Essai du Mondraker Crafty Carbon RR

Il aime être bousculé !

« Bouscule-moi ! »… Voilà comment le nouveau Mondraker Crafty Carbon RR demande à être traité ! Comprenez : une fois sur le terrain, c’est lorsqu’on commence à lui rentrer dedans qu’il est le plus le sympa à rouler. Un VTTAE full power entre le all mountain et l’enduro, capable à la fois de convenir à l’attaquant brutal, comme au pratiquant moins radical. Et je concède qu’au départ, si j’ai fait l’erreur de trop me laisser emmener et balader par le vélo, une fois que j’en ai pris les rênes et que je lui ai montré qui commandait, j’ai découvert un bike complètement différent. A la fois homogène et sacrément efficace. Alors après avoir, je l’avoue, commencé par la fin, le test qui suit vous explique comment j’en suis arrivé à cette conclusion !

Par Chris Caprin – Photos : Fagerbé et Chris Caprin

Mondraker Crafty Carbon RR

  • Usage all mountain/enduro
  • Roues de 29 pouces AV et AR
  • Débattement : 160 mm AV et 150 AR
  • Cadre en carbone Zero Suspension, triangle arrière en aluminium
  • Reach 460/456 mm et Stack 638/641 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
  • Motorisation Bosch Performance Line CX 250 watts, 85 Nm, puissance maxi 600 watts en crête (100 Nm et 750 watts avec la nouvelle mise à jour Bosch)
  • Batterie Bosch Powertube de 800 Wh démontable + PowerMore 250 Wh (en option)
  • Commande : Bosch Mini Remote et System Controller + console Kiox 400
  • Modes d’assistance : 4 (Eco, Tour +, e-MTB et Turbo) + assistance à la marche
  • Réglages des paramètres : oui, avec l’application e-Bike Flow
  • Pneus Maxxis Minion DHF 29×2.60 EXO + Maxx Terra (AV) et Minion DHR II 29×2.60 EXO + Maxx Terra (AR)
  • 5 tailles (S, M, ML, L, XL)
  • 3 modèles entre 8 499 et 12 999 euros
  • Prix du modèle testé : 8 499 euros
  • Poids : 23,75 kg (taille M sans pédales)
  • Lien : mondraker.com

La gamme Mondraker Crafty Carbon RR est la première à proposer trois modèles tous équipés d’une transmission Sram Eagle T-Type AXS, de freins Maven et de suspensions Fox au revêtement Kashima. Un gage de qualité, mais aussi un petit côté haut de gamme qui justifie un prix d’appel à 8 499 euros, qui monte ensuite jusqu’à 12 999 euros pour celui le plus cher…

Mondraker s’est évertué à faire le plus beau vélo possible en utilisant des techniques de fabrication de pointe et en lui donnant une finition particulièrement raffinée. Avec ses 150 mm de débattement à l’arrière (160 à l’avant) et ses roues de 29 pouces Le Crafty Carbon RR est à classer dans la catégorie des petits enduro polyvalents. Il dispose toujours de la cinématique Zero Suspension, mais passe à une architecture de cadre remaniée inspiré par le Neat et que l’on retrouve aussi désormais sur d’autres modèles de chez Mondraker, à savoir, le Dune, le Sly, le Level et évidemment le Crafty 2025 qui nous intéresse aujourd’hui… But de l’opération : baisser le centre de gravité au maximum pour obtenir un vélo encore plus stable et mieux équilibré.

Côté géométrie, on note quelques petites évolutions, dont la possibilité de pouvoir modifier le caractère du vélo grâce à la présence d’un Flip Chip au niveau du pied de l’amortisseur. Avec un Reach de 460 à 456 mm selon le réglage, un angle de direction entre 64 et 64,5°, un tube de selle autour de 77° et une longueur de bases assez courtes pour un VTT en roues de 29 pouces (455 mm), le Crafty RR semble vouloir rester polyvalent, tout en étant malgré tout un peu plus agressif qu’auparavant. A noter également que la hauteur du boîtier de pédalier à 345 mm en position “Low”, permet de ne pas avoir trop les manivelles qui touchent le sol au pédalage… Un bon point, même si, pour ma pratique et les terrains sur lesquels je roule, c’est en le laissant en “Standard” que j’ai préféré le vélo.

