Les équipes Haibike racontent leurs aventures sur l’ETMB 2021 (eBike Tour du Mont Blanc)

L’eBike tour du Mont Blanc vient de se terminer. C’est l’une des plus belles épreuves de VTTAE qui existe actuellement dans le monde. Comme son nom l’indique, cette épreuve consiste à faire le tour du Mont Blanc en trois jours au guidon d’un VTTAE. Le cahier des charges pour le tracé se résume essentiellement à un maximum de sentiers techniques adaptés aux VTTAE aussi bien en montée qu’en descente pour un parcours d’environ 300 km et 13 000 m de dénivelé positif. Deux équipes Françaises Haibike étaient au départ. Lea Deslande et Nadine Sapin, (équipe women Haibike/Fullattack) ainsi que Benoit Jeanniard et Xavier Marovelli (équipe men Haibike) . Nadine, notre ambassadrice et Xavier nous racontent …

Mais tout d’abord, petit rappel sur l’épreuve. Le départ de la boucle autour du Mont Blanc se lance de Verbier 2 jours avant l’ouverture du Verbier Ebike Festival pour que l’arrivée se fasse au milieu du salon 3 jours plus tard.

3 jours de course, 3 jours d’aventure, 3 jours en équipe de deux de quoi vivre de bons mais aussi de moins bons moments !

Chaque jour, l’organisation installe un ravito à mi-course avec un arrêt obligatoire de 30 minutes pour changer les batteries du VTTAE mais aussi et surtout pour recharger celles des pilotes. Niveau batterie justement, chaque pilote avait droit jusqu’à 2800 Wh par jour. A chacun ensuite de faire comme il voulait en fonction de l’étape et des capacités de son VTTAE. En tout cas, le but est de rouler un maximum en mode “Turbo”. 

Enfin, cette année, contrairement aux autres années, tout le parcours n’était pas chronométré. Seules certaines portions plus ou moins longues (de 15 à 45km) l’étaient, le reste se faisait dans un temps imparti pour des raisons de sécurité et d’autorisations (passage sur route, zone de forte fréquentation par des promeneurs, non autorisation communale). 

Seulement une vingtaine d’équipes sont sélectionnées chaque année. Majoritairement des pilotes dits “élites” mais il y a aussi des “amateurs” qui se lancent ce défi. Chapeau à eux !

À Nadine

Comme l’année dernière l’équipe d’Haibike Europe m’a sollicité pour faire équipe sur cette épreuve avec leur ambassadrice féminine Léa. Nous l’avions remporté en 2020 et nous étions tous motivés pour remettre notre titre en jeu… et surtout  le conserver ! 

Voici notre aventure…

Jour 1 – Tout aurait pu bien se passer

Au départ, nous avions (comme toujours) un peu de pression, avec la même envie de victoire pour Léa et moi. Il est 8h à Verbier et histoire de réveiller tout le monde et rendre le terrain glissant pour pimenter ce premier jour, le départ est donné 30 minutes après une bonne averse.

Ça part fort, même très fort, le cœur monte directement à son maximum !

La première partie de la journée se passe bien jusqu’à ce que Léa me crie lors d’une montée : « Nadine, j’ai une erreur 503 » ! Mince, je redescends la voir. L’erreur 503 signifie un problème de capteur ou d’aimant. C’est l’une des seules erreurs qui peut être résolue sans assistance technique. Je vérifie… L’aimant est en place mais le capteur a légèrement bougé. Je lui refixe et nous repartons jusqu’au ravito sans autres incidents. 

A la mi-course, nous sommes en tête chez les féminines avec quelques minutes d’avance sur nos poursuivantes. Je demande à notre Vincent Julliot qui nous suit sur cette épreuve de sécuriser la fixation du capteur pour repartir plus sereinement. Tout semble bien fonctionner et nous repartons pour 46 km et 2 400m de D+. 

Après 1900m d’ascension, j’arrive en haut du grand col Ferret bien connu dans l’UTMB comme étant un juge de paix. Je me retourne Léa n’est plus là. Je la vois juste en dessous arrêter avec deux coéquipiers Haibike que nous venions de doubler. Elle commence à pousser son vélo. La panne est revenue?! Je descends en courant l’aider à pousser son vélo heureusement, il ne restait que 200 m à faire avant de basculer sur la descente. Je regarde son vélo, l’aimant est toujours en place et le capteur aussi. Là c’est vraiment pas bon signe surtout qu’après la longue descente du grand col Ferret, il nous restait 450m de D+ sur un sentier terriblement raide qui mène au refuge Bonatti.

