Essai du Yeti LTe T3 XO à moteur Bosch CX

Le beurre et l’argent du beurre !

Pour fêter ses 40 ans, Yeti nous propose peut-être ce qui se fait de mieux en VTT à assistance électrique d’enduro aujourd’hui… À savoir, un châssis exceptionnel avec son système de suspension Sixfinity, mais désormais motorisé par un système Bosch Performance CX Gen5 aux performances revues à la hausse. Le beurre et l’argent du beurre, en quelque sorte, en tout cas pour ceux qui en ont – pas du beurre, mais de l’argent ! Car un Yeti pouvant être considéré comme un produit de luxe, le modèle LTe ne déroge pas à la règle, le tarif des trois vélos de la gamme évoluant dans une fourchette qui va de 10 000 à 14 500 à euros… Inaccessible pour la plupart des pratiquants, le LTe T3 XO à 12 900 euros de notre test s’est évidemment révélé un engin d’exception dans les conditions les plus extrêmes. On n’en attendait pas moins !

Par Chris Caprin – Photos : Chris Cap et Fagerbé

Yeti LTe T3 XO

  • Usage enduro
  • Roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière (compatible 27,5)
  • Débattement 170 mm AV/160 mm AR
  • Cadre en carbone TURQ, suspension Sixfinity modulable
  • Reach 465 mm et Stack 625 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
  • Motorisation Bosch Performance Line CX Generation 5 250 watts, 100 Nm, puissance maxi 750 watts en crête (eMTB+ et Turbo) avec la nouvelle mise à jour
  • Batterie Bosch Powertube de 800 Wh non amovible
  • Console et commande : Kiox 400C et Mini Remote
  • Modes d’assistance : 4 (Tour, eMTB, eMTB+ et Turbo) + assistance à la marche
  • Réglages des paramètres et connectivité : oui, avec l’application e-Bike Flow
  • Pneus Schwalbe Magic Mary Trail Radial Ultra Soft 29×2.50 (AV) et Albert Radial Trail Soft 29×2.50 (AR)
  • 4 tailles (S, M, L, XL)
  • Trois modèles : C2 , T3 et T4 à 9 900, 12 900 et 14 500 €
  • Prix du modèle testé : 12 900 €
  • Poids vérifié : 23,10 kg (sans pédales, en taille M)
  • Lien : www.yeticycles.com

Comme pour le 160 E, son premier VTTAE, avec le LTe, Yeti a pris soin de bien conserver tous les points forts que les fans de la marque sont en droit d’attendre. En plus du montage de roues full 29, on retrouve donc le Sixfinity, un système de suspension à six points de pivot (Six Bars Linkage) qui incorpore une petite biellette supplémentaire (Switch Link), dont le rôle est d’effectuer une rotation vers le haut sur le début de course de l’amortisseur, avant de s’arrêter et rebasculer vers le bas sur la fin du débattement. Cette technique anti-squat – qui évite à l’amortisseur d’être perturbé par la tension de la chaîne lors de son fonctionnement –, se libère ensuite rapidement quand la biellette redescend. La suspension fonctionne ainsi plus librement dans le secteur de débattement où le pédalage n’est plus une priorité ou lorsqu’il est carrément inactif.

Cet effet de balancier permet également d’optimiser à 100 % l’anti-squat et d’obtenir ainsi une plus grande efficacité au pédalage, doublée d’une meilleure motricité lorsque l’on reste assis sur la selle… Et ce, quel que soit le braquet utilisé. Car en montée, il est clair que la plage de pignons utilisée sur un modèle à assistance électrique est bien plus importante que sur un VTT classique où l’on évolue davantage sur le haut de la cassette.

Grâce à quatre positions différentes du point d’ancrage de l’amortisseur, il est possible de faire varier la progressivité de la suspension (souple et confortable – 35 %, polyvalente – 30 % et plus vif et plus ferme dans le maintien – 25 %), sans pour autant modifier la géométrie, ni le bon fonctionnement de l’anti-squat et de l’anti-rise.