Composants

Outre les suspensions Fox Factory Kashima en 160 et 150 mm de débattement, on est en face d’un équipement assez sympa qui correspond en gros à l’esprit du bike et à son programme. C’est ainsi que l’on trouve une transmission Sram GX Eagle AXS T-Type, des freins Sram Code Bronze avec disques HS2 de 200 mm de diamètre, un pédalier Race Face Aeffect avec manivelles en 160 pour toutes les tailles et plateau de 34 dents, des roues Mavic E-Deemax 29 pouces montées avec des pneus Maxxis Minion DHF et DHR, assez légers mais pas trop, qui, bien qu’un peu volumineux en 2.60, restent corrects pour une utilisation en vrai tout-terrain.

Pour les composants plus classiques, on est sur la même base que ce que l’on trouve habituellement chez Mondraker, à savoir des éléments “maison” OnOff. On a donc une potence assez originale de type S6 (30 mm) et un cintre aluminium S6 également (800 mm), des poignées Lock-On Forest, et une tige de selle télescopique Pija en 160 mm de débattement, où vient se fixer une selle Ergon confortable et carrément bien foutue pour la pratique du VTTAE. En tout cas, elle convient parfaitement à mon postérieur…

Suspensions

Sur ce cadre en carbone Foward Geometry avec 150 mm de débattement à l’arrière, on dispose d’une nouvelle version de la Zero Suspension chère à la marque espagnole, avec un amortisseur Fox Float X Factory Kashima Evol qui traverse le bas du tube de selle, alors qu’à l’avant, on trouve une fourche Fox 38 Factory Kashima avec cartouche GripX2. Un ensemble parfait pour un petit enduro polyvalent…

Une fois le réglage des Sag effectué (entre 20 et 25 % environ), il suffit donc d’affiner légèrement, ce qui n’est pas bien compliqué vu le nombre réduit des possibilités en externe de l’amorto. En revanche, pour la fourche, c’est plus fin ! Je suis donc parti dans l’idée d’avoir des suspensions qui fonctionnent de manière homogène et progressive sur l’intégralité du débattement, en allant presque jusqu’à la limite du talonnage. Effectivement, même avec un cadre en aluminium plus confortable que le carbone, en évoluant sur un terrain cassant comme nous avons dans le Centre Var, il est préférable de privilégier le confort et la motricité… Pour un pilote de 70 kilos, voilà ce que je conseille.

Fourche Fox 38 Factory Kashima GripX2 160

  • 70 psi et un token dans le plongeur gauche pour un Sag autour de 25 %
  • Compression basses vitesses : – 2 du plus ouvert (sur 16 clics)
  • Compression hautes vitesses : ouvert à fond
  • Rebond basses vitesses : – 2 du plus ouvert (sur 16 clics)
  • Rebond hautes vitesses : – 1 du plus ouvert (sur 8 clics)

Amortisseur Fox Float X Factory Kashima Evol 150

  • 155 psi pour un Sag d’environ 30 %
  • Blocage : ouvert
  • Compression basses vitesses : – 4 du plus ouvert (sur 10 clics)
  • Rebond : – 8 du plus ouvert (sur 14 clics)
Moteur et batterie

La puissance de la nouvelle motorisation Bosch Performance Line CX que l’on retrouve sur le Mondraker Crafty Carbon RR répond très précisément à chaque coup de pédale particulier. Ceci a été rendu possible grâce à un remaniement des différents capteurs de haute performance, qui mesurent avec précision l’action de la pédale à un rythme de plus de 1 000 fois par seconde. Ils sont nombreux à intervenir, dont un capteur de cadence à haute résolution et un capteur doté d’une technique de mesure extrêmement précise du couple. D’autres capteurs inertiels (IMU) mesurent également l’accélération et les taux de rotation en six dimensions et détectent ainsi plus facilement les angles d’inclinaison et de pente, ainsi que les secousses. Le VTTAE ressent donc si la montée est raide et si le vététiste se trouve sur un chemin forestier ou un sentier parsemé de pierres ou de racines. La motorisation réagit de manière très sensible aux variations de l’accélération, de la puissance propre de l’utilisateur et de la vitesse réelle. C’est grâce à ces signaux qu’envoient les capteurs remaniés que le pilote bénéficie toujours de la puissance moteur la plus appropriée. Avec sensibilité, contrôle et réponse immédiate, ou alors de manière douce, discrète et fiable pour les longues randonnées. On peut donc dire, que, sur le papier, la nouvelle motorisation Performance Line CX a gagné en douceur et en polyvalence. Et qu’avec la nouvelle mise à jour, il est désormais possible de s’en faire un vrai moteur de course… Mais nous allons en reparler !

