les 30 derniers pourcents de batterie, le nouveau système Bosch ne vous prendra pas au dépourvu. En effet, une fois arrivé à 30 % d’autonomie, la console Kioxx 300 vous prévient de ce qu’il vous reste et réitère l’alarme visuelle, lorsque l’on atteint les 20, puis les 10 % restants. De plus, l’assistance reste optimale jusqu’au bout et ne se met pas automatiquement en mode “survie”… Donc si vous êtes un peu juste, c’est à vous d’anticiper et de choisir le mode qui vous permettra de rentrer en évitant de trop taper dans ce qu’il vous reste de batterie.
Enfin, une fois le dernier pourcent utilisé, la console vous indique que vous êtes en “réserve légère”, ce qui veut dire qu’en gros, il vous reste de quoi faire un petit kilomètre en mode Eco.
Précisons également que le temps de charge de la batterie Bosch de 750 Wh est dans la moyenne de ce que l’on a en général avec du 4A, c’est-à-dire entre 5 et 6 heures pour une batterie vide que l’on recharge à fond. A ce propos, on peut noter que la prise de recharge est différente des anciens modèles et qu’il est impossible de connecter un ancien chargeur sur le nouveau système… Faut tout changer, comme ils disent. C’est le progrès, paraît-il !
À la montée
Comme je l’ai déjà souligné plus haut, c’est certainement dans ce secteur que le Crafty Carbon XR m’a le plus surpris… Aidé par son dynamisme et sa motorisation Bosch Smart System, le vélo se sent pousser des ailes en montée. Il faut dire qu’avec un cadre carbone bien rigide, mais pas trop, des roues Mavic E-Deemax de 29 pouces en aluminium qui offrent un rendement intéressant et des pneus qui roulent bien, on a tout ce qu’il faut pour obtenir un VTTAE à la fois vif, nerveux, stable et précis dès que ça grimpe.
Ici, pas de cabrages intempestifs ou un train avant qui va où il veut et pas ou on le souhaite… Le comportement dans les passages raides ou les franchissements techniques est carrément bluffant et il suffit de choisir le bon braquet et le mode d’assistance qui convient – dans la plupart des cas, le eMTB lui va plutôt bien –, pour tirer le meilleur de ce châssis bougrement réussi. J’ajouterai aussi que les Mavic E-Deemax associées aux nouveaux pneus Maxxis EXO + plus rigides que l’on peut descendre assez bas en pression (perso, pour 70 kilos, je mets 1,2 bar à l’avant et 1,4 à l’arrière) ne gâchent rien… L’ensemble, combiné à une suspension arrière incroyablement efficace, offre une motricité assez exceptionnelle. Aussi bien sur le sec dans la pierraille qui roule que dans la boue et les racines, l’ensemble s’est avéré quasiment irréprochable.
Y compris dans les montées longues, raides et difficiles où il est préférable de passer en Turbo. Là, si l’on a bien compris le coup et que l’on joue sur la cadence de pédalage en tournant assez rapidement les jambes, l’adhérence reste excellente. La vélocité, c’est la clé sur un VTT à assistance électrique et avec le Bosch, c’est en Turbo que l’on arrive à en obtenir le plus. Car finalement, comme j’ai tendance à le répéter, dans les passages délicats, sur un VTTAE, il faut savoir baisser la selle au bon moment quand ça monte… C’est là, lorsque l’on descend le centre de gravité pour avoir le meilleur équilibre possible, qu’il faut avoir le maximum de puissance moteur pour compenser le fait que l’on pédale sans déplier les jambes au maximum. Une technique à l’opposé de celle que l’on utilise – et recommande – sur un vélo classique… Mais qui prouve bien que l’on a affaire à une autre façon de pratiquer le VTT.
Inutile d’en rajouter, vous l’aurez compris, le Crafty XR Carbon m’a particulièrement séduit en montée… En revanche, là où j’ai eu un peu plus de mal, c’est lorsque l’on est obligé de descendre du vélo pour pousser. Je n’ai pas du tout aimé le temps de réaction qu’il faut à l’assistance à la marche pour se mettre en route. Après, ça va mieux et on retrouve le Bosch que l’on connait. Mais comme la commande LED est chargée de boutons et pas plus ergonomique que ça, la position du pouce n’est pas très confortable à la longue. De plus, en tout-terrain, ça secoue toujours fort et que ce soit à la marche ou pour changer les modes, quand ça bouge trop, ou ça ripe et ça s’arrête, ou ça passe deux modes à la fois, pour les descendre, comme pour les monter… Perfectible.
