Un concept d’avenir ?
Alors qu’un grand nombre de marques proposent de plus en plus souvent de gros VTT à assistance électrique légère entre le all mountain et l’enduro sous motorisés, chez BH, on a la bonne idée de faire l’inverse ! C’est là qu’entre en scène le iLynx + SL Enduro 9.5, un VTTAE juste au-dessus de la barre des 20 kg et équipé d’une motorisation Shimano EP801 full power. Avec sa batterie de 630 Wh, son poids très raisonnable et son moteur à la fois puissant et relativement coupleux, sur le papier, ce petit BH coche pratiquement toutes les cases… Ce qui nous a donné envie d’en savoir plus. Alors, qu’est-ce que ça donne sur le terrain ? La fiche technique alléchante tient-elle ses promesses ? Est-ce un concept qui a de l’avenir ? Réponses dans le test complet qui suit !
Par Chris Caprin, photos : Chris Caprin et Fagerbé

BH iLynx + SL Enduro 9.5
- Usage all mountain
- Roues de 29 pouces AV et AR
- Débattement 160 mm AV et AR
- Cadre en carbone Balistic Carbon Layup 150
- Reach 455 mm et Stack 616,5 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
- Motorisation Shimano EP 801 250 watts 600 % d’assistance en crête
- Batterie BH de 630 Wh + Range Extender de 180 Wh (925 g), livré d’origine sur les deux modèles haut de gamme
- Console et commande : commande Shimano SW EN600-L avec diodes de couleurs et console Shimano EN600 avec écran multifonctions en couleur
- Modes d’assistance : 3 (Eco, Trail, Boost) + 12 choix possibles d’intensité du mode Trail et assistance à la marche
- Réglages et connectivité : via l’application Shimano
- Pneus Maxxis Minion DHF EXO+ WT 29×2.50 à l’avant et Minion DHR II EXO+ WT 29×2.40 à l’arrière
- 4 tailles (S, M, L, XL)
- 3 modèles SL à 6 499, 8 499 et 9 999 €
- Prix du modèle testé : 8 499 €
- Poids vérifié : 20,58 kg (sans pédales, en taille M)
- Lien : www.bhbikes.com
Désormais, chez BH, fini l’architecture du triangle avant très particulière, avec une batterie s’enlève par le dessus du top tube et reculée le plus possible. Une solution pour mieux répartir le poids embarqué supplémentaire et alléger le train avant. Au lieu de ça, le cadre retrouve désormais un gabarit et des formes plus conventionnelles… tout en privant – malheureusement – le consommateur d’une batterie amovible. Comme sur le iLynx + classique, le triangle avant assez compact, ainsi que les bases et les haubans, sont entièrement en carbone, avec une cinématique de suspension remaniée qui développe aussi bien 140 que 160 mm de débattement.
Quant à la géométrie, elle correspond aux standards actuels, avec néanmoins un côté raisonnable au niveau des angles et un boîtier de pédalier assez haut. En effet, l’ouverture de l’angle de fourche n’est pas énorme (65°) et – comme c’est le cas sur la plupart des VTTAE récents – on a un tube de selle plutôt droit (77°) qui devrait permettre de pédaler plus au-dessus du boîtier de pédalier et ainsi de mieux contrôler le vélo dans les montées difficiles. Quant au bases, avec 440 mm, c’est assez impressionnant pour un montage avec une roue de 29 pouces.

Enfin, à l’instar du iLynx +, si la protection du moteur contre les différents impacts est assurée par des carters en plastique moyennement robustes, on pourra regretter l’absence de ventilations, qui, avec un moteur Shimano EP801 plus performant, pourrait s’avérer pénalisante en cas de chauffe du moteur à pleine charge et par fortes chaleurs…
Composants
Outre les éléments de suspension dont nous parlerons en détail plus bas, on peut dire que les accessoires qui équipent le iLynx + SL Enduro 9.5 sont d’excellente facture. La transmission et le freinage sont confiés à un ensemble Shimano full XT (dérailleur, leviers, étriers 4 pistons, disques de 203 mm…) et SLX (manette de dérailleur et cassette), alors que du côté du train roulant, on trouve des roues Race Face Turbine 30 TR chaussées de pneus Maxxis Minion DHF 2.50 (AV) et DHR II 2.40 (AR) en EXO+ WT.
Pour le reste, on a encore du Race Face, avec une tige de selle télescopique (150 mm) et un cintre Aeffect, auxquels on rajoute une selle Prologo Proxim, des poignées Ergon, un pédalier Shimano (plateau de 32 dents) et une potence BH EVO 35 Fit spécifique avec son multi-outil et son serrage un peu complexe inutilement.
Précisons également que le jeu de direction Acros Blocklock limite l’e rayon de braquage à 150° (on aime ou on n’aime pas, mais c’est bien pratique en cas de chute pour éviter de ruiner le cadre ou de se coincer la jambe entre le guidon et le top tube).