Enfin, côté batterie, la gamme Crafty Carbon RR dispose d’une CompactTube de 800 Wh intégrée dans le cadre et toujours amovible. De plus, si besoin est, il est possible de rajouter un Range Extender PowerMore (une autre nouveauté chez Bosch) de 250 Wh et 1,6 kg, qui se fixe au niveau du porte-bidon et augmente l’autonomie de 60 %.

Connectivité

Intelligente, personnalisable et tournée vers l’avenir, l’application eBike Flow est l’outil de connexion avec votre futur VTTAE équipé d’une motorisation Bosch. La clé qui vous fera pénétrer dans le monde du vélo connecté. Les mises à jour en direct permettent d’améliorer sans cesse l’expérience d’utilisation grâce à de nouvelles fonctionnalités innovantes. Avec cette application, les modes d’assistance peuvent être réglés individuellement, les activités enregistrées de manière totalement automatiques et les applications de remise en forme de type Apple Health peuvent également être intégrées.

Et dans le cadre du perfectionnement technique des composants que l’on trouve sur les vélos à assistance électrique, on peut s’attendre à de belles optimisations dans les mois qui viennent (eMTB+, console Kiox 400C intégrée, ABS, transmission automatique…).

Sur le terrain

Comportement moteur

Bon, pour être franc, on va évidemment parler de la nouvelle mise à jour Bosch qui offre 100 Nm de couple et 750 watts d’assistance maxi et qui est disponible depuis plus d’un mpis via l’application.  Inutile de revenir sur la version de base, tout le monde connaît désormais son caractère moins violent, certes, mais que certains (dont je fais partie) pouvaient trouver un peu fade…

Au départ, comme il n’y a toujours que quatre modes d’assistance, pour accueillir l’eMTB+, je vous conseille de zapper l’Eco et d’attaquer directement avec le Tour, puis l’eMTB, l’eMTB+ et le Turbo. En effet, le Tour réglé légèrement au-dessus de 0 (+ 2 ou + 3), permet déjà d’avoir une bonne réponse et d’évoluer en tout-terrain facile sans pour autant trop taper dans la batterie. Et effet, ne l’oublions pas, le Tour et l’eMTB conservent un couple de 85 Nm et une puissance maxi de 600 watts. Cela permet, lorsque l’on roule dans des conditions moins difficiles, de pouvoir tout de même bien négocier les obstacles, sans être aussi exigeant vis-à-vis de l’autonomie et des éléments de transmission que peuvent l’être l’eMTB+ ou le Turbo avec leurs 100 Nm de couple et 750 watts d’assistance maxi… En gros, quand ce n’est pas nécessaire d’en avoir plus, il est inutile d’en rajouter !

On pourra juste regretter que sur cette dernière version, la mise à jour ne permette pas de régler la durée de l’Extended Boost comme on le souhaite… Que voulez-vous, le client n’est jamais content et en demande toujours plus ! Sinon, pour le reste, c’est vraiment efficace et dès que le mode eMTB+ est enclenché, on sent nettement la hausse des performances du moteur. Que ce soit en réponse et en soutien lorsque le besoin s’en fait sentir ou simplement quand on a envie d’aller plus vite en montée (là, à condition de bien tourner les jambes, c’est tout de même le Turbo qui est le plus efficace), on est bien au-dessus de la version sans mise à jour.
En tout cas, sans être trop violent pour autant, le mode eMTB+ possède un coffre supérieur que les amateurs de montées extrêmes du style “Power Stage” apprécieront. J’ai d’ailleurs remarqué qu’entre 70 et 90 tr/mn, l’eMTB+ se montre particulièrement efficace, avec une plus large plage de la cadence de pédalage et la sensation agréable d’avoir toujours suffisamment d’assistance. Même lorsqu’il faut en rajouter, alors que ça grimpe déjà fort. Bon, évidemment, on n’est pas tout à fait au niveau de la nouvelle référence actuelle, le DJI Avinox, mais le cahier des charges chez Bosch n’est pas le même… Pour faire court, on peut dire que DJI vise la performance à tout prix, quand Bosch, dans son concept, préfère ne pas prendre trop de risques au niveau de la fiabilité.