Pour la base de la géométrie de ce cadre full carbone TURQ avec 170 mm de débattement à l’avant et 160 à l’arrière, on a un angle de chasse de 64° et un angle de selle assez droit de 78°. De plus, comme avec le MTe à assistance légère, mais avec une motorisation plus encombrante, Yeti a réussi l’exploit de loger dans le cadre un moteur Bosch Performance CX et sa batterie de 800 Wh, tout en conservant son système de suspension novateur et des bases relativement courtes pour un VTTAE en full 29 (449 mm). Quant à la hauteur de boîtier, elle est de 350 mm, alors que l’empattement de 1 257 mm en taille M reste cohérent pour une pratique engagée en enduro.

Enfin, au niveau des petits détails qui vont bien, outre le fait qu’il est possible de monter au choix une roue en 29 pouces ou une de 27 et demi à l’arrière, on peut noter un guide-chaîne avec fixation intégrée dans le cadre, des inserts sous le top tube pour transporter facilement une chambre à air et quelques outils et un circuit de la câblerie qui évite les claquements sans pour autant compliquer le montage et le démontage des gaines.

Composants

Vu le tarif, on est forcément sur du haut de gamme et il est vrai que pour 12 900 euros, c’est la moindre des choses… On va donc dire que ça tient la route !

Outre les suspensions Fox Factory Kashima dont nous reparlerons plus loin, du côté de la transmission on a du top niveau, avec un dérailleur Sram Eagle XO AXS T-Type et sa manette Pod Controller, alors que pour les freins, c’est carrément aussi bien avec des Sram Maven Silver équipés des disques HS2 de 200 en 2 mm d’épaisseur. Quant à la tige de selle, pour compléter le tout, c’est évidemment la toute nouvelle Sram Reverb AXS en 175 mm de débattement sur le taille M… Pour le poste de pilotage, avec un jeu de direction Cane Creek, une potence Burgtec en 50 mm et un cintre Yeti carbone de 35 mm de diamètre, c’est du sérieux également, tout comme la selle WTB Solano, relativement courte, mais idéale pour un VTTAE.

Concernant le train roulant, le LTe T3 XO fait confiance à DT Swiss avec des roues HXC 1700 en carbone, chaussées de pneus Schwalbe Magic Mary Trail Ultra Soft Radial (AV) et  Albert Trail Soft Radial (AR).

A noter enfin que du côté du pédalier, on reste évidemment sur du Sram (manivelles XO de 160 mm, plateau de 34 dents et petit guide-chaîne maison intégré)…

Suspensions

Côté suspensions, comme d’habitude, Yeti joue la carte Fox, avec une fourche 38 à cartouche GripX2 et le nouvel amortisseur Float X2 préparé spécialement pour le système de suspension Sixfinity du LTe. Précisons, que sur les modèles T3 (celui de notre essai) et T4, c’est un ensemble Factory Kashima, alors que sur le C2, on trouve du Performance.

Pour un pilote de 68 kilos et après avoir un peu tâtonné pour obtenir ce que je souhaitais, voici les réglages que je préconise pour ce vélo… A noter qu’avec le Sixfinity, sur un cadre full carbone très rigide, pour avoir une bonne motricité et ne pas trop se faire secouer en montée, j’ai remarqué que pour laisser l’amortisseur travailler assez librement, il était important de placer le Flip Chip de progressivité dans la position à 35 %, avec un Sag à 30 %.

Fox 38 Factory Kashima GripX2 170

  • 60 psi en pression d’air et un token dans le plongeur gauche pour un Sag autour de 25 %
  • Compression basses vitesses : – 2 du plus ouvert (sur 16 clics)
  • Compression hautes vitesses : ouvert à fond
  • Rebond basses vitesses : – 1 du plus ouvert (sur 16 clics)
  • Rebond hautes vitesses : – 2 du plus ouvert (sur 8 clics)

Fox Float X2 2025 Factory Kashima 160

  • 155 psi de pression d’air pour un Sag de 30 % maxi.
  • Compression basses vitesses : – 7 du plus ouvert (sur 10 clics)
  • Compression hautes vitesses : – 4 du plus ouvert (sur 8 clics)
  • Rebond basses vitesses : – 6 du plus ouvert (sur 10 clics)
  • Rebond hautes vitesses : – 3 du plus ouvert (sur 12 clics)
Moteur et batterie