Suspensions
Concernant le débattement des suspensions, avec 160 mm à l’avant et à l’arrière, on a bien affaire à un VTTAE entre le all-mountain et l’enduro. Ce qui permet de bien s’amuser en descente, surtout avec la cinématique de suspension Split Pivot que BH a participé à développer et populariser. Celle-ci a la particularité d’éviter que le freinage ou le pédalage viennent interférer dans le bon fonctionnement de l’amortisseur, qui, sur ce 9.5, est un modèle Float X Performance Evol avec réglages spécifiques E-MTB. A l’avant, la Fox 38 Performance également est d’un excellent rapport qualité/prix et son fonctionnement est irréprochable.


L’ensemble est donc très cohérent, avec une capacité d’absorption des différents impacts digne d’un vélo possédant un poil plus de débattement.
Comme d’habitude, voici les réglages que j’ai validés pour un pilote de 70 kilos :
Fourche Fox 38 Performance Fit Grip 160 :
- 65 psi en pression d’air et deux tokens dans le plongeur gauche pour un Sag entre 25 et 30 %.
- Compression hautes vitesses : ouvert à fond sur trois positions
- Compression basses vitesses : – 16 du plus fermé (sur 22 clics)
- Rebond hautes vitesses : – 12 du plus fermé (sur 20 clics)
Amortisseur Fox Float X Performance Evol E-MTB tuned 160 :
- 165 psi en pression d’air pour un Sag de 25 %
- Compression basses vitesses : – 7 du plus fermé (sur 10 clics)
- Rebond basses vitesses : – 6 du plus fermé (sur 12 clics)
Moteur et batterie
Là, derrière un look que l’on connaît bien, on a pourtant affaire à du nouveau… L’EP801 a en effet subit une cure de jouvence, avec une nouvelle mise à jour qui améliore les performances et une option “Race Specific”, avec prolongation de l’assistance réglable lorsque l’on arrête de pédaler et maintien de la pleine puissance jusqu’à 25 km/h. La capacité du système est plus étendue et offre une vitesse plus constante dans les ascensions et de meilleures accélérations à des cadences plus élevées. Dans un même temps, Shimano a encore trouvé des moyens pour réduire le poids des composants et ainsi améliorer la maniabilité et le dynamisme du vélo.



Quand il s’agit de viser les performances optimales en VTTAE, le pilote recherche en premier une certaine sensation de légèreté et d’agilité. Avec ses 2,6 kg, l’EP801 pèse quelques dizaines de grammes de moins, ce qui en fait l’une des unités motrices les plus légères et les plus compactes du marché. Celle qui offre la meilleure puissance/poids de sa catégorie. Ce qui ne l’empêche pas de fournir une puissance élevée en crête de 600 % et un couple généreux de 85 Nm. En étant plus compacte, elle permet également une meilleure intégration dans le châssis des différents modèles de VTTAE, tout en augmentant la garde au sol, un point important en tout-terrain.
Grâce à la combinaison de matériaux disposant d’une dissipation thermique élevée, une plus grande surface moulée et un cache-moteur entièrement repensé, l’EP801 peut gérer les hausses de température dans les ascensions, ce qui permet de bénéficier du couple et de l’assistance maxi pendant une période bien plus longue. Ainsi, en maintenant un rapport de sortie constant, il fournit une assistance avec une réponse plus linéaire, sans à-coups ni baisses de régime. De plus, le mode Trail qu’il est possible de régler en 12 degrés d’intensité a été conçu pour optimiser davantage le contrôle du vélo en fonction du type de terrain que l’on rencontre et du pédalage que l’on adopte. Dans le même temps, il réduit aussi la consommation d’énergie lorsqu’il y a peu d’appui sur les pédales et fournit une assistance supplémentaire lorsque le pilote décide de pousser plus fort.
Côté batterie, sur le BH iLynx +, on dispose d’une XPro intégrée (non démontable) de 630 Wh (équipée des nouvelles cellules 21700, qui, en disposant aujourd’hui de la plus grande densité énergétique, augmentent l’autonomie de 17 %), ainsi que d’un Range Extender de 180 Wh (fourni sur les deux modèles haut de gamme). Notez qu’avec le système de double décharge, lorsque l’on branche l’élément additionnelle, les deux batteries se déchargent simultanément et permettent ainsi de disposer de 100 % de la puissance du moteur jusqu’au bout de la sortie. Un bon point.


