Compétition – La World eBike Series de Monaco, pour une première…

Les plus assidus d’entre nous l’ont suivi en direct en story Instagram VTTAE.fr : les 12, 13 et 14 avril 2019 se déroulait la toute première World eBike Series sur les hauteurs de Monaco. Un événement que l’on peut qualifier de coupe du monde VTTAE puisque sportivement, la série reçoit le soutien de l’Union Cycliste Internationale. 

Qui dit première, dit curiosité ! Il fallait nécessairement être là pour se faire une idée plus précise des enjeux. À quoi fallait-il s’attendre ? Que s’est-il passé ? Qui a gagné ? De quelle manière ? Et qu’apprend-t-on à l’issue de cette première ?! VTTAE.fr passe cette première World eBike Series en revue et apporte quelques éléments de réponse… 

 


Temps de lecture estimé : 10 minutes – Photos : World eBike Series / Kike Abelleira / VTTAE.fr


 

Au sommaire de cet article :

 

 

L’essentiel…

[dropcap size=big]À[/dropcap] l’avenir, l’histoire retiendra donc que cette World eBike Series constitue la toute première tentative de coupe du monde de VTT à assistance électrique. À la manoeuvre, la société d’événementiel Slash menée par Francesco Di Biase, et Kieran Page, pratiquant diplômé et ancien cycliste de renom connu du milieu VTTAE, en tant que directeur sportif.

L’initiative a d’abord reçu le soutient de la fédération Monégasque de Cyclisme, avant que l’UCI elle-même apporte sa reconnaissance et sa contribution à l’initiative. C’est ainsi que l’événement prend forme autour de deux pôles géographiques : le village de Peille et ses sentiers réputés pour le riding en journée, et le Stars & Bar de Monaco pour les animations en soirée.

Au programme donc, trois jours : reconnaissances et conférence de presse le vendredi, compétitions et soirée de gala le samedi, randonnée publique le dimanche. L’occasion de regrouper 50 à 70 participants, en fonction des chiffres et des méthodes de comptage, avec un avantage certain pour la compétition d’Enduro qui attirait le plus de monde cette fois-ci.

 

 

Les parcours

Pour se faire une idée plus précise d’un événement, rien de tel qu’un coup d’oeil aux parcours. À travers les choix, les spécificités et les dimensions, ils traduisent des intentions et donnent à l’événement toute sa saveur…

[toggler title=”L’Enduro” ]

Place tout d’abord à l’Enduro de cette World eBike Series de Monaco. Je vous y emmène en caméra embarquée commentée, pour saisir sur l’instant, les toutes premières impressions…

Finalement, la pluie s’abattant sur les hauteurs de Peille a raison de la dernière spéciale prévue, la mythique DH de Peille, très dangereuse et exposée dans ces conditions. Au programme donc : SP1 > SP2 > SP1.

 

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[toggler title=”Le Cross Country” ]

Tracé derrière le village de Peille, le circuit XC de cette première World eBike Series consiste à un départ en faut plat descendant pour jouer le holshot, avant une première ascension large et pentue, sur goudron, pour étirer le paquet.

À son sommet, premier passage sous l’arche d’arrivée et entrée sur la boucle de course, à effectuer six fois. Elle débute par la longue ascension du parcours : un sentier de randonnée truffé de racines et de rochers par endroit, relativement pentu, où les franchissements s’enchaînent.

S’en suit une longue descente reprenant un sous-bois emprunté par la première spéciale de la compétition Enduro. La dernière portion du circuit tourne dans le parcours de maniabilité qui sert à l’apprentissage local, avant de repasser sous l’arche pour le(s) tour(s) suivant(s).

Au total, près de 1000m de dénivelé et à peine moins d’une heure de course pour les meilleurs, que la grande majorité des finishers terminent avec une seule barrette d’autonomie, soit 20% de batterie ou moins, au compteur.

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Les règles…

Cette première édition des World eBike Series est l’occasion de répondre à certaines questions qui animent le milieu VTTAE, et plus particulièrement celui de la compétition : à quoi doit-elle ressembler ? Quels avantages de l’assistance doit-elle mettre en valeur ? Qui peuvent en être les champions ?! 

[toggler title=”Combinés ?!” ]

Pour ce faire, cette World eBike Series de Monaco propose deux épreuves : Enduro et XC, aux classements indépendants. Les listes des inscrits dépeignent sans appel la tendance VTT du moment : l’Enduro est en vogue avec sa cinquantaine d’inscrits, face à la quinzaine de participants XC.

Tant et si bien qu’au final, ce sont une partie des enduristes, encore prêt à en découdre, qui viennent grossir les rangs du XC. Sur la vingtaine de classés, plus de la moitié ont fait l’Enduro de bon matin. De quoi pousser à la création d’un classement combiné ?! 

 

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[toggler title=”Hiérarchie ?!” ]

L’autre question que soulève cette première porte sur la hiérarchie sportive. Qui dit début, dit inconnue, comme le niveau de chacun, et la place à prendre au sein de la course. C’est la raison pour laquelle l’Enduro de cette première World eBike Series de Monaco ne compte pas d’ordre et d’horaire de départ en spéciale.

