EWS-E + Transvésubienne – Retour sur un WE de compétition un peu fou

Covid oblige, le calendrier est un peu fou en cette rentrée 2020. Le week-end des 19-20 septembre, c’étaient la E-EWS de Pietra Ligure et la Transvésubienne qui se chevauchaient au planning. Alors, que faire quand tu hésites trop entre les deux ?!

Chez nous, Nadine Sapin a trouvé une réponse osée : ne pas choisir, et participer aux deux ! Par chance, et avec quelques concessions, il y avait moyen de rouler en Italie le samedi, et en France le dimanche… Récit d’un week-end un peu fou !

 


Temps de lecture estimé : 11 minutes – Crédits photo : EWS / Manu Molle / UCC – Inov photo


 

 

Mon idée pour ce week-end

Faire deux grandes courses de VTTAE le même week-end, quelle idée folle ! Mais je n’arrivais pas à me décider pour savoir laquelle sacrifier alors j’ai tenté de faire les 2 !

En quelques mots, voici le principe : une course d’Enduro EWS-E à Pietra Ligure avec le vendredi les reconnaissances et le samedi la course (9 spéciales 60 km / 2500 m de dénivelé) ; la Transvésubienne le dimanche entre La Colmiane et Nice (88 km / 4500 m de D- et 3000 m de D+).

 

 

Mais pourquoi donc ?

On peut se poser la question évidemment ! Pourquoi ne pas choisir ? Pourquoi vouloir tout faire ?

Bon déjà, je suis une hyperactive et ce genre de projet fou me motive toujours !

Mais je ne suis pas si folle que ça. En effet, les 2 courses ne sont pas trop loin de chez moi (moins 1h30 chacune) donc d’un point de vue logistique c’était possible.

A côté de ça, j’étais en forme. J’avais l’entraînement de l’ETMB encore dans les jambes donc je savais que je pouvais enchaîner 2 ou 3 grosses journées de VTTAE tout en restant assez performante à mon petit niveau.

 

Pour l’EWS, j’avais envie d’y participer pour le plaisir de la compétition et sans aucune prétention de classement car je ne pensais pas avoir le niveau des pilotes Pro engagées.

De plus, c’était la 2ème EWS-E organisée par les Enduro World Series. Je n’avais pas pu me rendre à la première à Zermatt en août pour des raisons professionnelles. Cependant pour avoir suivi la course et avoir eu des retours de certains pilotes, j’étais restée assez perplexe sur l’évènement. Le format à Zermatt ne semblait pas adapté au VTTAE. Les spéciales étaient courtes, peu variées, presque toutes sur le même sentier avec des pédalages à plus de 25km/h… Des liaisons principalement sur piste mais avec un timing très (trop) serré. Et pour finir, l’épreuve était moins dure physiquement et peut être même techniquement que celle des VTT. Invraisemblable !? C’est tout de même une “E-Enduro World Series” et je pensais que l’organisation aurait dû/pu faire en sorte que ce soit à la hauteur de l’appellation “World” en ce qui concerne le parcours !

Bref, je n’y étais pas pour en faire un véritable retour mais quelque part, je ne regrettais pas de ne pas avoir fait le déplacement. C’est pourquoi, participer à Pietra-Ligure, pas loin de la maison, me permettait alors de me faire ma propre opinion en les “vivant” de l’intérieur en tant que pilote. Je ne pouvais pas manquer ça.

 

Pour la Transvésubienne (TV), les raisons sont beaucoup plus simples. Cette épreuve est comme une drogue pour certains d’entre nous. Tu y participes, une fois ; à l’arrivée, tu te dis “plus jamais”, “c’est ma dernière participation” ; et le jour d’après tu as déjà envie d’y retourner.

