Ma Transvésubienne, 20 ans après

Il y en a certains qui performent chaque année, d’autres qui s’y frottent pour la première fois, et ceux – qui grâce au VTTAE notamment – y reviennent de longues années après… Johann Henri (LoisiBike) nous raconte en détails sa Transvésubienne 2018 en VTTAE, 20 ans après sa première participation…

 


Temps de lecture estimé : 7 minutes – Récit : Johann Henri – Photos : UCC/InovPhoto/Johann HENRI


 

La Transvésubienne

[dropcap size=big]L[/dropcap]a Transvé, cette course mythique qui emprunte le célèbre GR5 entre la Colmiane à Nice, m’a toujours fait rêver. C’est un parcours qui permet simplement de mieux se connaître tout en repoussant ses propres limites. Quand je l’ai faite il y a 20 ans (1997,1999), c’était une façon d’imiter mes idoles de l’époque telles que JP. Bruni, F. Dola, C. Taillefer et C. Vergier, des jeunes descendeurs et crosseurs, de vrais vttistes à mes yeux.

 

 

Après une longue absence de 10 ans, suite à un accident qui me laisse une cheville bloquée, j’ai repris doucement le VTT et désormais je roule en VTTAE. En effet, cela me permet de faire des sorties beaucoup plus intensives et régulières qu’en VTT tout en préservant mes articulations et en gardant ce plaisir de rouler.

Cette année, à l’occasion des 30 ans de la Transvésubienne, le parcours historique a été repris et arrive à la promenade des Anglais. Génial ! Lors de mes premières participations en 90, ce n’était pas le cas mais là c’est l’occasion de se relancer dans l’aventure !

 

 

1999, départ de la Colmiane

“20 ans après, je vais refaire la TV en VTTAE.”

 

 

 

L’idée bien ancrée dans ma tête, je compte relever le défi et avoir le plaisir de plonger dans la grande bleue à l’arrivée.

Mes sorties s’allongent, je m’amuse à me faire monter le cœur un peu plus haut et ne me pose surtout plus de questions sur l’autonomie de ma batterie vu le relief qui m’attend. Habitant sur Nice, je fais quelques reconnaissances entre Utelle et Nice afin de m’adapter aux sentiers rocailleux impitoyables. Lors d’une sortie avec Nadine Sapin, elle me distille de précieux conseils sur la façon de s’alimenter pendant la course et d’évoluer en électrique. Tout ça me rassure énormément.

 

 

Ma course

Prologue – Première étape, le prologue entre la Colmiane et St Martin de Vésubie. La météo est loin d’être au rendez-vous, c’est un déluge qui nous tombe sur la tête. Le départ est retardé et nous sommes contraints de nous réfugier sous les tentes tant bien que mal. Personnellement, je suis déjà dans ma bulle pendant que tout le monde essaie de se refiler son stress. Mille questions me viennent à l’esprit mais mon objectif est le plaisir avant tout et je ne veux pas stresser.

 

 

Mais bon, une fois en ligne pour le départ, le manque de confiance et la pression monte… je stresse ! Puis d’un coup, c’est parti ! Le départ est en côte, je ne m’existe pas, je prends même du plaisir à rouler dans la boue (pour un niçois, c’est un comble) et à ma grande surprise je commence à doubler. Je sers même de lièvre à 5 pilotes mais je tombe sur un concurrent qui a du mal à me laisser passer. L’excitation et mon impatience me font chuter et les autres me doublent avec le sourire. Grrr… Je termine le prologue à fond, en mode “c’est trop bon”. J’ai adoré, vivement demain.

Je passe la soirée entre potes et famille à remettre en état mon vélo et me préparer à affronter la Vésubie. Je suis prêt, j’ai tout vérifié, je ne devrais avoir aucune pression mais la nuit est longue, je ne dors pas…

 

 

“A 5h30 le réveil sonne, derniers préparatifs, gros p’tit déj, le moral est d’acier, je suis prêt à en découdre. Je suis excité comme un jeunot.”

 

Jour J –Arrivé à la Colmiane, je donne mes batteries supplémentaires à Loisibike. Je suis en famille. Le regard de mes enfants et de ma femme est un mélange de stress, d’inquiétude et surtout de fierté. Faut pas que je les déçoive.

7H45, mise en ligne des VTTAE. Un dernier clin d’œil aux enfants juste avant le départ et c’est parti pour vivre une grosse journée. La première montée en mode eco/tour jusqu’aux crêtes qui mènent jusqu’au col du Varaire. Je prends mon rythme. La pluie s’invite déjà mais le paysage est magnifique. Nous roulons au-dessus des vallées noyées dans la brume. On commence à rattraper les vttistes.