On temporise la réparation et on descend le mieux possible. Il y a de nombreux piétons sur cette portion mais heureusement il y a plusieurs trajectoires possibles. C’est vraiment le point noir de ce parcours car c’est désagréable aussi bien pour eux que pour nous. 

Bref, arrivées en bas, le moteur marche par acoup sans grande efficacité. Léa essaie de monter à vélo mais je crois qu’elle a fait 2 mètres puis son moteur ne répondait plus.. Pour rappel, nos vélos sont équipés d’un “extender” de batterie, ce qui nous permet d’avoir sur nos vélos une batterie interne de 625 Wh et une externe de 500 Wh. C’est top car nous n’avons pas de batterie dans le sac la majorité du temps. Mais par contre, quand il faut pousser dans des parties techniques où la roue avant ce bloc, c’est bien plus compliqué même avec l’assistance à la marche. Mais là sans moteur c’est juste l’enfer !

On commence à se relayer 1 ou 2 virages pour pousser la bête. Puis, je pense enfin à enlever les batteries (faut un peu de temps avant que le sang monte au cerveau dans ces cas là). On les met dans un sac. On reprend nos relais mais différemment. L’une monte mon vélo avec le sac chargé des 2 batteries sur quelques virages pendant que l’autre monte le mieux qu’elle peut en poussant le vélo. Puis celle qui est en haut redescend en courant relayer au poussage pour que l’autre puisse reprendre son souffle. Je ne sais pas combien de temps cela a duré mais c’était juste interminable. Plusieurs équipes nous doublent sans pouvoir nous aider et c’est normal. Max Chapuis essaie de nous donner un coup de main sur une portion moins raide en essayant de tracter le vélo mais c’est trop technique pour que cela fonctionne. 

Bref, on passe les 400m de dénivelés raides et on arrive sur un chemin de travers avec des passages de vallon qui montent et descendent sur quelques mètres à chaque fois (il restait 100m de D+). 

Là, les équipes féminines nous doublent mais heureusement on sait que l’arrivée n’est pas très loin. On continue notre effort jusqu’au refuge qui précède la descente finale. Léa récupère son VTTAE, moi je prends le sac avec les 2 batteries. Et on fait la descente avec le reste d’énergie physique qu’il nous reste. J’en prends plein les bras et le dos compte tenu du poids de mon vélo plus celui du sac, mais bon, tant pis. On passe la ligne d’arrivée du premier jour et je tracte Léa sur la route jusqu’à Courmayeur. Finalement, on ne perd que 5 bonnes minutes sur nos concurrentes. 

Léa craque un peu de fatigue et beaucoup de déception mais je la rassure car on n’a finalement rien perdu par rapport à ce qui nous est arrivé. 

Notre première journée est terminée mais par contre elle ne fait que commencer pour notre Vincent Julliot qui doit résoudre ce problème. Il a passé des heures sur le vélo de Léa mais en tout cas le lendemain nous avons pu repartir ! Sans lui, l’épreuve s’arrêtait là pour nous.

Pendant ce temps-là, nous, nous avons droit à un massage de récupération avec Manda, une amie de Léa, kiné/ostéo, qui nous fait le plaisir d’être avec nous pendant 3 jours. Le top !

Jour 2 – La nuit fût courte mais la journée fût belle

Effectivement, le réveil a sonné à 4h ! Le repos a été de courte durée, car avec l’effort de la veille je n’ai quasiment pas dormi.

Une lampe sur le casque et une au guidon, le départ est donné à 5h30 pour le premier groupe de coureur. Le deuxième, les plus chanceux, partent à 6h15. 

On a pas besoin de se parler Léa et moi pour savoir qu’on doit tout donner pour rattraper notre retard. On part à fond. Je passe en tête du groupe dès la première montée et je la garderai jusqu’à l’arrivée.

J’impose un rythme plus que soutenu à Léa, mais elle le tient parfaitement. 

Cette année, tout le sentier sur cette portion avec le passage au col de la Seigne est fermé aux piétons jusqu’à 8h. 

On vit alors un moment de course exceptionnelle. Nous sommes toutes les 2 en têtes du groupe, il n’y a personne et le soleil se lève sur les glaciers Mont Blanc juste en face de nous. La lumière devient jaune puis rose. C’est juste magnifique, un vrai régal ! 