Sinon, du côté des points très positifs, on soulignera l’efficacité du “Dynamic Control”, qui fait office d’anti-patinage, tout en permettant souvent d’éviter les cabrages intempestifs. Qu’il s’agisse de sentiers raides en montée, de portions glissantes sur des racines ou d’enchaînements de marches, cela permet de tirer le meilleur parti du vélo et de l’assistance généreuse. On a donc une puissance supplémentaire bien plus facile à maîtriser et une motricité assez phénoménale qui aide le pilote à bien mieux se sortir des pièges que le terrain lui tend régulièrement lors d’une pratique un peu extrême !

J’ajouterai également que la motorisation Performance Line CX, grâce à sa construction haut de gamme accompagnée d’une électronique puissante, se montre robuste et endurante. Même par forte chaleur et en utilisant le moteur au maximum de son potentiel, on sent que ça encaisse bien mieux qu’avant la surchauffe. Bon, il y a bien un moment où il faut que ça régule un peu, mais c’est nettement moins flagrant que sur les versions ultérieures.

Et en descente, on peut noter aussi que le découplage de la transmission externe (chaîne, plateau, cassette) et de la transmission interne (roue libre, pignons, moteur) permet de réduire considérablement les bruits mécaniques, tout en assurant une meilleure fluidité au niveau du pédalage et beaucoup moins d’effet “kick back” lorsque l’on arrête de pédaler et que l’assistance coupe.

Réglages

L’application eBike Flow permet évidemment de choisir les modes que l’on souhaite et ensuite de les personnaliser en paramétrant les performances (watts, Nm), mais aussi le dynamisme et la réponse à l’accélération. Personnellement, pour le Mondraker Crafty RR, je vous donne les modes et les réglages de paramètres que j’ai choisi après en avoir testé plusieurs… Pas de surprise, ce sont les mêmes que ceux que j’ai sélectionné pour tous les VTTAE équipés de la dernière mise à jour Bosch…

Tour : +3 en assistance et +3 en accélération au pédalage

eMTB : +4 en assistance et +4 en accélération au pédalage

eMTB+ : +5 en assistance et + 3 en accélération au pédalage

Turbo : +5 en assistance et +5 en accélération au pédalage

85 Nm de couple sur les modes Tour et eMTB et 100 Nm sur l’eMTB+ et le Turbo

750 watts d’assistance maxi en crête en eMTB+ et en Turbo

Autonomie

Si le Mondraker Crafty RR n’est peut-être pas le plus léger des VTTAE équipé d’une motorisation Bosch CX avec batterie de 800 Wh, avec sa géométrie finalement plutôt polyvalente et son train roulant qui ne colle pas trop le vélo au sol, dans l’ensemble, au niveau de l’autonomie, il s’en sort assez bien…

En chiffre, ça donne 1750 m de dénivelé positif, 57 km et plus de trois heures de roulage en tout-terrain technique pour un pilote de moins de 70 kilos qui ne roule pas à l’économie et utilise en majeure partie le Tour et l’eMTB et un tout petit peu l’eMTB+ ou le Turbo quand c’est nécessaire (moins de 10 % du temps en général).

Notez qu’à la fin, lorsque l’on atteint les 30 derniers pourcents de batterie, le nouveau système Bosch ne vous prendra pas au dépourvu. En effet, une fois arrivé à ce stade, le System Controller logé dans le top tube vous prévient de ce qu’il vous reste (deux barres orange) et réitère l’alarme visuelle lorsque l’on atteint les 20 % (plus qu’une barre), avant de passer au rouge pour les 10 restants. De plus, l’assistance reste optimale jusqu’au bout et ne se met en mode “survie” que sur les 5 derniers pourcents… A partir de là, le moteur ne vous donne plus que le minimum d’assistance pour aller le plus loin possible, c’est-à-dire deux ou trois kilomètres et à peine 50 m de D+.

A la montée

Quand j’ai commencé à rouler avec le Mondraker Crafty Carbon RR, j’ai eu un peu trop tendance à me laisser emmener par le vélo en lui laissant faire le boulot. Il faut dire qu’au départ, j’avais reçu le bike pour tester en avant-première la nouvelle mise à jour Bosch eMTB+… Je me suis donc concentré sur le comportement du moteur et du moment que la partie cycle encaissait bien les différents obstacles en montée et que la roue arrière avait une bonne motricité, j’ai surtout cherché à comprendre comment utiliser au mieux le surplus de couple et d’assistance en crête.