Passé le pointage de départ au paddock, chacun reste donc libre de s’organiser à sa guise pour mener sa course, compléter les trois chronos du jours et revenir à bon port, pour les formalités de fin de course…

 

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[toggler title=”Les contrôles” ]

Pour une première, qui plus est en présence de l’UCI, il s’agit d’un point particulièrement scruté de tous ce week-end. Avant course, un premier contrôle technique du vélo pour vérifier la circonférence des roues, le certificat moteur que le participant doit fournir, et recevoir les autocollants devant servir à marquer la batterie, les roues, le cadre, le port USB du vélo et la fourche.

Ici, les compétitions sont dessinées pour être effectuées avec 500Wh d’autonomie, et les pilotes priés de prendre le départ avec cette quantité d’énergie. À chaque spéciale, les commissaires contrôlent la présence de tous les stickers de marquage, et demande à chaque pilote d’éteindre et rallumer l’assistance avant de s’élancer.

En spéciale, des contrôles de vitesse, au pistolet radar, sont effectués en plusieurs endroits. Pas de vitesse limite imposée, mais un outil de plus pour porter un regard averti sur les prestations de chacun. De quoi, dans tous les cas, orienter le contrôle d’après course, de retour au paddock.

Là, nouveau contrôle des marquages et de la circonférence des roues, démontage des caches moteur pour contrôler visuellement la connectique du capteur de vitesse, branchement du système à l’outil de diagnostique sur ordinateur… Et contrôle anti-dopage physiologique pour les premiers de chaque catégorie, sous la houlette des instances monégasques.

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Au paddock…

Sur les listes d’inscrits, des habitués de la discipline, et quelques noms réputés pour leurs performances sportives passées. Dans le paddock, quelques teams composent l’essentiel de l’attroupement autour des habillages WES et de l’écran qui diffuse les résultats en live. Voici les têtes connues et leurs machines, prêts à en découdre…

Pour compléter le tableau, on oublie pas Camille Servant, présent pour les reconnaissances mais rentré chez lui pour raisons personnelles, Nicola Casadei l’Italien qui va bien sur Scott, et présents spécifiquement pour la course XC : Marco Fontana, qui fait du VTTAE son principale projet cette saison, Gustav Larson, ancienne gloire du cyclisme et voisin Monégasque, et Andrea Moser, Suisse au guidon du Thömus.

 

 

Les courses

Pour tenter de définir ce que peut être la compétition à assistance électrique de demain, les deux courses du jour doivent servir de point d’appui. Que s’est-il passé ? Sur quels paramètres la course s’est-elle jouée ?! 

[toggler title=”L’Enduro” ]

À l’issue de la première spéciale, Melvin Pons pointe en tête. Nicolas Quéré semble désespéré et déçu de sa prestation, et Nicolas Vouilloz boucle son premier chrono en course depuis un petit moment. Dans le secteur suivant, le premier cité subit des coupures moteur rédhibitoires, le second se refait, et le troisième reste en embuscade, avec deux secondes de marge.

Juste derrière, la course fait le tri. Olivier Giordanengo crève de l’avant en roulant hors trace au début de la SP1, Xavier Marovelli fait de même dans une épingle défoncée dans la SP2, et Gustav Wildhaber finit la spéciale 3 sur la jante, pneu totalement déjanté.

La course se joue finalement dans la dernière spéciale du jour, à nouveau le parcours de la SP1. Nicolas Quéré veut effacer sa mauvaise impression du matin et s’applique à signer un chrono amélioré de 14 secondes quand Nicolas Vouilloz, trop en gestion, n’améliore son temps que d’une petite seconde. Ils devancent finalement Kenny Muller auteur, lui, d’une course clairement très régulière, à quelques secondes de la tête.

Mais alors, au delà de ces observations, à quoi s’est jouée la course ?! Sur quels paramètres les pilotes ont basé leurs prestations ? On a tendu le micro aux deux Nicolas, Quéré et Vouilloz, pour en savoir plus sur leurs approches et stratégies de la course…

 

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[toggler title=”Le Cross Country” ]

Dans l’après-midi, place au Cross Country de cette première World eBike Series. Passé le premier virage et le holshot signé Rémy Quillévéré, la course se décante très vite. Jerôme Gilloux profite de la première ascension pour faire le trou sur la concurrence.

De l’avis de tout le monde, son rapport poids/puissance déjà très bon à sec, s’en trouve redoutable, affublé des watts de l’assistance électrique. Tel un jockey – il pèserait moins de 60kg sur la balance – il n’a de cesse de creuser l’écart et faire une démonstration de fluidité et de franchissement dans la longue montée technique du parcours.

Derrière, la course se résume en un mano-à-mano entre Gustav Wildhaber et Marco Fontana. L’Italien a pris parti de faire la course en semi-rigide et s’en mord les doigts. Malgré des pneus plus gros qu’aux reconnaissances, il est en difficulté tout au long du parcours très technique et cassant pour lui.