Pour moi, cette année, il s’agissait de ma 13ème participation d’affilée (9 en VTT/4ème en VTTAE). En enchaînant les 2 compétitions, je savais que je ne pouvais pas faire le prologue de la TV le samedi et que je partirai sans les bonifications de 15 à 10 minutes pour le classement général. Mais bon, sur une course si longue, on peut tellement facilement gagner ou perdre 10min que quelque part, ce n’était pas si important que ça.

De tout façon, j’avais un doute de pouvoir tenir jusqu’au bout. Donc si jamais je sentais que j’allais trop loin physiquement, je savais que je pouvais mettre le clignotant à un ravito et rentrer. Je ne suis pas trop folle non plus, j’avais une issue de secours. Mon plaisir était bien avant tout d’être au départ, de croiser George Edwards avec sa moto sur le parcours et de tenter de rallier l’arrivée une nouvelle fois de cette course que j’adore.

Le calendrier le permettait, fallait essayer !

 

 

Mon vélo

Pour faire ces 2 courses, j’ai roulé avec un Lapierre GLP2 Elite upgradé pour optimiser le montage d’origine (changement de cintre, manivelles, roues, pneus et selle). Typé Enduro mais léger et efficace en montée, c’est pour moi, “LE” VTTAE idéal, à ce jour, pour faire ces 2 épreuves. En plus, je venais de le relooker et par la même occasion protéger avec des stickers Slicy pour le personnaliser. Il était tout beau et j’étais bien armée, il n’y avait plus qu’à assurer !

 

 

Inside…

 

L’EWS-E

Tout commence le vendredi avec les reconnaissances des spéciales à l’EWS-E de Pietra Ligure. Au programme 45 km, 1950 m de dénivelé. Comme nous faisons 2 fois 2 spéciales (1 seule reco par spéciale), la journée s’annonçait un peu moins dure que celle de la course.

Les reconnaissances sont libres mais avec un enchaînement imposé par des horaires pour chaque spéciale. Je décide de partir dès l’ouverture pour éviter les “bouchons” et surtout pour terminer tôt afin de favoriser la récupération.

Dès la première liaison, le ton est donné. Ce sont des spécialistes du VTTAE qui organisent ici et on le ressent de suite. Très peu de route et piste, toutes les liaisons sont intéressantes et techniques sur sentier. Si un pilote n’a jamais fait de VTTAE, il est en galère. Comme en plus, le temps des liaisons est court et imposé le jour de la course, il faudra savoir piloter pour arriver à temps au départ des 9 spéciales.

Quant à celles-ci, l’esprit Enduro est conservé et adapté aux VTTAE avec des vrais longs passages en montée qui seraient compliqués à intégrer à une spéciale d’Enduro de VTT. C’est top, enfin, la comparaison n’est plus possible !

 

Nous avions aussi 2 “Power Stages”. Comprenez, des spéciales en montée uniquement. Elles sont courtes mais elles ont leur petit intérêt. Personnellement, avec la qualité des liaisons qui nous a été proposée, je pense que ces Power Stages pourraient être améliorées pour rendre cette compétition de VTTAE encore plus intéressante. Pourquoi se limiter à de petites spéciales ? On a une assistance au pédalage, faut s’en servir pour le chrono de la course aussi ! Pas la peine d’aller chercher des passages impossibles, trop raides pour les Power Stages mais du long, du technique, du physique serait aussi une bonne option !

Les reconnaissances se passent bien, il n’y a pas de grosses difficultés. j’arrive à tout passer. Les tracés sont très beaux. Pour ma part, je suis habituée à ce genre de terrain de bord de Méditerranéen, pierreux, sinueux et poussiéreux. Le grip est y particulièrement compliqué à trouver du fait de la sécheresse. Il va falloir, piloter propre et être léger sur le vélo pour éviter de sortir du sentier et/ou de crever. Si tu es fort tu peux faire la différence.

Le lendemain, c’est la course.

Comme je vieillis, je n’ai presque pas de pression. Je vais rouler à mon niveau, je ne sais/peux pas faire mieux de toute façon.