Depuis cet été, les possesseurs de la dernière génération de moteurs Bosch disposent d’une mise à jour qui permet de redonner du peps au Performance CX  de 5e génération via l’application eBike Flow. Et dès le mois de novembre, comme c’est le cas avec le Yeti LTe haut de gamme à 14 500 euros, les premiers VTTAE équipés du moteur CX-R Race devraient être livrés sur certains modèles des marques équipés par Bosch.

Sur le papier, Bosch nous annonce les chiffres de 100 Nm de couple et 750 watts d’assistance maxi pour l’eMTB +. Un nouveau mode censé offrir une puissance quasiment identique au mode Race, mais en équilibrant davantage la pleine puissance grâce à la fonction “Dynamic Control”. Ce système s’appuie sur les capteurs mis en place sur la dernière version du CX pour offrir une motricité et une traction assez exceptionnelles, qui devrait permettre d’utiliser au mieux le surcroit de puissance maxi et de couple qu’apporte la mise à jour.

En gros, l’eMTB+ devrait combler l’écart entre l’eMTB, relativement doux et le Turbo, plus linéaire et plus virulent, en alternant entre progressivité et réponse directe selon la situation dans laquelle on se trouve sur le sentier.

Côté batterie, Yeti a fait le choix de monter un élément de 800 Wh non amovible sur son LTe… Pourquoi pas, même si l’option de la 600 avec le PowerMore de 250 Wh me paraît pourtant la meilleure solution. A ce prix-là, on devrait avoir le choix, non ? Enfin, précisons que sur tous les modèles de la gamme, le LTe bénéficie de la nouvelle console Kiox 400C intégrée dans le top tube. Et là, en revanche, on est content !

Connectivité

Intelligente, personnalisable et tournée vers l’avenir, l’application eBike Flow est l’outil de connexion avec votre futur VTTAE équipé d’une motorisation Bosch. La clé qui vous fera pénétrer dans le monde du vélo connecté. Les mises à jour en direct permettent d’améliorer sans cesse l’expérience d’utilisation grâce à de nouvelles fonctionnalités innovantes. Avec cette application, les modes d’assistance peuvent être réglés individuellement, les activités enregistrées de manière totalement automatiques et les applications de remise en forme de type Apple Health peuvent également être intégrées.

Et dans le cadre du perfectionnement technique des composants que l’on trouve sur les vélos à assistance électrique, on peut s’attendre à de belles optimisations dans les mois qui viennent (ABS, transmission automatique…).

Sur le terrain

Comportement moteur

Bon, pour être franc, on va évidemment parler de la nouvelle mise à jour Bosch qui offre 100 Nm de couple et 750 watts d’assistance maxi et qui est disponible depuis quelques mois maintenant.  Inutile de revenir sur la version de base, tout le monde connait désormais son caractère moins violent, certes, mais que certains (dont je fais partie) pouvait trouver un peu fade…

Au départ, comme il n’y a toujours que quatre modes d’assistance, pour accueillir l’eMTB+, je vous conseille de zapper l’Eco et d’attaquer directement avec le Tour, puis l’eMTB, l’eMTB+ et le Turbo. En effet, le Tour réglé légèrement au-dessus de 0 (+ 2 ou + 3), permet déjà d’avoir une bonne réponse et d’évoluer en tout-terrain facile sans pour autant trop taper dans la batterie. Et effet, ne l’oublions pas, le Tour et l’eMTB conservent un couple de 85 Nm et une puissance maxi de 600 watts. Cela permet, lorsque l’on roule dans des conditions moins difficiles, de pouvoir tout de même bien négocier les obstacles, sans être aussi exigeant vis-à-vis de l’autonomie et des éléments de transmission que peuvent l’être l’eMTB+ ou le Turbo avec leurs 100 Nm de couple et 750 watts d’assistance maxi… En gros, quand ce n’est pas nécessaire d’en avoir plus, il est inutile d’en rajouter !