Dans sa roue, Gustav Wildhaber fait le drapeau par moment, mais se refait à chaque fois une santé à la descente… Jusqu’à porter l’estocade lorsque, fatigué, l’Italien finit par crever de l’arrière, et fait les deux derniers tours en perdition. Pas d’assistance, c’est un des points du règlement de cette première World eBike Series.

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Qu’en tirer ?

Voilà pour ce que l’on peut relater de cette première World eBike Series, première tentative de coupe du monde de VTT à assistance électrique. L’occasion d’en tirer plusieurs enseignements ou du moins, axes sous lesquels observer désormais la suite de la saison où l’ambition de faire décoller la compétition à l’international est présente.

Tout d’abord, les priorités de l’organisation de cette World eBike Series. On y retrouve assez logiquement un événement ficelé comme on peut s’y attendre de la part d’une entreprise d’événementiel qui a la charge d’exécuter l’opération. Programme, visuels, habillages, communication, écrans, animation… L’emballage y est.

On retient ensuite la volonté de progresser en matière de réglementation. Quels contrôles ? De quelle manière ? Les commissaires et observateurs de l’UCI étaient clairement à l’oeuvre ce week-end. Pas nécessairement pour une démonstration de savoir-faire ou de puissance établie, mais bien pour expérimenter, analyser, et rapporter matière à travailler pour la suite.

 

 

La suite ?!

Reste notamment à ce qu’un tel événement deviennent pleinement représentatif de ce que doit permettre la pratique du VTT à assistance électrique. Pour l’heure, la nuance entre cet Enduro WES, et un Enduro traditionnel est fine. Tandis que le Cross Country, son parcours pentu/technique et la victoire favorisée à un rapport poids/puissance optimal semble plus à propos… 

Dans les deux cas, des efforts d’adaptation ont été faits, mais la nuance reste mince. C’eut été difficile, mais les deux auraient pu servir de base à des épreuves traditionnelles, sans assistance. Quid des franchissements les plus ardus – ceux qui font mettre de coûteux pieds à terre en cas d’erreur – la sensation de pouvoir en faire plus – loin, haut et/ou longtemps – et la notion d’efficacité énergétique du matériel – le plus économe, le plus puissant, le meilleur rendement, les choix techniques des constructeurs – qui peuvent faire la spécificité du VTTAE ?!

Priorités de l’organisation, choix réglementaires et représentativité de la pratique à assistance électrique, voilà donc les axes sous lesquels la suite de la saison peut être passée au crible… C’est en tout cas ce à quoi on s’attache, à l’issue de cette première World eBike Series de Monaco qui aura dorénavant et à jamais, le mérite de servir de point de départ, pour une première..! 

Rédacteur
  1. Merci pour ce retour sur cet événement.
    Avez vous eu un retour de l’organisation ? Parce que “Programme, visuels, habillages, communication, écrans, animation… L’emballage y est.” Certes mais l’emballage est cher payé pour 70 participants, non ?!

    “Jusqu’à porter l’estocade lorsque, fatigué, l’Italien finit par crever de l’arrière, et fait les deux derniers tours en perdition. Pas d’assistance, c’est un des points du règlement de cette première World eBike Series.” Je n’ai pas saisi le point du règlement que vous mettez en avant. Le dernier tour sans assistance ? Interdit d’utiliser l’assistance en cas de crevaison ?

    1. on parle là “d’assistance” technique extérieure (avec un mécano qui change une roue apr exemple), comme cela se pratique en XCO

  2. Sympa ce compte rendu avec les podcast des Nico’s ainsi que les commentaires d’Antoine sur les spéciales !
    Je viens de voir que Adrien Daily était DNF sur la feuille des temps, une raison ? Ça aurait pu être sympa de voir ce que valait le Ezesty sur ce genre de course !

    1. Salut, merci ! Adrien était plutôt là en voisin pour passer du temps en chrono et faire du rythme, qu’avec une ambition sportive particulière. Il avait des équipiers là pour ça… Du coup, les résultats ne sont de toute façon pas significatifs pour tirer des conclusions. On a le vélo à l’essai, on est en train de tirer les choses au clair 😉

      1. Il fut un temps où le Ezesty était présent sur le site web de Lapierre mais a depuis peu disparu. Une raison particulière ? Pas de date de sortie ?

  3. Si on a roulé ” full gas ” toute la course et qu’il reste encore une barrette de batterie, c’est embêtant puisque le xc est une d’ endurance aussi bien pour le coureur que pour le vélo, 1h de course c’est trop peu , qu’ils rajoutent au moin 1 tour et ce sera plus dure ..
    Si on pouvait organiser, une épreuve xc ” musculaire ” sur ce parcours, là aussi ça n’est pas assez dur , on est sensé avoir plus de puissance en vttae donc des montés plus raide doivent être un standard, c’était soi-disant une coupe du monde, pas une randonnée familiale …

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