En descente
Avec un VTTAE d’enduro en 29 pouces, généralement, il n’y a pas trop de soucis à se faire en descente. Sécurisant, confortable et précis, le Crafty XR Carbon ne déroge pas à la règle. Bon, c’est sûr, avec des débattements en 170/150 et du Öhlins à l’avant et à l’arrière, il ne manquerait plus que ça, c’est vrai ! Mais encore faut-il que la géométrie soit réussie et que la cinématique de suspension fonctionne correctement.
Et là, je dois bien reconnaître que ce Mondraker frôle la perfection. Que l’on recherche le confort et la sensation de sécurité ou que l’on préfère privilégier l’attaque et les évolutions aériennes, le nouveau Crafty XR s’en sort comme un chef. Il répond présent sur pratiquement tous les types de descentes, de la plus engagée techniquement – où il s’en sort avec les honneurs – à la plus rapide – où il excelle.
Car même s’il a un faible quand ça va vite et qu’il faut prendre de l’angle dans de grandes courbes en dévers, il n’est pas pour autant maladroit lorsqu’il s’agit de se faufiler sur des sentiers sinueux de type Transvésubienne, très cassants, avec de belles épingles serrées et une vitesse plus réduite. Même dans ces conditions particulières, le bike se comporte à merveille en jouant à la fois sur la rigidité du triangle avant et le confort des jantes en aluminium, mais en profitant également d’un équilibre parfait entre les suspensions avant et arrière. Largement aussi onctueuse et sensible sur les petits chocs qu’une Fox 38 Fit2, la Öhlins RXF 38 en 170 fait super bien le job en conservant un excellent maintien sur la seconde partie du débattement. Un feeling que l’on retrouve aussi sur l’amortisseur qui apporte à la fois confort et dynamisme, pour une suspension souple, mais jamais molle.
Et quel plaisir de pouvoir soulever la roue avant sans effort, de bunny-uper facilement la moindre racine ou le moindre rocher… Tout cela en conservant une belle précision dans la trajectoire et une stabilité plus que convenable quand il s’agit de lâcher les freins sur des passages défoncés.
Et puisque l’on parle de freinage, je précise que les Sram Code RSC m’ont beaucoup plus convaincu que ceux qui équipaient le YT Decoy Core 4 essayé récemment. Très fiables et réguliers sur toutes les descentes, il sont également puissants et progressifs, avec un toucher bien plus agréable… C’est étonnant, mais véridique !
Enfin, j’ajouterais que la position de pilotage – avec une petite potence qui correspond parfaitement à la Forward Geometry – incite à l’attaque et permet de placer l’avant du vélo là où l’on veut d’un simple petit coup de guidon. Dans les passages sinueux et les virages serrés, difficile à croire parfois que l’on est sur un full 29… C’est vif, précis et facile à mettre sur la roue arrière. Et tout cela, ne l’oublions pas, avec une batterie de 750 Wh qui monte quand même assez haut dans le tube diagonal. Ce qui n’empêche pas, une fois la roue avant retombée, de retrouver un grip redoutable qui met forcément en confiance. Bref, un régal !
Points forts / points faibles
Points forts
+ Rigidité
+ Vivacité
+ Confort
+ Maniabilité
+ Tenue de piste
+ Suspensions au top
+ Puissance du moteur Bosch
+ Autonomie
Points faibles
– Boutons de la LED pas très ergonomiques
– Console Kioxx 300 un peu exposée
– Batterie non démontable
– Stickers des E-Deemax fragiles
Qu’en penser ?