Et finalement, ce n’est qu’une fois que j’ai repris le Crafty en décidant de le piloter de manière un peu plus tonique et agressive, que je me suis aperçu  que c’était comme ça qu’il était le plus sympa à rouler. Que le côté un poil pataud que je lui avais trouvé au départ, disparaissait au fur et à mesure que je le poussais dans ses retranchements ! C’est ainsi qu’en montée, j’ai vraiment pris plaisir à utiliser le couple de 100 Nm disponible sur le nouveau mode eMTB+ en tournant un peu moins vite les jambes et en appuyant davantage sur les pédales tout en levant mon postérieur de la selle…

Et croyez-moi, ça change beaucoup de choses. Un pilotage plus dynamique associé aux performances du moteur et à la qualité du châssis permet de placer le vélo bien plus facilement où l’on veut, de franchir les marches et autres racines en sentant beaucoup moins l’inertie et de gagner aussi les quelques petits km/h qui font la différence entre passer sans mettre le pied ou s’arrêter net au beau milieu de la pente.

De même, lorsqu’il s’agit de tourner au plus court dans des épingles serrées en faisant légèrement pivoter le bike sur la roue arrière pour gagner un peu de place, l’opération se fait sans aucun effort. En dépit d’un poids relativement élevé sur l’avant – qui s’explique en grande partie à cause de la grosse batterie de 800 Wh –, le simple fait de réaliser le bon geste en se servant de la poussée du moteur semble carrément annuler cette petite sensation de lourdeur que l’on ressent en fait seulement lorsque l’on ne pilote pas vraiment !

Alors bon, peut-être que certains diront que le vélo est finalement un poil exigeant si l’on souhaite en tirer tout le potentiel, mais en ce qui me concerne, j’ai plutôt trouvé cela intéressant d’être incité à se dépouiller un peu sans que cela soit trop demandant physiquement non plus… En tout cas, en ce qui me concerne, j’ai bien aimé et j’y ai plutôt trouvé mon compte.

En descente

Et dès que la pente s’inverse, j’ai retrouvé les sensations de bases de l’ancien Crafty, avec un côté plutôt stable et sécurisant qui donne confiance au pilote et ce, quel que soit son niveau. En effet, en dépit de débattements raisonnables, le nouveau modèle encaisse plutôt bien les chocs et, surtout, parvient à gommer comme il faut les petites aspérités du sol. Et dans les épingles serrées, si l’on s’en tient à l’angle de fourche raisonnable de 64,5°, il s’en sort également très bien. Alors évidemment, ça convient mieux aux sentiers de chèvres qu’aux pistes d’un bike park, mais comme on a le choix entre deux positions, il est judicieux d’essayer celle qui convient le mieux à sa pratique et ses terrains de prédilection !

Vous l’aurez deviné, c’est bien sur les sentiers cassants et dans les pierres, que l’on apprécie l’excellent confort et la tenue de piste du bike (merci le triangle arrière en aluminium). Sa capacité à filtrer correctement le terrain, aussi, grâce aux roues de 29 pouces E-Deemax en alu qui apportent vraiment un plus dans le comportement sain de ce Crafty…

Bon, le revers de la médaille, c’est que l’on sent quand même qu’avec la roue arrière de 29 pouces, il faut davantage forcer pour faire tourner le vélo dans les passages sinueux et les changements d’appuis du genre enfilades droite/gauche… On perd donc légèrement en maniabilité ce que l’on gagne en stabilité et en facilité à aller tout droit dans les montées. Alors, faudra-t-il à l’avenir que Mondraker change de philosophie et adopte la configuration MX 29/27,5 ? Pourquoi pas. En tout cas, sur les modèles avec du débattement et assimilés à l’enduro, aujourd’hui, je dirais que cela peut avoir du sens. C’est d’ailleurs déjà le cas sur le Level, un plus gros VTTAE vraiment typé “Gravty”.

Mais pour l’instant, ce n’est pas d’actualité et même si, en descente, j’ai désormais tendance à préférer la formule MX, j’avoue que le Crafty Carbon RR s’en sort très bien. Certes, au niveau sensation de pilotage, avec la grosse batterie et la grande roue, on est davantage sur du “old school” à la Moustache Game ou Scott Patron que sur du Santa Cruz Vala ou du Forbidden Druid, plus dans l’air du temps, mais pour un pilote d’1,80 m, ce n’est finalement pas si gênant… Surtout lorsque l’on a compris comment le bike fonctionnait !