Côté sportif, tout se passe bien. Nous sommes en forme et motivées comme jamais. On a juste géré une petite crevaison sur le pneu avant de Léa qui est vite réparée. On arrive au ravito avec 15 minutes d’avance sur les équipes filles. Nous voilà plus sereines. Par contre, on a puisé dans nos ressources. J’entends même Léa me dire au ravito “ Nadine, tu m’attends dans cette montée, je l’aime pas du tout”. C’est vrai que les trois quarts de la montée qui nous attendent, sont sur une longue piste raide sans intérêt jusqu’aux alpages. Pas terrible, on gère donc un peu puis on assure en descente car la portion chronométrée n’est que de 15 km sur les 50 km de la deuxième partie. Tout se passe bien. On relie l’arrivée par une longue liaison en pouvant prendre le temps de faire quelques photos. Nous sommes contentes de notre deuxième jour. 

A l’arrivée, Vincent nous bichonne encore nos VTTAE, Manda s’occupe de nos muscles endoloris, que peut-on demander de mieux ?!

Jour 3 – On ne sait jamais  

Avant le départ du dernier jour, nous avons 13 minutes d’avance. C’est assez pour être tranquille, c’est juste pour un incident mécanique et… c’est rien pour plein d’autres choses !

Pour cette journée, on commence par une longue liaison pour rejoindre la Suisse – la course n’ayant pas eu d’autorisation de passage sur la commune de St Gervais. 

La partie chronométrée fait 35 km avec la redoutable montée entre le col de la Forclaz aux Alpages de Bovine. C’est une montée que j’ai faite les 2 éditions précédentes. C’est raide, technique avec des racines dans tous les sens, des marches, des rochers… et des piétons. Puis, s’ensuit une descente technique et cassante avec toujours des piétons. 

On peut vite tout perdre surtout qu’on commence à être fatiguées.

Dès le début, lors de la 1ère liaison du matin jusqu’au col de la Forclaz, Léa prend une pierre dans la chape du dérailleur ce qui perturbe le passage de ses vitesses. On le redresse un peu, petit réglage du câble. Tout semble rentrer dans l’ordre mais c’est pas rassurant. 

Au sommet du col de la Forclaz, on attend notre départ chronométré qui est imminent et là je me rends compte que je n’ai plus d’eau (je ne pensais pas avoir bu deux litres lors de la liaison). J’arrive à faire le plein en quelques minutes à une source à quelques mètres qui sera sans conséquence sur notre départ mais c’est bien un moment de stress dont je me serai passée. 

Bref, le départ est lancé. On roule le mieux possible. On pose forcément pied à terre à plusieurs passages. On s’encourage avec comme priorité de rouler vite mais sans prendre de risque.

Cette “bavante” passée, on enchaîne avec des sentiers de traverse pour rejoindre une belle descente en terre sur Le Châble. Léa passe devant et lâche les freins car elle apprécie particulièrement celle-ci. Je m’accroche derrière pour la suivre. 

On arrive au ravito du jour. On mange, Vincent vérifie nos vélos et change nos batteries… et d’un coup Léa s’aperçoit d’un nouveau message d’erreur sur son vélo (606 je crois). Oups! La tension monte! Heureusement, Vincent a pu vite emmener le vélo à l’assistance Bosch présente à chaque ravito.  Quelques minutes plus tard, c’était réparé. Au top, et ça 2 minutes seulement avant notre dernier départ.  

Pour finir, il nous reste une longue montée jusqu’au col de Mille et descente dans la vallée puis la remontée finale de 900 m sur Verbier (soit au total 40 km pour 2 600m de D+)

Léa coince un peu dans la première montée jusqu’au col qui s’effectue sur un petit sentier alpin. Je l’attends à quelques passages pour toujours l’avoir en visuel car nous devons rester groupées. Au niveau du col dès que je l’aperçois à 200 m, je commence à descendre, elle roule un peu plus vite que moi en descente donc elle va me rattraper. 

Une fois ensemble, on se régale à dévaler cette dernière descente. On essaie de rouler vite, mais toujours sans prendre trop de risques !

Puis arrive la remontée sur Verbier. On est fatigué mais on sent que l’arrivée n’est pas loin. On ne lâche rien jusqu’au bike park final de Verbier où les sourires s’affichent enfin sur nos visages ! 

Passage de la ligne chronométrée puis retour neutralisé au centre de la station sous l’arche d’arrivée où il y a une explosion de joie, de champagne, de fatigue… On est accueilli par toute l’équipe d’Haibike, de Lapierre, nos amis, et le staff. On l’a fait, on l’a même refait, c’est gagné et surtout on a encore vécu un beau moment de sport par équipe.