Enfin, pour la commande et la console, on a un petit commodo équipé seulement de deux diodes, l’une pour le niveau de batterie, l’autre indiquant le choix du mode (Bleu, Vert, Jaune). Heureusement, avec la console EN600, on dispose de toutes infos nécessaire (heure, vitesse, cadence de pédalage, kilométrage, niveau de batterie au pourcent près) et il est possible de savoir où l’on en est des différents modes Trail que l’on a choisi. Indispensable pour se repérer, surtout au début !
Connectivité
Via l’application E-Tube Project, tous les modes et les paramètres sont entièrement personnalisables, aussi bien chez vous que pendant votre balade à l’aide de votre smartphone. Cela permet à l’utilisateur d’adapter le système à son niveau, comme aux terrains sur lesquels il évolue. Ainsi, les modes Eco, Trail et Boost peuvent être personnalisés, alors que le couple moteur peut être réglé au choix entre 20 et 85 Nm.
Il existe également 5 paramétrages possibles du mode de démarrage de l’assistance qui peuvent tous être enregistrés sous différents profils d’utilisateurs et pour différents types de sorties, comme par exemple une simple balade ou, au contraire, une séance engagée sur terrain très accidenté. Toutes ces informations peuvent être sauvegardées comme préférences personnelles du pilote sur les deux profils. L’utilisateur peut ainsi basculer facilement de l’un à l’autre sur le terrain via l’écran de contrôle.
Ci-dessous, voilà les différents réglages de paramètres que je préconise pour une pratique sportive avec réglages généreux de l’assistance (Profil 1) ou plus intuitive et un peu moins énergivore (Profil 2). Pour ce dernier, même s’il est possible de monter jusqu’à douze modes Trail différents, après pas mal d’essais, j’ai choisi de n’en sélectionner que deux… C’est juste mon choix et ça n’a pas forcément valeur de référence.
Profil 1 (Mode de base) :
Puissance : Eco Niveau 6, Trail Niveau 8, Boost Niveau 10
Couple : Eco 49 Nm, Trail 85 Nm, Boost 85 Nm
Force au démarrage : Eco, Trail et Boost 5 sur 5
Profil 2 (Mode réglage fin) :
Puissance : Eco Niveau 1, Trail Niveau 3, 4 et 5, Boost
Niveau 7
Couple : Eco 20 Nm, Trail 42, 56 et 70 Nm, Boost 85 Nm
Force au démarrage : Eco 3, Trail 4, Boost 5





Sur le terrain
Comportement moteur
J’ai d’abord commencé par le profil de base qui se rapproche de ce que je connais déjà, à savoir une configuration classique à trois modes paramétrables… En montant légèrement les curseurs pour disposer d’une assistance généreuse (même en mode Eco), j’ai rapidement constaté que le moteur Shimano EP801 était plus dynamique, répondait mieux aux sollicitations du pilote quelle que soit la cadence de pédalage (surtout en Trail) et possédait une puissance doublée d’un soutien en Boost un peu plus conséquents. En gros, sur le mode le plus performant, avec le poids réduit du iLynx + SL, on se rapproche un peu du Race de chez Bosch… Pas tout à fait, mais pas loin !
On a la sensation que le moteur est plus libre, qu’il y a moins de friction et qu’aller chercher l’assistance maxi est bien moins dicté par la cadence de pédalage, dont la plage est plus large. En gros, il y a du couple (le mode Trail étant toujours celui qui en possède le plus) et il n’est pas obligatoire de tourner les jambes autour de 90/100 tr/mn pour obtenir le maximum de puissance. Après, en Boost, c’est peut-être là que la différence se fait le plus sentir et en moulinant bien, le moteur donne vraiment la sensation qu’il y en a toujours sous le pied. Que ce soit dans les montées très raides parsemées de franchissement ou simplement dans les faux-plats où il est possible de souffler un peu tout en restant assez facilement à la limite de la coupure des 25 km/h… Dans sa version mise à jour avec “le Race Specific”, l’EP801 a donc nettement gagné en coffre et ça se sent. Les compétiteurs ou les simples amateurs de longues montées difficiles apprécieront.