La journée est speed, c’est du vrai VTTAE, j’adore. Peu de temps pour les liaisons, on enchaîne les 9 spéciales en 3 boucles sans avoir beaucoup de pause entre elles. Les premiers temps tombent. Tracy Moseley domine logiquement la course !

Mais à ma grand surprise, je me “bats” pour la 2ème place avec Maaris Meier du Team Miranda. J’arrive à lui prendre quelques secondes par spéciale (sauf la première) mais rien qui me donne de la marge.

Finalement, la différence entre nous se fait sur les Power Stages avec même une première place pour moi dans l’une d’elles devant Tracy.

Le Lapierre GLP2 me mets complètement en confiance. Je me régale toute la journée.
Je ne me pose pas de question, j’y suis, je roule, j’en profite. Demain est un autre jour !

Au final, je conserve la 2ème place, je suis très contente de ma course mais le week-end n’est pas terminé… Je m’excuse encore auprès des organisateurs de ne pas rester pour le podium prévu à 19h30 pour pouvoir partir au plus tôt.

Cet EWS-E ouvre la porte à de très belles futures compétitions de VTTAE si le même type de format est appliqué tout comme l’avait fait l’Enduro des Portes du Mercantour en 2019.

Quelques points sont encore à améliorer mais on sent que les erreurs de Zermatt ont permis de rectifier le tir ! Je l’espère en tout cas pour l’avenir du VTTAE en compétition.

 

 

 

Première course terminée mais avant de partir de Pietra, j’en profite pour plonger un coup dans la grande bleue, contrôler mon vélo, changer mes plaquettes et ma roue arrière pour le lendemain.

Un bref passage par Nice pour récupérer François et mes affaires pour la Transvésubienne. Nous montons dormir à La Colmiane pour la nuit car le départ des VTTAE y est prévu à 7h15 !

La journée fût longue et la nuit fût courte, croyez moi !

 

 

La Transvésubienne

À 6h30, il fait toujours nuit, les VTT s’élancent sur la TransV avec leur petite lampe et bientôt c’est à notre tour avec le lever du jour.

Je ne sais plus trop où donner de la tête mais j’y étais à 7h10 au départ de la fameuse Transvésubienne. Au programme : 88 km avec environ 3000 m de dénivelé positif / 4500 m de négatif. C’est pas gagné !

D’après le règlement, mon Lapierre GLP2 Elite étant équipé d’une batterie de 500 Wh, j’ai droit à trois batteries pour tout le parcours.

À première vue, je n’aurai donc pas trop à gérer la consommation mais la Tranvésubienne est une épreuve tellement exigeante pour les organismes et les vélos que rien ne se passe jamais comme prévu ! Sur le vélo, j’ai juste changé les plaquettes arrières et mis une roue arrière Mavic XA pro Elite en carbone équipée d’un pneu Magic Mary Soft “passe partout”. Mon but étant d’alléger le vélo le plus possible tout en gagnant de l’adhérence afin de favoriser le pilotage en montée.

 

7h15, c’est parti. Comme il a un peu plu pendant la nuit, le premier quart de la course est une véritable patinoire. Trouver le grip est de la plus grande difficulté. Les pierres sont recouvertes d’une fine couche de boue, de glaise qui font partir le vélo dans tous les sens. J’assiste d’ailleurs à quelques belles glissades et chutes devant moi, il y a du spectacle.

Sinon, je m’étonne moi même à tenir bon, voir même à performer. Les 3 premiers (Jérôme Gilloux, Yann Girard et François Dola) sont très forts et inatteignables pour moi mais je fais toute la course au coude à coude avec Mickael Freycenon pour la 4 ou 5ème place.

Comme j’avais 3 batteries de 500 Wh pour 2900 m, je tente un peu le tout pour le tout, en me mettant un majoritairement en EMTB et Turbo. Mais en course, sur un tracé aussi exigeant, on consomme toujours plus vite. J’optimise la gestion de chaque batterie pour profiter un maximum du moteur au pédalage tout en régulant sur la fin de celle-ci pour éviter de tomber en panne.