On pourra juste regretter que sur cette dernière version, la mise à jour ne permette pas de régler la durée de l’Extended Boost comme on le souhaite… Sinon, pour le reste, c’est vraiment efficace et dès que le mode eMTB+ est enclenché, on sent nettement la hausse des performances du moteur. Que ce soit en réponse et en soutien lorsque le besoin s’en fait sentir ou simplement quand on a envie d’aller plus vite en montée (là, à condition de bien tourner les jambes, c’est tout de même le Turbo qui est le plus efficace), on est bien au-dessus de la version sans mise à jour. Et comparé au Shimano du modèle précédent, c’est quand même un autre monde ! En tout cas, sans être trop violent pour autant, le mode eMTB+ possède un coffre supérieur que les amateurs de montées extrêmes du style “Power Stage” apprécieront.

J’ai d’ailleurs remarqué qu’entre 70 et 90 tr/mn, l’eMTB+ se montre particulièrement efficace, avec une plus large plage de la cadence de pédalage et la sensation agréable d’avoir toujours suffisamment d’assistance. Même lorsqu’il faut en rajouter, alors que ça grimpe déjà fort. Bon, évidemment, on n’est pas tout à fait au niveau de la nouvelle référence actuelle, le DJI Avinox, mais le cahier des charges chez Bosch n’est pas le même… Pour faire court, on peut dire que DJI vise la performance à tout prix, quand Bosch, dans son concept, privilégie davantage la fiabilité. En tout cas, sur le Yeti, par rapport à l’ancien moteur Shimano EP801, on sent vraiment que le Bosch en eMTB+ change carrément le comportement du vélo en montée. Fini les coupures lorsqu’il faut en redonner un coup pour franchir une marche dans la pente raide… Fini aussi la sensation de manquer de coffre et de ne pas pouvoir exploiter à 100 % les qualités du châssis en montée. Bref, pour moi, il était temps de changer de motoriste.

Sinon, du côté des points très positifs, on soulignera l’efficacité du “Dynamic Control”, qui fait office d’anti-patinage, tout en permettant souvent d’éviter les cabrages intempestifs. Qu’il s’agisse de sentiers raides en montée, de portions glissantes sur des racines ou d’enchaînements de marches, cela permet de tirer le meilleur parti du vélo et de l’assistance généreuse. On a donc une puissance supplémentaire bien plus facile à maîtriser et une motricité assez phénoménale qui aide le pilote à bien mieux se sortir des pièges que le terrain lui tend régulièrement lors d’une pratique un peu extrême !

J’ajouterai également que la motorisation Performance Line CX, grâce à sa construction haut de gamme accompagnée d’une électronique puissante, se montre robuste et endurante. Même par forte chaleur et en utilisant le moteur au maximum de son potentiel, on sent que ça encaisse bien mieux qu’avant la surchauffe. Bon, il y a bien un moment où il faut que ça régule un peu, mais c’est nettement moins flagrant que sur les versions ultérieures.

Et en descente, on peut noter aussi que le découplage de la transmission externe (chaîne, plateau, cassette) et de la transmission interne (roue libre, pignons, moteur) permet de réduire considérablement les bruits mécaniques, tout en assurant une meilleure fluidité au niveau du pédalage et beaucoup moins d’effet “kick back” lorsque l’on arrête de pédaler et que l’assistance coupe.

Réglages

L’application eBike Flow permet évidemment de choisir les modes que l’on souhaite et ensuite de les personnaliser en paramétrant les performances (watts, Nm), mais aussi le dynamisme et la réponse à l’accélération. Personnellement, pour le Yeti LTe, je vous donne les modes et les réglages de paramètres que j’ai choisi après en avoir testé plusieurs… Pas de surprise, ce sont les mêmes que ceux que j’ai sélectionné pour tous les VTTAE équipés de la dernière mise à jour Bosch…