Ensuite, sur le Profil 2 avec les réglages fins qui offrent la possibilité d’obtenir jusqu’à 12 degrés (!) d’intensité différents en mode Trail, il est nécessaire de chercher un peu pour trouver le bon nombre à programmer et les solutions qui conviennent le mieux au pilote et aux sentiers qu’il emprunte. Au début, j’en ai mis douze en plus de l’Eco et du Boost… Cela permet de monter très progressivement en assistance au fur et à mesure que l’on enclenche les modes et ainsi de vérifier quels sont les paliers les plus utiles et ceux que l’on ignore le plus souvent. J’ai ainsi pu effectuer ma sélection et passer d’abord à cinq, puis, enfin, “seulement” à trois. Notez que dans ce cas de figure, si le Boost se comporte toujours pareil, l’Eco, lui, est à 20 Nm d’origine pour ne pas entrer en concurrence avec le mode Trail 1 qui prend le relais…
Après, selon le terrain et le dénivelé, il suffit de “zapper” pour avoir plus ou moins d’assistance jusqu’à arriver en Boost si l’on s’attaque à du costaud. Mais bien que je privilégie souvent le choix de la simplicité et que dans le cas de l’EP801, on est diamétralement opposé au concept de Sram et ses deux modes seulement, je dois avouer que le fait d’avoir 5 niveaux d’assistance ne m’a pas gêné plus que ça… On s’y fait très bien, même si, au final, j’ai terminé l’essai avec uniquement 2 modes Trail et donc 4 au total. Pour moi qui ai l’habitude de partir d’assez haut en assistance avec un Eco généreux, c’est l’idéal et largement assez progressif.
Autonomie
Avec la batterie XPro de 630 Wh et son Range Extender de 180 Wh – soit 810 Wh au total –, pour un pilote de 70 kilos et sur un parcours technique vraiment sportif, on parle ici de plus de 60 km, 1 700 m de dénivelé positif et quasiment quatre heures de roulage affichés sur la console EN600 bien pratique et sur la montre pour le D +.
Et sans Range Extender, on est quand même sur du 1 310 m de D + et 47 km pour 2h30 de balade sportive sans y aller à l’économie… Pas mal, non ? Surtout avec un EP801 paramétrer au maxi de ses performances !
Sinon, il est bon de savoir que dès que la diode passe au rouge, il ne vous reste que quatre kilomètres et pas plus de 200 m de dénivelé positif en vrai tout-terrain avant qu’elle ne se mette à clignoter. A ce moment-là, le système vous signale que vous n’avez plus qu’un bon kilomètre à parcourir en montée avant l’arrêt complet de l’assistance.
A la montée
Avec son cadre rigide, plutôt compact, son poids très intéressant de 20,5 kg et son moteur EP801 full power vitaminé, le BH iLynx + SL Enduro 9.5 possède toutes les qualités pour être une véritable balle dans les montées – y compris les plus raides et les plus techniques. D’ailleurs, dès que l’on rentre dans le vif du sujet, c’est-à-dire sur les sentiers sinueux et techniques en montée, là, le bike s’envole carrément et permet d’atteindre une très bonne vitesse de passage dans la pente positive.
C’est bien simple, avec son poids de 20,5 kg et son gabarit relativement modeste, sans exagérer non plus, on n’est pas loin des sensations que l’on peut avoir au guidon d’un VTTAE de 24 kg équipé du moteur Race… Bref, je peux vous dire que même si l’on n’atteint pas le niveau d’un Amflow et de sa motorisation DJI Avinox hors norme, dans les montées assez techniques au pourcentage moyen, le paysage défile quand même à une belle vitesse qui demande une bonne concentration et une certaine dextérité dans le pilotage !