C’était génial même si cela n’a pas été un long fleuve tranquille, ni une promenade de santé. Nos différents problèmes ont pimenté nos journées. Et ce qui est sûr c’est que rien n’est gagné, ni perdu tant que la ligne d’arrivée n’est pas passée! 

C’est une épreuve hors norme et particulièrement adaptée aux VTTAE. C’est ça la vraie compétition en VTTAE et à mes yeux, c’est l’avenir de notre discipline !

Pour finir, je tiens à remercier l’équipe d’Haibike pour votre confiance, Léa pour notre équipe de choc. Merci aussi à Vincent pour son aide et son soutien avant et pendant la course, à Manda pour les massages et à toute l’organisation qui se lance elle aussi le défi de faire une telle course pour les VTTAE!

Au tour de Xavier…

“Une première en Ebike, un défi hors du temps” 

Notre aventure commence au mois d’avril. Je suis chaudement installé sous le soleil niçois quand on me propose de participer au Ebike world Tour du Mont Blanc… A la première seconde le défi me plaît, mais reste en suspens la question du coéquipier ! Je suis pourtant intimement persuadé qu’au sein de la famille Haibike France, je vais trouver mon binôme. 

Quelques jours plus tard, je reçois un appel de Tom Meï, marketing Haibike, qui assure m’avoir trouvé le « coéquipier idéal ». Dernier arrivé dans l’équipe, le responsable social média, Benoît Jeanniard qui est pour moi un quasi inconnu… je dis bien « quasi » puisque l’équipe Haibike ne cesse depuis son arrivée de m’évoquer son passé de coureur élite en cross country et cross country marathon mais surtout « sa puissance »… voilà un coéquipier qui me semble de « choc ». 

Ainsi, dès que je parle de mon tour du Mont Blanc qui se fera en équipe avec Benoît la Team Haibike me lâche des petits sourires en coin et avec un  “bon courage mec, j’espère que tu es en forme! “. Dans mon esprit je me dis : Mais c’est qui ce Benoît pu***! Je m’imagine déjà, moi, pilote Haibike depuis 6 ans me faire plier par mon “chef” sur une épreuve de Ebike alors que le mec vient du cross… Never ever (Hahahahah!) 

Le rendez-vous est pris ! 

Les semaines passent et je m’entraîne assidûment, je peaufine ma technique… L’objectif : ne pas être le boulet de l’équipe et faire bonne figure pour représenter au mieux les valeurs du Ebike. 

Avec Benoît nous avons énormément discuté pendant ce laps de temps, nous avons eu – chacun de notre côté – des doutes, moi sur le faite de savoir si physiquement j’allais arriver à suivre son rythme sur les parties roulantes et lui savoir si dans les portions les plus techniques, il arriverait à être à l’aise. 

Mais au finale est-ce que la « meilleur équipe » ce n’est pas celle qui donne son meilleur pour aller le plus haut ?  Le maître mot de notre aventure : “plaisir”. On sait qu’on va en prendre plein la vue et surtout vivre un truc hors norme. 

Jour 0 – Derniers préparatifs

La veille de la course, nous arrivons à Verbier. Comme d’habitude les réglages de dernière minute sont toujours les mêmes et le bon vieux questionnement de rigueur : «tu as mis quoi comme pneus ?! »

D’ailleurs, nous changeons les pneus de Benoît pour lui mettre des pneus Schwalbes avec une carcasse renforcée pour éviter tous risques de crevaison… et là, je m’aperçois que mon coéquipier n’est pas souvent monté sur son Ebike… Le vélo est neuf, sans pédale. 

Mais son haibike Allmtn 5.0 équipé du système de double batterie va nous être bien utile tout au long de la course. Première vraie expérience avec cet EBike sur une course de 380 kilomètres… on part à l’aventure ça c’est sûr !

Jour 1 – Verbier-Courmayeur

Jour 1 – Verbier-Courmayeur

Le départ se fait en centre ville de Verbier. Nous sommes 20 équipes. Je retrouve avec plaisir de très grands coureurs d’enduro, Thomas Lapeyrie, Florian  Golet, Greg Noce, Laurent Meunier.

Des crosseurs de classe internationale : Marco Fontana, François Bailly-Maître. Et des spécialistes du Ebike de classe mondiale Jérôme Gilloux, Kenny Muller, Andrea Garribo. Une course avec un plateau ultra relevé, mais une ambiance conviviale.