Tour : +3 en assistance et +3 en accélération au pédalage

eMTB : +4 en assistance et +4 en accélération au pédalage

eMTB+ : +5 en assistance et + 3 en accélération au pédalage

Turbo : +5 en assistance et +5 en accélération au pédalage

85 Nm de couple sur les modes Tour et eMTB et 100 Nm sur l’eMTB+ et le Turbo

750 watts d’assistance maxi en crête en eMTB+ et en Turbo

Autonomie

Pour un gros VTTAE d’enduro équipé d’une motorisation Bosch CX avec batterie de 800 Wh, dans l’ensemble, au niveau de l’autonomie, le Yeti LTe s’en sort assez bien… Car s’il est un peu collé au sol avec sa roue arrière de 29 pouces et ses pneus Schwalbe à carcasse radiale, il parvient néanmoins à rester dans la bonne moyenne.

En chiffre, ça donne 1650 m de dénivelé positif, 54 km et plus de trois heures de roulage en tout-terrain technique pour un pilote de moins de 70 kilos qui ne roule pas à l’économie et utilise en majeure partie le Tour et l’eMTB et un petit peu l’eMTB+ ou le Turbo quand c’est nécessaire (moins de 10 % du temps en général).

Notez qu’à la fin, lorsque l’on atteint les 30 derniers pourcents de batterie, le nouveau système Bosch ne vous prendra pas au dépourvu. En effet, une fois arrivé à ce stade, le System Controller logé dans le top tube vous prévient de ce qu’il vous reste (deux barres orange) et réitère l’alarme visuelle lorsque l’on atteint les 20 % (plus qu’une barre), avant de passer au rouge pour les 10 restants. De plus, l’assistance reste optimale jusqu’au bout et ne se met en mode “survie” que sur les 5 derniers pourcents… A partir de là, le moteur ne vous donne plus que le minimum d’assistance pour aller le plus loin possible, c’est-à-dire deux ou trois kilomètres et à peine 50 m de D+.

A la montée

Dans sa version de série avec la roue arrière de 29 pouces, on peut dire que ce Yeti est un sacré outil en montée. Parfaitement secondée par un moteur Bosch Performance CX très efficace, le châssis assez extraordinaire du LTe permet de repousser considérablement les limites du vélo… Tout en facilitant la tâche du pilote grâce à une motricité, une tenue de cap et une précision exemplaire. De plus, cerise sur le gâteau, tout cela ne se fait pas au détriment de la maniabilité, ce qui prouve bien les progrès réalisés dans ce secteur depuis quelques années sur les VTTAE d’enduro en full 29.

En effet, même si l’on sent l’avant encore un peu lourd sur certaines évolutions techniques de type manual (la batterie de 800 Wh n’arrange rien…), dès que l’on attaque les difficultés naturelles, il est plutôt facile de lever la roue avant d’un simple coup de pédale et de la placer derrière une racine ou au sommet d’une marche… Car si le package roue arrière de 29 et pneu à carcasse radiale a tendance à coller un peu le vélo au sol, la puissance désormais suffisante du moteur Bosch permet de compenser tout cela asse facilement.

Alors évidemment, il faut parfois utiliser un mode supérieur – genre eMTB+ ou Turbo – par rapport à un VTTAE plus dynamique en montage MX de série (Santa Cruz Vala ou Bullit, Forbidden Druid…), mais ça suffit largement pour s’en sortir à chaque fois assez facilement. Les capacités à tirer bien droit sans gigoter de l’arrière et à absorber parfaitement les petites imperfections du sol compensant en grande partie une petite inertie lors des accélérations à basse vitesse (en dessous des 10 km/h surtout).

Donc en gros, si l’on a un pilotage un poil aérien et un comportement tonique sur le vélo, on peut dire que le choix de la formule MX est peut-être celui qui permettra de s’en sortir le mieux. En revanche, pour quelqu’un de moins énervé, le full 29 aura forcément un comportement plus sage, plus posé, qui aidera à passer les obstacles plus facilement, avec, une fois lancé, une plus grande facilité à atteindre de la vitesse en montée… Car comme vous avez dû le constater, souvent, avec simplement un ou deux km/h de plus, il est plus facile de ne pas se bloquer et d’éviter ainsi de devoir stopper sa progression.