De plus, sa légèreté, son excellente motricité et sa capacité à tirer bien droit en survolant les obstacles (merci les roues Race Face avec jantes alu en 29 pouces à l’avant comme à l’arrière) font de lui une véritable arme pour les montées impossibles. L’équilibre est parfait et sur le sec ou la caillasse roulante et le grip dans le gras et les terrains glissants est très intéressant. De même, lorsqu’il s’agit de contrôler la trajectoire dans les passages très raides, l’avant n’a jamais tendance à se cabrer et il n’y a pas besoin non plus d’exagérer le geste, ni de trop modifier sa position pour aller droit. Le poids embarqué supplémentaire (plutôt raisonnable et bien réparti) aide à stabiliser le vélo et l’ensemble parvient à allier dynamisme et précision. Bien joué !
De plus, pour ceux que ça intéresse, le rendement est excellent et une fois passés les 25 km/h, sur le plat et les chemins roulants, il est assez facile de maintenir la cadence et de rester au-dessus de la vitesse à laquelle l’assistance s’arrête. Il faut dire que la géométrie peu agressive et le côté polyvalent qui en découle, font du iLynx + SL Enduro un excellent pédaleur. C’est sensible sur les portions rapides et peu techniques, ça l’est encore davantage lorsque l’on relance d’un virage à l’autre sur un sentier plus difficiles et très sinueux.
Bref, en montée, grâce à un moteur performant et un châssis à la fois dynamique et plutôt stable, le concept m’a carrément séduit… Moi qui attendais quand même pas mal de ce SL après l’essai concluant du iLynx +, je n’ai pas été déçu !
En descente
Au départ, avec son angle de chasse un poil trop fermé à mon goût et son boîtier de pédalier un peu trop haut, j’avoue qu’en descente, j’ai eu un peu de mal à cerner la géométrie trop axée Trail à mon goût du iLynx + SL. Même dans sa version enduro. Ce n’est pas que le vélo soit désagréable à rouler, non, mais je pensais trouver quelque chose d’un peu plus radical…
Seulement voilà, ce n’est pas le propre de ce vélo que d’aller tenter de se tirer la bourre face à des modèles plus “Gravity”. Le but de BH, je l’ai compris rapidement, étant de proposer au consommateur un bike très polyvalent, qui, ne l’oublions pas, partage la même base de châssis que la version Trail en 140 mm de débattement. Difficile dans ces conditions de revendiquer des performances en descente au-dessus de la moyenne.

Et j’avoue que, même si en termes de comportement, on doit se contenter finalement d’un bon petit all mountain (et non pas de celui d’un enduro comme son nom l’indique pourtant), une fois tout cela assimilé, il y a largement de quoi se faire plaisir et bien s’en sortir dans le dénivelé négatif. Car n’exagérons rien, le iLynx + SL Enduro 9.5 se comporte quand même plutôt pas mal en descente. Y compris lorsque l’on décide de l’emmener sur des petites spéciales techniques et cassantes sur lesquelles j’ai l’habitude de rouler régulièrement pour mes tests.






J’ai ainsi remarqué que sa maniabilité liée à un excellent dynamisme et un poids plus que raisonnable pour un VTTAE full power n’altèrent en rien sa précision, sa stabilité et sa tenue de piste dans la pente négative. Et même s’il est un peu plus à l’aise dans les passages assez raides, techniques et plutôt sinueux, il se défend malgré tout très bien quand ça va vite. Bien sûr, ce n’est pas un VTT à assistance électrique d’enduro à proprement parlé, mais comme son système de suspension Split Pivot donne l’impression d’avoir un peu plus de débattement à l’arrière, on se sent finalement plutôt à l’aise et en confiance.