Les premiers névés arrivent et la différence entre VTT et un VTTAE se fait nettement sentir, malgré les traces des premiers. Le poids du VTTAE est là et il faut faire avec lors des portages. Après la neige, ce sont les racines et la boue qui sont au menu. Il faut faire gaffe.

Premier ravito au col d’Andrion. J’ai le sourire, je mange un peu, les bénévoles sont au top. Maintenant direction le fameux Brec d’Utelle et son mythique portage. En VTTAE, ça va être quelque chose !

Et effectivement, c’est super physique mais je me sens bien, le moral et la forme suivent, pourvu que ça dure. Après une descente très technique serpentant dans les rochers et une succession de sentiers magnifiques, j’aperçois Utelle.

Petite pose de 5 minutes au 2ème ravito, je ris avec les mamies qui me remplissent ma poche à eau. Il me reste entre 20 et 40% de batterie, il faut que je gère pour monter à la Madone.

Mais à seulement 400m de mon 1er changement de batterie, je tombe en panne. C’est plus la même rigolade. Je vois mon fils m’encourager dans le brouillard, ça me rebooste énormément. C’est l’étape que je redoutais le plus et d’être physiquement et moralement bien me rassure. Changement de batterie, c’est comme si tu avais des nouvelles jambes, c’est trop bon !

Vers le col Ambellarte, j’ai la chance d’être survolé par un gypaète d’une envergure de 3m, c’est la magie de cette course et de la nature. Puis vient la descente vers le pont du Cros, j’assure pour préserver le matériel et le bonhomme. Je le sais une transvé c’est long, voir très long…

 

 

Je continue de m’hydrater et de m’alimenter tous les quarts d’heure comme me l’a conseillé Nadine. J’arrive dans les collines niçoises, sur mon terrain de jeux ! VTTistes et VTTAE sont ensembles. L’ambiance est bonne mais la pluie est également de la partie.

Juste avant d’arriver à Levens, UCC a prévu un petit portage hors catégorie ! Très raide, glissant, c’est une horreur avec 25kg. La fatigue commence à se faire sentir, le moral en prend un coup. J’ai hâte d’arriver au 3ème ravito. J’y mange un peu, je change pour la dernière fois de batterie.

 

 

“Jusque ici tout se passe bien, j’ai le sourire et j’entrevois la fin.”

 

 

Il me reste le Mont Cima, Le Mont Chauve, le Paillon et c’est l’arrivée à la mer. Mais la pluie s’intensifie, ce n’est pas gagné. Juste avant de repartir, je croise un ami pas très en forme. Je décide de rester avec lui pour l’encourager.

Vers le mont Cima, bug moteur ! Oh non pas ici, j’y suis presque. Je nettoie les connexions de la batterie pleines d’eau et de boue et ça repart ! Ouf ! Le mont Chauve ne pardonne pas plus le matériel, avec ses singles techniques et éprouvants. Le plus dur à ce stade de la course, est de rester suffisamment lucide pour ne pas crever ou casser quelque chose.

C’est bon, c’est passé sans casse mais nous nous retrouvons dans une succession de restanques fraîchement débroussaillées qui, avec la pluie torrentielle, sont devenues hyper glissantes voir infranchissables. C’est “un vrai chantier”. Nous avons dû faire la chaîne pour se passer les VTTAE. C’était un Mud-day !

 

“Sorti de cette “jungle”, la descente vers st-André est un pur régal de pilotage entre rochers et buissons épineux. Mon pote est toujours derrière moi galvanisé par mes encouragements hurlés.”

 

Arrivé à l’entrée du Paillon, l’organisation nous annonce la fin de course. J’ai dû mal à y croire, j’aimerai tant continuer pour finir sur la Prom’. Mais la rivière est en crue et c’est une question de sécurité. J’accepte donc avec une pointe de déception, je l’avoue.

Nous rejoignons donc l’arrivée par la route avec mon ami à mes côtés, entre épuisement et rigolade. On est déjà en train de revivre notre aventure !

 

 

Arrivé à la plage, je cherche le regard de ma famille, l’émotion monte. Ils sont là et ils sont fiers. Je suis trop content de moi !

Avec mon pote, nous allons piquer une tête dans la grande bleue comme prévu pour conclure en beauté.

Défi relevé ! Vivement l’année prochaine ! ONLY THE BRAVE !

– Johann

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