Car s’il est d’un gabarit un peu plus encombrant, le Crafty Carbon RR n’en est pas un camion pour autant. Il demande juste à ce qu’on le force un peu pour changer de trajectoire rapidement, pour virer dans un mouchoir en faisant un petit “nose wheelie” ou simplement pour le faire déraper afin de plonger vers un intérieur. Sinon, pour tout ce qui est bunny-ups ou wheelings, bien que l’avant m’ait semblé plus lourd que sur l’ancien modèle, en amplifiant juste un peu le geste, cela reste facile et encore une fois, il s’agit juste de ne trop pas s’endormir au guidon, rien de plus !

Mais s’il reste finalement assez maniable pour un full 29, cela ne l’empêche pas pour autant de conserver une stabilité plus que convenable quand il s’agit de lâcher les freins sur des passages défoncés. Et à ce titre, puisqu’on en parle, les Sram Maven Bronze avec disques HS2 plus épais sont carrément irréprochables. Puissants, endurants et agréables au toucher, ils répondent toujours présent.

Et même si l’on n’a pas envie de trop attaquer, on a tout de même un vélo agréable à rouler, plutôt facile et rassurant. Le Crafty RR, a en effet l’avantage de pouvoir à la fois convenir à l’attaquant brutal, aussi bien qu’au pratiquant moins radical. Et ça, pour un VTTAE destiné au grand public, c’est une vraie qualité.

Points forts / faibles

Principales qualités

  • Polyvalence
  • Position de pédalage
  • Comportement en montée
  • Nouveau châssis très réussi
  • Qualité des composants
  • Suspension arrière
  • Moteur Bosch CX avec mise à jour eMTB+
  • Batterie amovible

Principaux défauts

  • Un poil lourd de l’avant
  • Légèrement plus exigeant qu’auparavant
  • La roue de 29 à l’arrière ?

Qu’en penser ?

Globalement, en ce qui concerne le Mondraker Crafty 2025, on est plus sur de l’évolution que sur une vraie révolution… Car si le Carbon RR adopte enfin la même architecture de cadre et la nouvelle position de l’amortisseur que l’on trouve depuis plus d’un an sur plusieurs autres modèles de la gamme, il conserve en grande partie le caractère particulier qui a participé à son succès depuis plusieurs années.

Nous l’avions toujours trouvé polyvalent, stable, et plutôt maniable pour un 29 pouces et aujourd’hui, grâce à sa géométrie qui a légèrement évolué et son excellent système de suspension, le Crafty Carbon RR peut désormais s’appuyer sur une motorisation Bosch Smart System bien plus performante et une batterie amovible de 800 Wh pour affronter une concurrence qui se fait de plus en plus agressive.

Bref, il y a de quoi faire, même si j’ajouterai quand même que, puisqu’il encaisse bien l’attaque, on aurait été encore plus à l’aise avec un montage de pneus Maxxis Assegai Double Down 2.50 à la place des Minion 2.60 d’origine qui ne sont pas forcément des plus précis !

Autrement, après avoir pris le temps de bien en faire le tour, je dirais que cette nouvelle version légèrement remaniée est juste un peu plus exigeante physiquement si l’on souhaite tirer le maximum de son potentiel. Mais comme paradoxalement, elle est aussi capable d’évoluer dans un autre registre et de convenir à une grande majorité de pratiquants, tout le monde s’y retrouve… Ça reste un Crafty, quoi !

Vis-à-vis de la concurrence…

Avec sensiblement le même programme, un moteur Bosch CX et un comportement similaire, je pense évidemment à deux modèles que j’ai essayé récemment.

Il s’agit du Cannondale Moterra Carbon 1 à 8 799 euros et du Norco Sight VLT CX 2 à 9 499 euros

Chez Cannondale, on dispose d’un modèle peut-être un poil plus dynamique et polyvalent, mais en revanche, en enduro et en descente, le Crafty RR est sans conteste au-dessus.

De l’autre côté, le Norco réalise l’exploit de peser moins de 22,5 kg en transportant pourtant une batterie de 800 Wh ! Et comme sa super géométrie en fait un bon descendeur, on va dire qu’il se situe pile poil entre le Moterra 1 et le Crafty RR. Son seul défaut : une batterie non amovible.

La gamme Mondraker Crafty Carbon

Depuis plusieurs mois, trois modèles de Mondraker Crafty RR sont disponibles dans les magasins…