Encore une fois, tout est une histoire de compromis et le fait de pouvoir passer du 29 au 27,5 grâce à un simple Flip Chip qui fait très bien son travail, donne forcément un avantage au Yeti LTe. Ne pas hésiter, donc, à se faire prêter une roue arrière afin de pouvoir tester la formule qui vous convient le mieux. Perso, j’ai choisi mon camp, mais on en reparle un peu plus bas !

En descente

Même si un VTTAE d’enduro version 2025 se doit d’être aussi bon en montée qu’en descente, il va sans dire que le Yeti LTe est vraiment impressionnant d’efficacité lorsqu’il s’agit de dévaler la pente négative. On a clairement entre les mains un engin d’exception, avec l’impression – tout du moins en ce qui me concerne – d’être au guidon d’un vélo bien plus capable que son pilote !

Et là, je parle du modèle qui n’est pas équipé de la fourche Fox Podium… Ce qui, je le concède n’est pas non plus une obligation pour aller vite, même si la rigidité et le maintien supplémentaire comparés à la 38 Factory GripX2 apportent une confiance qui donne envie (et la possibilité) de lâcher encore un peu plus les freins.

En tout cas, l’accord des suspensions entre l’avant et l’arrière et la vitesse que l’on prend grâce à ça dans les passages rapides et les longues courbes en dévers font de ce Yeti une bête de course sur les spéciales d’enduro à la montagne. Et comme lorsque l’on s’en occupe un peu au niveau pilotage, la maniabilité dans les sentiers plus sinueux reste très correcte, on se dit que le LTe n’a finalement pas vraiment de défaut. J’aurais juste aimé avoir l’opportunité de l’essayer avec un batterie de 600 Wh, mais bon, même avec la 800, ce n’est pas un camion pour autant. Et d’ailleurs, en parlant de modifs, une qui ne prend pas beaucoup de temps (dans la mesure où l’on a une roue de rechange), c’est le passage en 27,5 pouces à l’arrière…

Quid du montage MX ?

Sur le LTe, grâce à deux Flip Chip positionnés au niveau des haubans, il est possible de monter une roue arrière de 27,5 pouces à la place de la 29 d’origine. Après avoir roulé plusieurs fois en full 29, j’ai donc essayé pour voir ce que cela donnait…

En montée, il n’y a pas une grosse différence dans le comportement général du vélo, si ce n’est peut-être un petit gain au niveau de la réponse au coup de pédale. Et comme du côté de la stabilité, ça ne change quasiment rien, c’est toujours ça de pris ! En tout cas, le bike reste aussi précis et n’a pas réellement tendance à gigoter plus qu’avec la roue de 29 pouces – tout cela sans avoir pour autant les pédales qui touchent davantage par terre. On note également un petit plus dans la facilité à le mettre en manual… Positif, tout ça !

Et en descente, là, on sent vraiment un gain en termes de maniabilité et de réponse dans les changements d’appuis en virage. Avec la petite roue, on a aussi un peu plus de place pour évoluer sur l’arrière du vélo dans le plus pentu et ce n’est pas désagréable, loin de là. Je pense aussi que la position de pilotage évolue légèrement dans le bon sens, avec la sensation de se trouver un peu plus bas sans être obligé de plier les jambes davantage.

Comme c’était déjà le cas avec le MTe et son moteur TQ60 à assistance légère – mais en plus flagrant –, j’ai vraiment trouvé que le LTe s’accommodait vraiment très bien d’une roue de 27 et demi à l’arrière. Et encore une fois, si c’est un poil mieux en descente et loin d’être pire en montée, je valide ! C’est en tout cas l’option que je choisirais si je devais me faire un montage perso

Points forts / faibles

Principales qualités

  • Châssis très réussi
  • Finitions
  • Suspension Sixfinity
  • Aptitudes en descente
  • Performances moteur à la hausse
  • Capacités en franchissement
  • Montage MX possible et même recommandé
  • Look de tueur

Principaux défauts

  • Roues carbone très (trop ?) rigide
  • Avant encore un poil lourd
  • Légèrement collé au pédalage en full 29

Qu’en penser ?