En tout cas, au niveau des sensations de pilotage, on est entre le VTT d’enduro musculaire et le VTTAE all mountain. C’est-à-dire que l’on a l’impression agréable de disposer d’un engin très vif et très maniable, tout en conservant ce petit côté sécurisant que l’on ressent habituellement au guidon d’un e-bike. En gros, comme je l’avais déjà souligné sur le iLynx +, mais en plus flagrant pour le SL, si le poids raisonnable de l’ensemble et le moteur EP801 donnent des ailes au vélo en le propulsant avec une certaine aisance à l’assaut des montées les plus difficiles, en descente, il se défend quand même plutôt pas mal… Dans la mesure, encore une fois, où l’on respecte le programme plus all moutain qu’enduro de ce modèle. Attention donc à la dénomination “Enduro” affichée par BH, qui peut éventuellement induire en erreur le client potentiel…
Alors, et si un bon all mountain avec moteur full power, batterie de 630 Wh et un poids qui tourne autour des 20 kg représentait le concept d’avenir en VTTAE ? En tout cas, avec la possibilité de rajouter un Range Extender – qui plus est fourni avec le bike –, je dirais que nous ne sommes pas loin de la solution idéale… En tout cas, après le iLynx + classique, avec la version SL, je pense que BH se rapproche encore un peu plus de la vérité.
Points forts / faibles
Principales qualités
- Maniabilité
- Rigidité
- Rendement
- Qualité des suspensions
- Comportement du moteur
- Autonomie
- Poids
Principaux défauts
- Boîtier de pédalier un peu haut
- Angle de chasse un poil trop fermé
- Serrage de la potence trop complexe

Qu’en penser ?
Déjà, je tiens à souligner que le BH iLynx + SL Enduro correspond quasiment en tous points à ma vision du VTT à assistance électrique sportif. A savoir, un vélo capable de proposer à la fois un châssis polyvalent avec suffisamment de débattement, un poids raisonnable entre 20 et 21 kilos et une motorisation performante qui permet de gravir les montées les plus techniques.
Grâce à une motorisation EP801 qui a gagné en performance, ce petit BH coche effectivement “presque” toutes les cases et s’avère particulièrement bon lorsqu’il s’agit de grimper les pentes les plus raides sur les sentiers les plus sinueux et les plus difficiles. Sa légèreté, sa maniabilité et son dynamisme naturel alliés à la puissance en hausse du moteur en font vraiment un engin redoutable quand ça monte.
Et quand la pente s’inverse, si le iLynx + SL Enduro sait rester relativement sain et agréable à piloter, on peut juste lui reprocher un angle de chasse un peu trop fermé et une position légèrement perchée au-dessus du moteur qui aident un poil moins à trouver la stabilité. Mais une fois le bike bien en main, j’avoue que ce n’est plus vraiment un problème… En tout cas, il se retrouve pile poil dans le bon créneau pour un VTTAE, qui, selon moi, se doit d’être excellent en montée et au minimum correct en descente. En effet, avec le poids embarqué qui se charge de stabiliser le vélo et le coller au sol, du moment que les suspensions sont bien réglées et que les pneus sont bons, dans le pourcentage négatif, on finit toujours pas s’en sortir !
Et finalement, c’est exactement ce que fait ce nouveau BH iLynx “light”… il s’en sort bien, et même plus que bien. En tout cas, non seulement je n’ai pas été déçu, mais on peut même dire qu’avec le temps, j’ai été carrément convaincu. Pour le prix (8 500 euros quand même…) et la puissance désormais plus généreuse du Shimano EP801, disons qu’il lui manque juste une transmission qui soit à la hauteur – comme la Sram Eagle GX AXS T-Type sans patte de dérailleur, par exemple… Allez, encore un petit effort Monsieur BH et on y est !
Vis-à-vis de la concurrence ?
Si l’on parle des VTTAE équipés d’un moteur Shimano EP801 classique, alors aujourd’hui, je ne vois que le Cannondale Moterra SL pour rivaliser avec le BH iLynx + SL Enduro en termes de performances et d’autonomie. Car, bien que la géométrie soit plus agressive sur le Cannondale que sur le BH, les deux proposent une vision relativement similaire de ce que doit être un VTTAE léger.

La gamme BH iLynx + SL Enduro
Outre le iLynx + SL Enduro 9.5 à 8 499 euros de notre test, il existe trois autres modèles – tous en carbone – et montés avec différents accessoires toujours adaptés et plutôt haut de gamme. Cela justifie la différence de prix pas forcément énorme – qui s’explique aussi par le fait que toute la gamme bénéficie du même moteur Shimano EP801 équipé d’origine d’une batterie intégrée de 630 Wh et livré avec un range extender de 180 Wh pour les versions 9.5 et 9.6.