On ne perd pas l’objectif de vue : se faire plaisir, partager une aventure et faire découvrir le Ebike à Benoît.

3-2-1 top chrono ! 

Comme à chaque fois ça part à bloc, 180 pulses au cardio, je me dis que la course va être longue, très longue à ce rythme et que j’aurais dû m’échauffer au lieu de gratter quelques minutes de sommeil…. Mon coéquipier est à quelques mètres devant, il a l’air bien… enfin mieux que moi.

Un classement de course se met en place rapidement et on se rend bien compte que sur cette première montée raide sur piste, le poids est un facteur énorme.Nous formons avec deux autres équipes le groupe de ceux qui « aiment bien manger à la cantine ! » – on en a si souvent rigolé durant l’aventure avec l’équipe de François. 

Mais c’est une évidence, la course part très très vite. 

Après quelques minutes à fond et une belle descente engagée, nous entrons dans une portion beaucoup plus technique en montée avec une enfilade de lacets serrés. Là, une question de Benoît, dont je me souviendrais longtemps, me laisse sans voix :  « tu descends la selle toi ? ». Benoît m’avoue dans la foulée qu’il a très peu posé ses fesses sur un Ebike. 

Sur ma gauche, je croise le regard de Nadine Sapin, juste derrière nous qui a tout entendu et qui sourit avec dans le regard une expression si particulière qui semble dire « aïe » et « dommage » en même temps. 

Le fou rire général qui s’ensuit est tout aussi mémorable … A ce moment-là, les restes de «stress » ou de pression disparaissent. On trouve notre rythme et chacun notre place dans l’équipe : lui, le guide GPS qui donne le rythme en bosse et moi, le guide technique.

La première descente très technique me rassure, Benoît reste dans la roue, il est très à l’aise en descente on remonte très vite sur la concurrence. Un très bon point pour la suite… 

La tactique nous permet de remonter petit à petit,  nos vélos équipés directement de la seconde batterie sur le cadre nous permettent de gagner des précieuses minutes sur nos concurrents. 

On bataille même quelques instants avec l’autre équipe Haibike d’Andrea Garribo, dont la maîtrise en descente et sa facilité en montée nous a impressionné (Normal, c’est un pilote Haibike mais Italien !). 

D’ailleurs la vitesse d’ascension de nos amis italiens nous fait redescendre sur terre, regard à mon coéquipier, consentement mutuel muet : “On les laisse partir devant, on pourra toujours les retrouver à l’apéro” ! 

La première journée se termine avec un bon classement, on perdait du temps dans les portions très raides mais on compensait par une vitesse soutenue en descente… 

A défaut d’un temps de folie – on est sixième, les souvenirs, eux, se gravent déjà dans nos esprits émerveillés. Avec des passages mythiques du grand col Ferret, et l’arrivée sur Courmayeur. 

Jour 2 – Courmayeur-Les Houches départ 6h15…

À cette heure-ci même pas en rêve je m’échauffe et pourtant, j’aurais dû… 

Dès le début, nous sommes distancés par toutes les équipes. La montée sur piste à 20% de nuit nous est fatale. J’ai même le temps de sortir pour faire un live avec mon téléphone. Mais, c’est pas grave, la course est encore longue. 

On redouble nos efforts pour rester au contact… puis soudain le soleil se lève ! C’est l’émerveillement total ! Le paysage est magnifique, on profite de chaque passage, on se délecte de chaque centimètre de chemin, le spectacle est sans pareil, impossible de rester tête dans le guidon.

La compétition est passée au second plan. Je ressort mon téléphone pour filmer un peu.

Mais en tout cas, même si j’ai pu temporiser pour filmer un peu en attendant Benoît, cette journée fût particulièrement éprouvante physiquement! 

Jour 3 – Les Houches-Verbier 

Nous partons sur une liaison de quelques kilomètres, le peloton se forme ça roule bien je suis d’humeur un peu taquine… j’appelle Vincent ! Il a passé la nuit a remettre à neuf les vélos de l’équipe… et je trouve que l’idée de lui faire une blague à 7h du mat est une grande idée ! 

« Allô Vincent, mon moteur ne démarre pas … tu es sûr de bien avoir tout vérifié ? » Petit moment de flottement, la voix serrée je l’entend me dire « je suis désolé , j’ai tout fait pourtant… »

Je le laisse mariner quelques secondes, je lui dit que c’est une blague, le rassure (c’est fragile ces bêtes – là). Il bosse comme un fou, le vélo marche extrêmement bien, il est au top ! La suite sera moins sympa…. 