Au premier changement de batterie, j’arrive avec encore 25%. Je n’ai pas tout fait en Turbo car les gars m’ont mis le doute au départ. De toute façon, le terrain étant très glissant sur cette première portion, ce n’était pas forcément judicieux.

Puis au 2ème changement, au Col de Porte, je tombe en panne à 100m avant le Col en ayant juste fait le dernier kilomètre en Tour. Même scénario à l’arrivée où je termine avec 2% seulement en gérant la fin du parcours.

Je franchis la ligne en 4ème place au scratch. Mais sans les bonifications du prologue de la veille, je monte sur la 5ème marche du podium (1ère féminine en même temps).

Rien à regretter, 4 ou 5, j’en espérais pas tant le matin même !

Cette Transvésubienne 2020 était encore une belle édition. Faute à la Covid et aux nombreux événements en ce mois de septembre, il y avait tout de même moins de concurrents en VTT et VTTAE que d’habitude. Mais la qualité des pilotes présents est à souligner.

L’équipe d’UCC nous aussi proposé un nouveau tracé notamment pour la deuxième moitié de la course. J’ai d’ailleurs découvert de nouveaux sentiers alors que c’est mon terrain de jeu à la maison. Ils sont vraiment très forts !

 

 

Et maintenant

Je suis bien sûr ravie de mon WE (et fatiguée). J’en ai profité un maximum mais tout en restant clairvoyante. On dit que le VTTAE permet d’aller plus loin, plus haut et je crois que mon GLP2 l’a confirmé ce week-end ! J’ai eu de la chance de ne rien casser, de ne pas chuter, d’avoir un physique qui a tenu bon (j’ai de bon gènes 😉 ).

Et puis, je ne suis pas la seule à avoir fait ça. Jérôme Gilloux du Team Moustache a fait de même. C’est d’ailleurs lui qui m’a motivé à tenter le coup. Jérôme termine 5ème des EWS-E et gagne haut la main la TV ! Alors respect !

Bravo en tout cas aux équipes organisatrices de ces 2 courses bien différentes l’une de l’autre. Merci à Nathalie des EWS-E et Quentin d’UCC de m’avoir facilité la logistique. Merci aussi à notre ami Jean Michel de nous avoir assisté, François et moi, aux ravitaillements de la TV.

Un peu de repos maintenant avant un prochain événement d’ici quelques semaines !

A très vite 😉

  1. Quel Marathon en deux jours !
    Nadine SAPIN est incroyable !
    Elle arrive à chaque fois à associer une grande performance sportive et une formidable modestie !!
    Pour ce pari fou, UN GRAND E-BRAVO !!!
    Vivement son prochain challenge !

  2. Bravo Nadine pour toutes ces performances .
    Au sujet des Power Stages des EWS E , le risque si elles sont plus longues et moins “piégeuses” est peut-être de plus favoriser les pilotes légers qui pourront rouler avec une assistance supérieure .

    1. Bonjour Lay, effectivement, faut trouver un bon format mais le poids est loin d’être la clef de tout. Si on met des spéciales suffisamment longues et techniques (sans mettre des montées impossibles ou trop raides favorisant les petit poids) alors c’est la technique de pilotage d’un VTTAE, l’endurance et surtout l’expérience qui feront la différence.
      Nadine

  3. Bonjour Nadine,
    bravo pour ce weekend, peux tu détailler un peu les changements que tu as fait et quel gain tu as : “cintre, manivelles, roues, pneus et selle”.
    Je regarde pour un 2021, le montage est sympa, mais je pense devoir aussi changer quelques composants.

    1. Bonjour, j’ai mis un cintre et des roues en carbone (pour alléger), des manivelles en 160 (pour gagner en hauteur de pédalier) et mis ma selle Proxim Prologo qui est pour moi une référence en VAE. Pour les pneus, c’est fonction du temps et du terrain… Nadine

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