Pour être tout à fait honnête, j’avoue que je ne m’attendais pas à ça… Car même si le design du cadre, les couleurs originales, la finition globale et les suspensions Öhlins m’ont donné immédiatement l’envie de sauter sur le vélo à peine sorti du carton, je n’aurais pas cru me faire autant plaisir au guidon de ce Mondraker Crafty Carbon XR version 2022 ! Et le plaisir de pilotage, nous sommes d’accord, c’est bien l’essentiel.
Polyvalent, stable, maniable et même presque joueur pour un 29 pouces, le Carbon XR profite de sa géométrie originale (et particulièrement réussie), de ses débattements généreux et de son excellente répartition des masses pour se hisser sur le podium du classement provisoire de mes VTTAE préférés de l’année.
Bien sûr, à 9 999 euros, ce Mondraker n’est pas accessible à toutes les bourses et se réserve à une clientèle plutôt aisée… Mais honnêtement, entre les accessoires de qualité, le fonctionnement exceptionnel des éléments de suspension Öhlins, le confort des roues Mavic E-Deemax, la motorisation Bosch et l’autonomie que procure la batterie de 750 Wh, on a vu récemment nettement plus cher pour franchement moins bien !
Donc, au moment de conclure et de dire ce que j’en pense, je n’ajouterai qu’une courte phrase : “Je l’aurais bien gardé”.
Vis-à-vis de la concurrence ?
Dans la famille des VTTAE en carbone avec roues de 29 pouces, polyvalent et aussi à l’aise en montée qu’en descente, je pense forcément à quatre autres modèles que j’ai testé récemment…
D’abord, par sa polyvalence, la qualité de ses composants et son côté à la fois vif, maniable et plutôt fun, on peut éventuellement comparer le Crafty XR Carbon au Rocky Mountain Instinct Powerplay Carbon 90 BC à 8 899 euros.
Ensuite, un peu plus cher, mais équipé d’un moteur Bosch lui aussi, le tout nouveau Scott Patron eRide 900 Ultimate à 10 999 euros est forcément un autre concurrent tout désigné de notre vélo de test. Comme le Mondraker, c’est un VTTAE full carbone et très bien équipé que j’ai trouvé hyper polyvalent, super bien fini et plutôt original dans son design.
Enfin, puisque Mondraker joue la carte du vélo en carbone sportif et vraiment haut de gamme avec ce Crafty XR, impossible de ne pas lui mettre en face le Santa Cruz Heckler 29 C à 9 999 euros et le Yeti 160 E T1 à 9 999 euros également… Bien sûr, Mondraker n’a pas le côté prestigieux de ces deux marques américaine, mais visuellement et sur le terrain, en dépit de son côté moins branché, l’Espagnol reste compétitif et n’a pas grand-chose à leur envier, au contraire ! Plus polyvalent que le Yeti et plus joueur que le Santa, le Crafty Carbon XR m’a impressionné.
La gamme
En plus du modèle de notre test à 9 999 euros, il existe six autres versions du Crafty, dont le XR en aluminium équipé lui aussi d’une fourche Öhlins de 170 mm de débattement, mais proposé à 7 999 euros…
Du côté des autres carbones en 160 à l’avant, le RR (23,3 kg, 9 499 euros) et le R (22 kg, 8 299 euros) proposent des composants différents, ce qui expliquent le bon kilo d’écart entre les deux modèles.
Avec un peu moins de débattement à l’avant également mais un cadre en aluminium, on trouve deux autres Crafty. Le RR à 24,9 kg et 7 399 euros (roues DT Swiss H1900, transmission Sram Eagle GX, freins Sram Code R et Fox 38 Factory) et le R à 25,1 kg et 6 499 euros (roues Mavic E-Deemax, transmission Sram Eagle GX, freins Sram G2R, Fox 38 Performance).
Enfin, avec ses 21,1 kg, le Carbon RR SL équipé d’une fourche Fox 36 Kashima en 160 mm de débattement seulement, de roues DT Swiss carbone et de Sram AXS (transmission et tige de selle), joue davantage la carte du all mountain léger… Son tarif, lui, l’est beaucoup moins, puisqu’il s’affiche à 12 499 euros !
Je précise que ces VTTAE plutôt haut de gamme bénéficient tous de de l’ensemble Bosch Smart System complet, avec batterie de 750 Wh, console Kioxx 300 et commande LED. Sympa.