À ce moment-là, notre partenaire de liaison François Bailly Maître a un incident mécanique. Nous nous arrêtons pour discuter un peu. Le peloton continue d’avancer, avec Benoît nous essayons d’aider François, sans succès. 

On repart, mais au bout de plusieurs minutes le GPS veut nous faire traverser un torrent…. Il nous semble énorme ! L’orage de la veille y est pour quelque chose. Je pense qu’on est perdu, j’appelle Vincent (notre maman) à l’aide car il peut nous suivre à distance avec nos balise GPS. Il confirme mes craintes, c’est le bon chemin. Vincent ne manque pas de nous rappeler que les organisateurs sont de vrais aventuriers et que l’on est parti à l’aventure…  

 « Ok chef, on traverse ».

C’est sûrement la pire expérience de l’aventure voir même de ma vie de cycliste.

Le torrent est glacé ! On a de l’eau jusqu’à la taille, impossible de porter les vélos, on les immerge…  Nous repartons, là je m’aperçois que mon bike n’a pas aimé la baignade ! Ma batterie s’est déchargée d’un coup, la suite va devenir compliquée. 

Non sans effort, on arrive au départ du secteur chronométré. A ce moment, on apprend que les autres concurrents en peloton sur cette liaison, on fait un détour pour trouver un pont et franchir le torrent au sec! Et m….

Puis l’organisation de l’Ebike World Tour nous indique qui nous attend une montée ultra technique endurcie par l’orage de la veille et la descente qui suit est piégeuse et engagée. 

Mais on s’en sort vraiment très bien. Benoît trouve les automatismes en montée, il a presque le Ebike en main ! Les réflexes sont là, le plaisir aussi. Malheureusement, l’épisode du torrent se rappelle à notre bon souvenir, ma batterie a morflé. Je dois me résigner à finir la spéciale sans batterie, avec l’aide de Benoît pour me tirer dans les portions de montée. 

En bas de la spéciale, on a vraiment donné notre max. Mais on reste dans la course pour un top 5 ! 

Mais, dommage, la fin du chrono n’est pas au niveau du ravitaillement mais le début d’une longue liaison sur un chemin extrêmement raide jusqu’à celui-ci… c’est long, très long. La batterie de Benoît lâche à son tour. Aïe, aïe, aïe….

Nous arrivons au ravitaillement épuisés mais heureux. Après une révision complète de nos vélos par El Maestro, Vincent Juillot, nous repartons. L’objectif : rattraper notre retard et en découdre avec les meilleurs dans cette dernière partie chronométrée. 

3-2-1 top  

On part à fond, les batteries à 100% !!!

Le circuit est magique avec de vrais single tracks fait pour le VTT. Rien ne nous arrête d’ici à Verbier ! Les montées techniques, les épingles serrées… On passe partout et le chrono défile en notre faveur. Nous passons au sommet de la dernière grande descente avec l’équipe Specialized – on joue la quatrième place du scratch avec eux. 

On est chaud ! Les deux gars descendent à une vitesse folle… En bas de la descente nous n’avons cependant que quelques secondes de retard. Assez pour essayer dans la dernière bosse de tout donner..sans succès. 

Nous terminons épuisés, en cinquième position, heureux, des souvenirs pleins les yeux, une complicité sincère – 380 km de Ebike en duo ça crée des liens ! Une aventure humaine extraordinaire, une course magnifique. 

Merci Mister Benoît pour cette expérience hors du commun, merci d’avoir accepté de passer autant de temps sur un bike avec moi. Merci Ebike world tour de nous permettre de vivre des rêves éveillés. Merci Vincent pour les conseils, la mécanique jusqu’à pas d’heure.

Et au fait Benoît, “prêt pour y retourner l’année prochaine” ? 

Les résultats

A la fin de cette aventure cette année, c’est un doublé Français qui monte sur les plus hautes marches du podium avec l’équipe Moustache composé de Jérôme Gilloux et Kenny Muller et l’équipe Haibike/Fullattack avec Léa Desland et “notre” Nadine Sapin. 

Pour ceux qui veulent voir les résultats complets, c’est par là : 

https://www.ebikeworldtour.com/e-tour-du-mont-blanc-race

Et pour ceux qui veulent voir plus d’images de cet évènement, voici les 3 vidéos de 3 jours, c’est par là : 

Jour 1

Jour 2

Jour 3

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