À une époque où la grande majorité des fabricants de moteurs jouent la carte du “toujours plus”, il paraît clair que Yeti se devait de changer de fournisseur. Les critères de performances très élevés que revendique la marque du Colorado étant nettement plus en phase avec le dynamisme affiché récemment par Bosch. Et sur le terrain, ça change beaucoup de choses. En premier lieu, l’efficacité dans les montées techniques !

Là, on peut dire qu’avec un châssis aussi réussi et la roue d’origine de 29 pouces à l’arrière, il y a désormais de quoi grimper aux arbres, comme on dit dans le jargon du tout-terrain sur deux-roues. Et puis d’un autre côté, il y a bien sûr cette option de passer facilement en roue arrière de 27 et demi qui offre la possibilité de rendre le Yeti LTe encore plus vif et maniable, en montée comme en descente

Un vrai choix, qui, sur ce vélo, n’est pas un simple argument marketing, mais qui permet au contraire de modifier le comportement du bike de manière significative. En tout cas, j’avoue que dans les deux cas, la version T3 XO de notre test, pourtant dépourvue de la fourche Podium et du moteur Race, se situe déjà bien au-dessus de la plupart des VTTAE d’enduro que j’ai eu l’occasion de tester cette année

La tenue de piste, le grip sur l’angle et la vitesse que l’on peut prendre en descente sont assez impressionnants – y compris avec la petite roue à l’arrière – et quand le terrain se fait plus sinueux, moins rapide et plus cassant, je peux vous dire que la maniabilité et la facilité à placer le vélo en passant d’une épingle à l’autre donne envie de conserver la formule MX !

On peut donc parler de réussite pour ce nouveau Yeti, une bête de course qui vient directement marcher sur les plates-bandes des Santa Cruz Bullit et autres Orbea Wild. On aimerait juste avoir la possibilité de pouvoir choisir facilement avant l’achat entre une batterie de 800 ou de 600 Wh… Vu le tarif, ça ne serait pas du luxe.

Vis-à-vis de la concurrence ?

Dans la même catégorie, avec un moteur Bosch CX et pour un tarif à peu près équivalent, il y a trois modèles qui me viennent à l’esprit… D’abord, il y a forcément le Santa Cruz Bullit CC XO AXS à 11 699 euros. C’est aujourd’hui pour moi l’un des tout meilleurs VTTAE d’enduro équipé en Bosch.

Et puis évidemment, on a l’Orbea Wild LTD à 11 999 euros. Au même titre que le Bullit dont il est très proche, c’est aussi un concurrent direct du Yeti LTe…

Enfin, je ne veux surtout pas oublier le Lapierre GLP III SE Alpine Edition à 12 000 euros. Avec son architecture très originale et sa batterie de 800 Wh placée très bas juste au-dessus du moteur, on a un bike à la fois agile, stable et très performant.

Si l’on rajoute désormais le Yeti LTe, on a là quatre VTTAE d’enduro full power très haut de gamme avec une finition exemplaire et des capacités aussi bien en montée qu’en descente qui les rendent très attractifs pour les pratiquants sportifs avec un budget illimité.

La gamme Yeti LTe

Elle se compose de trois modèles, équipés du même cadre en carbone, du même moteur et de la même batterie (sauf pour le T4 qui est monté avec un 290 Wh). Partant de là, même si les vélos ne sont pas donnés, difficile d’être déçu… La base est bonne et seul les accessoires diffèrent.

Sur le C2, pour 9 699 euros, ça reste correct, mais pas extraordinaire non plus, surtout vu le prix annoncé… Les suspensions sont du Fox Performance et les roues des DT Swiss alu E 1900 – pas mal –, alors que du côté de la transmission ou de la tige de selle télescopique, on a du Shimano SLX et du OneUp Dropper – moins bien…

Pour le T3 de notre essai, inutile d’y revenir, alors que du côté du T4 à 13 899 euros, en revanche, on trouve des composants nettement plus légers à la vocation trail/all mountain, qui permettent d’abaisser le poids de manière considérable. Précisons que ce modèle ne sera rentré que sur commande par le distributeur Tribe Sport Group…